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Plaisirs et douleurs

Plaisirs et douleurs physiques

Il n'est pas nécessaire de disserter longuement pour expliquer ce que sont les plaisirs et douleurs physiques.

Du chat qui ronronne de plaisir au cheval qui avance sous les éperons et la cravache, nul besoin d'expliquer à un mammifère ce que cela signifie.

Notre bien le plus précieux

Nul doute que notre corps devrait constituer notre bien le plus important. Pourtant, parmi ces Homo sapiens qui nous entourent, combien consacrent plus de temps, d'attention et d'argent à leur automobile qu'à ce corps qui est pourtant eux-même ?

Parmi les plaisirs physiques, l'alimentation constitue un numéro un mondial. Le sexe vient ensuite, mais les plaisirs intellectuels s'imposent souvent comme des concurrents des plaisirs du corps. À qui n'est-il pas arrivé de s'imposer une privation partielle de sommeil pour pouvoir jouer, lire ou regarder des films ?

Nous ne sommes pas que des estomacs sur pattes, mais pourtant, combien de personnes n'organisent pas leur vie autour de leurs repas ?

Combien de personnes, en occident, ne se laissent-elles pas envahir par leur masse corporelle, repas après repas, jour après jour, jusqu'à avoir du mal à se mouvoir ?

On verra (au chapitre des habitudes) que la paresse physique est une mauvaise habitude extrêmement répandue. Alliée à un amour irraisonné des plaisirs de la table, le corps humain y perd son rang de bien le plus précieux pour devenir une gêne quotidienne, un fardeau encombrant, mais les habitudes et la hiérarchie des plaisirs ne laissent pas le choix…

Heureusement, l'Inconscient est suffisamment souple pour que notre fierté s'accomode d'un corps difforme, dès l'instant que nous pouvons encore l'asseoir sur une grosse moto, dans une grosse voiture ou nous offrir un gros chien…


Souvenirs des plaisirs et douleurs physiques

Chat échaudé craint l'eau froide.

Nul doute que les animaux supérieurs, dont nous faisons partie, sont capables de mémoriser leurs bonnes et mauvaises expériences, de manière à éviter les comportements à risque et reproduire les conduites favorables.

Pourtant, en toute honnêteté, il faut bien reconnaître que le souvenir d'un plaisir n'a rien à voir avec le plaisir lui-même.

L'Inconscient a mémorisé le plaisir éprouvé par la conscience, et il l'a noté. Cette notation se retrouve vraisemblablement donc également chez les autres mammifères…

 

L'espoir et la crainte

L'espoir, c'est un plaisir que l'on attend et qui risque d'arriver, grâce à nos actes …ou non.

La crainte, c'est une douleur que l'on redoute et qui risque de se produire, à cause de nos actes …ou non.

Dans la pratique quotidienne de notre fonctionnement intellectuel, espoirs et craintes se mêlent étroitement aux plaisirs et aux douleurs éprouvés au contact de la réalité, et ils représentent un pourcentage important du traffic mental.

Nous ne vivons donc pas dans le réel, mais dans une réalité hantée par un futur positif et négatif que nous nous représentons et qui dicte en permanence nos choix, donc notre comportement.

Pour l'Inconscient, nos espoirs et nos craintes sont à égalité avec les plaisirs et douleurs réels, et ils leur livrent une concurrence féroce et efficace.

Pour prendre deux exemples extrêmes, l'espoir de gagner au loto et la crainte de l'enfer peuvent très bien accompagner toute une vie et la rendre plus supportable, ou l'influencer en permanence.

Il n'y a pas que de grands espoirs impossibles, improbables ou certains (le loto, l'héritage, la retraite…), ou de grandes craintes (le cancer, la guerre, la mort…). L'individu se nourrit de petits espoirs ou de faibles craintes à court terme : c'est l'attente du déjeûner, la crainte qu'il n'y ait plus notre dessert préféré, que ce soit fermé, qu'il y ait trop de monde, que Monsieur Machin soit à la table voisine et que l'on ne puisse pas parler, etc.

Chaque petit plaisir rencontré se change en espoir de le revivre à nouveau dans le futur, et chaque désagrément éprouvé va donner naissance à la crainte de se trouver encore dans la même situation déplaisante… Il y a donc multiplication des espoirs et des craintes, qui sont aussi nombreux que les souvenirs dans l'Inconscient. Il est infiniment logique qu'ils submergent par leur nombre les plaisirs et les craintes réelles.

