des noms des maux déments de mon démon des mots


ACROSTICHES RÉCENTS

Bienvenue sur mon blog, ou si c’est une erreur,
Oui, vous pouvez partir, avant que la terreur
Ne vienne vous envahir en déchiffrant mes vers…
Je suis un inconnu, très heureux à Anvers
Ou à Brest, ou ailleurs, de voir que les yeux glissent,
Une fois qu’ils m’ont vu, sans que les paupières plissent,
Ravi que les médias tirent à hue et à dia,

Bien sûr, sur des bouffons heureux d'être connus…
Oui, moi, nul me voit, habillé ou tout nu !
Nul ne me vole mon temps pour passer aux écrans…
Je ne serais qu’un âne, bavard mais exécrant
Offrir ses ans de vie, souriant aux caméras ?
Un acrostiche, c’est bien et demain on verra…
Rien n’est sûr dans ma tête car je ne suis qu’une bête !

Ben oui, un animal ! Comme ceux que l’on embête…
Oh ! Pas pour me manger, mais le travail, c’est quoi ?
Nous perdons notre temps — rien dire et rester coit… —.
J’ai donné des années à tirer des charrues,
Offrant à nos bons riches des zéros plein la rue !
Un jour, ils le paieront (écrit dans l’évangile,
Réjouissant les enfants et les cerveaux fragiles)…


Si c'était la moins bonne de nos fichues croyances,
Avec sa certitude de vérité savante ?
Voilà qu'on peut jeter ces satanées voyances,
Oublier à jamais les prophètes qu'on nous vante !
Il suffit d'adorer les sciences que l'on invente,
Ridicules dans cent ans ou mille ans de bonnes ventes…



Quand j'étais un enfant, vouloir changer l'immonde,
Un jour, a envahi ce qui me sert d'esprit…
Alors, il faut changer l'immanité, compris ?
Nul doute qu'elle ne veut pas, que la folie l'inonde !
Dans son aveuglement, elle ne veut rien changer…

Je vois, comme tout humain, s'amasser les dangers.

Étonnez-vous du mal que nous accumulons,
Tandis que le temps passe et que nous reculons,
Affamés de progrès, de pouvoir et d'argent !
Il ne veulent rien changer, ces merveilleux braves gens,
Si bien que l'on s'approche toujours plus du néant.

Un jour, nos descendants, dans un grand trou béant,
Nous maudiront, tombant, car nous n'avons rien fait…

Eh oui ! C'est plus facile de changer nos bienfaits,
Nos voitures, nos télés ou nos ordinateurs,
Foisonnantes richesses dont les admirateurs
Avalent goulument les notices détaillées…
Nos cerveaux sont les plumes qui saccagent nos cahiers,
Tordues et trop coupantes pour être nettoyées…



Suffit de lâcher prise pour laisser son empreinte…
Alors, on se rembourse le temps qu’on nous emprunte,
La vie que l’on nous vole, à longueur de journées…
Ils sont beaux, les déchets de nos vies ajournées,
Rayées des meilleurs cartes, perdues comme du Descartes…

Souffrez que je vous laisse ma canette de boisson,
Avalée sur le tard, en guettant les poissons !
Là, elle est au milieu du chemin des passants :
Ils sauront que j’existe et que mon ton cassant
Raisonne à leurs oreilles comme nos vies que l’on raye !

Savoir pourquoi les gens sont aussi dégoûtants…
Avec désinvolture, comme des orang-outangs,
Les voilà qui nous laissent leurs reliefs de repas,
Ignorant, pensez-vous ! qu’ils vont troubler nos pas…
Rayonnant de bonheur, les haines sont un honneur !

Salir est un plaisir à la portée de tous,
Alors, pour s’en priver, « Papa, pourquoi tu tousses ? »
Les gens font un effort, mais la facilité
Irradie nos cerveaux, comme l’imbécilité…
Rien n’est trop bas pour nous, qui vivons à genoux !

Souiller tous les chemins de nos charmants mégots,
Après que nos poumons, de ces poisons légaux,
Lentement se repaissent, en tuant leurs alvéoles…
Inutile de vouloir nous priver d’auréoles,
Rien n’est plus important que d’être bien portant !

Soufflons la bonne fumée de nos poisons légaux !
Après, une bonne pichenette, sur nos joyeux mégots !
Le tour est joué vingt fois par jour et par paquet,
Il n’est donc pas étrange que partout sur les quais,
Rien n’est plus évident, Monsieur le Président !

Signons de nos déchets les chemins parcourus !
Abandonnons partout où nous avons couru
Les ordures les plus viles et puis les plus polluantes !
Il nous plaît de savoir que nos traces sont puantes,
Rien que pour le plaisir de nous en dessaisir…

S’il suffit d’un tesson pour briser le silence,
Alors, c’est la bouteille, en verre, que l’on balance…
Les bons morceaux coupants se verront comme des cris,
Imposés aux regards de ceux à qui j’écris,
Rêvant que mon absence s’impose à tous leur sens…

Si le monde était pur, sans défaut et sans tares,
Aucune salissure, ni débris, ni pétard…
L’on serait occupé à créer de l’utile,
Irradiant de beauté des endroits qui rutilent,
Rayonnant du bonheur de vivre avec honneur…

Si la crasse est normale, conséquence de nos vices,
Abandonnons les pleurs, les reproches de novices !
Levons les yeux au ciel, pour moins voir notre terre,
Inondée des défauts que nous savons bien taire,
Ravis de nous croire bons, dans l’air nauséabond !

Si vous êtes encore là, sans être déjà las,
Alors je vais vous dire ce qu’il nous faut maudire…
Les mots sont importants, et c’est… déconcertant.
Il faudrait nettoyer ceux qui savent nous broyer,
Rire de leurs plaidoyers en ces lieux dévoyés…

Sinon, les salisseurs auront toujours raison,
Ah oui ! De bonnes raisons de souiller la maison,
La planète de nos vies, chacun à son niveau,
Inondant de déchets nos charmants caniveaux,
Récidivant toujours, sur leurs lieux de séjour…

S’ils voulaient du respect, comme nous aimons la paix,
Attirant l’attention sans esprit d’invention…
Les gens sales manifestent, à leur manière modeste,
Inspirant du mépris à coups de saloperies,
Rêvant que l’on comprenne le mal qui les gangrène…



Les hommes ont toujours su s'inventer des démons,
Et partout, on a vu des dieux et des sermons…
Si la plupart des dieux ont toujours disparu,

Dans les cerveaux des gens, où ils avaient paru,
Ils ont laissé des traces, mais, bientôt remplacés,
En voilà de nouveaux, qui les ont surclassés !
Un jeu qui dure toujours, malgré tous les progrès…
Xénophon est bien loin, Zeus parti sans regrets…

On a aussi créé un champion absolu !
Nous l'adorons bien tous et nous sommes résolus
Toujours à le prier, à bien penser à Lui !

Une minorité déteste quand il luit,
Nous faisant miroiter des lendemains meilleurs…

Comme la majorité l'adore, les conseilleurs
Hantent tous nos écrans, du berceau à la tombe !
Avec une dévotion qui fait bien des envieux,
Matin, soir, et la nuit, qu'on soit jeune ou bien vieux,
Partout sur la planète, on lui voue nos instants.
Il est ce qui importe, ce qui vaut notre temps !
Oui, il nous récompense, suivant notre vertu !
Notre dieu, c'est l'Argent, pour qui l'on vit, l'on tue…

Qu'il n'ait nulle prétention à gérer l'au-delà,
Un lieu imaginé par d'habiles cancrelats,
Il faut l'en remercier, en toute sincérité !

Si, pour le vénérer, on commet des horreurs,
Un dieu est au-dessus des rois ou des führers,
Rien n'est mauvais pour lui, puisqu'il n'existe pas
Car seuls nos bons neurones s'activent jusqu'au trépas,
Lui prêtent une existence, en gains ou en dépenses…
Alors, on a besoin de Lui et l'on y pense
Sans compter, ou plutôt sans cesser de compter…
Si bien qu'il est partout, dans nos chères existences,
Et sans avoir besoin qu'on lui prête assistance…

Tout le monde le vénère et tourne autour de lui.
On l'espère, on l'aspire, au soleil, sous la pluie…
Un zéro qui s'ajoute sur un beau compte bancaire
Suffit à faire rêver, comme gagner au poker…

La concurrence est riche, donc Il est vénéré,
Et les grands de ce monde sont bien rémunérés,
Si bien qu'on les envie, pour leurs palais dorés…

Alors, même les athées se pressent pour l'adorer.
Un orgueil général nous pousse à l'arborer :
Tous ces beaux véhicules joliment décorés,
Rutilantes limousines toujours améliorées,
Et tous ces beaux atours, parce qu’il faut honorer
Sa place plus près du dieu le plus élaboré…


Merci à tous ces gens qui vont nous réparer,
Étudiant fort longtemps pour être préparé(e)s…
Demandez-leur pourquoi vous êtes si malade,
Et… « C’est normal, c’est l’âge ! », ou quelque autre salade…
Ce sont des statistiques, qui doivent nous rassurer !
Il importe assez peu que votre taux d’urée
Ne soit pas idéal, puisque nos corps gâchés
Seront en de bonnes mains, avant d’être bâchés…



Écartez les paupières pour que mes vilains mots
Courent jusqu'à vos neurones, regroupés en hameau !
Regardez les courir et tourner dans les airs,
Ivres de s'envoler, hurlant dans le désert,
Ravis de croire qu'un jour, ils vont quitter l'enfer
Et contribuer à mieux, grâce à leur savoir-faire…


Étaler sur l'écran le message, d'où qu'il vînt,
Caresser le clavier comme un verre de bon vin,
Rire devant ses bons mots, en se croyant devin,
Imaginer un monde meilleur que le divin,
Rêvasser au passé, de Venise à Provins,
Et se réveiller nu, en janvier 2020…

Comme la vie serait terne, s'il n'y avait tous ces crimes !
Rien de tel qu'un bon vol pour chasser la déprime !
Il faut des flaques de sang où baignent les victimes,
Maltraitées jusqu'au bout et les détails intimes
Illustrent notre goût pour les horreurs qui riment,
Nous berçant de plaisir quand l'assassin se grime,
Alors que la police rentre bredouille en prime…
Les maux de notre monde où le bon sens s'escrime,
Illustrent nos écrans de noires images qui friment,
Tapissant nos neurones d'illusions de justice,
Étourdis des conseils d'un grand verre de pastis…

Comme il est bon de voir des gens s'assassiner !
Regardez-moi ces files d'attente pour le ciné !
Il y a autant de crimes à la télévision,
Montrés avec talent, sans aucune dérision…
Il n'est rien de meilleur qu'un bon film policier !
Nous aimons les victimes, les tueurs, les justiciers,
Avec un enthousiasme qui ne se dément pas…
L'inspecteur de police, qui avance à grands pas,
Inonde de plaisir nos esprits embrumés,
Tordus d'aimer la mort, de s'en accoutumer,
Éperdus comme l'esprit de l'auteur présumé…



Alors, les détenus de nos charmants prizoos…
Nous pensons qu’ils sont mieux que trempés jusqu’aux os,
Ignorant quels dangers la Nature leur réserve,
Mais, pour ce qu’il en reste, au fond de nos réserves,
Au milieu des chasseurs, des polluants, des plastiques…
Une bonne paire de défenses, au mur, que l’on astique,
X’est beau ! On est des rois et on a tous les droits !

Alors, esclaves, Docteur, nos charmants domestiques,
Nourris, logés, brossés, débarrassés des tiques ?
Ils sont soignés, tatoués, castrés ou bien mariés,
Mieux, même, on les vaccine, et les mets avariés…
Ah ! Jamais ils n'en ont, tellement ils sont gâtés !
Un bonheur de les voir à l'heure de la pâtée !
X'est bon, sur nos genoux, qu'ils aient besoin de nous !

Avec joie, relâcher nos charmants domestiques ?
Nous sentir un peu seuls, et leurs jouets en plastique
Irriteront nos nerfs, en pensant au passé…
Mais que feront-ils donc, dans les bois, entassés,
A part se reproduire, de manière débridée ?
Une battue de chasseurs, voilà une bonne idée !
X'est bon, tous ces nuisibles qui peuvent servir de cibles !

Ah oui ! C'est comme des rats quand ils sont inutiles…
Nuisibles, on les appelle, ou bien on les mutile !
Il nous faut du poison pour les éradiquer,
Mais ils ne peuvent répondre, ni même se syndiquer,
Alors, on en profite pour faire des expériences,
Unis dans notre orgueil et notre malveillance…
X'est bon d'être un humain sans penser à demain !

Avec des mots humains, dire qu'on les apprécie…
Nourrissants, faisandés, cuits à cœur (c'est précis…),
Ils nous donnent aussi le plaisir de les tuer,
Mais aux trophées d'hier, les selfies substitués
Apportent du plaisir sur les réseaux sociaux !
Une légitime fierté d'avoir des goût spéciaux…
X'est bon d'être plus fort… et sans beaucoup d'effort !



Notre Dieu — c’est ballot ! — n’a pas su l’empêcher,
Ou pas voulu, dit-on, car c’est pour nos pêchés…
Tant le décor est beau, on oublie de penser
Radotant tous en chœur des rêves insensés,
Emmenés par des hommes au look approprié…

Dans la fumée d’encens, on vient donc pour prier,
Avaler sans broncher les pires énormités…
Mais c’est pour notre bien, nous disent leurs sommités,
Et le troupeau bêlant est aussi plus docile…

On a changé d’époque, et les esprits oscillent…
Un vent de déraison chassent les vieux démons.

La carte bleue remplace le bénitier, Raymond !
Est-ce un réel progrès ? peut-on s’interroger.
Un gouffre de plastique commence à nous ronger…
Regardez l’eau qui monte et la banquise qui fond !

Diminuons notre amour des trop lointains plafonds !
Regardons à nos pieds les vraies formes de vie,
Avilies pour l’argent qui nous envoie ravis…
Moins pour les bénitiers géants et bien dorés
Et tous les courants d’air magiques à adorer !



Vient un jour où les cris ne sont plus suffisants.
Il faut sortir du puits, qui devient épuisant…
On aurait d'autres choix, ce serait plus plaisant…
Le réel est figé et tout devient pesant.
En découvrant combien les vitrines se brisant
Nourrissent le sentiment d'exister — c'est grisant !
Casser les viles frontières d'un monde interdisant
En caressant l'espoir qu'il soit moins méprisant…

Voilà pour les vitrines de la détestation !
Il faut savoir faire fi de la réprobation,
Oser se libérer des intimidations…
Levez les bras au ciel, en vaines invocations,
Et perdez votre temps en belles prédications !
Nourris des beaux mensonges de notre éducation,
Casser les moules funestes et leur duplication
Enseignera au monde que sa population
Sait parfois se soustraire à la sidération…

Voici venu le temps des actions déchaînées,
Insensées pour certains, et pour beaucoup d'aînés…
On s'habitue au monde tel qu'on nous l'a appris,
Le voyant comme il faut, supportant son mépris,
Et pour certains, c'est trop, on l'aura bien compris…
Nos rues et nos vitrines vont en payer le prix…
C'est vrai qu'en notre monde, le mot "égalité"
Est au moins aussi faux que la "fraternité"…
Si l'on joue sur les maux, c'est pour l'éternité !

Volez, petits pavés ! Il faut changer le monde.
Il faut sauver les gens de leur sommeil immonde,
Ouvrir leurs beaux neurones, si bien manipulés…
Lassés de ce vieux monde et d'y somnambuler,
En sursaut, l'on se lève, brandissant un pavé !
Nous n'irons plus au bois, qui en a trop bavé…
Casser quelques vitrines pour réveiller l'humain
En espérant pouvoir enfin changer de mains…

Vitres polarisées brisées avec fracas,
Irrespect prononcé, qui cause bien du tracas,
Ordre établi qui sent le luxe et le mépris…
Le mélange est toxique et l'on en paie le prix,
En dégâts matériels, humains, bien entendu…
N'oublions pas de dire que ces cris défendus
Cassent le lourd silence de nos indifférences
Enrichissant des vies de nouvelles espérances,
Sans pourtant menacer nos douteuses références…

Vautrés dans le confort de nos écrans feutrés,
Ils osent nous déranger et nous déconcentrer,
Offrant à nos regards des boutiques éventrées,
Lapidant de pavés de belles surfaces vitrées,
En risquant la prison, devant nos yeux outrés…
Nul remord dans leurs yeux, qui restent concentrés,
Car leur folie est telle, qu'ils en sont pénétrés,
Enchantés des délits qu'ils s'en vont perpétrer…



Vous voulez vous asseoir ? Va-t-on nous demander…
Il est là, le signal, que nul n’a commandé,
Et cette gentillesse, censée nous soulager,
Importune, ô combien, et nous fait enrager…
La voilà qui nous pointe, comme une personne âgée !
Le troisième âge est là, de toutes ses ridules,
Et tous les artifices, les cheveux qui ondulent,
Savamment colorés pour cacher la blancheur,
Sa peau fardée, gonflée pour singer la fraîcheur,
Empêcheront-ils donc la venue du faucheur ?

Voûté par la douleur de la charnière lombaire,
Il m’arrive d’espérer que la mort me libère…
Elle le fera sans doute, à son heure, j’en suis sûr.
Il viendra donc le temps où la terre se fissure,
Libérant le magma qui viendra m’engloutir.
La camarde, au Québec, viendra m’écrapoutir,
En laissant plus de place pour d’autres à venir…
S’ils font bien mieux que moi, tant mieux pour l’avenir !
Sinon, tant pis pour ceux qui vont nous remplacer
Et puis pour la planète, de moins en moins glacée…


Écoutez bien ces mots chanter nos pestilences,
Crier dans le désert et son précieux silence,
Ricaner, solitaires, fiers de leur abstinence,
Idiots pusillanimes, perclus de dominance !
Tousser dans l'air pollué, gratuit sans ordonnance,
Un bon bol à la fois sans plus de dissonance…
Regardez-les partir, tout raides en permanence,
Endormis pour toujours sans la moindre alternance !