On a décrit les espoirs nés de situations passés, mais pour créer l'espoir de gagner au loto, il faut faire un travail d'imagination particulier, qui n'est pas particulièrement difficile, puisque l'on offre souvent à nos regards le spectacle de personnes qui vivent dans des situations très confortables. Les sociétés de jeux d'argent ne manquent cependant pas de nous faire montrer à la télévision le spectacle de gagnants de grosses sommes, qui ont changé de vie, et auxquels, par un transfert habile dont l'Inconscient a le secret, nous pouvons nous identifier facilement.

Dès lors, l'espoir du loto est enrichi du souvenir de ces heureux gagnants, dont nous nous souvenons comme s'il s'agissait de nos propres souvenirs…

 

Quand nous espérons un plaisir physique, que nous l'attendons, notre corps s'y prépare (salivation pour un espoir gustatif, manifestations spécifiques pour les attentes sexuelles…). C'est naturellement l'Inconscient qui prépare le terrain pour que l'espoir se concrétise le mieux possible.


Plaisirs et douleurs non physiques

Faut-il les appeler mentaux, intellectuels ou imaginaires ? Peu importe.

Même s'ils ont l'air extrêmement variés, ils s'articulent autour de deux pôles : l'individu et le groupe.

Autrement dit, il y a le plaisir du Moi, que j'ai toujours appelé l'égophilie, mais que l'on peut aussi bien nommer orgueil, vanité, amour-propre, sens de l'honneur, fierté, égoïsme… et il y a le plaisir du groupe humain auquel on considère que l'on appartient (couple, famille, amis, profession, ethnie, religion, patrie, humanité, monde vivant…), que j'ai baptisé nostrophilie, pour exprimer le plaisir du nous opposé à celui du moi, le plaisir du désintéressement par rapport à l'intérêt centré sur soi.

L'égophilie, plaisir majuscule

Ce sont les verbes être, avoir et… pouvoir.

Être

L'image que l'on a de soi occupe une place prépondérante dans le fonctionnement mental humain.

Bien sûr, les autres nous renvoie une certaine image de nous-même, mais, la plupart du temps, nous ne saurions nous en contenter.

Pour éprouver le plaisir de l'égophilie, nous éprouvons le besoin systématique de nous évaluer au-dessus des autres hommes. Évidemment, nous sommes assez habiles pour ne pas nous livrer à une comparaison systématique. Il nous suffit d'un seul point fort pour nous satisfaire et nous épanouir égophilement.

La personne la plus médiocre du monde se complaira à la lecture des turpitudes des criminels ou délinquants les plus spectaculaires, pour se repaître de leur infériorité morale, qui place le lecteur en position de supériorité…

Si cela ne suffit pas, il y a une large gamme de croyances qui viennent en aide à l'être humain en panne d'égophilie : le racisme, qui fait des membres des autres races des créatures inférieures ; le sexisme, qui permet à la moitié de l'humanité de mépriser l'autre ; les religions, qui jettent ipso facto les autres croyants et les non-croyants dans la catégorie des êtres humains inférieurs (même si on ne le dit pas toujours ouvertement…).

L'imagination

Dans un monde qui n'offre qu'à une petite minorité un intense plaisir égophile de l'être, alors que tous aimeraient l'éprouver, il y a, heureusement, d'autres soupapes pour échapper à la douleur du réel que la haine de l'autre.

Notre perception du réel s'est heureusement enrichie de l'appropriation d'un certain nombre d'œuvres dites de l'esprit (romans, fiction, poésie, fantasy…). Comme Dieu, Harry Potter fait partie de notre monde réel. Pour certains (jeunes) esprits, le second peut avoir plus de réalité que le premier. Plus ils se plongent dans les œuvres de J.K. Rowling, plus ils s'approprient son univers, plus ils jouissent de leurs connaissances spécifiques en la matière, plus ils peuvent imaginer leur existence dans un monde réel en partie potterisé.

Naturellement, ils s'inventent une vie, un rôle à la mesure de leur égophilie et cette vie rêvée peut leur apporter toutes les satisfactions que la vraie vie n'est pas en mesure de leur apporter.

Évidemment, l'écrivain, le scénariste, le créateur d'imaginaire sont à la fête égophile à travers leur travail : ils sont un dieu tout-puissant, créateur d'univers et rédacteur de destins individuels.

Pourquoi leurs créatures faussement humaines, qui ne sont que des pantins, nous semblent-elles si proches de nous ? Tout simplement parce que nous ne sommes, nous-mêmes, que des automates ! On le verra plus loin…

Pour ceux qui n'ont pas l'imagination suffisamment puissante, il y a World of Warcraft, qui préfigure un monde où le réel sera doublé d'un monde fictif où les derniers seront les premiers, à leur plus grande satisfaction égophile.

Quand le réel ne vous apporte pas le bonheur, l'oubli de soi pour un alter ego fictif peut apporter une bonne solution aux problèmes d'épanouissement personnel.

 

Comme le verbe être ne saurait suffire, et que l'on éprouve le besoin de se rassurer, la gamme des illusions ou des opinions immatérielles à propos de soi viennent se renforcer de preuves matérielles : je suis parce que j'ai, ou j'ai, donc je suis…


Avoir

Très tôt, l'humanité a compris que l'importante idée que l'on a de soi pouvait prendre une dimension objective, à travers la possession, l'argent, la propriété…

Dès lors, la course à l'accumulation systématique de richesses a commencé, se poursuivant à travers les générations par un ingénieux système d'héritage (où l'être implique l'avoir…) qui a créé un système de castes (l'avoir devenant une preuve de l'être) plus ou moins perméable selon les époques et les lieux.

L'être viendrait-il à devenir faiblard… l'avoir vient aussitôt à son secours !

Ainsi, si je ne suis pas/plus beau, cela importe peu du moment que je peux m'offrir et me pavaner sur une grosse moto, dans une belle voiture, au bras d'une belle femme(-objet), ou (si mes moyens ne me permettent rien de tout cela) si je peux m'offrir un gros chien…

Je compense l'éventuelle souffrance égophile de la perte de l'être, par un avoir compensateur et le tour est joué, et si le faire peut m'aider en plus, on est encore dans le meilleur des mondes égophiles possibles !

L'argent est devenu la preuve objective de la valeur de l'individu, et il est même parvenu à lui donner sa valeur, quand celui-ci en manque trop au naturel.

Je ne suis peut-être pas beau, ni fort, ni malin, mais j'ai de l'argent et cela me donne plus de valeur qu'à un pauvre qui serait beau, fort et malin…

L'argent n'est pas seulement un médicament pour les sots :

Je suis déjà beau, fort et malin, et, en plus, j'ai de l'argent !

La possession devient donc une qualité essentielle de l'être humain, sans laquelle il ne pourrait prétendre à la perfection, ou simplement à la joie de se sentir supérieur…

Certes, là encore, l'honnêteté vient sauver la mise :
Je ne suis pas riche, d'accord, mais, moi, au moins, je suis honnête !

Mais ce lot de consolation n'est-il pas à l'image du bonheur du collectionneur de couvercles de camembert ?

L'avoir est essentiellement relatif : si l'on a la sagesse de regarder en-dessous de soi, on trouve tous le bonheur d'être riches…

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Oh oui ! Le spectacle du malheur des uns est un baume pour les autres, alors que l'envie nous tord les tripes quand l'autre possède ce que l'on aimerait avoir (santé, richesse, bonheur…).

Eh oui ! Il y a un bien plus précieux que l'or, c'est la santé ! Mais il faut souvent qu'elle soit menacée pour qu'elle soit estimée à sa juste valeur…

Du tabac à la consommation abusive d'alcool, de drogues, de médicaments ou d'aliments médiocres, en passant par la sédentarité, on dirait bien, à contempler l'humanité, qu'elle est composée de demi-dieux immortels… ou de crétins incapables de comprendre leur intérêt à long terme (et c'est très caractéristique du fonctionnement au jour le jour de l'Inconscient).

Certes, les grandes marques encouragent efficacement ces comportements irrespectueux du corps, mais l'Homo sapiens est là encore assez peu sapiens… Faut-il s'en étonner de la part d'automates améliorés ?

Le résultat spectaculaire de ce rôle du verbe avoir dans l'humanité peut se contempler au niveau planétaire, où l'on peut constater des différences de richesses aussi spectaculaires que durables. Il y a deux catégories d'humains : ceux qui possèdent et ceux qui aimeraient bien posséder et rêvent d'imiter les premiers. La réalité des premiers et le rêve des seconds maintient l'édifice en place. Solidement. Jusqu'à quand ?

Du luxe

Le luxe est une industrie extraordinaire, entièrement au service de l'égophilie des hommes et des femmes pour lesquels le verbe avoir n'a alors plus de limite.