Écarquillez vos yeux pour lire des mots qui blessent,
Ces maux, que j'ai du mal à faire tenir en laisse !
Regardez dans les yeux le réel qui agresse !
Il est comme un enfant, pétillant d'allégresse,
Tandis qu'à tour de bras, les années nous oppressent,
Unies pour nous vieillir, jusqu'au départ express,
Raturés d'un seul coup, ou bien comme une tresse,
En touches rapprochées, pour comble de détresse…

Écartez-vous, neurones qui croupissez d’ennui !
C’est l’heure de vous montrer utiles avant la nuit…
Regardez comme le monde vous exploite et vous nuit !
Il fait de vous des choses, de six heures à minuit,
Tendu vers un seul but, servir la société,
Un démon qui ignore ce qu’est la satiété,
Ravi de distribuer d’inégales assiettées,
En caressant la lie, sans aucune anxiété…

Écartez loin de moi l’idée d’un paradis
Conçu pour abriter les humains refroidis,
Réduits au stade ultime de décomposition
Impossibles à garder, même en exposition !
Tout est bon pour faire croire à une récompense,
Une aubaine pour tous ceux qui font croire qu’elle compense,
Royale, toutes les souffrances d’une vie qu’on dépense
En rêvant d’un futur, irréel, comme on pense…

Écrire pour oublier que nos vies inutiles
Constituent les maillons d’un méchant monde futile…
Remplir le temps qui coule à bien grincer des dents,
Inonder l’écran blanc de petits mots pédants,
Tordus dans tous les sens afin de bien rimer,
Unis dans leur folie, mais tout aussi grimés…
Répéter toujours plus des arguments usés
En amas poussiéreux et dignes d’un musée…

Écarter tous les doigts pour bien frapper les touches…
Corriger un français qui attire les retouches…
Raconter le futur qui va nous résorber…
Irriguer des cerveaux qui pourraient absorber…
Trouver des mots pour dire nos fausses vérités…
Uriner sur les sceaux qui l’ont bien mérité…
Réciter des paroles dont nul ne se souvient…
Encore recommencer tant que la vie nous vient…

Étaler les vains mots que souffle son esprit…
Coller sur les pixels ce qui n’a pas de prix…
Rajouter un bon mot que l’on n’attendait pas…
Inventer une histoire, mais, non… J’entends des pas…
Taper sur les méchants qui règnent sur les cimes…
Un jour, on les aura, avant qu’ils nous déciment…
Rire de vraiment bon cœur, avant qu’un infarctus
Emporte la conscience, comme un vil prospectus…

Épuiser les ressources de l’imagination,
Comme si le courage ou la résignation
Rapportait leur pesant de félicitations…
Il vaut mieux faire de l’art, même en défécation !
Tant de gens passent leur vie en pure consommation,
Un temps bien gaspillé et leurs déprédations
Retournent la planète. Sa désagrégation
Est l’ultime résultat de leur propagation…

Évincer les pensées qui n’auraient rien à voir,
Concentré sur les mots, le sens qu’ils peuvent avoir…
Recruter des neurones qui n’ont pas l’habitude…
Innover sans sortir d’éternelles platitudes…
Tâcher de savoir faire ce que d’autres ne peuvent…
Un jour, j’aurai le temps de faire un roman-fleuve…
Rien ne presse. Mes lecteurs ne sont pas encore nés
Et l’hiver attendra le jour pour m’emmener…

Eh, cri ! Tu recommences à peupler le silence.
Cri, tu ressens bien trop nos vilaines pestilences…
Ris, tu refais le monde, à coups d'alexandrins,
Ih ! Tu redonnes la vie à de bons malandrins,
Tu retournes l'enfer pour le mettre à l'envers,
Urticant personnage qui croient que ses bons vers
Redonneront du sens à la folie du monde,
Euh… C'est bon de rêver quand le temps nous émonde…

Émettre de vains mots pour en emplir des vers,
C'est mon vin quotidien, et si je suis sévère,
Rien n'est plus amusant que de perdre son temps !
Ils ne font aucun mal, et puis j'en suis content…
Tant pis si je suis seul ou peu accompagné…
Un peu de rien suffit pour remplir mon panier !
Ravi d'être un zéro, je chéris les corbeaux,
Et les pigeons, les rats, qui, eux, me trouvent fort beau…

Étendards et drapeaux, passez votre chemin !
Continuez à marcher ! La falaise est carmin…
Rangé sous un drapeau, on en est moins humain :
Ils sont trop différents, les autres, non romains…
Tandis que, nous, bien sûr, nous sommes moins communs !
Un dieu guide nos pas dans tous nos examens,
Rêvant à notre mort et à ses lendemains,
En préparant l'accueil parfumé au jasmin…

Épargné(e) par mes bavardages, voici des vers
Comme j'en ai déjà tant commis, des noirs, des verts…
Regardez les pousser sous vos yeux qui les suivent !
Ils ont été vivants et puis ils se poursuivent
Tandis que le temps coule sur nos vies tarifées…
Un beau jour, ils viendront, la tête ébouriffée,
Réclamer l'intérêt qu'ils ont pu susciter,
En déposant leurs œufs jusqu'au fond des cités…
Écoutez mes pixels crier qu’on les exploite,
Chanter leurs litanies tout au fond de leur boîte !
Ravageant la nature pour mieux les fabriquer,
Il n’est rien de trop beau, des smartphones bien briqués,
Tapissés de gadgets bourrés d’obsolescence,
Utiles, valorisants, captivants pour les sens…
Regardez-nous briller dans la facilité
En apprenant à fuir la noire réalité !


Les jolis catalogues de nos erreurs passées
Illuminent les rayons de nos bibliothèques,
Vomissant sur demande leurs sottises entassées,
Racoleurs, méprisant les australopithèques…
En flattant le lecteur, on a toujours raison,
Si bien que la folie n’a nulle terminaison !

Les livres sont menteurs autant que les humains.
Ils sont bien plus trompeurs, car les beaux parchemins
Vous paraissent respectables, et ils font leur chemin
Ravissant les esprits qui sont hors du commun
Et qui font ressembler hier au lendemain
Sans voir qu’ils ont tout faux à tous leurs examens…

Les sottises bien écrites auront un beau destin.
Ils ne manquent pas d’alllure, les mensonges clandestins,
Versant sur les neurones leur délire indistinct,
Ricanant d’étouffer toujours plus nos instincts,
En une spirale de mots, dont on fait un festin,
Saoulés de notre orgueil, en merveilleux crétins !

Les paroles sont volages et les écrits célestes…
Ils empliront les pages des bouquins qui nous lestent,
Vaillants recueils de mots censés nous dire le vrai,
Radotant des chansons dont ils sont le livret,
Entonnant le refrain des vérités funestes,
Si habiles à charmer les cœurs les plus modestes…

Livrer des vérités que l'ignorance fabrique,
Imaginer des mondes bien anthropocentriques,
Vouloir que durent toujours les folies génériques,
Ridicules et tragiques à l'époque numérique…
Elles font perdre du temps, ces légendes homériques,
Sillonnant notre histoire de trainées hystériques…


Pour pouvoir justifier que certains aient de trop,
Aver obstination, les clichés ancestraux
Unifient la pensée d’une méritocratie…
Vive l’hérédité et ses clichés rassis !
Regardez-moi ces riches et comme ils sont brillants !
Et ces gueux, qui fourmillent, hirsutes et bruyants !
Toute place est méritée — c’est le bobard social,
Étonnamment vivace, mensonger et partial…

Pour pouvoir s’admirer dans un miroir doré,
Alors que d’autres gens n’ont rien où demeurer,
Un mythe est nécessaire, on l’appelle le mérite.
Vous êtes bien nanti, de dons dont on hérite,
Rien n’est trop bon pour vous, bonne famille, bonnes études,
Et vous le valez bien, c’est une certitude…
Tandis qu’à l’autre bout, les mal nés, mal instruits
Éberlués d’être là, attendent d’être détruits…

Par l’alcool, par la faim, par les puces et les poux,
Attendant les ravages qui font cesser le pouls,
Un pauvre est condamné par son hérédité…
Votre valeur dépend de qui vous héritez :
Rajoutez les études que votre argent paiera
Et vous pourrez chanter, vous payer l’opéra,
Tandis que tous les riens, s’ils n’ont pas la télé
Éviteront de voir que leur sort est scellé…

Pourris, belle société, qui tolère l’exclusion,
Alors qu’elle est si riche et que sa profusion
Unilatéralement est soufflée vers les mêmes,
Vers les bons héritiers, qui récoltent et qui s’aiment,
Regardant vers le bas avec un tel mépris,
Enfermés dans leur caste et jouant les beaux esprits,
Tandis que dans les rues des gens comme vous et moi
Épluchent des ordures tout en pleurant d’émoi…

Pourquoi êtes-vous donc là, couché sur le trottoir ?
Alors que des emplois, il y en a — c’est notoire !
Un homme qui ne sait pas s’insérer socialement,
Vous pouvez l’engager pour tuer des Allemands,
Ramper dans les tranchées ou se faire exploser,
Et c’est une bonne réserve de main-d’œuvre exploitable…
Tandis qu’avec le SMIC, en paix, les moins rentables,
Évincés du marché, on peut les exposer…

Pourquoi tendre la main aux êtres qui mendient ?
Avec désinvolture, les slogans qu’on brandit
Unanimes dans l’oubli de la fraternité,
Vomissent sur les clochards qui rêvent d’égalité !
Regardez-moi ces ombres qui n’ont plus le rang d’hommes !
Entendrez-vous leurs voix, lors d’un référendum ?
Tatata ! Pour voter, il faut un domicile.
Évidemment, pour eux, c’est un peu difficile…

Personne ne dit combien ce gaspillage humain
Abaisse la belle image de notre fier chemin !
Un peu comme si vos corps laissaient péricliter
Votre main gauche pour mieux laisser la fatuité
Resplendir sur la droite, le ventre et les fessiers !
Elles sont belles, les richesses, dont vous bénéficiez,
Tandis que l’on écrase les gens les plus chétifs,
Écartés du progrès, comme de vils primitifs…

Pourquoi ne pas en dire qu’ils sont handicapés ?
Avec des soins, de l’aide envers ses rescapés,
Un miracle social pourrait être accompli :
Vider les ruelles obscures, un devoir bien rempli…
Redonner à ces gens un vrai statut social,
En même temps qu’un retour au destin impartial,
Tournant le dos au mur où ils étaient vautrés,
Écœurés des tourments toujours plus concentrés…

Parce que chacun de nous est le centre du monde,
Auprès de nous, en bas, survivant dans l’immonde,
Un petit peuple gît, mais ils sont différents…
Vous les supportez bien tant qu’ils sont déférents.
Rien ne va plus à bord quand ils haussent le ton
Et pourquoi pas les voir près de nous, aux gueuletons ?
Tudieu ! S’ils sont en bas, c’est qu’ils l’ont mérité,
Écartons d’un revers tout autre vérité !

Pourquoi mes quelques mots changeraient-ils la donne ?
Alors que le silence, de tout son or, résonne,
Un vers de plus, de moins, ferait la différence ?
Vos grandes occupations remplissent votre errance…
Rien n’est plus important que ce qui nous entoure
Et l’univers entier mérite tant de détours…
Tout notre temps suffit pour combler notre attente,
Évacuant les fantômes qui survivent sous la tente…

Gardons-nous de juger tous ceux qui se révoltent !
Il y a les semeurs et tout ce qu’ils récoltent,
Les cols encravatés qui dirigent les troupeaux
Et qui profitent grassement à l’ombre des drapeaux,
Torses bombés d’orgueil pour leur statut social,
Si bien flanqués de troupes marchant d’un air martial,

Je les ai en horreur, car ils oublient trop vite
A quel point la misère que, de loin, ils évitent,
Universellement est due à leurs actions !
Non, pas l’individu, son inadéquation,
Et seule la société et ses évaluations,
Ses tricheries actives en sont les fondations…


Libres de dépenser leur argent à l’envi,
Ils ont bien sûr le droit d’être toujours servis,
Bordés, accompagnés, pomponnés, caressés,
Et s’il vous vient l’idée de vouloir abaisser
Rien qu’un peu les avoirs qu’ils ont su encaisser…
Tudieu ! La bonne justice saura bien vous dresser,
Écartant le danger de voir l’ordre changer…
Dix autres acrostiches sur la LIBERTÉ

Notre cher dictateur, aux si nombreuses victoires,
A fini solitaire, mais sur le territoire,
Partout, on voit des N, qui nous rappellent sa gloire…
On en fait un héros, on peut s’en prévaloir…
La belle révolution qu’il aura confisqué,
Étonnamment absente des discours — c’est risqué…
On oublie tous les morts qu’il a accumulés.
Nous gardons des chimères pour bien affabuler…

Bien des gens ont plaisir à s’écouter causer,
Alors, on les entend, si l’on est exposé…
Vous pouvez écouter, si vous êtes disposé,
Avec parcimonie ou jusqu’à la nausée…
Ravi de n’avoir pas cet infernal défaut,
Dans mon coin, je noircis des vers en porte-à-faux,
Avec le bel espoir de n’ennuyer personne.
Gardez-moi du besoin d’obliger à me lire
Et de pleurer pour qu’on vienne remplir ma tire-lire !

Même si votre intérêt n’est que vestimentaire,
Épargnez-nous la joie d’un climat qui atterre,
Tant la nature a soif de bonne pluie pour sa terre !
Évitez de sourire de ce soleil austère
Ou l’on aura envie de vraiment vous faire taire !

Ils ne comprennent rien à ce qui leur arrive,
Ni qu’il pourrait finir, leur monde à la dérive…
Ce sont des gens fermés et dont les références
Offrent bien peu de place à la désespérance !
Maquillés, pomponnés, tout est dans l’apparence…
Partout, on leur fait croire qu’ils sont la référence,
Radieux, quand, autour d’eux, on fait la révérence…
Épanouis du bonheur de moquer l’ignorance,
Honteuse, des petits riens qui grouillent partout en France,
Et qui votent, on le sait, le cœur plein d’espérance…
Nantis jusqu’à la moelle, leur belle intolérance
Suinte un mépris profond pour toutes les différences !
Il serait temps qu’un jour, se termine leur errance
Ou que l’on mette un terme aux inutiles souffrances
Nourrissant les banquiers qui ont leur préférence…

C’est tentant de briser ce qu’on n’aura jamais…
Attaquer des vitrines aux noms entre guillemets,
Saccager des étals pour les plus riches gourmets…
Superbes restaurants aux meilleurs entremets
Et où l’on peut toujours déguster un Chimay…
Rions de tout ce luxe qui atteint des sommets !

Gardez-moi de jamais me sentir avachi !
A force de durer, c'est vrai qu'on s'infléchit,
Courbant le dos devant tous les mamamouchis,
Horde de parasites pour qui l'oligarchie
Inonde d'avantages leur régime de Vichy,
Sans jamais qu'on arrive à vivre l'anarchie…

Notre couleur du deuil, quand, au fond du couloir,
On sait qu'il n'y aura plus de vie à faire valoir…
Il sert nos limousines au luxe ostentatoire,
Rayonnant du bonheur de l'or jubilatoire…

Alors pour continuer ce boulot de damné,
Besoin de bonnes raisons ou pour se pavaner ?
Avec ostentation, pour les instantanés,
Non, c’est automatique, ou on dit « spontané »…
Des mots vont atterrir, après leur vol plané,
Orgueilleux ou pervers, livides ou basanés,
Non contents d’exister, mais heureux de crâner,
Nourris de mes dégoûts, profonds ou cutanés,
Et avec des liaisons, des rimes surannées,
Rien que pour faire passer un mois ou des années…

Boire pour décompresser, pour oublier un peu,
Imaginer un monde sans ces discours pompeux,
Ecarter d'un revers les risques adipeux,
Regarder gentiment le liquide sirupeux,
En songeant au dîner qui viendra quand il peut…

Si le temps le permet et que j'aie le courage,
Après les dix corvées qui m'attendent au virage,
Mon dos sera paré à affronter l'orage,
Et mes pieds partiront vers un nouveau mirage,
Dans mon quartier, bien sûr, ou bien dans les parages…
Il faudra être en forme pour l'ultime repérage…

Pourquoi ai-je donc toujours aimé ces animaux ?
Ils sont bien ordinaires, vivant pianissimo,
Gênants par leurs seules fientes, et les éliminer
Est une tâche usuelle des villes disciplinées
Où leur droit à la vie est au moins négligé,
Nié, ou bien ignoré, et j'en suis affligé,
Sans parler du plaisir de les voir voltiger…

Je veux savoir ce que mes vers auront à dire,
En silence, dans le noir, avant de refroidir…
Un peu plus loin, profond, dans la folie normale,
Dans les délires d'orgueil qui nous font tant de mal,
Infectant le futur que craint mon écriture…

Regardez bien les rails sur lesquels nous marchons !
Écartons les traverses, ou sinon, trébuchons !
Parce qu'elles sont les mêmes, tout au long du chemin,
Épaisses et longues autant, sans se donner la main,
Tout est toujours pareil dans nos vies monotones,
Et nous radotons bien, du printemps à l'automne,
Robots si fiers de naître et de mal nous connaître…

Revenez, mes bons vers, que vous soyez remplis!
Épargnez-moi la peine de lisser les replis,
Perdant mon précieux temps, qui est presque accompli,
Étendu ou debout, avec ma panoplie !
Tendez-bien vos syllabes que je puisse agrafer
En travers mes humeurs, qui vous font s'esclaffer,
Rayonnant du bonheur de tout bon ricaneur…

Rien ne peut arrêter le flot qui se déverse,
Évitant les récifs des chemins de traverse,
Parcourant des milliers de lieues, de kilomètres,
Éparpillant les mots que j'ai voulu commettre…
Tant pis pour les minutes que j'ai ainsi perdues
En croyant à mon art de manière éperdue,
Rêvant de réussir à graver dans la cire…

Parce que j’ai les réponses et qu’elles sont bonnes à prendre
Ou parce que ton esprit est ouvert pour apprendre…
Une fausse idée vaut mieux qu’une sage ignorance.
Regarde-nous trôner depuis des millénaires
Quand tant d’autres ont crevé sur des paillassons rances !
Un millier de mensonges vaut que tu nous vénères,
Oublieux du bon sens, et s’il faut faire la guerre,
Ils te trouveront là, pour mourir comme naguère !

Parce que j’ai le temps et le goût de le faire
Ou bien je suis trop las de vivre en cet enfer…
Un jour, je m’en irai, on m’a bien prévenu.
Rien de ce que j’ai vécu, ce qu’il m’est advenu,
Quand je devrai partir, il n’en restera rien…
Un souvenir obscur de mon esprit vaurien,
Oublié dans les pages d’un vieux bouquin perdu… 
Il vaut mieux s’en tirer par un rire éperdu.

Partagée en deux mondes, la terre est dévastée.
On brûle tout ce qu’on peut, au Nord, pour le plaisir,
Unis dans le même culte de l’or incontesté,
Ramant tous sur le fleuve de nos moindres désirs…
Qu’il y ait plus au Sud, des peuplades affamées,
Un peu triste, c’est vrai, mais s’ils veulent réclamer
On trouvera mille causes pour justifier leur faim…
Ils n’ont qu’à patienter en attendant la fin.

Pour prouver qu'on existe et qu'il faut qu'on soit là,
Ou pour le seul plaisir d'offrir, un peu, voilà !
Un jour, vous comprendrez, c'est ce qu'il faut rêver…
Rêvons en attendant le moment de crever
Qui viendra — c'est certain — aujourd'hui ou demain,
Un autre jour plus loin, selon notre chemin…
Oui, c'est très amusant de vivre pour l'instant :
Il mérite qu'on s'accroche, hilare ou en pestant…

Parce que j'aime les maux qui nous pendent aux joues
Ou au nez, c'est selon, comme autant de bijoux,
Un moment après l'autre, pour supporter mon joug,
Relevant le défi, avec les mots je joue…
Qu'importe mon délire qui ne nuit à personne ?
Un monde, où toujours mieux j'entends le glas qui sonne,
Offre à mes yeux éteints des reflets chatoyants,
Illuminant mes vers toujours si larmoyants…

Parce que le rire m'ennuie, tout au fond de ma nuit,
Ou car j'aime la tristesse et tout ce qui me nuit,
Un vers tire le suivant, sur le circuit dément,
Racontant la folie, notre orgueil véhément
Qui ronge tout ce qu'il touche, en un gâchis patent,
Un gaspillage affreux, pour tous les combattants,
Ouvrant leur corps aux bombes qui tomberont d'en haut,
Infligeant le malheur, pour l'Argent, ce fléau…

Hêtre, charme ou bien chêne, il va falloir trancher…
Écarter tous les choix qui nous feraient flancher,
Sempiternelle question, qui se pose à chacun,
Il n'est pas de sujet où, de choix, il n'y a qu'un,
Tant notre monde est riche, compliqué à l'excès
Et la raison nous pousse à vouloir le succès,
Rayant, de toutes nos dents, le parquet, en dedans…

Soudain, plus rien ne sort… Mes doigts se sont taris
Et les mots ne coulent plus, en vaines plaidoiries,
Comme s'ils pouvaient ronger nos belles barbaries !
Silence ! Que l'on distingue leur doux charivari !

Dans la bonne religion qu'on m'a fait avaler,
Il est le jour sacré, où l'on va s'installer,
Mains jointes et beaux habits, sur les chaises de l'église,
Afin d'y absorber sermons et vocalises…
Nos prie-dieu sont partis et les fidèles sont rares,
Comme les miracles, en fait, ou le prénom Gérard…
Heureusement pour eux, mes enfants sont athées,
En ayant échappé aux croyances frelatées !

C'est le plaisir d'aller là où il faut qu'on soit…
Il y a bien le besoin d'être ailleurs que chez soi…
Regardez ma voiture et mes coussins de soie !
Comme elle file au-delà des limites de vitesse !
Un plaisir de pouvoir brûler la politesse…
Les prolos peuvent attendre, ils ont toujours le temps,
Alors que nos minutes sont un bien exaltant…
Tandis que la musique s'échappe des hauts-parleurs,
Ils ronronnent gentiment, nos moteurs de valeur,
Offrant toute leur puissance à nos besoins précieux,
Nous rapprochant plus vite du repas délicieux…

Alors que le temps coule, nous poussant au tombeau,
Rien n'est plus amusant que de créer du beau !
Tant pis si c'est gratuit, si ça nous prend du temps,
Il faut se mettre en train, et quand on est partant
Suffisamment de jeux s'offrent à notre égo !
Tant mieux si d'autres yeux nous traitent en égaux
Et si l'on apprécie ou qu'on nous remercie…

Avec ses doigts souillés, et bien sûr sans machine,
Reclus dans une caverne, tout au fond de la Chine,
Très longtemps avant nous, il a su commencer…
Il a su dessiner comme il pouvait penser,
Sans fioritures d'abord, puis on connaît la suite,
Toutes ces surenchères, cette éternelle poursuite,
Et les délires présents, que l'on trouve si plaisants…

Avec, évidemment, quelques arrière-pensées,
Rien ne reste gratuit, et bien récompensées,
Toutes les œuvres d'art apportent du plaisir…
Il en faut si l'on veut que les rails du désirs
Serpentent jusqu'au bout de notre itinéraire,
Tout au fond du tunnel musical, littéraire,
En lequel nous croyons, et où nous aboyons…

Avec désinvolture, ils coulent sur ce mot,
Remontés, motivés, mes bons petits jumeaux !
Traçant leur maigre route au milieu des badauds,
Indifférents, qui passent, en leur tournant le dos,
Silencieux, inodores, mais non pas sans saveur,
Toujours ils ont l'espoir d'obtenir des faveurs
Et de finir un jour dans un luxueux séjour…

Avaler sa rancœur devant l'adversité,
Régurgiter des mots que l'université
Trouvera bien un jour le temps de disséquer…
Il va mourir ce monde qu'on a hypothéqué
Si bien que nos loisirs n'ont que peu d'importance…
Tous nos pas nous dirigent bien droit vers la potence
En ce futur lointain où le moteur s'éteint…

Avec des traits, des vers, des portraits de travers,
Rassemblés en recueils, en tableaux, en musées,
Toute une vie humaine à jouer, à s'amuser,
Il vaut mieux ça que bien entasser à la banque…
Si chacun sur la terre jouait les saltimbanques,
Tourbillonnant, au lieu de piller les ressources,
Eh bien, l'on finirait par pouvoir boire aux sources…

Aligner des pixels pour dessiner des maux,
Rédiger des objets, des poupées, des émaux,
Tisser des vers savants, trop faibles pour grouiller,
Illustrer de sa sueur le présent bien rouillé,
Satanés vies qu'on a, à ne savoir qu'en faire !
Tu m'étonnes si je sors de mon cercueil en fer
Encore tout étourdi du bruit qui m'assourdit !

Alors qu’il semble long, le chemin que j’emprunte,
Raidi par le désir de laisser mon empreinte,
Tu vois les œuvres d’art que j’ai su barbouiller
Ignoblement sali de mes gros doigts mouillés
Si bien qu’on ne peut plus les réutiliser.
Tant pis pour le gâchis, j’aurai voulu puiser
En moi le vrai talent, qui brille en s’étalant…

Accordez-moi l'honneur de pouvoir continuer,
Rattrapant le futur qui va me diminuer,
Taraudant les années qu'il me reste à ronger —
Il est vrai que leur nombre ne peut plus s'allonger,
Si bien que je l'attends, la mort qui va brûler
Tous mes bons souvenirs et, ainsi annulés,
En vain, pourra-t-on dire, à moins de me maudire…


Ne buvez pas mes vers comme s’ils avaient raison !

Ils pourraient bien sinon envahir vos maisons,
Migrer un peu partout, quelle que soit la saison,
Pour envahir la terre, et leurs combinaisons
Offriraient aux regards leurs viles déclinaisons…
Regardez-les se tordre, en toutes conjugaisons,
Tandis que les tankers promènent leurs cargaisons
En attendant qu'au port, ils fassent leur livraison…

Qui se plaint des odeurs et des exhalaisons ?
Un jour approche, enfin, où nos péroraisons
Ouvriront dans les plaies de bonnes démangeaisons,
Illustrant notre monde et sa terminaison…


Avec tous mes neurones, je me force à sourire,
Voulant voir la lumière, des espoirs à nourrir,
Endormant la conscience que j'ai de notre enfer,
Une conscience aiguë du mal qui prolifère,
Gentiment, en tous lieux, générant la souffrance…
Les maux importent peu, sur terre autant qu'en France,
Éperdument masqués par l'argent qu'ils procurent,
Mais des malheurs d'autrui, c'est vrai qu'on n'en a cure
Et plus ils sont nombreux, plus ils vont rapporter,
Nourrir nos paradis fiscaux, hors de portée,
Tapissant nos cercueils de quoi nous conforter…


Faut-il rester lucide pour supporter nos vies
Ou bien le seul moyen — vous voulez mon avis ? —
La seule option qu'on a, c'est nous déconnecter,
Immerger nos pensées loin du monde infecté
En se laissant couler — pardon de vous saouler !

Regardez comme la lave a la couleur du sang
Ou comme un bon bordeaux a l'air appétissant !
Une couleur si vive qu'elle peut vous protéger :
Gare au vilain poison, à l'odeur, au danger !
Enfin, il monte aux joues jusqu'à briser son joug…


Humains, nous passons tous notre vie sur des rails,
Avec des aiguillages, des collègues qui déraillent…
Bien sûr, nos jolis rails, nous devons les choisir,
Imaginer, polir, peaufiner à loisir,
Tandis que les méchants, paresseux, négligents,
Unis dans leur bassesse, deviennent indigents,
Délinquants, meurtriers, et leur belle liberté
Est ainsi gaspillée en viles grossièretés,
Si éloignés de nous que nos gorges se nouent…

Habilement l'on dit que notre liberté
A tous les avantages… J'en suis déconcerté.
Bien sûr, tous nos grands hommes, s'ils étaient des robots,
Inciteraient à rire de leurs grands escabeaux !
Tandis que s'ils ont pu choisir leur beau destin,
Unanimes, nous voulons que leur vie, ce festin,
Devienne un bel exemple pour tous ces pauvres riens,
En bas, égaux et libres… de finir galériens,
S'ils ne sont pas heureux d'être prolétariens…

Honni celui qui crache sur notre liberté !
Alors que l'on ignore avec une légèreté
Bien douteuse les dessous de nos moindres pensées,
Il faut s'enorgueillir du flou manigancé,
Tordu, qui nous dirige sans qu'on soit offensé,
Un instant après l'autre, mais il a commencé
Dans les lointains brumeux des premiers cris lancés
Et nous sommes habitués à son pas cadencé,
Si bien que jusqu'au bout, il nous fera danser…

Humble robot, j'attends que mes alexandrins
Apparaissent sous mes doigts, comme des malandrins
Bien cachés qui surgissent devant les voyageurs…
Ils me surprennent moi-même, en me laissant songeur…
Tudieu ! J'ai l'habitude d'être un vil automate,
Un robot déguisé sous des airs de primate,
De grand singe évolué, qui se donne du "sapiens"
Et se gorge de mots, comme on flattait "mon prince",
Saoul de superlatifs, fier des comparatifs…

Avec des mots faciles, que j'ai prémédités,
Couchés sur les pixels, avec rapidité,
Regardez-les couler avec limpidité !
On dirait des serpents et leur hérédité
Serait à vérifier si leur validité
Trouvait à se changer en bonnes liquidités…
Il ne faut plus rêver au point d'être édité
Car c'est du temps perdu et ma timidité
Heurte les murs d'argent de sa rigidité,
Empêchant les millions de m'être crédités…

Humblement, je dirais qu'avec "inanité",
Une rime est bien riche… ou alors "vanité" ?
Mais cessons pour de bons ces belles mondanités !
Alors que nous baignons dans les insanités,
Nous perdons notre temps dans les solennités,
Inutiles, mensongères, foin de fraternité !
Tourbillons d'apparence, de toute éternité,
Épargnons-nous les rêves de molles divinités !

Pour bien nous faire rêver, on l'aura inventé,
Avec ça, notre vie s'en trouve agrémentée…
Ravis, nous n'avons plus qu'à un peu patienter…
Attendez ! Vous verrez, vous serez enchantés
Dans ce séjour meilleur, qu'on a bien commenté !
Il faut le mériter, si l'on veut l'arpenter,
Sinon, c'est en enfer qu'on va vous tourmenter !

Est-ce pour que les minutes coulent plus gentiment,
Sans éclabousser trop les murs du bâtiment ?
Pour que la vie ne soit plus un long châtiment
Ou que le rêve ajoute un bien joli piment,
Il faut savoir manger avec des condiments
Rien que pour éclairer un jour trop déprimant,
Sinon nous nous noierions dans les ressentiments…

Enjoliver la vue, pour parler poliment,
Sucrer avec doigté tous ses bons aliments,
Pourchasser le bonheur, là, indéfiniment,
Oublier le passé, mais pas les compliments,
Illustrer le présent de nos vains boniments,
Rien que pour le plaisir de bons remerciements,
S'il en vient, un beau jour, dans nos compartiments…

Elles finiront, nos vies, tout en nous abimant,
Si bien qu'un beau matin, à notre détriment,
Personne ne viendra plus nous parler joliment…
Oui, nous serons glacés. Aucun médicament
Inventé d'ici là ne pourra en rimant
Rendre de la couleur à notre blanchiment,
Sans que l'on puisse donner le moindre assentiment…

Et c'est bien que nos vies, dont le dur maniement
Sait rester un mystère, mais dont les rudiments
Peuvent parfois glisser un peu étourdiment,
Ouvrent des salles obscures, où, indéfiniment,
Imprudemment aussi, sur le sol en ciment,
Rampent des bactéries — un bel assortiment ! —
Si bien que l'on repart à zéro, quasiment…

Pour combler le silence et occuper l’espace,
Avoir l’air de savoir ce que d’autres ignorent,
Roucouler du bonheur de voir les sons qui passent
Lentement profiter du son de sa voix d’or
Et mentir quand il faut pour bien avoir raison,
Rien n’est illégitime pour grandir sa maison…

Pour croire que l'on existe, il faut bien s'exprimer,
Affirmer son égo, qui pourrait déprimer…
Rien que de vaines paroles, mais dites avec aplomb,
Le mirage se produit, et même si les frelons
Entendent seuls nos sons déchirer le silence,
Ravis d'offrir au monde notre belle vigilance…

Admirons ces grands hommes, qui gagnent des milliards,
Dans un monde où les pauvres pullulent sur le billard…
Mais où est le problème ? Parce qu'ils le valent bien,
Inondant de leurs dons charitables, ô combien !
Rayonnant de grandeur, sous les lambris dorés,
Avec tout autour d'eux, des pin-ups adorées,
Tout de luxe vêtus et puis roulant carrosse,
Il le faut, dans les airs, de Rome à Biscarrosse,
Ou sur mer, sur les routes, en limousine laquée,
Nul ne doit ignorer le fric qu'ils peuvent claquer…

Le moindre de nos actes a toujours une raison.
Il faudrait la chercher avant la pendaison…
Bah ! C'est bien plus pratique et sans comparaison :
En disant qu'on est libre, la moindre déraison
Revient à nous punir, à remplir les prisons…
Tant pis si d'un vain mot, d'orgueil nous nous grisons,
Et si l'humanité, toujours plus nous brisons !

L’illusion, le mensonge et le droit d’exploiter…
Il y a de quoi frémir en entendant son nom.
Bien au contraire, des niais vont vers elle se hâter :
Eperdus de fierté, les aveugles chaînons
Regardent alentour, neurones galvanisés,
Tordant l’œil au réel, tant ils se sont grisés,
Et la vie les emporte, les glissant sous la porte !

Les mots sortent de moi, en torrent impérieux :
Ils sont fous, insolents et parfois injurieux.
Banalité, me dis-je, tant j’y suis habitué
Et ils coulent de mes doigts, sans jamais m’évertuer…
Ridicule de penser que je les ai choisis,
Triés parmi les grains de ma mémoire moisie,
Et que ma volonté suffit à les dompter !

Les vieux mythes nous survivent et celui-ci est pire.
Il règne sur le monde et son immonde empire
Balaie devant nos portes les restes de nos corps.
En vain, j’ai balbutié et je le fais encore…
Regardant nos parents, leurs rouages apparents,
Tout me dit : « Automate ! Quel pauvre choix as-tu ? »
Et, sur les murs des chiottes, je dessine ta statue.

L’œil, qui regarde à gauche, pourrait aller à droite.
Il suffit que les muscles aient reçu les bons ordres.
Bien sûr, ils obéissent aux suggestions adroites,
Envoyées par “l’esprit”, le seigneur du désordre,
Ragoût gélatineux, prisonnier de nos crânes,
Tas de sottises obscures, qui ricane et qui crâne
En se prenant pour Dieu, jusqu’au jour des adieux…

Le choix de vous cacher les mots qui m’envahissent,
Il est inexistant. Je suis déterminé,
Bridé par mon passé, les nerfs qui me trahissent,
Enfermé dans les ruines d’une nécropole minée…
Rien de ce que je fais ne devrait vous surprendre,
Tant je suis une machine, à produire, à apprendre,
Et mes images, mes cris… c’est moi que je décris.

L’illusion de choisir entre le Bien, le Mal,
Il faut la seriner pour que chacun y croie.
Balivernes utiles pour que chaque animal
Enferme sa pensée dans le moule de la croix,
Représentant le Bien, plutôt l’ordre social,
Tandis que les déviants, privés de l’eau d’Évian,
Écoperont du diable et d’un enfer spécial.

Le mot est idéal, si l’on veut arnaquer.
Il a même sa statue… Défense de l’attaquer !
Brandissez-le bien haut ou faites-le miroiter,
Et vous n’aurez plus qu’à, bien à fond, exploiter !
Réduits à l’impuissance, les désobéissants…
Tout leur vain libre-arbitre devenant salissant
Et désavantageux, ils finiront hors jeu.

L'on voit bien des machines vraiment intelligentes.
Il ne vient à personne une idée affligeante,
Banale au cinéma, de les humaniser
Et, donc, à notre image, les idéaliser,
Rêvant de leur conscience et de leur liberté !
Tiens donc ! Elles sont malines et savent se comporter,
Évidemment, leur "âme" vient seule de leurs programmes…

La bonne publicité, qu'on nous sert tant à table,
Imaginez-vous bien qu'elle soit aussi rentable,
Baillée à des esprits qui auraient été libres ?
En montrant à Lambda un show du bon calibre,
Rien ne va l'empêcher d'en avoir le désir,
Tirant sa carte bleue pour s'offrir ce plaisir,
Épanoui, amusé, et si bien abusé…

Donnez-moi l'illusion d'avoir de la valeur
Et de pouvoir offrir des vers bien racoleurs,
Caressant l'intellect de mes amis lecteurs !
Il est donc décidé que mon ordinateur
Sera utilisé chaque jour pour écrire !
Immondes petits vers, vous allez conquérir
On ne sait combien d'yeux, ni sur combien d'écrans,
Ni si de continuer j'aurais toujours le cran…


Faux mort que j'ai trouvé, sur le sol, immobile,
Rien que pour des clichés, tel était mon mobile,
En mon sac je t'ai mis et puis, rentré chez moi,
La séance de photos m'a donné de l'émoi :
Observant de la vie dans ton corps minuscule
Nul doute qu'elle en est bien à son noir crépuscule…

Allons ! Sans me risquer, je t'ai mis en bocal,
Sur une goutte d'eau, sur le chauffage local.
Il me faudra sortir et puis te déposer,
Avec soin sur la terre pour te décomposer…
Tandis que si tu vis, tu suivras ton destin.
Il faudra des abeilles que tu fasses un festin !
Qui suis-je pour voler ta vie à la nature ?
Un demi-dieu, un fol, tuant des créatures
En croyant faire le bien, comme toujours, ô combien !


Fichus frelons migrants, qui voudraient faire la loi,
Ravageant nos belles ruches, au miel de bon aloi,
Et submergeant la France, tant ils sont prolifiques…
Les autres butineurs, sans doute plus pacifiques,
Ouvrent tout grand leurs fleurs à ces envahisseurs,
Nous privant du bon miel en tuant leurs frères et sœurs…

Alors, noyons Darwin ! La survie des plus forts
Sera pour nos contrées la loi des coffres-forts…
Il ne faut pas laisser ces bêtes nous envahir,
Avec la liberté de venir nous trahir,
Tuant nos ouvrières, abeilles, esclaves à miel,
Inondant nos jardins en nombre exponentiel…
Que nos bons pesticides fassent leur gentil travail,
Utiles sur ce cas-là, autrement, vaille que vaille,
En serres, il faudra mettre… les abeilles à leur maître !


Faudra-t-il donc attendre que la dernière abeille
Rende son dard à Satan pour que l'on s'émerveille
En voyant ces frelons si prolifiques en diable ?
L'idée m'est donc venu, en ces jours effroyables :
On pourrait, des frelons, faire une bonne nourriture,
Nous gavant de leurs corps sur de la confiture !