Le luxe agit ainsi comme un formidable aspirateur égophile qui tire les aspirations possessives dans une escalade sans fin, dans une spirale infernale vers la surenchère.

Le luxe nourrit les aspirations boulimiques à toujours plus de supériorité affichée, et, ce faisant, il entraîne à toujours plus de gourmandise financière, qui se traduit par un appauvrissement général des populations, comme on a pu le constater, depuis que le capitalisme humaniste des années cinquante a laissé la place, dans les années quatre-vingt-dix, à un capitalisme financier sans vergogne…

On mentionne pour mémoire le milliard d'êtres humains pour qui la malnutrition est encore une triste réalité. Sont-ils vraiment considérés comme des humains par les autres ? Pas vraiment, et surtout pas à part entière…

Nous sommes… le centre du monde !

Regardons autour de nous ! L'horizon s'étend autour de chacun d'entre nous. Nous sommes, chacun, le centre du monde, le centre de l'univers et nous n'y pouvons rien.

Que l'homme le plus riche du monde se fracasse la jambe dans un accident de Ferrari, et cela nous fera beaucoup moins mal que si nous heurtons une chaise du genou !

Cette position centrale, primordiale, qui nous échoit dès la naissance, nous devons l'accepter et la faire cohabiter avec la place que le monde nous reconnaît…

Ce n'est pas une chose évidente pour tout le monde… Si certains naissent avec un rang qui les habitue à leur position, d'autres ne trouveront pas aussi facilement leur place.

La création est une chose difficile et la destruction peut amener des satisfactions égophiles plus accessibles. Le serial-killer trouve une voie personnelle d'épanouissement égophile qui le place au-dessus des autres et lui restitue cette place centrale qui lui est naturelle.

Il est plus facile d'avoir le destin de Van Gogh que d'être un peintre connu, plus aisé de casser un abribus à coups de marteau que de peindre un portrait ressemblant, plus facile de tuer que de donner la vie ou de donner un sens égophile à sa vie…

Dans un monde où l'épanouissement égophile de chaque individu est laissé à la charge de chacun, il ne faut pas s'étonner des dérapages et des bavures que cela entraîne massivement.

Pour beaucoup, l'égophilie trouve son épanouissement dans une égophilile collective, l'esprit d'équipe, et les exploits sportifs de l'OM, du PSG, des Verts ou des Bleus, comblent leurs aspirations égophiles contrariées par une vie médiocre.

Il y a aussi la possibilité d'identification égophile avec les héros/héroïnes de livres et de films, qui permettent à tant de gens d'échapper à leur propre réalité pour respirer une bouffée d'oxygène égophile…

Nul doute que s'il n'y avait pas ces échappatoires d'égophilie collective, nous aurions des émeutes plus fréquentes, une délinquance encore plus envahissante, une humanité encore plus folle…

 

La haine

La première cause de haine est la souffrance égophile. L’égophilie contrariée, niée, est la cause numéro un de toutes les haines, de nombreux meurtres et les va-t-en-guerre ne se privent pas d'exploiter le filon.

Plutôt que de se remettre en question quand elles sont confrontées à leurs propres erreurs, ou à des difficultés quelconques de nombreuses personnes préfèrent la solution de la haine, qui détourne sur un individu ou un groupe les responsabilités qu'elles évitent d'assumer. L'Inconscient chasse la douleur interne de l'égophilie et la remplace par une douleur externe dûe à l'existence de cet autre, de ces autres (évidemment bannis de la nostrophilie…), dont on se plaît (plaisirs…) à imaginer, à projeter, et ( si on le peut…) à provoquer la douleur.

Par le jeu de la haine, la douleur de l'autre devient une satisfaction, le plus souvent (heureusement…) sur le plan imaginaire.

Racisme, xénophobie, sexisme, homophobie… servent ainsi à couvrir les multiples imperfections qui sont les nôtres, et à les transformer en défauts mineurs.

L'institutionnalisation de la haine de l'autre mène et a mené aux excès que l'on connaît et que l'on déplore régulièrement de par le monde.

Bien sûr, il peut arriver que la nostrophilie se réveille et que la douleur souhaitée, quand elle devient réalité, nous ramène à des sentiments plus dignes et il est alors possible de souffrir de regrets.