Après tout, ils sont riches en acides aminés !
Superbes composants des meilleures protéines.
Il suffit de savoir à quoi les combiner,
A la place du bon lait et de sa caséine.
Tous les frelons du monde viendront pour nous nourrir…
Ils sont plusieurs milliers à naître et à courir,
Que n'en profitons-nous pour remplacer les porcs ?
Une ferme à frelons serait d'un bon rapport,
Et notre dieu, l'Argent, est toujours obligeant…


C'est le plaisir de tuer en toute légalité,
Hanter les noirs sentiers en toute impunité
Avec un vrai permis… et sa validité !
Savoir donner la mort avec rapidité,
Soit les voir se traîner dans les zones habitées,
Ecouter leurs vains râles en toute placidité…
Unissant nos fusils, notre intrépidité
Rugit une dernière salve et l'invalidité
Se change en une ultime, sanglante, rigidité…

Chantons le bon plaisir de tuer des créatures,
Hostiles, indifférentes, vivant dans la nature !
Avec délectation, ces vies que l'on rature
Seront pulvérisées, infantiles ou matures,
Souillées de leur sang noir, comme sous une dictature,
Et c'est légal, bien sûr (permis à signature…) :
Une loi l'autorise et la magistrature
Renforce bien nos rangs, notre image de droiture,
Si bien qu'on continue, malgré les courbatures…

Comment ne pas aimer ce bon plaisir de tuer ?
Hérité des aïeux, qui se sont évertués
A faire de nous des hommes et à s'y habituer,
Sachons le cultiver et bien le perpétuer,
Soucieux du nettoyage qu'il nous faut effectuer,
En mutilant des corps dans des bleds mal situés !
Un accident ou deux pourront venir ponctuer,
Regrettablement, certes, quand viennent se substituer
Soudain des promeneurs à nos proies instituées…

C'est la vie, de mourir… et donc, donner la mort,
Horrible au tout début, quand on a des remords,
Amusant par la suite, quand on sort sa claymore,
Sur le point d'achever, fier comme un matamore,
Sa proie agonisante, au fond des Côtes d'Armor !
Et qu'importe que vivent au fin fond des Comores
Un ou deux lions de plus, parmi les sycomores ?
Regardez ce trophée, qui plus jamais ne mord,
Sur le mur du salon, mieux qu'une tête de maure !

C'est dur de constater que la faune disparaît !
Horrible de penser que le gibier parait
Avec ostentation les flots de nos marais…
Si triste de penser que le gibier qu'on tue
Sort à peine de ses cages où il est né, vois-tu ?
En effet, on élève nos proies dans des clapiers.
Un jour, quand ils sont grands, on les lâche à nos pieds.
Reste plus qu'à tirer, évitant nos chaussures…
Salissant exercice (du sang, des vomissures…) !

C'est bon pour la santé d'arpenter les forêts,
Harponnant le gibier, des perdrix aux gorets,
Avec de temps à autre, un malheureux passant,
Stupidement discret, se vidant de son sang…
S'il avait su, bien sûr, il aurait arboré
En plus de belles clochettes, un grand gilet doré,
Un uniforme vif et bruyant à la fois,
Revenant à sauver son intestin, son foie…
Si sots sont les passants, que ça en est lassant !

Clouer au sol un aigle, abattre un éléphant,
Hacher un écureuil, apprendre à ses enfants
A tirer, poignarder, et sortir triomphant,
Sur le champ de bataille où l'on arrache des vies
Sordides de leur routine, quand leurs espoirs dévient,
Entrant en collision avec nos munitions,
Urinant de douleur quand ils paient l'addition,
Rayonnant du beau sang qui jaillit au grand jour,
Sur le point d'achever leur si bestial séjour…

C'est bon de savoir tuer ! Ça peut toujours servir…
Hommes de peu de foi, que l'on peut asservir,
Avec le goût de tuer les êtres secondaires,
Sans retard vous irez sur les embarcadères,
Suriner du Mongol, du Hun, du Philistin,
Et votre liberté sera votre destin.
Un lièvre et deux lionceaux valent bien un fromage…
Rendons au fabuliste un pointilleux hommage,
S'il nous aide à pouvoir continuer nos dommages !

C'est jouer avec les morts comme on se joue des mots…
Humains tous bien égaux devant le roi des maux,
Alors puisqu'il faudra un jour nourrir les vers
Sachons les satisfaire, plutôt qu'écrire des vers,
Si nos victimes saignantes leur sont si délectables
Et que nous les jugeons trop plombées pour nos tables…
Un corps abandonné dans un coin de forêt
Retourne à la nature. Les petits qu'il aurait
Seront des mets flatteurs pour d'autres prédateurs…

Criez, petits oiseaux, quand vous serez hachés !
Hurlez votre souffrance devant vos vies gâchées,
Avec pour seule raison, notre plaisir futile,
Sauf si notre survie veut que l'on vous mutile…
Souffrez, beaux carnassiers, sous nos armes d'acier !
Entendez le tonnerre de nos fusils mortels
Urinant leur mitraille comme on boit un cocktail,
Rien que pour le plaisir de nous savoir puissants
Souillés du sang obscur des êtres innocents…


Riant du monde absurde où je promène mes pas,
Epanoui à l'idée de mon propre trépas,
Vous êtes les bienvenus dans mon séjour virtuel,
Empaillés ou viandus, lourdauds ou spirituels…
Rien de vraiment réel ne peut bien m'affecter :
Il suffit de dormir pour que l'air infecté
En un abîme profond aille se blottir au fond…


Pourquoi faire aujourd'hui ce qu'on peut faire après ?
Rien n'incite à penser que l'on sera moins prêt,
Ou qu'il faille se jeter sur tout ce qui est près…
C'est la facilité qui tient donc le couperet,
Régissant nos actions, pourvu qu'on soit propret…
Alors pourquoi s'en faire et s'inquiéter exprès,
S'il est plus moelleux de faire de l'à-peu-près,
Tandis que nos futurs en cercueil de cyprès
Inévitablement nous rideront les traits,
Nous privant du plaisir de beaux autoportraits,
Assommés par l'écran qui toujours nous distrait,
Terriblement présent dans nos vies que l'on trait,
Illusions d'existence dont seuls quelques extraits
Offriront à autrui au mieux un peu d'attrait,
Nous sauvant du zéro où nos vies pénétraient…

Regarder à ses pieds le trou du monde béant,
Imaginer la mort comme un bon mécréant,
Espérer un futur de bon roi fainéant,
Navré de ne pouvoir se nourrir en créant…

Avec autant de lettres, on va en faire des vers,
Noircissant les pixels, pas comme pour du Prévert…
Tout est faux, tristement, dans la constitution.
Ils voulaient faire un cadre à nos institutions,
C'est pourquoi, tous ces mots sont si bien alignés…
On y démarre très fort, par notre liberté,
Nous, dont la moindre action doit être motivée,
Sinon, c'est la folie et nous sommes écartés…
Tiens donc ! L'égalité vient pour nous faire rêver…
Il y a des mots pour rire, faire pleurer les mendiants,
Tordre le monde réel aux yeux des étudiants…
Un monde où seul l'argent donne la valeur aux gens !
Tous égaux sur papier, mais l'or y dérogeant,
Il faut s'alcooliser pour se croire tous égaux,
Oublier tout ce luxe fait pour flatter l'égo,
Nous enfumer le crâne de toute éternité…
Non ce n'est pas plus vrai que la fraternité,
Elle aussi bien présente, sans craindre la démence,
Là, dans le préambule, cette intro qui commence
Le texte souverain qui vaut plus que nos lois,
Et qui donne un semblant de sens au jeu de l'oie
Mortel que nous vivons, année après année,
En nous serrant les rangs, en rangées de damnés,
Nous les pions nécessaires au jeu démocratique,
Tordus, manipulés, mais toujours si pratiques…

Avec des mots, l’on peut raconter des histoires,
Nous faire croire à des mythes, nous réjouir de victoires…
Tout est possible, enfin, puisqu’il suffit d’y croire,
Il suffit d’adhérer, de tenir le crachoir.
C’est un jeu enfantin, où les enfants excellent,
Où la confiance rassure les tireurs de ficelles !
Nous en sommes encore là, à nous oindre de foi,
Sans voir tous ces vautours nous dévorer le foie…
Tu parles qu’ils rigolent depuis des millénaires
Insultant nos cerveaux, les pensées qu’ils génèrent,
Tandis qu’ils se remplissent les poches, à l’infini !
Un milliard de nos frères crèvent dans l’ignominie
Tandis que nos fêtards vont, en avion privé,
Insolemment joyeux, car ils sont « arrivés »,
Orgueilleux invités des paradis fiscaux,
Nantis aux mains sanglantes, dansant sur du disco,
Nourris des meilleurs mets, saoulés des meilleurs vins…
Ecrire, c’est ingénieux, et cette idée leur vint.
Les voilà qui rédigent une constitution.
La loi devra ensuite, pour sa promulgation,
Etre conforme au texte de cette loi suprême…
Mais quels bouffons obscurs vont surveiller la crème ?
Eh bien ! Ceux que l’on nomme, parmi les plus fidèles !
Nous pourrons ajouter, pour tenir la chandelle,
Tous les vieux présidents, tant qu’ils auront des dents…

Alors
Que l’or 
Urine sur nos vies,
On joue sur nos envies,
Inondant nos esprits
Baladés par les prix,
Ouvrant grand nos maisons
Noyées de déraison…

Avec
Quel bec
Un homme seul et sans âme
Offrira son vain brame,
Irriguant de ses vers
Beaucoup de lieux ouverts
Où l’on peut bien crier…
Nulle oreille à vriller !

C’est fou comme il fait chaud, en asile psychiatrique !
Heureusement qu’on a abandonné la trique !
Avec tous ces progrès, un bon choc électrique
Nous suffit pour calmer même le fougueux Patrick…
Gardons-nous de penser aux choix énergétiques
Et profitons de tout, enjoués et frénétiques !
Ma voiture, mon avion, mes vacances… sympathiques,
En jouir, toujours, c’est bien, et surtout, c’est pratique !
Nous mourrons à la fin, soyons donc pragmatiques !
Tant pis si notre monde devient trop chaotique !
C’est sûr que pour les pauvres, c’est toujours dramatique…
Les riches ont une piscine et la clim’ empathiques.
Ils achètent ce qu’il faut et c’est automatique,
Mais quand on n’a plus d’eau, sans être dogmatique,
Alors, on obéit aux besoins somatiques,
Tâchant d’aller ailleurs, en une quête erratique,
Ignorant qu’en dehors des champions athlétiques,
Quoi ? On n’a pas besoin de vos genoux étiques !
Un monde indifférent, bien que démocratique,
Entend bien protéger ses délires emphatiques…


Ils n’ont rien à vous dire, mes doigts, à cette heure-ci.
Nul risque de pouvoir apprécier vos mercis.
Secs sont donc mes neurones, les vilains charlatans,
Paressant dans leur boîte, alors qu’on les attend…
Il ne m’en faut pas plus pour créer de nouveau,
Rassembler des vieux mots, surveiller leur niveau.
Avec satisfaction, je les vois s’empiler,
Timides et trébuchant, puis ils vont défiler.
Ils apportent leurs pierres au mur de l’édifice,
Originaux, obscurs, occultant l’orifice,
Négatifs ou ravis… de donner leur avis !

Ils voudraient bien venir mais ma porte est fermée,
Nouée de l’intérieur, comme mes cordes vocales,
Si bien que je ne peux sortir de mon bocal,
Pousser des cris d’orfraie ou d’argent renfermé…
Impossible de dire ce que j’aurais voulu,
Ravalant la salive de mon gosier goulu,
À quoi bon m’évertuer à peupler le désert ?
Tous mes mots vont filer dans le grand collecteur
Ignorant le plaisir de voler dans les airs,
Ou la douleur de voir dans les yeux du lecteur
Nombre de points communs à ceux qui ont des mains…



Merci à toi, la Mort, à qui l'on doit la vie !
Oui, sans toi, c'est certain, vous seriez moins ravis,
Restés dans le néant, car à quoi bon vous faire ?
Tous nos lointains aïeux faisaient très bien l'affaire…

Mais oui, la descendance, c'est pour se prolonger !
Or, si l'on ne meurt plus, on vous donne le congé !
Rien ne vaut la belle vie qui dure l'éternité
Tout seuls, entre immortels, en bonne fraternité !

Merci, la Mort, qui tue nos despotes éclairés !
On sait qu'ils n'ont qu'un temps, qu'on va les enterrer…
Rien ne va les sauver du cercueil bien doré !
Tous les dieux n'y font rien. On peut se décorer,

Mettre une belle couronne et un manteau d'hermine,
Orner tous ses atours, provoquer des famines,
Ruiner tout un pays, faire des guerres sans répit,
Toujours, ils finiront par être décrépis !

Merci pour mettre un point final à nos souffrances !
On a souvent le temps en beau pays de France,
Rien que pour accomplir ce qui nous fait plaisir,
Tandis que tu attends le jour de nous saisir…

Merci de nous soustraire à nos rêves de grandeur
Ou de nous rappeler avec une belle candeur
Rien que ce que nous sommes, sans inutile pudeur,
Taraudés par l'égo, pour qui rien n'a d'odeur…

Mais oui, je vais partir, quand j'aurais fait mon temps,
Obligé comme les autres, frustré ou bien content…
Rien ne me retiendra dans ce monde d'argent,
Tout est bon à jeter, même si c'est dérangeant…

Merci de mettre un terme à nos futilités !
Obstacle à nos croyances de vaine utilité,
Regarde-nous gâcher le monde autour de nous,
Tant nous sommes imbus de le croire à genoux !

Même les meilleurs du monde n'ont pas grâce à tes yeux,
Ouvrant ta gueule avide sur les plus prétentieux…
Retarder le moment où notre corps précieux
Te sera délivré serait bien astucieux,

Mais non, nous remplissons de poison nos cabas,
Offrant nos beaux poumons aux fumées du tabac,
Respirant l'air pollué, qui tue à petit feu,
Tordant nos corps chétifs, déformés ou suiffeux !

Mais oui, l'on te mérite, par notre vaine sottise !
Oui, tu nettoies le monde de notre convoitise,
Radical détergent, dont notre roublardise
Tend à nier l'intérêt… ou par pure couardise ?

Moche de voir nos amis, nos parents, disparaître,
Ou de savoir qu'un jour on ne va plus paraître…
Rien n'est pire que le mal de perdre un de nos proches,
Tant l'on voulait toujours qu'à la vie ils s'accrochent…

Mais, c'est la vie, la mort… et donner la naissance,
Oui, c'est donner la joie, l'amour, la sénescence…
Rien ne viendra stopper l'invasion des ridules
Tant que tournent les heures sur notre chère pendule…


Écraser gentiment ses doigts sur le clavier,
Caresser majuscules, barre d'espace, sans dévier,
Rien à voir, direz-vous, avec la vieille plume d'oie !
Inutile porte-plume, tenu avec les doigts !
Ridicules, les stylos, à bille ou bien à plume !
En quelques courts instants, voilà, l'écran s'allume…

Écartez bien les doigts pour mettre les accents,
Corrigez — c'est pratique ! – et combien relaxant !
Revenez en arrière pour écrire à nouveau…
Il est loin le travail des copistes dévots !
Regardez comme c'est beau de faire courir les verbes
En gros corps, et polices de caractères superbes…

Éperdument, l'on chasse les restes du passé !
C’est fini, l'encrier ! Le buvard ? Dépassé !
Regardez donc l'écran qui se remplit de lettres !
Il est là, le futur, ou bien si près de l'être…
Rien que quelques paroles et les mots apparaissent,
Encore semés d'erreurs, mais, bonjour la paresse !

Épeler, c'est jeter ! Parlez dans le micro !
Comme l'I.A. est solide, tout ira sans accroc,
Rendant bien inutiles les mouvements de mains !
Il n'y aura donc plus, dans l'école de demain,
Rien à dire aux enfants en gestes d'écriture,
Et ils devront parler pour écrire le futur !


Sur eux, nos yeux s'arrêtent, l'espace d'un instant.
Dans un monde d'argent, ils sont inexistants,
Fabuleux dividendes, et des zéros restants…

Si j'avais de la voix, j'irais partout, pestant.
Dans les plus beaux hôtels, en beau manifestant,
Farouche humanitaire, je serais résistant…

Si j'avais le courage, je serais insistant,
Disant tout haut les maux de nos coexistants,
Fustigeant l'égoïsme de nos nobles distants…

Si j'osais me lever, je serais attristant,
Donnant de belles leçons aux rois inconsistants,
Fourrés de blanche hermine, au sillage persistant…

Si j'avais de l'argent, je serais assistant,
Donnant à droite, à gauche, aux pauvres subsistant,
Fantômes de nos cités, un appui plus constant…

Si j'avais du pouvoir, je serais contrastant,
Donnant à tous les gueux, aux plus inconsistants,
Foyer, toit et couvert, et aussi un passe-temps !

Si j'avais une meilleure maîtrise de l'espace-temps,
Dans ce monde malade, aux maux préexistants,
Fatigué des folies, j’effacerais ce temps !


Savoir se taire quand nulle oreille ne peut entendre…
Intimer aux neurones l’ordre de se détendre…
Les mots n’ont d’autre sens que celui qu’on leur donne,
Et ils sont des millions dont la raison fredonne,
Nourrissant d’absolu le vertige abyssal,
Caressant de vains mots le roi en habits sales
Et ses grelots sonores, que tout le monde honore…

Sous le tapis épais des ans qui s’amoncèlent,
Ils sont enfouis, mes mots, sous la cendre et le sel,
Lavés de tout soupçon de voler la vaisselle,
Enterrés à jamais, car aucun d’eux n’excelle,
Néants informes et las, comme de vils poils d’aisselle,
Caressant l’illusion d’un secret qu’ils recèlent,
En trublions nerveux qui repartent en selles…


Si l’on parle de moi, je suis une grosse bestiole.
Où est l’être divin, qui pousse et puis s’étiole ?
Illusion que l’esprit, créé pour la gloriole !

Sûr que chacun de nous est le centre du monde,
Objet universel, secoué de la même onde,
Illuminé d’un rêve que la folie féconde !

Sous l’apparence quelconque, il y a n’importe quoi,
Offrant aux regards vides un tableau adéquat,
Illusoire, mensonger, sans bien savoir pourquoi…

Si chacun d’entre nous connaissait sa nature,
On ne serait plus la vivante caricature,
Insouciante et bouffie, mais toujours immature…

Si l’on parlait de nous, en se voulant courtois,
On aurait sous la main tout un savant patois,
Impressionnant verbiage à vous laisser pantois…


Bon à avoir, à être, à faire également…
Il en faudrait pour tous, Maliens, Russes, Allemands,
En faire serait le but de nos activités,
Nous sauvant des périls où mène l’avidité !

Beaucoup, quand c’est « nourri », et peu quand on l’a « dit »…
Il est aimé pour « rire », haï en « maladie ».
Et c’est pour renforcer qu’il est tant employé,
Nous aidant à mentir quand il est déployé…

Bancaire, il est formé de zéros entassés.
Ils donnent de la valeur, encore, jamais assez,
Ennoblissant les singes, qui s’en vont jacasser,
Nantis qui chasse la plèbe d’un revers agacé…

Belle maison et carrosse mené par un valet,
Il n’est rien de trop beau, pour lui, en ce palais,
Et tant pis, si tu peines, avec ton chevalet,
Nourrissant de travers ton corps de gringalet !

Balisant ce qu’il faut faire ou bien éviter,
Il est là, le bon Droit, et nos activités
Entrent dans son tamis, pour punir s’il le faut
Nos actes interdits : prison ou échafaud…

Bel ennemi du Mal, sur le papier, au moins,
Intronisé, divin, et… des anges comme témoins !
En rire serait tentant, s’il n’y avait un revers :
Nous marchons sur la tête dans un monde à l’envers !

Belle manière d’approuver ce que le chef nous dit,
Invitant nos esprits à son blanc paradis,
En chantant tous en chœur ses vilaines mélodies
Niant l’intelligence jusqu’à la parodie…

Bêlant l’approbation du mouton qui les suit,
Irrigué du dicton « Je pense et donc j’essuie… »,
Enflé du noir bonheur d’être un bon travailleur,
Nouant les mains pour prier son divin fossoyeur…

Boniments par ici, prêchi-prêcha par là…
Irradiant d’auréoles et autres falbalas,
Elle est riche la caverne du grand Saint-Nicolas,
Nappée d’or et d’argent, en veux-tu ? En voilà !

Baliser le parcours qu’il nous faudra marcher,
Il est là, le devoir de ces mots recherchés !
Enfer ou paradis, pour méchants ou gentils…
Nul doute que le mensonge est aussi garanti !


Comment pourrait-on tuer une personne sur dix ?
Avec quel vil poison cet infâme préjudice ?
N’oubliez pas l’argent qui coule en coffres-forts,
Car c’est lui, l’important, le but de tant d’efforts
Et s’il faut des millions de morts de par le monde
Rien que pour satisfaire une gourmandise immonde,
Regardons-les mourir du haut de notre tour,
Oublions l’empathie et soyons des vautours,
Ravis du seul bonheur de voir du luxe autour !
Il nous grandit, c’est sûr ! Des milliards nous envient,
Si le doute nous prenait de les garder en vie,
Mais non, que nous importe s’ils crèvent par millions
Et c’est le juste prix pour remplir nos galions !

Comme ils sont des millions à partir en fumée,
Après avoir rempli nos caisses de bon argent,
Nos fortunes vont croissant et nos doigts parfumés
Caressent un bel espoir, comme un besoin urgent,
Entasser toujours plus de dollars à la banque…
Regardez les idiots torturés par le manque !
Rongés, leurs fiers poumons de goudron distingué,
Obligés d’avaler ce qui va les flinguer,
Ravis de respirer cet air qui va shlinguer…
Il n'est rien de plus fou que de se déglinguer
Sans pouvoir s'arrêter, tant on est embringué…
Mais la mort viendra tôt pour qu'ils cessent de tousser,
Et tant mieux pour tous ceux qui les y ont poussés !

Avaler des couleuvres pour bâtir une belle œuvre…
Maudire l'espèce humaine car la folie la mène
En direction du vide, de nos cerveaux avide…
Regretter le gâchis qui courbe nos rachis,
Tandis que disparaissent, par haine ou bien paresse,
Une par une les espèces, que notre argent dépèce,
Mais certains se repaissent, et leur fortune épaisse
Enterre à tout jamais la nature que j'aimais…

Silence ! On tourne en rond et nos neurones auront
Une chance de vouloir nous sortir du couloir,
Inspirés par des faits qui produisent des effets…
Comme une boule de neige fait tourner un manège,
Il me vient par moments l'envie de voir Maman,
De quitter ce séjour, de fuir mes derniers jours,
Et de claquer la porte que le diable transporte…

Signe de grande faiblesse, et que le bât nous blesse…
Un jour ou l'autre vient, où cela nous convient.
Il n'est plus qu'à choisir son moment de loisir,
Comment bien mettre fin à nos soifs, à nos faims,
Interrompre à jamais le bateau qui ramait,
Donner le point final aux crampes abdominales
Et mettre un terme enfin à un petit Raffin…

Souffrez qu'on en finisse avec vagins, pénis…
Un petit tour et hop ! on sort du microscope !
Il suffit d'un gros rien et fini, l'acarien !
Comme un pou qu'on écrase, au beau milieu d'une phrase,
Il ne faut qu'une seconde pour que notre faconde
Définitivement — eh oui, si Dieu nous ment —
Est réduite au silence, dans un bruit d'ambulance…

Si mes vers, mes cantiques, ont fonction cathartique,
Un sourire reviendra sur mes lèvres, en mes draps,
Inondant de lumière les coins de ma chaumière,
Caressant les murs gris du Paris qui m'aigrit,
Illuminant de joie mes écrans de bourgeois,
Dégouttant du bonheur d'un réveil de bonne heure,
Entouré de sourires, de mots doux, de fous-rires…

S’interdire de le faire, ne pas risquer l’enfer
Un peu pour les restants, qui seront là, pestant,
Ignorant les raisons qui font fuir la maison,
Craindre trop de rester, de vivre détester…
Il est permis de dire pourquoi l’on va maudire
Des gens, des lieux, des faits, des actes, des méfaits,
En attendant le saut, pour fuir les autres sots…

S’il faut se l’interdire, de le faire, de le dire,
Un peu plus, un peu moins, on souffre néanmoins…
Ils ont peur de souffrir ? De pouvoir découvrir
Ce qu’ils sont pour de vrai, du bon groin en livret ?
Ils ne sauront donc pas où m’ont guidé mes pas,
Dans quel abîme sans fond, mes pensées se défont
En attendant que vienne la fin qui sera mienne…

Des noms des maux coûteux de mes démons douteux,
En veux-tu ? En voilà ! Nulle face ne se voila
Si bien que, de retour, dans leurs plus beaux atours,

Nous voyons mes beaux vers, en ce nouvel hiver,
Outrepasser leurs droits à envahir l’endroit…
Moquez-vous de leurs cris, que tracent mes écrits !
Sifflez sur leur passage, pour couvrir leur message !

Demandez-vous plutôt où ils étaient plus tôt,
Et vous pourriez trouver où ils s’étaient lovés,
Sous le tapis obscur que le temps nous procure…

Mettez-vous dans l’idée que nos vieilles peaux ridées
Adoptent l’attitude de nos pires habitudes,
Unies dans l’illusion, que nos vaines allusions,
X fois répétées, sauront bien inquiéter…

Dormez bien, braves gens ! Oui, soyons arrangeants !
Éveillez-vous, repus, sur la planète qui pue,
Mais vous n’y êtes pour rien ! C’est la faute aux vauriens
Et à tous ceux qui font que la banquise, elle fond…
Ne doutez pas de vous, et moi, je vous l’avoue,
Tout solide que je sois, je fatigue, je m’assois,
Si bien que mes vers glissent, entre mes doigts trop lisses…

Demain, un autre jour… Ça continue toujours
Et ainsi jusqu’au bout, jusqu’à la fosse de boue.

Méfions-nous de nous même ! À vouloir que l’on m’aime,
On finit par lécher son cerveau desséché,
Nourri des vains espoirs du ciel jubilatoire…

Du bruit pour mieux se taire, en bon velléitaire,
Étourdi de pensées, que l’on croit bien sensées,
Mais qui sont les produits du plus sombre réduit,
Ornés de plumes, c’est vrai, mais grimer le pauvret
Ne lui donne nul pouvoir d’accomplir son devoir…

Dormez bien en pensant aux délires offensants,
Et faites de beaux rêves car la nuit sera brève,
Si courte qu'au matin, vos vieux draps de satin

Mériteront, au fond, qu'on les traite en chiffons…
Oubliez les sornettes que les vilaines cornettes
Tissaient dans vos neurones, quand ils étaient synchrones,
Sinon, tant pis pour vous, c'est foutu, je l'avoue…

Ils servent à mentir, les mots, à retentir…
Les métiers de santé gagnent à nous hanter.
Les maladies nourrissent bien autant qu’elles pourrissent…
Une vie, ce sont des plaies, des lunettes, s’il vous plaît !
Sur les nez, des montures, et de haute couture,
Il en faut, des millions, pour s’offrir des galions…
Oh ! Pauvre humanité, qui frôle la cécité,
N’épargnant nul effort pour que les coffres-forts
Soient bien pleins à craquer, d’avoir bien matraqué…

Regardez-les tricher et, bien sûr, s'afficher,
Étonnés de l'argent qu'ils peuvent voler aux gens !
Visage enfariné, ils vont nous seriner :
On n'est pas des méchants… sur l'écran alléchant.
Les pubs iront bon train, de moins en moins restreint,
Tonitruantes, flashies, pour un meilleur gâchis
Et l'on va tous crever, leur besogne achevée !

Ils me font bien plaisir, les noms de mes désirs,
Noueux petits lombrics, qui bavent sur les briques
Un fiel inoffensif qui se rêve expansif…
Tu parles d'un délire… Qui voudrait bien les lire ?
Ils sont morts-nés, ces vers, comme tous mes mots sévères.
Leurs vies bien gaspillées iront s'éparpiller
Entre les couches de terre qui sauront les faire taire…



Pourtant, je continue, décadent, petit, nu…
Avec la dérision, je nourris mes visions.
Rien ne me fait lâcher le désir d'arracher,
De détruire, l'or, l'argent, leurs esclaves, leurs agents,
Oui, de les déloger, destituer, limoger,
Nous libérant enfin de leur règne défunt…



Nul n'a guidé mes pas, donc, ne l'oubliez pas,
Ou je serai fâché, et mes vers bien gâchés !
Un jour, je rime en long, et mes marteaux-pilons
Vomissent alexandrins comme des malandrins,
Et puis, le lendemain, je veux changer de main,
Avec, tous les six pieds, des rimes plein le papier !
Un moyen comme un autre de fuir l'ennui, le nôtre…



Vers quoi s’en vont nos pas, sinon vers le trépas ?
En récitant ces mots, je déroule ma démo…
Rien n’est libre chez moi, quel que soit votre émoi.
Savourant mes tomates, je suis un automate…

Les mots secouent mes doigts. Des vers, comme il se doit,
Envahissent l’écran blanc, et moi, je fais semblant,
S’il me faut travailler, plutôt que de bâiller…

Fi des fous qui se fient aux malheurs de Sophie
Et des comtes qui ne content que les vies de leurs comptes !
Tout est payant, ici, coiffeur ou calvitie,
Et les dettes s’accumulent, les misères se cumulent,
Si bien que l’on n’a rien, depuis les Sumériens…

Donnez-moi, aujourd’hui, pour m’offrir des produits…
Et une volée de pièces, quelle preuve de gentillesse!

Fin du monde pour demain, nous dit le parchemin…
Il y aura toujours dans notre noir séjour,
Nombre de bons prophètes pour nous pourrir les fêtes.

Donc, je ne crois plus rien, tant les mots aériens
Amènent à penser des choses insensées…
Mais alors mes produits sont ce qui me conduit.
Non, jamais mes bons mots ne deviendront normaux,
Écartant d’un revers les rigueurs de l’hiver
En attendant la nuit, que cessent nos ennuis…



Des livres bien écrits pour nous manipuler,
Il a fallu les lire, et bien articuler,
Et y mettre le ton, sans trop gesticuler…
Un paradis pour l’un et l’autre ira brûler !

Des prêtres, avec clochettes pour tintinnabuler,
Inondent nos neurones de refrains modulés,
Enfumant la raison à toujours fabuler,
Unis dans leur désir de bien nous réguler !

Des sermons sous les crânes qui vont coaguler,
Il n’en va pas manquer pour bien nous acculer
En nous vendant des vierges bien sûr immaculées,
Une usine d’où l’on sort bien immatriculés…

Délires qu’à nos enfants, l’on va inoculer…
Illusions distillées, savamment calculées,
Enfoncées dans les crânes, que l’on sait bousculer,
Unifiant les folies où l’on a basculé…

Des siècles que les fous perchés vont hululer,
Innommables guignols d’or jaune pelliculés,
En échange de leurs corps qu’ils ont émasculés,
Un mensonge d’importance qu’ils ont véhiculé…

Des péchés pour guider ceux qui vont circuler,
Illuminant la terre de rayons éculés,
En veux-tu, en voilà ! Nous voici maculés,
Urinant de l’or pur pour bien mieux spéculer…

Donnez-nous chaque jour du pain en granulés !
Inondez nos cervelles d’ordres bien formulés,
Enrichis en miracles, faux mais accumulés,
Un peu plus chaque année, mais c’est pour stimuler…

Déversez sur vos ouailles, pour les congratuler,
Illusions et promesses, pour les faire postuler,
Et n’hésitez jamais à récapituler !
Un beau jour, leur Raison va bien capituler !

Des mots pour révéler ou pour dissimuler ?
Il n’y a de libre-arbitre que pour nous stimuler,
Endormir la raison qui pourrait annuler
Un millier de sermons savamment simulés…

Des saints et des miracles qui s’en vont pulluler,
Illuminant nos vies de délires cumulés,
En cultivant les chiffres, faut-il le stipuler ?
Un zéro majuscule, qu’il convient d’émuler…

Des mots doux, au besoin, ou bien acidulés,
Il en faudra toujours pour nous faire aduler,
En fermant fort les yeux même pour déambuler,
Une brume, un esprit, qui s’en va onduler…

Délires offerts jadis par des miraculés,
Inscrits dans des grimoires qu’on a fasciculés,
Et réglant la manière de, même, éjaculer
Un peu partout, bien sûr, sans jamais flatuler…

Délivrez-nous, saigneurs, des haines dissimulées !
Idioties en vitraux par trop accumulées,
Enivrement de mots pour dire où copuler,
Un jour et pas tel autre, si l’on veut ovuler…

Des saintetés par ci, de beaux intitulés,
Ivres dans leurs carrosses où de beaux ongulés
Emmènent l’équipage, ainsi véhiculé,
Un peu plus loin sur terre. Allez, donc, circulez !

Des monseigneurs coiffés par de superbes mitres,
Illustrant évangiles, grand-messes et leurs épîtres…
Et si les Corinthiens n’écoutaient pas leur pitre,
Un autre groupe humain recevrait leurs pupitres…

Deux-cent-treize autres acrostiches sur DIEU…


Mais, à quoi bon courir, puisqu’on finira là ?
« Oui, il vécut longtemps, et, à la fin, râla… »
Rien ne sert de prier Jésus, Ishtar, Allah,
Tant les démons ricanent de voir nos corps gras, las !

Malheur à ceux qui doutent d’un avenir « ailleurs »,
Ou qui ricanent sans gêne de l’au-delà, railleurs !
Redoutez les armées des croyants batailleurs,
Tant de leurs noirs enfers, ils sont bons pourvoyeurs !

Misant qu’il se tairait, le vilain rimailleur,
On l’aura laissé faire, tant il est peu brailleur…
Rien n’est moins dérangeant que ses vers gaspilleurs,
Ténus serpents à plumes, berçant les roupilleurs !

Mais quelle meilleure raison avons-nous de bouger ?
On sait que le temps passe et va nous effacer.
Rien n’est plus motivant que vouloir s’engager
Tant que dure le présent qui s’écoule au passé…



Dis-toi bien que personne ne choisit où il naît
Et que nul n’est égal devant ce que l’on est…
Si l’on me disait « Change ! », pensez si je connais,
Tant le sujet m’a pris la tête sous le bonnet !
Il est doux de rêver comme un gentil benêt,
Nous qui ne sommes jamais que des porte-monnaies,
Éperdu du désir de parler japonais
Et de croire qu’à la fin, on devient baronnet…



Mais qui sont ces fainéants qui hurlent devant moi ?
Au lieu de défiler en clamant votre émoi,
Calmez-vous au travail, des jours et même des mois !
Regardez mon costume, de vos yeux qui larmoient !
On dirait du lama, mais non, c’est du chamois…
Néants, retournez donc au fond du Vendômois !

Mais dans les gares, on croise des gens qui réussissent,
Avec, à leurs côtés, grignotant des saucisses,
Combien de riens du tout, qui bouffent et qui grossissent,
Ravagés de malbouffe, qui jamais ne mincissent…
Oh ! J’exagère à peine… Que vos yeux s’adoucissent !
N’écoutez pas les sots qui me surnomment Narcisse !



Regardez dans mes yeux la vérité qui fuse !
Un vent de liberté, qui trop longtemps infuse,
Se lève pour venger tous ceux dont on abuse
Et qui sont fatigués d’être pris pour des buses…

Riez donc avec moi ! Voyez comme on s’amuse !
Un bon sourire si franc et à son bras, sa muse…
Soyez confiant, c’est bon, comme un repas Bocuse,
Et vous verrez après de quel mal on l’accuse…



Fictifs sont les emplois ?
Il ne bouge ni ne ploie.
Le prêt est oublié ?
L’homme ne saurait plier…
On lui donne des costards ?
Non, mais il se fait tard.

Faut-il donc condamner notre joyeux fêtard ?
Il fait bosser sa femme, son chien et ses têtards…
L’on ne saurait bien vivre avec si peu d’argent,
L’ami, le milliardaire, se veut si arrangeant…
On oublie les costumes, que l’on use en public !
Nul doute qu’il est tout blanc, comme notre république !

Fictifs sont les emplois ?
Il ne cède ni ne ploie…
L’ami riche fait un prêt ?
L’on oublie, et après ?
On lui donne des costumes ?
Non, ce n’est pas coutume…

Fi des gueux qui dérangent de leurs cris son altesse !
Ils lorgnent les emplois fictifs de la comtesse…
L’on ignore ô combien chez les gens du commun
Le coût d’un bon château, et se salir les mains,
On leur laisse ce plaisir, car d’eux, nous nous rions,
Nous, les Grands de ce monde, qui, sur notre or, brillons…



Hydrogène et azote, oxygène, bactéries…
Y a-t-il des virus du genre qui nous guérit,
Gentils bactériophages ou méchants qui nous tuent ?
Il est sain, le bon air ? ou bien sommes-nous foutus,
En proie aux maladies dues à la pollution,
Noyautés d’OGM dont les évolutions,
En une danse macabre, se cachent sous les palabres…

Toujours se référer aux exploits ancestraux,
Regard négligemment porté vers les vitraux…
On ne nous verra pas voyager en métro,
Tant pis si l’on médit de nous dans les bistros !

Tous les envieux diront de nos affaires qu’on triche,
Refusant de parler des terres que l’on défriche
Oubliant qu’en nos caves, on remplit les bourriches,
Perdus dans les regrets de nous savoir si riches !

Tirez sur la sonnette ! Le voilà qui accourt,
Restant dans les problèmes notre éternel secours…
On pourrait, c’est certain, lui dédier des discours…
Pourquoi pas l’inviter lors de nos chasses à courre ?

Tu es né, c’est dommage, dans le fond, l’arrière-cour…
Rappelons qu’à l’école, rapide fut ton parcours…
On n’avait pas besoin de toi dans les concours.
Pardi ! Ton beau destin, c’est balayer la cour !

Tenez vos caméras braquées sur l’essentiel !
Regardez dans les yeux la version officielle
Où tout est sous contrôle, léché, artificiel,
Pour couvrir les odeurs souvent pestilentielles…

Tous les trottoirs affichent des panneaux colorés,
Rayonnant de produits tous plus élaborés,
Offerts aux yeux par Bouygues, Decaux ou Bolloré,
Pour soigner nos orgueils, nos dents, nos séborrhées…

Tout va aller bien mieux, grâce au médicament !
Rien à dire, on vous fait, plutôt éloquemment,
On est sûr de son fait, et puis, conséquemment,
Plein d’argent va couler, vers le haut, fréquemment…

Tant de gens dorment là, sur le sol de nos villes,
Rangés sur les trottoirs, de Paris à Trouville…
On rase tous les deux mois le moindre bidonville
Pour chasser les odeurs qui gênent le centre-ville…

Tout est différent de ce qu’ils m’ont raconté…
Rien, pas un seul instant, sans avoir à compter !
On mesure tous mes actes de manière éhontée
Pour — comble d’ironie ! — plaire à ma « volonté »…

Tu paies, on te prélève et tu dois dépenser…
Rame sur la distance et sois récompensé !
On couvrira les plaies que tu pourras panser,
Pourvu que de penser tu te crois dispensé !