L'Inconscient bien ordonné aura alors à cœur de nous faire oublier ces derniers pour ramener la sérénité à la maison mentale…


Pouvoir (et… savoir)

Le pouvoir, obtenu par le statut social ou les biens que l'on possède, est évidemment une source de plaisirs qui sont autant de douleurs pour celui qui en manque.

Être un ministre, c'est évidemment pouvoir agir comme un ministre, mais les deux verbes s'entremêlent étroitement et harmonieusement au sein de l'Inconscient.

Pouvoir soulever 200 kilos, c'est être un colosse, mais le plaisir de l'être est permanent, alors que l'exercice du pouvoir nécessite des témoins et il n'est pas exaltant en permanence.

Pouvoir, c'est faire faire à d'autres ce que l'on ne pourrait pas faire autrement. C'est s'approprier leurs vies pour les employer à son propre but, qui peut notamment être l'augmentation de sa propre richesse ! Naturellement, pas question de partager les bénéfices éventuels à parts égales ! Depuis la caverne, il est admis que celui qui commande prend la part du lion et les autres se partagent les restes… C'est la rançon du mérite.

Quelle joie égophile que de commander aux autres, de transformer ses moindres caprices en actions que les autres doivent accepter de faire comme s'ils les avaient désirées, voulues, projetées ! Tout le monde connaît des patrons ou des petits chefs qui se font un plaisir de faire corriger le moindre acte de leurs subordonnées, dès lors que ceux-ci se sont permis la moindre initiative et qu'ils s'écartent (qu'ils osent s'écarter) de la pensée du chef !

Je suis le chef, donc je suis le meilleur, donc mes pensées sont les meilleures, et c'est pour cela que je suis le chef…

Les régimes qui ont voulu organiser d'autres modes de production se sont effondrés ou ont renoncé à leurs principes égalitaristes… Donc, il ne reste que ce qui fonctionne…

Le savoir, et son accumulation, renforcent logiquement l'être de l'individu, qui y prend donc un intérêt croissant. Il y a donc un effet boule de neige à la collection de connaissances. Même s'il y a un plaisir en soi à augmenter son expérience, il est difficile de ne pas y éprouver un certain plaisir égophile, par rapport à tous les pauvres gens qui n'y connaissent rien et s'en moquent…

 

Le rire

Le rire, c'est le cri (de joie…) de l'égophilie satisfaite, repue, comblée l'espace d'un instant. Plus l'individu rit, plus il est repu de sa propre égophilie.

Tout le monde aime rire. Le succès des journaux satiriques, humoristiques, des comédies, des spectacles d'humoristes, des vidéo-gags, s'explique par ce plaisir de l'égophilie qui s'exprime à visage découvert…


On rit volontiers de l'égophilie des autres

Un personnage comique est d'autant plus drôle qu'il est plus imbu de sa personne.

L'humoriste est toujours quelqu'un qui a su mettre son égophilie au service de ses prestations. Rien d'étonnant au fait qu'il ne saurait y avoir de comique réellement modeste. La modestie, c'est l'écrasement des plaisirs égophiles, au détriment par exemple de la nostrophilie.

Faire rire, c'est savoir exploiter les besoins égophiles des autres, et donc les éprouver soi-même en premier lieu.

Le bon humoriste se doit donc d'être un champion de l'égophilie, autrement dit un monstre d'orgueil. Cela ne veut pas dire que tous les monstres d'orgueil soit des humoristes. Il y a malheureusement pour l'humanité d'autres manières de satisfaire son égophilie que l'humour.

Dans un monde idéal, on apprécierait de voir l'accumulation forcenée de richesses remplacée par l'humour…


On ne rit jamais de quelqu'un qu'on envie

Si l'humoriste veut être drôle, il faut qu'il imite la sottise, qu'il procure au rieur un sentiment de supériorité (égophilie) qui va éclater en rire sonore.


On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui…

Cette phrase de Coluche est vraie parce que le rire peut s'exercer aux dépens de tout (rire de quelque chose, c'est la considérer comme inférieure, indigne de nous… Rire équivaut à émettre un jugement dévalorisant.), mais le rire se heurte aux limites de notre nostrophilie personnelle.

Une blague sur les XXXXXX ne va pas faire rire (ou beaucoup moins, ou jaune…) les parents, amis ou défenseurs des XXXXXX…


C'était pour rire…

Cette phrase exprime le fait que l'on refuse d'admettre qu'au plus profond de soi, l'on pense réellement ce que l'on exprime à travers le rire, et voudrait faire croire qu'on ne l'a fait qu'à la seule fin d'éprouver le plaisir égophile merveilleux du rire.