Tes yeux ne sont pas las de voir tant de laideur,
Rayonnant de fierté, de toute sa grandeur ?
On nous dit — et c’est faux — « l’argent n’a pas d’odeur ».
Partout sa puanteur étale sa splendeur !

Tu pousses encore un peu et puis ça va rentrer…
Regrets de crocodile sur les terres éventrées,
On doit, sur notre but, toujours se concentrer,
Pour que tout l’univers, reste sur nous, centré !

Tous les jours se lever et courir pour pointer…
Raconter des salades car on est appointé,
Obligé de sourire ou bien désappointer…
Puis, c’est l’heure de rentrer et il faut repointer…

Tous les jours se succèdent et les années, pareil !
Rien ne change ? Si, les marques, et puis les appareils…
On a tout ce qu’il faut pour se mettre à l’oreille,
Pour que nos doigts pianotent et nos ongles, là, rayent…

Tripotez le portable pour que le pokemon
Rentre dans vos filets en vous comblant d’hormones !
On préfère les délires aux bouquets d’anémones
Parce que la technique s’est changée en démone…

Tout le monde triche et vole, donc, pour une fois, tais-toi !
Respecte le silence et laisse-nous pantois…
On préfère que tu vives au grenier sous les toits
Plutôt que de t’entendre réciter tes fatwas…



Alors, on n’en peut plus, on est trop agacé,
Saoulé de voir les mots trop nombreux s’amasser,
Sevré de lire les noms entre les mots glacés,
Espérant que finisse la course au mieux placé,
Zêlés pilleurs de troncs aux mandats entassés…

Ahuri de les voir toujours tant croasser,
Sérieux comme des auteurs qui vont dédicacer,
Sournois comme des chacals qui vont tout fracasser,
Entendez-vous leurs voix faites pour jacasser,
Zombies réactionnaires qu’il faudrait remplacer ?

Allez-vous donc avouer « Je n’en ai pas besoin ! » ?
Surprimes et dividendes, de bon or, on vous oint,
Sans que vous vous lassiez d’accumuler les points,
En bouffons délirants fiers de leur embonpoint,
Zéros humanitaires, comme on n’en voudrait point…

Attrapé ? En prison, pour la fin de ses jours !
Ses enfants naîtront là, pendant son long séjour.
S’il en a, on les garde, eux aussi, pour toujours !
Et la vie au grand air, la liberté ? Bonjour !
Zoos de leur enfer, restez à contrejour !

Accordez-moi le fait qu’ils étaient innocents.
Sur un simple caprice, car nous sommes plus puissants,
Soustraits à la nature pour un lieu indécent…
Elle est jolie, leur vie et c’est épanouissant !
Zoologiques leurs parcs, aux barreaux grimaçants !

Avec un bel hectare, l’enclos des éléphants
Se distingue du parking où vont pourrir les faons…
Si vous aimez les phoques, leur dresseur triomphant
Est fier de leurs exploits inutiles et bluffants !
Zones de survies morbides pour distraire les enfants…

Au grand Jardin des Plantes, il n’y a qu’un point d’eau.
Si vous voulez y boire, il faut courber le dos.
Si vous vouliez remplir la gourde des ados,
Eh bien non ! Les buvettes sont là, pour les badauds…
Zéro bouteille, les pauvres ! Un bien joli credo…

Avec mon beau vélib, je vais au Parc Floral.
Surprenant, la première station, la plus centrale,
Se trouve désaffectée, et puis la latérale,
En vérité, aussi, a un aspect spectral…
Zut ! C’était les vacances… Vélib est-il moral ?

Au beau milieu du bois, il y eut un festival,
S’appelant « We Love Green », et bien sûr estival…
S’il n’a duré en tout que deux jours - je déballe… —
En mois l’on peut compter les suites du carnaval…
Zut alors ! En chantier, le beau bois, on ravale !

Avec obstination les médias nous informent
Sur tous les attentats, sur les cerveaux difformes
Semant la mort odieuse, au nom de dieux informes
Et ils offrent ainsi aux esprits qu’on déforme,
Zonards bien programmés, des rêves hélas conformes…

Avec assez d’orgueil pour me féliciter,
Suffisamment de voix pour me plébisciter,
Sans relâche, je parcours les rues de ma cité,
Ennuyé des délires qu’on a bien suscités,
Zizanie due à ceux qui croient ressusciter…

Arrêtez d’aliéner vos vies aux traditions !
Si vous voulez vraiment une vraie soumission
Sans compromis possible, une vraie punition,
Eh bien, sortez tout nus, sage proposition,
Zébu sur les épaules, massue en position !

Avec les traditions, on vénère les ancêtres,
Sans se soucier du temps qui les aura vu naître,
Sans penser à ces gens comme à autant de traitres,
Effaçant leur passé pour mieux se faire connaître,
Zigzagant sur les dogmes pour devenir des maîtres…

Adoptez le crâne d’ours pour couvrir vos cheveux !
Sortez tout nu dehors, et pourquoi pas ? morveux…
S’il fait froid, la fourrure d’un auroch bien baveux
Est un manteau seyant, je vous en fais l’aveu…
Zèbre comme véhicule, ou bien cheval nerveux !

Ai-je assez entendu les médias croasser ?
Saoulés des mille détails de leurs infos glacées,
Si je veux arrêter leur verbiage angoissé,
En fait, je ne peux pas, car tout est enlacé,
Zodiaque de la folie qu’on ne peut remplacer…

Avec délectation, ils se gorgent de haine,
Suçant les noires infos qui sont autant d’aubaines,
Sur les péripéties de nos jungles urbaines,
Enflammés du plaisir de brûler de l’ébène,
Zibeline autour du cou, allez les camions-bennes !

Arrêtez donc vos pleurs de gentils caïmans !
Sur notre monde absurde, flottent les boniments,
Semés à la volée et indéfiniment,
Enrobés des promesses de tous les châtiments,
Zénith de la bêtise et du ressentiment…

Alors que je m’efforce de toujours gribouiller,
Son Altesse et sa Cour ne pensent qu’à magouiller,
Sans parler de tous ceux qui veulent nous embrouiller,
Envoyant leurs valets pour partout vadrouiller,
Zingués de pied en cap, prêts à écrabouiller…

Poussez-la pour savoir ce qui se cache derrière !
Oubliez l’espérance d’un retour en arrière !
Rien que des souvenirs laissés à la fourrière,
Tout votre or ne pourra en lever la barrière
Et contentez-vous donc de lécher la verrière !

Parfois, par en-dessous, galopent quelques cloportes…
On sait qu’ils y étaient quand on les voit qui sortent…
Rien de tel quand on est devant une chambre forte,
Tant elle est hermétique ; les serrures qu’elle comporte
Empêchent bien le passage d’animaux de la sorte…

Pourquoi en faut-il donc sinon pour nous cacher ?
On la ferme, bien sûr, d’un air bien détaché…
Rien n’est plus douloureux qu’une serrure arrachée,
Tordue, brisée, cassée, et à peine attachée !
Elle ne peut plus fermer ? Nous voilà bien fâchés !

Pour protéger les biens qu’on a su acquérir,
On doit bien la traiter, la soigner, la chérir…
Rien n’y fait. Les années vont la voir dépérir,
Tandis qu’au serrurier, il faudra s’enquérir
Et qu’il mette les moyens de toujours la guérir !

Pour nous cacher au mieux comment l’on se comporte
Ou pour dissimuler des larcins, peu importe…
Regardez-les sortir, toujours sous bonne escorte,
Tenant la tête haute, comme tous ceux de leur sorte,
En attendant qu’un jour le diable les emporte…

Pourquoi faut-il toujours que l’on veuille se cacher ?
Oui, la vue d’un étron doit-elle donc nous fâcher ?
Regardez ceux des chiens, sur les trottoirs lâchés,
Tiens donc, un paravent en vrai papier mâché
Est assez suffisant pour bien nous relâcher…

Pouvoir les critiquer peut prêter à sourire…
Oui, pour les supprimer, on peut toujours courir !
Rien n’est plus nécessaire pour pouvoir se nourrir :
Toutes nos provisions pourraient bientôt pourrir
Et tout le monde pourrait nous regarder mourir…

Prenez-la pour quitter violemment votre emploi !
On connaît les raisons pour que votre dos ploie…
Rien n’est trop inhumain quand l’argent fait la loi :
Tenez-la, c’est poli et c’est presqu’un exploit,
En ce monde où la haine semble de bon aloi…

Partir, c’est la claquer, pour ne plus revenir…
On ne sait pas toujours ce qu’on va devenir…
Rien n’est plus incertain… Que va-t-il advenir ?
Tant pis bien des malheurs pourront bien survenir,
Et nous aurons toujours nos heureux souvenirs !

Ployez bien sous la charge, tel est votre destin !
Oubliez votre vie pour servir le festin
Réservé aux seigneurs, aux mages, aux philistins !
Toute votre existence de pauvre clandestin
Entre dans un boyau long comme un intestin…

Pensez à la fermer par simple précaution,
Ou plutôt, dirait-on, pour plus de discrétion…
Rien ne doit transpirer, faire mauvaise impression.
Tous les acteurs font preuve de la même dévotion
En pensant à conclure sans la moindre émotion…

Par le trou d’une serrure, on voit les réactions,
On découvre les faits, avec satisfaction,
Réprouvant au besoin les quelques infractions,
Tandis que si l’on sent trop la putréfaction,
En retour, on peut fuir loin de ces transactions…

Par derrière, c’est le règne des ligues et des factions !
On ne saura jamais combien leurs exactions
Rendent nos vies sensibles à leur vile attraction !
Tandis qu’ils nous préparent à l’ultime effraction,
Endormis, nous ronflons avec satisfaction…

Poussez-la pour franchir le seuil, ou bien tirez !
On veut vous faire entrer ? On va vous attirer !
Rien que quelques minutes et puis vous partirez,
Toujours libre d’aller, ailleurs, vous retirer,
Et plus léger de l’or qu’on vous a soutiré…

Parfois elles s’ouvrent seules automatiquement.
On imagine que c’est fait électriquement…
Remuez, on réagit volumétriquement !
Tout cela, si rentable, économiquement…
Et puis, je le vaux bien, égocentriquement !

Pour certaines, dans les trains, il faut les faire glisser…
Oui, sur un rail discret, elles pourront coulisser !
Rien de pareil, jamais, dans les murs d’un lycée…
Tu peux écarquiller les yeux, ou les plisser,
En fait, c’est bien plus simple, puisqu’il n’y a qu’à visser…

Pour venir jusque là, tu sauras lire la carte ?
On est juste à côté de la piste de karts.
Regarde notre immeuble, là où est la pancarte…
Tu montes jusqu’au troisième, c’est là qu’est notre appart’,
Et sonne vigoureusement, car elle est sourde, Marthe !

Prions qu’aucun méchant ne vienne pour la forcer,
Outrageant les objets que l’on va renverser,
Ravageant le décor, où l’on aime converser…
Terrible est la douleur qui va nous traverser
Et de rester bien zen, il faudra s’efforcer !

Pour protéger du froid ou des intempéries,
On ne peut mieux trouver, sauf dans une féérie !
Regardez ma barrière contre les bactéries !
Tout est bon pour lutter contre la diphtérie,
Ennemie des humains même les plus aguerris !



Voilà qu’elle aime à tuer quand elle est dépressive !
Avec l’air malheureux, la croire inoffensive
Ne sert qu’à nous cacher sa nature excessive.
Il faut bien s’en méfier car elle est agressive,
Tellement que le rêve de destruction massive
Évoque en son esprit une jouissance lascive…

Vous vous prenez pour Dieu en reprenant des vies,
Annulant les destins, comme le vôtre dévie…
Notre monde n’a pas su vous offrir un écrin ?
Il paiera le prix fort, il y sera contraint !
Tu me pousses méchamment au suprême sacrifice ?
Écarte bien les yeux pour le feu d’artifice !

Vous n’êtes pas satisfait de votre vie terrestre ?
Alors prenez-vous donc pour le grand chef d’orchestre !
N’épargnez pas les vies de vos contemporains !
Ils sont là, faire-valoir, comme de gentils taurins…
Tuez-en une bonne centaine et, là, votre suicide
Étonnera le monde autant qu’un déicide !

Voilà le pire problème de notre humanité,
Avec les religions et leur éternité,
Nos belles féminité et masculinité,
Il n’y a pas de limites à nos obscénités,
Tant nous sommes fiers de nous, de notre infinité,
Éternelle, magnifique, riche d’opportunités !

Voir que notre moteur, c’est, avant tout, l’orgueil,
Apporterait du sens, éviterait des deuils…
Nous mettons notre honneur à écrire des recueils ?
Il en est quelques uns à jouir d’un portefeuille,
Tiens donc, ministériel avec un grand fauteuil,
Épanouis, méprisants et souvent tape-à-l’œîl…

Vous verriez des égos trop lourds pour un bon treuil,
Aussi gros qu’impotents pour même franchir le seuil,
Nourris de milliers d’âmes, en vrac ou en cercueils…
Ils jouent dans des décors en or et en trompe-l’œil,
Tout entier attentifs à savourer l’accueil
Écœurant qu’on leur fait, tout en clignant d’un œil…

Voici venir l’instant où on les aperçoit !
Au fond de leur carrosse, sur des coussins de soie,
Nos grands hommes, humblement, sur leur séant, s’assoient,
Imposant qu’on respecte leur précieux entre-soi…
Tout est clair, on nous dit : « Ah ! Que la lumière soit… »
Éclairés, on y croit, ou gardons-le pour soi !

Vous pensez à bien faire, en lui ouvrant la porte,
Alors que c’est le diable qui souvent nous emporte !
Nous ignorons toujours comment elle se comporte.
Il n’est aucune vertu qui ne soit aussi forte !
Tout ce qui reste à faire, c’est lui servir d’escorte,
Épuisés, quand enfin nous croyons qu’elle est morte…

Vous la découvrirez à la petite école.
Accrochée aux bonnes notes, en tête, elle caracole.
Nous suivons toute la vie son hideux protocole :
Il faut la contrarier pour sombrer dans l’alcool,
Tout devenant prétexte à ce que l’on picole…
Émerveillés, nous sommes, à chaque fois qu’elle décolle !

Voyez-la comme elle fonce, telle un rhinocéros,
Affamée de caresses et de bons coups de brosse.
Nul ne peut affronter son bel humour féroce,
Irradiant de bonheur, au fond de son carrosse !
Tandis que contrariée, l’humeur devient atroce,
Épargnez-vous la peine de lui chercher des crosses !

Vois comme elle nous motive et semble pleine de grâce !
Avec une belle patience, elle nous sert de cuirasse,
Nous suivons dans l’action son appétit vorace.
Il n’est aucun domaine que son regard n’embrasse.
Tous les jours, elle nous tire pour sortir de la crasse,
Éperdument avide de dessiner des traces…

Veillez à ce qu’elle reste absolument debout !
Autrement, si elle tombe à genoux dans la boue,
Ne venez pas vous plaindre qu’elle soit poussée à bout !
Il lui faut peu de chose pour briser des bambous,
Tordre le cou des cerfs, bisons ou caribous,
Égorger des colombes, des aigles ou des hiboux…

Voilà celle qui, chez nous, détient les vrais commandes !
Avec soin, évitez ses moindres réprimandes !
N’oubliez donc jamais combien elle est gourmande !
Il pourrait vous en cuire… Vous seriez à l’amende…
Tout ira pour le mieux en comblant ses demandes !
Évitez les retards et surtout qu’elle quémande…

Vous devez, dans votre âme, en faire l’enfant chérie !
Au fil des millénaires, elle s’est tant aguerrie…
Nul ne saurait compter tous ceux qui ont péri,
Inconscients du pouvoir de cette grande égérie !
Tout le réel qu’elle touche se change en féérie,
Ébouriffant l’esprit à sa périphérie…

Veuillez d’abord glisser le long de sa façade !
Appréciez les reliefs que fait sa palissade !
Ne vous arrêtez pas devant son air maussade !
Il faudra jouer le jeu des folles embrassades,
Toujours tenir debout, éviter les glissades,
Éviter d’apparaître comme une simple passade…

C’est ouvrir grand la porte aux manipulations,
Remercier qu’on vous mente avec jubilation,
Offrir son sens critique à la mutilation,
Incliner son savoir vers l’affabulation,
Rendre hommage au délire, en grande flagellation,
Et mettre les progrès en mode congélation…

C’est offrir son cerveau aux meilleurs des menteurs,
Ramper devant les ors des grands maîtres-chanteurs,
Oublier son savoir jusqu’à la pesanteur,
Immerger son destin en rêves enchanteurs,
Refuser le réel jusqu’à sa puanteur,
Endormi(e) par les chants des pires bonimenteurs…

C’est sacrifier pour plaire son meilleur sens critique,
Revêtir de nouveaux haillons mégalithiques,
Obéir aux diktats d’une géopolitique,
Immoler ses enfants aux neurones rachitiques,
Rendre leur intellect combien paralytique !
Et prier pour les âmes des bons syphilitiques…

C’est prendre l’habitude de subir la grand-messe,
Réjoui(e) de dépenser ses sous à la kermesse,
Ouvrant grand les oreilles à toutes leurs promesses,
Ignorant que le dieu des voleurs, c’est Hermès…
Refusant le réel, le savoir, l’OMS,
Et pendant le carême, fuir tous les SMS !

C’est confondre le rêve et la réalité,
Refuser d’accepter notre animalité,
Ouvrir petit ses yeux, avec partialité,
Ignorer violemment des potentialités,
Répandre en tous domaines son irréalité
Et se croire les meilleurs avec trivialité…

C’est remplir son cerveau de mauvais boniments,
Ravi de se savoir sauvé du Châtiment,
Offert aux litanies, qui, indéfiniment,
Inondent nos neurones jusqu’à leur blanchiment,
Rayonné de bonheur sous d’adroits compliments,
Endormi pour la vie, sans son assentiment…

Coulez dans les cerveaux des enfants vos folies !
Riez de les savoir à jamais ramollis !
On peut hocher la tête, jusqu’au torticolis ?
Il m’est parfois glissé que je suis impoli…
Rêvant de voir les cieux à jamais abolis,
En fait, je veux hâter ce lendemain joli !