En fait, si l'on accepte de rire de bon cœur de quelque chose, c'est que notre Inconscient y éprouve un plaisir sans partage, et les bonnes raisons qu'il invoquera ensuite pour se donner bonne conscience ne sont qu'un habillage superficiel destiné à donner le change, voire à se donner le change à lui-même, pour défendre l'image flatteuse qu'il veut avoir (et donner) de lui-même…

 

L’amour et la fiction…

Ah ! L’amour…

Entre la possession de la personne aimée comme un objet, qui nous rattache à ce qui précède, et l'attachement désintéressé à quelqu'un dont on ne veut que le bien, qui appartient à ce qui suit, il y a un monde, sur lequel vient se greffer le désir sexuel.

Si l'on considère le plaisir particulier que l'on peut éprouver au spectacle d'une comédie romantique, le spectacle des amoureux nous amène à un plaisir mental particulier, que l'on éprouve d'autant plus fort que notre nostrophilie est plus développée.

D'une manière générale, les amateurs de théâtre et de cinéma sont la preuve vivante que nous éprouvons les plaisirs et les douleurs que les acteurs font semblant d'éprouver, alors même que nous savons qu'ils sont fictifs.

Au lieu de nous être envoyés de l'intérieur, plaisirs et douleurs sont recréés au fur et à mesure que l'Inconscient s'identifie au spectacle qu'il contemple via les sens et qu'il régurgite en continu à la conscience pour en éprouver les plaisirs et les douleurs.

 

La nostrophilie

La nostrophilie, c'est le plaisir du "nous", qui s'étend à notre environnement, nos proches, nos animaux domestiques, nos amis, nos correligionnaires, nos collègues, l'humanité entière, voire tous les êtres vivants supérieurs ou inférieurs, voire les plantes. Ainsi, les gens, qui luttent pour sauver des dauphins échoués sur une plage, des oiseaux mazoutés, ou des grenouilles qui ont besoin de traverser une route, embrassent tous ces animaux dans leur nostrophilie.

Ce plaisir nostrophile se ressent chaque fois que nous avons l'occasion de rendre service de manière désintéressée. Il ne faut pas confondre le service rendu à un inconnu qui nous demande quelque chose et que nous ne reverrons pas, à la fausse gentillesse d'un individu public dont la générosité ne représente qu'une faible part de son superflu et qui sait que son geste est connu, regardé et jugé…

Le donateur est nostrophile lorsque son geste est inaperçu. Dès qu'il s'agit d'une manifestation publique, on peut légitimement supposé que l'égophilie prend les devants et c'est l'être qui se gorge de l'image que l'on montre de soi.

La famille est naturellement un domaine où la nostrophilie peut s'exercer en priorité. Certes, à travers l'héritage des richesses et des fonctions, l'individu éprouve le plaisir égophile de sa propre prolongation (délégation de l'être à travers la descendance, par la filiation ou la désignation), mais c'est la nostrophilie qui peut pousser l'individu à son propre sacrifice.

C'est la nostrophilie qui pousse à se jeter à l'eau pour sauver quelqu'un qui va se noyer, ou à se sacrifier dans l'espoir de permettre la survie d'un autre que soi. La part de l'égophilie (Je suis un héros !) est toujours possible, existante mais elle n'est pas déterminante.

Naturellement, ici, c'est la douleur nostrophile qui pousse au sacrifice, mêlée à l'espoir de réussir. Le couple douleur-plaisir fonctionne totalement dans ce cas précis.

Naturellement, plus notre nostrophilie a un large spectre, plus notre égophilie peut se nourrir de cette grandeur, et elle ne s'en prive pas. Il y aurait donc tout à gagner à chacun d'entre nous de respecter la nature, l'humanité entière, la vie et la planète, puisque nous y puiserions tous un sentiment d'appartenance, de communion, de symbiose, qui nous apporterait des satisfactions intellectuelles, qui, cette fois, ne s'exerceraient pas au détriment de telle ou telle catégorie d'individus, humains, animaux, vivants ou minéraux…

On pourrait ainsi imaginer un avenir meilleur, où les enfants apprendraient à se réjouir d'appartenir à l'humanité, ce qui éviterait de développer une égophilie "ennemie", qui oppose l'individu dans sa soif de réussite au reste du monde… quitte à ruiner au passage la planète qui nous supporte.

(À suivre)

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