C’est supprimer le doute, refuser l’ignorance,
Remercier qu’on nous donne une si belle cohérence,
Où tout est expliqué, avec tant d’assurance !
Il importe assez peu qu’une vraie intolérance
Rejoigne le discours, avec persévérance,
En bonus, on aura de si bonnes espérances…

C’est si dommage d’avouer qu’on ne peut tout savoir !
Rien n’est plus amusant, pour ne pas décevoir
Ou pour combler le niais qui va se faire avoir…
Il est aisé de dire qu’on sait bien entrevoir,
Recevoir les données qui vont bientôt pleuvoir
En provenance des cieux, qui vont nous recevoir…

Comment peut-on penser que ces vieilles prophéties
Retrouvent de la valeur en ce moment précis ?
On croyait aux miracles au bon temps du messie,
Inondés d’ignorance, les neurones rétrécis,
Rayonnant du plaisir d’écouter des récits
En prenant les lanternes pour de saintes vessies…

Comme on a profité de mon cerveau d’enfant,
Répandant des années de contes ébouriffants,
Organisant des peurs, des démons étouffants,
Insufflant la folie par des saints triomphants,
Ravis parmi les anges, aux yeux comme ceux des faons,
Et chantant des louanges en pantalons bouffants !

Calmons-nous ! C’est mortel, mais il faut faire avec…
Rien ne peut excuser les mensonges des évêques,
Ou rembourser les gens de leurs millions de chèques
Irriguant les églises, les temples juifs ou grecs…
Regardons vers demain, comme on dit au Québec,
Et tâchons de lever la sinistre hypothèque !

Comment prêter confiance à des illuminés ?
Regardez comme ils savent bien vous embobiner !
On leur prête une oreille ? Elle va se débiner !
Ils ne s’arrêteront qu’une fois bien ruiné,
Ravi de vous offrir une place pour larbiner
Et attention à vous, là, si vous lambinez !

Ce sont des mots qui glissent pour se faire avaler,
Rampant, venus d’en haut, joyeux de dévaler,
On les a bien en bouche, ni sucrés, ni salés…
Ils sont venus à vous, au fond de la vallée,
Ricanant à l’idée de vous voir cavaler
Et gare à vous, sinon, vous serez empalé(e) !

C’est faire mauvais ménage avec la liberté…
Rien déjà qu’on vous prenne, avant la puberté,
Obligé(e) d’obéir, combien déconcerté(e),
Ils infligent des discours, heureux de disserter,
Recouverts de dorures, tout emplis de fierté,
Et vous pourrez mourir empli(e) de légèreté !

Comment les concilier avec l’humanité ?
Rien qu’en les séparant de la paternité
Ou de ce vice commun, notre vieille vanité…
Il est temps de cesser les vieilles obscénités !
Rejoindre le chemin de la modernité
Est une tâche qui requiert de la sérénité…

C’est à l’âge de raison qu’il faudrait l’aborder
Rien que pour éviter de se faire jobarder…
On pourrait bien alors se mettre à regarder
Illustrés et missels, pour bien se rancarder…
Rien n’empêche, si l’on veut, d’encens se bombarder
Et les dieux seront là s’ils veulent nous cafarder…

C’est une porte d’accès pour faire entrer la haine
Récolter les tempêtes où les bons dieux nous mènent,
Obéir par millions aux prêches et vos neuvaines
Iront gonfler les rangs des amis du FN…
Réjouissez-vous de voir que dans tous les domaines,
Elles enrichissent, les vies où l’on sait dire Amen…

C’est croire au Père Noël, même pour des choses sérieuses,
Recouvrir le réel d’une couche mystérieuse,
Offrir la déraison aux classes laborieuses,
Ignorant que leur mort n’est jamais si glorieuse…
Redoutons leur folie quand elle devient furieuse
Et méfions-nous toujours de leurs cervelles curieuses !

C’est leur orgueil suprême d’avoir la Vérité !
Recouvrez-la d’un dais, pour l’exemplarité,
Ou d’un dôme, d’une coupole, ils l’ont tant mérité !
Ils auront le meilleur et la priorité,
Revêtus de dorures, tant leur prospérité
Est le signe qu’ils ont la supériorité !

Comment bien diviser toute l’humanité ?
Racontez des histoires de bonnes divinités !
Offrez des rêves empreints de grande solennité,
Illuminés de saints, d’archanges, de trinité,
Rajoutez des détails, de la virginité,
Et flattez les puissants, comblez leur vanité !



Écartez vos paupières pour lire mes mots perdus
C’est une activité sans doute assez ardue,
Rien qu’à voir à quel point je la vois malmenée…
Il ne s’agit pourtant pas de me surmener,
Rédiger quelques vers suffit à ma conscience
Et ce n’est pas bien grave si je garde ma science…

Égrener des bons mots ou des alexandrins,
Comme on lâche des jurons, quand on est malandrin…
Rions du sort funeste qui deviendra le leur,
Idiots nés de mes doigts, donc sans aucune valeur,
Risibles tentatives pour sortir du néant
Et donc participer, parce qu’on n’est pas fainéant…

Épargner-vous la peine de lire jusqu’à la fin !
C’est comme à l’habitude de la soupe de raffin…
Remarquez que j’enlève la majuscule du nom !
Il n’en mérite aucune, où s’arrêter sinon ?
Ricanons des honneurs dont on peut s’entourer
En rêvant à une gloire qu’il faudra savourer…

Éparpiller mes jours, mes mois et mes années,
Couler sur le clavier des souvenirs fanés,
Raconter des histoires à s’endormir debout,
Il n’est d’autre sujet que joindre les deux bouts,
Raccorder les désirs avec les bons moments
Et pleurer pour toujours la perte de Maman…

Énumérer les torts de notre humanité,
Commenter les lacunes de nos réalités,
Râler sans déranger contre l’absurdité,
Insulter sans danger ceux qui savent profiter,
Regretter le passé et ses commodités…
Enfin, se rengorger d’un rêve d’éternité…

Étendu dans la bière, sur les coussins de soie,
Ce n’est plus une personne, qui ne pense plus à soi,
Rien qu’un tas de viande morte, et c’est notre futur…
Il en est qui se tuent en fonçant en voiture,
Ricanant des limites qu’on veut leur imposer,
Et mes mots sont trop faibles, pour leur être opposés…

Écouter les histoires, je n’en suis plus capable,
Car je suis saturé, comme un petit cartable
Rempli des mille bouquins que j’ai pu avaler…
Ils sont gravés en moi, au fond, bien emballés,
Rangés sur des rayons qui tremblent sous leur poids
Et mes vers ont du mal à faire le contrepoids…

Évidemment, ces mots m’amusent énormément !
C’est un pêché véniel, je l’avoue, forcément,
Reconnaissant, c’est vrai, que bien souvent je mens…
Il m’arrive de rêver d’une vie sans testament,
Reposant mes neurones en mon appartement
Et dégustant des restes en lisant des romans…

Écartelez vos yeux pour voir les différences
Comme elles sont : des détails au sein de notre errance !
Réjouissez-vous de voir que la pluralité
Irradie d’un bon spectre notre monde alité !
Révoltez-vous devant les fausses moralités
Et leur chant des possibles, riche de banalités !

Écartez donc les lèvres pour aspirer mes mots
Comme des médicaments censés chasser les maux !
Révoltés, impuissants, ils sortent dans les rues,
Irradiant de leur sens, comme autant de verrues,
Ruisselant de la pluie la plus indifférente
En tordant leur échine, de manière aberrante…

Éternelle est ma vie jusqu’à ce qu’elle finisse,
Caressant le vieux rêve que tant de rides ternissent…
Regardez ! C’est nouveau ! Jamais je n’ai écrit,
Imaginé les mots que vous voyez inscrits…
Rien de plus neuf en somme, même pour ma personne,
Et cela va durer, jusqu’à ce que le glas sonne…

Écouter la chanson que chante ma cervelle,
C’est vraiment fascinant. Elle est toujours nouvelle !
Ravi de bien savoir qu’on est un automate,
Il est intéressant d’observer sa casemate.
Rien de ce qui en sort ne dérange l’audimat
Et je n’ai pas besoin de jouer les diplomates…

Émergeant d’un sommeil qui n’a que trop duré,
Ces mots, qui n’en peuvent plus des folies endurées,
Redressent leurs lettres fières comme des combattants.
Ils croient qu’ils gagneront contre les charlatans,
Résidus de l’histoire au coût exorbitant,
Et l’on rendra la terre à tous ses habitants !

Étonnant qu’on en soit resté à l’Âge de Pierre,
Car les techniques sont là — Soulevons nos paupières !
Ridicules, ces croyances, ces haines d’un autre temps,
Il faut sortir des crânes ces contes débilitants,
Rendre aux enfants la joie de se sentir humain
Et fuir les ritournelles des vieux gréco-romains…

Écriez-vous : « Assez ! » mais je continuerai,
Caressant le clavier de mes doigts de furet…
Rien ne compte à mes yeux que ces vers qui s’allongent,
Illisibles, peut-être, mais ma vie se prolonge,
Rêve d’une existence passée à fabriquer
En secret des poupées, qui viendraient s’imbriquer…

Étirez-vous, minutes, pour me laisser créer
Ces vers qui se chevauchent, sans jamais maugréer !
Rien qu’en une heure de temps, si je suis inspiré,
Il peut, mon bon cerveau, se laisser soutirer,
Ricanant, pourquoi pas ? près d’une centaine de vers
Et certains seraient dignes du grand poète au verre…

Écouler les vains mots qui me viennent à l’esprit,
C’est une façon de dire, vous l’aurez bien compris…
Rien que le mot « esprit » suffit à m’irriter !
Il offre le parfum d’une fausse intégrité,
Ruineuse évocation d’un panthéon gothique
Envahi de noirceur cupide ou égotique…

Éternuement… J’ai froid, dans cette salle de classe.
Ce n’est rien, puisque j’ai le plaisir de créer.
Rien ne peut empêcher, ni le feu, ni la glace,
Interdire mes gros vers que nul n’a agréés,
Répandus par milliers, sur le sol de la toile,
Envahissante vermine, qui vomit les étoiles…

Éperdument, je jette mes mots sur le papier.
Comme nul ne les verra, au sein de mon clapier,
Rigolards, ils se moquent d’être foulés au pied,
Ils n’ont même pas conscience d’être beaux, estropiés,
Rayonnant de noblesse ou fils de gratte-papier,
Et je les laisse croupir au fond de leur guêpier…

Étourdi, j’oubliai de leur dire que j’écris,
Comme si, sur mon front, mes vers étaient inscrits…
Rien du tout, je me tais et je garde mes cris,
Intérieurs pour les rares qui aiment mes moqueries,
Rient de mes expressions, du monde que je décris,
Et se régalent sans bruit de mes mille loufoqueries !



Fi des fous qui s’excitent autour d’un ballon rond !
On n’a plus de bonnes guerres, pour le patriotisme ?
On remplit donc des stades et on lâche des jurons !
Troublants drapeaux qui souillent la notion d’athlétisme…
Bizarre… Les frontières tombent quand on achète les joueurs,
Alors qu’aucun visa n’est offert aux éboueurs…
Les hurlements de joie des supporters brailleurs
Lassent les oreilles de ceux qui voudraient être ailleurs…

Faut-il être entraîné pour apprécier ce sport
Ou il me manque un os pour qu’en bruyants tramsports,
On me voit m’exciter devant un écran vert ?
Tous hurlent autour de moi et je suis à l’envers,
Bâillant d’ennui au point de me croire anormal,
Alors que l’hypothèse que je sois optimal
Laissent mes bons neurones en état d’euphorie,
Lamentables cellules qui me jouent favori…

Fêtes au garde-à-vous, comme je vous abhorre !
On sourit tous ensemble, et l’on rit de concert,
On s’enivre et l’on tangue de tribord à babord…
Tout est si convivial, les drapeaux, le cancer,
Balivernes utiles pour manœuvrer les masses…
Avalez le tabac, les sportifs que l’on masse,
Les mille publicités qui dansent devant nos yeux,
Les mille bons remplaçants de nos regrettés dieux…

Faites que ça se termine, au plus vite, s’il vous plaît !
On n’en peut plus d’entendre les hurlements… Quelle plaie !
On est saoulé de voir les drapeaux pavoiser
Tandis que les humains ne pensent qu’à se toiser…
Béni, le dernier but du dernier match de coupe !
Avec obstination, on nous sert la même soupe,
Lardé de dix mille pubs, car c’est là l’objectif…
Libérez-nous bientôt de ce vil purgatif !



C’est un rêve qu’on fait tous, quand on a la vingtaine…
Horrifiés de compter les vilains croque-mitaines,
Avec une belle ardeur, on voudrait jeter bas,
Nos ennemis les rois, dont les joyeux ébats
Garantissent de l’audience aux JT du 20 heures
Et de la pub juteuse quand le commentateur
Retourne dans son monde, en laissant les prompteurs…

Les années vont passer et nos rêves de dompteurs
En vain vont épuiser nos neurones occupés
Si bien qu’ils continuent, dans les milieux huppés,

Calmement à règner sur les masses grenouillantes…
Horriblement bien fait pour les hommes qui le font,
On comprend un peu tard que notre monde, au fond,
Se résume au reflet de notre masse grouillante,
Et, donc, pour le changer, il nous faudrait d’abord
Sortir l’humanité des travers qu’on abhorre !


Ce sont des mots, tout ça, allez-vous me lancer !
Habitué au verbiage, je peux bien m’élancer
Avec un enthousiasme, que rien ne peut user,
Ni le silence profond, ni les questions rusées…
Guider l’humanité vers une voie nouvelle,
En voilà une idée ! Tournez la manivelle !
Rien de moins poussiéreux que ce rêve lancinant…

Les ossements jaunis des auteurs éminents
En garantiraient-ils la perte de mon temps,
Sans hésiter, je fonce et j’en suis même content !

Comment ? La présomption ne va pas m’étouffer ?
Hors de cette mission — qui peut bien me bouffer –
On aura bien du mal à me donner un sens…
Sors de mon crâne, Satan ! Tu remplis mon essence
Et qui te sait fort gré d’agiter mes neurones
Sous les cieux parcourus par le survol des drones ?


C’est l’humain, le problème, pas le monde qu’il a fait !
Hanté par mes années d’erreurs où je piaffais,
Agrippant le bocal, sans voir son contenu,
Nous pouvons dire qu’au fond, je l’ai bien soutenu,
Garant du mauvais jeu, dont nous sommes les bons pions,
Et de ces vaines bêtises, j’étais bien le champion !
Revenir en arrière ne nous servira pas…

Les autres referont les mêmes mauvais pas
Et nous nous suivons bien, comme une procession,
Stupides automates réunis en sessions !

Changer l’humain, d’accord, mais l’enfant appartient,
Horripilant ou sage, à son père, à sa mère,
On peut dire, à l’État, aux religieux amers,
Sevrés des grands pouvoirs qui faisaient leur soutien,
Et qui rêvent à voix haute de prendre leur revanche,
Si l’on peut chanter ça, à la messe du dimanche…


Comment donc opérer le renouveau humain,
Hacher les liens immondes qui nous tiennent à deux mains,
Attachant nos pensées aux paradis perdus,
Nourrissant nos neurones de délires éperdus,
Gavant tous nos espoirs de grandeur financière
En nous faisant chérir les garanties foncières,
Remercier les tiroirs quand ils contiennent l’argent,

Le bon or, les bijoux, qui font rêver les gens,
Et donnent un bel éclat à notre teint précieux,
Si beau qu’on en oublie qui a forgé l’essieu,

Ce forgeron obscur, dont la femme est caissière,
Habitant Dieu sait où, au pays des sorcières…
Où en étais-je resté ? La tâche est si ardue,
Si impossible, en fait, que je me suis perdu,
En chemin, et voilà qu’on arrive à la fin,
Si c’est pas malheureux d’autant faire le Raffin !



Pourquoi un nom commun à l’agent du traffic
Ou l’enquêteur des crimes, la police scientifique ?
Les CRS si bien quand ils surveillent les plages,
Ils ne sont plus les mêmes quand reviennent les nuages,
Cuirassés, ils envoient de joyeux tirs tendus
Et tant pis si des cœurs ou des yeux sont fendus !

Pour que le statu quo perdure encore longtemps,
On ordonne de faire taire les odieux mécontents…
La matraque, le teaser, les grenades, s’il le faut,
Il y va du respect des gens qui tiennent la faux,
Couvrant leurs chères valeurs, que l’on doit bien défendre
Et les crânes les plus durs, il faudra bien les fendre…

Plus les règles sont folles, plus il en faut partout.
On interdit si bien qu’il faut punir pour tout !
Les coupables sont pris et les prisons sont pleines.
Il faut pour faire cela des soldats plein la plaine,
Car les forces de l’ordre assoient l’autorité
Et l’aident à faire croire qu’elle est bien méritée !

Pompiers, éboueurs, docteurs, l’on pourrait s’en passer…
On vivrait moins heureux, un peu comme au passé.
Les flics, imaginez l’enfer à tout casser !
Ils sont indispensables dès qu’on est entassés…
Cachés parmi la foule, les méchants sont massés
Et ne demandent pas mieux que de tout fracasser…

Pas moyen de trouver des gens plus nécessaires !
On sait que le plus fort, quand il désire, se sert.
Les plus nombreux, les faibles, dans leurs réduits, se serrent…
Il n’est pas pour tout l’monde, le plateau de desserts,
C’est connu, accepté, même si ça nous dessert,
Et rien n’empêche les riches d’aller chasser les cerfs !

Pourquoi faut-il des chiens pour garder le troupeau ?
Ou des loups pour garder les gueux en oripeaux ?
Les gardiens du maintien de notre ordre établi
Irritent l’épiderme des gardiens de l’oubli,
Calmés par les matraques ou, bientôt anoblis,
Et leur soif de justice s’en trouve bien affaiblie…

Priez pour qu’ils soient là quand on en a besoin
Ou qu’ils ne le soient pas, quand vous fumez un joint !
L’œil qui lit le radar quand vous filez trop vite,
Identifie l’auteur de l’infraction routière…
Ce n’est plus son ressort, si la peine vous évite
Et si vous continuez à menacer des tiers…

Pourquoi donc des poulets et non pas des renards,
Ou des chiens, voire des loups, qui nous tendent des traquenards ?
Les mots mesurent la haine que l’on a pour ces gens.
Ils montrent aussi combien ils se font dérangeants…
Comme dans tous les milieux, ils ont leurs vrais ripoux,
Et on en trouve toujours, quand on cherche des poux…

Poursuivre l’assassin, en voilà un beau rêve !
On les voit à l’affût, à les traquer sans trêve,
Les étrangleurs violents, les serial killers…
Ils remplissent nos écrans, sans faire peur aux dealers,
Car ils ne sont jamais que là où l’on veut bien
Et il est des domaines où leur absence convient…

Pour limiter les risques dans un monde en folie
Où, pour du bon argent, tout serait démoli,
Les corps, les magasins, les banques et les châteaux…
Il règne en nos esprits une soif de grandeur,
Cette soif inextinguible nous emmène en bateau
Et nous détruira tous malgré notre splendeur…

Pouvons-nous caresser l’espoir de s’en passer ?
Où aller pour rêver d’un monde débarrassé,
Libéré du besoin de surveiller, tracer,
Incriminer, défendre, accuser, effacer
Contraventions, délits et crimes entassés,
En casiers judiciaires joliment amassés…

Parce que nous sommes égocentriques et si nombreux,
On imagine bien mal que l’on puisse s’en passer…
Les replis de nos crânes sont pleins de plis ombreux,
Irrigués de la haine qui vient nous tracasser.
Comment le vol, le meurtre, viennent pour nous hanter
Et les flics nous protègent de ce qui peut tenter…


Le jour n’est pas heureux, parce qu’il est gaspillé…
Une nouvelle semaine de perdue pour la vie !
Non, tais-toi ou tu vas leur donner ton avis !
Dis-leur bien ta souffrance à voir tes jours pillés !
Il ne va plus rester que du temps pour pester…

Le jour est difficile parce qu’il est le premier.
Une fois commencée, la semaine se poursuit.
Nous avons moins de mal à charrier le fumier
Dans la brouette branlante, et la puanteur suit,
Inondant nos narines, sous le front qu’on essuie…

Le dégoût m’envahit quand je pense au gâchis
Universel, terrien, qui écrase les rachis,
Nourri les plus voleurs de délicieux hachis,
Détruit les corps, les âmes, pour générer des flux,
Inondant des cerveaux avides de superflu…

La fatigue s’accumule au fil du temps qui passe.
Un jour, on n’en peut plus d’être au fond de l’impasse.
Noyé sous les papiers, les pressions, les contraintes,
Dans la fuite, on choisit de relâcher l’étreinte…
Il pleut sur mon humeur mais la folie demeure.

D’autres acrostiches sur LUNDI…

C’est trottiner tranquille, tout en se bidonnant,
Ou se tordre en rêvant au passé bedonnant…
Un bon moyen de perdre son temps, ses calories…
Rigolo de maigrir sans être endolori !
Rajoutons du chemin pour s’amuser encore !
Il est bien dans sa peau, le bon cerveau en corps,
Ravi de disposer du plaisir d’exister
Et de voir l’animal en nous y subsister…

C’est le bonheur de rire en courant dans les bois !
Oui, on peut respirer sans se mettre aux abois…
Un bon rythme adopté et les arbres défilent,
Ravis de nous entendre ; ça change des drosophiles…
Rigoler en courant, l’idée semble aberrante…
Il n’en est rien, pourtant, et puis la dopamine
Rejoint les endorphines, et ces hormones errantes
Encouragent notre humeur, que les nouvelles laminent…

Courrieur, tel est mon titre, si je puis me permettre…
On rit quand on me croise… Une camisole à mettre ?
Un bon moment, je passe, à ricaner sous cape…
Rien de méchant qui nuise et, pour franchir le cap,
Remettez vos baskets et osez rigoler !
Il suffit d’un moment et la suite est aisée :
Rester de bon humeur, ne pas dégringoler…
En somme, c’est plus marrant que si vous vous taisez !

C’est un nouveau concept que j’ai élaboré.
On peut dire que mon corps veut bien collaborer.
Un corps qui a compris son rôle prépondérant,
Reconnaissant du fait que je suis le gérant,
Ricanant avec moi de mon humeur enjouée !
Il est dit que le Rire est propre au genre humain…
Rien n’interdit d’en mettre, comme des grains de cumin,
En toutes nos actions, et le tour sera joué !

Comme on me voit passer en gloussant, on s’étonne,
On se demande de qui je peux bien ricaner…
Un doute effleure les gens : « Est-ce donc moi qui détonne ? »
Réfléchissez, c’est bien, le temps de chicaner,
Rien qu’un point d’horizon, le courrieur, oublié…
Il vaut mieux rire de tout plutôt que de plier,
Rire de la mort qui chante et qui achète des armes,
Et ricaner des Grands, qui nous servent des larmes…

C’est rire, tout en courant, pendant des kilomètres…
Oublier les soucis, les chefs, les contremaîtres…
Une envie de glousser vous prend à chaque pas
Ricanez, c’est très bien, et puis, n’arrêtez pas !
Recevez les hormones du rire et de la course !
Il y a donc double dose, et gratuite pour ta bourse !
Ridicule est le temps qui passe complaisamment,
Et le bouffon court vite, aussi, évidemment !

C’est se moquer du jour qui nous verra pourrir,
Ou un bon alibi pour trop bien se nourrir…
Un moment agréable sans penser à mourir,
Regarder en arrière et se mettre à sourire…
Rien à voir avec ceux qui rêvent de concourir !
Ils nous croiront bien fous et bons à secourir,
Riant dans la foulée, comme heureux de courir,
Et fiers d’avoir choisi entre pleurer ou rire…

Chaussez donc vos baskets et sortez vous marrer !
On ne saurait trouver plus saine activité :
Un savoureux mélange plein d’inventivité,
Rien que du naturel, rien qui sente la marée…
Regardez devant vous l’horizon s’approcher !
Il est chaque pas plus près, il peut bien s’accrocher…
Rien ne peut empêcher que vous y parveniez
En continuant à rire, et nul ne va le nier !

Cavaler en riant, quoi de plus séduisant ?
On mélange le meilleur de deux mondes, c’est plaisant !
Un bon moment l’on passe et les zygomatiques
Rêvent qu’ils sont quadriceps, et c’est automatique,
Rivalisent d’énergie, pour notre plus grand bien…
Il suffit de sortir, c’est facile, ô combien !
Rigoler de concert, c’est encore plus jouissif
Et puis c’est tellement mieux que de rester passif !

Caracoler, hilare, sur une bonne paire de jambes !
Offrir aux pissenlits que nos cerveaux enjambent
Un spectacle tonique de primate bien réjoui,
Riant du fier bonheur dont ses neurones ont joui,
Radieux à la pensée de l’harmonie du Tout,
Inscrit dans la Nature, à respecter partout,
Rayon de la grand roue de la matière vivante
Exaltant ses valeurs, ö combien motivantes !

Courrirez-vous dimanche, encore, à mes côtés ?
Ou bien je courrirai tout seul, pas dégoûté…
Un plaisir naturel, nécessaire pour le corps,
Réjouissant pour le cœur, et les poumons encore !
Rions de nous savoir éphémères et tant mieux !
Il est bon de pouvoir courrire en d’autres lieux,
Rappelant aux passants le bonheur d’être en vie
Et, de nous imiter, si on leur donne envie…

Caresser l’animal dans le bon sens du poil,
On doit le faire aussi pour le corps et le cœur…
Un individu seul, ou alors tout un chœur…
Rien n’est plus chaleureux, à part un bon vieux poêle,
Rien n’est plus nécessaire pour se sentir vivant !
Il n’est pas fait, mon corps, pour le creux du divan !
Ravivons l’étincelle de vie qui nous anime
En courrirant partout, comme dans une anim’ !

Courrirons-nous ensemble, dans les bois de la vie ?
Où poserai-je les yeux, sinistres ou ravis ?
Une question chasse l’autre, et c’est normal, aussi…
Remontez donc le la et il s’élève au si !
Racontez des histoires aux murs des disques durs !
Ils sont là pour servir et pour le temps qu’ils durent,
Renfermant des trésors ou des fientes d’esprits,
En fonction de nos choix, c’est perdu ou… est-ce pris ?

C’est mieux, la prévention, que d’espérer guérir,
Ou, tristement, d’aller souffler en trottinant…
Un jour, on l’a compris, il nous faudra périr.
Rien ne sert de vouloir faire taire l’impertinent :
Ricanant dans sa course, il s’éloigne déjà,
Indifférent au fait qu’il plût ou qu’il neigeât
Réjoui de se mouvoir, en heureux mammifère,
Eloignant, à chaque pas, les pensées mortifères…

C’est plus valorisant que ramper en pleurant,
Ou infliger la honte aux autres au demeurant !
Un bon courrire et hop ! On est prêt pour la s’maine !
Rien ne sert de haïr, il faut courrire et… Point !
Regardez vos organes, comme nourris par la haine,
Ils sont laids et crispés, à la manière des poings !
Rendez-leur la lumière pour laquelle ils sont faits
Et vous verrez combien ils étaient contrefaits !

Courrire sans oublier qu’il nous faudra mourir
Ou qu’il faudra trimer pour pouvoir nous nourrir…
Un désespoir féroce ne saurait nous abattre.
Ridicule est ce monde et nos rires vont le battre !
Rions de cet argent qui règne sur nos vies,
Ignorant nos besoins en créant nos envies !
Rions de nos neurones qui sont des mécaniques
Entraînés à servir un orgueil tyrannique !

C’est activer son corps et son cœur à la fois,
Oublier ses problèmes, son estomac, son foie…
Une fois bien parti, rien ne peut nous stopper…
Rire est une saine manière de vouloir nous doper !
Rire en s’oxygénant est bien meilleur encore.
Il faut le pratiquer, le sentir en son corps,
Ruisseler de la joie que nous pouvons donner
En courrirant partout, l’orgueil abandonné !

Courrire est ce qu’il faut, en attendant la faux !
Ou bien l’on peut pleurer, à moins de se leurrer…
Une vie toute entière, même divisée en tiers,
Revient à la jeunesse, le travail, la vieillesse…
Regardez bien les trois ! Comme nos choix sont étroits…
Il vaut donc mieux courrire avant que de mourir,
Rire de tout et de rien, plutôt qu’être un vaurien,
Et s’il reste du temps, j’écrirai mon content !

C’est le plaisir de rire dans son hygiène de vie.
On oublie d’haleter pour glousser à l’envi.
Un effort prolongé se change en agrément…
Ricaner, c’est facile, personne ne me dément.
Ricanant en courant, je passe pour un dément…
Il m’importe si peu qu’on juge aveuglément !
Regardez-moi passer ! Écoutez-moi glousser !
Ensemble, s’il vous plaît, plutôt que de tousser…

Comment être bien sûr qu’on a clos le sujet ?
On est presque certain d’oublier un objet.
Une autre fois, peut-être, reviendrais-je au courrire ?
Rien ne me l’interdit, et puis, des vers pour rire
Restent for séduisants, à pondre et à couler…
Ils viendront donc un jour, surpris de débouler,
Ruisseau dégénéré d’alexandrins simplets
Et tant pis si je suis le seul à qui ça plaît…


Avec les doigts, je peins sur le gris du clavier,
Réduisant les pixels à de simples graviers…
Tout est bon pour traduire notre monde en octets !
Il m’en faut des millions pour me payer leurs têtes,
Sinistres satisfaits, qui tuent comme on respire…
Tandis que faire de l’art, ou le vouloir, est-ce pire ?
Enorgueilli d’oser passer mon temps à ça,
Sachez que j’ai vécu et mon cerveau passa…

Arrêtez de penser en chiffres argentés !
Regardez à vos pieds la nature déchanter !
Touchez du doigt combien vos vies tournent à vide !
Ignorez l’appel fou de nos banquiers avides !
Souffrez de voir partout les folies commerciales
Terrasser les humains sans vraies raisons spéciales,
En passant, simplement, de manière machinale,
Sans penser à faire mal, ni solution finale…

Avec des mots je tisse la toile de ma vie.
Rimes riches pour donner du poids à mon avis,
Tandis que les images montrent ce que j’ai vu.
Il m’aurait beaucoup plu que l’on chantât mes vers…
Si j’ai bien tout compris, ce n’est pas trop prévu.
Tant pis pour mon chagrin, que je noie dans des verres
En tout bien tout honneur, et raisonnablement,
Sans m’ôter tout espoir de fuir l’ensablement…

Aucune activité ne vaut celle où l’on crée.
Rien ne saurait changer cet avis bien ancré…
Tout est bon pour combler le vide de nos vies…
Il faudrait essayer tout ce qui fait envie,
Savoir donner un sens à ce qui nous entoure,
Toucher à tous les arts, les goûter, tour à tour,
En faire sa vie, chaque jour, au lieu de gaspiller
Ses jours à la gagner, à toujours grappiller…


Ils sont bien plus utiles que nous et à jamais.
Nuisibles, ils le sont moins, et il n’y a pas de « mais » !
S’ils nous piquent, c’est fâcheux, mais, à côté, nos actes
Estimés au plus bas, sont, dirais-je avec tact,
Cette exploitation systématique et lâche,
Tant de nos propres rangs, que des poulets, des vaches
Et tous les animaux mangés ou bien montrés,
Supprimés, enchaînés, dans toutes nos contrées !

Ils sont bien plus nombreux que nous ne pouvons l’être.
Nous leur donnons des noms, avec nos pauvres lettres,
Sachant bien que nous seuls pourrons les reconnaître.
En vain, depuis le jour, qui nous aura vu naître,
Caressons-nous l’espoir d’être au-dessus du lot,
Taraudé de mépris pour nos pères les mulots,
Enfants dénaturés des primates généreux,
Soustraits du paradis, à cause d’un fruit véreux…

Ils sont là pour pointer du doigt notre ignorance,
Nous faire sentir combien confuse est notre errance…
S’ils n’étaient plus ici, on sait les conséquences
Et pourtant, l’on méprise, avec inconséquence,
Ces animaux vitaux pour la nature entière,
Tandis que nous ne sommes que gâcheurs de matière,
Enroulant l’univers autour de notre égo
Saoulés du noir plaisir de ne pas être égaux…

Ils ont le droit de vivre, au moins autant que nous…
Nous n’avons pas sur eux une priorité
Sinon celle du plus fort, qui peut mettre à genoux,
Et qui ne s’en prive pas, ceux qui l’ont irrité…
Comme nous méprisons ceux qui sont inférieurs,
Tout nous porte à exclure de nos chers intérieurs
En même temps les mouches et puis leurs prédateurs
Sans qu’ils puissent nous jeter un œil réprobateur…

Il est beau, il est vert, il est intemporel…
Nul doute que sa beauté mérite une aquarelle !
Sans nous, il vit très bien, si lDans cet endroit, il faut savoir être hypocrite.
Un pion sur l’échiquier, ses tirades sont écrites !
Pas d’excuses à donner, c’est une question d’survie…
Les choix sont limités quand la table est servie,
Infinie pour les uns, et branlante pour les autres…
Cachez vos sentiments au chef, aux siens, aux vôtres !
Interdiction formelle de penser par soi-même !
Taisez-vous ! C’est l’argent, au premier plan, qu’on aime
Éperdument, c’est vrai, en banque ou sur livret…


Dites-moi l’intérêt des similarités !
Il vaudrait mieux chérir toutes les disparités,
Faire l’éloge de tous ceux qui sont particuliers,
Fuir les copies, les clones, mornes et réguliers !
Éviter de choyer les perroquets heureux,
Rembarrer les lèche-culs racoleurs et peureux,
Encourager l’audace de penser, d’innover,
Nous offrir un panel d’options bien rénovées,
Cultiver la richesse des multiplicités
En sachant accepter avec simplicité
Sa propre inclinaison à la complicité…

Dans le monde, on adore les gens bien formatés :
Il faut l’être, autrement, l’on est bien fort maté !
Faut bien plaire aux bons dieux qui vivent dans les nuages…
Faut bien transformer l’autre en un simple rouage !
Épargnez-nous le chant de l’utilitarisme…
Rengorgez-vous plutôt de vos militarismes !
Ensemble majestueux de pantins défilant,
Nourris des mêmes rations, sous un œil vigilant,
Ce troupeau d’uniformes est au service d’une cause,
Entendez l’intérêt, l’orgueil de ceux qui causent,
S’expriment à l’écran, à la télé, les Grands…


Au nom du très ancien, très glorieux, très divin,
Reprenons leurs sales vies, gâchées à boire du vin !
Mêlons leurs chairs de plombs, ou tranchons-leur la tête,
Et mourons en héros, pour, au ciel, faire la fête,
Soucieux de satisfaire soixante vierges d’enfer !

Allumez la lumière que je vois mieux ma cible !
Redoutez mon humeur, ma ferveur irascible !
Mes mains se fermeront, non pas pour la prière,
Encore moins pour bénir des instruments d’hier…
Sur une crosse en acier, mes doigts sont carnassiers !

Avec plein les chargeurs de ma haine millénaire,
Regardez-les trembler devant mes yeux vénères !
Méritant bien la mort par leurs vies dissolues,
Enfin, ils vont goûter au zéro absolu,
Soulagés du fardeau de leur vie de lourdauds…

Ah ! Quel plaisir de tuer, quand on est équipé !
Regardez-les mourir, une fois bien étripés !
Mettons-leurs plein de plombs, de balles et de cartouches,
En plus des belles grenades, qui apportent leur touche,
Soufflant leurs illusions en une glorieuse vision !

Avec un bon fusil, on défend sa famille
Redoutant l’extérieur, qui grouille et qui fourmille,
Mais eux aussi ils peuvent acheter des M16
Et finir en « beauté » une vie pleine d’ascèse…
Sans rire, mes dents, grincez ! Et mes lèvres, pincez !

D’autres acrostiches sur ARMES…

Rien n’est plus si impur quand ça vous sert à tuer…
Épatant, la kalach’ si l’on veut s’évertuer,
Taraudé par la haine, à tuer des infidèles !
Régalant un prophète éclairé aux chandelles,
On a trois cents chameaux sous le capot luisant,
Galopant sur commande… Comme c’est valorisant !
Regardez notre fiel, venu du fond des âges,
Assez bon pour durer et nous faire de l’usage…
Donner la mort, c’est bon et l’on se sent puissant,
En redonnant vigueur à des dieux vieillissants,
Sous un déluge de tripes des plus divertissants !

Regarder le passé avec délectation…
Écouter ses échos avec vénération…
Tordre ses bons neurones en mode « adoration »…
Réciter des prières sans nulle modération…
Oublier le progrès avec obstination…
Gâcher la vie d’autrui à coups d’obligations…
Révérer le passé et ses divagations…
Avaler des folies avec délectation…
Détruire ce que l’on peut, avec ostentation…
Enfin, finir sa vie par une vie provocation,
Sûr d’échapper ainsi à toute damnation !

Rien n’est plus satanique que les avions, les trains
Électriques ou diesel, les armes qu’on étreint,
Tout ce qui va très vite et qui tue à distance…
Regardez le prophète et craignez qu’il vous tance !
On ne l’a jamais vu surfer sur Internet…
Gardez-vous donc aussi des vêtements trop nets !
Rien ne sied mieux au teint que des pustules aux joues…
Acceptez les bons tours que les vrais dieux vous jouent !
Dans l’épreuve, on verra les meilleurs des croyants
Et les chiens d’infidèles s’en iront, aboyant,
Saouls de leurs savoir-faire, qui les mènent en enfer !

Rien ne serait si grave s’ils mangeaient du chameau
Évidemment séché, au soleil du désert,
Tandis que leurs cimeterres rouilleraient au hameau,
Ravis que nul ne vienne perturber leurs grands airs…
On ne les verrait pas refuser les lunettes,
Gérer leurs maladies sans l’hygiène la plus nette,
Refaire sans se lasser les gestes ancestraux…
Abreuvé de sermons dont on n’a jamais trop,
Dans leur passé désuet ils pourraient s’immerger
Et chanter leurs prières en habits de berger,
Sans électricité, ni web surexcité…


Plus de cent mille pressions du doigt sur la détente…
Haché par le rideau du bon obturateur,
On voit les fil du temps quand la folie les tente,
Troublés par les yeux noirs du vieil observateur…
On fixe les instants qui ne reviendront plus,
Gravés dans les pixels, visions qui nous ont plu…
Rien ne saurait prédire ce qu’ils vont devenir.
Apparus sur l’écran, crachés sur le papier,
Pourront-ils un beau jour rêver d’un avenir,
Héros d’un autre temps, qui vont rentrer à pied,
Inondés de lumière, ou pénitents obscurs,
Et si jamais personne de leur vie n’avait cure ?

Pourquoi tenter toujours de fixer en images
Hannetons, araignées, et autres beaux mirages ?
On croit montrer à d’autres ce que nos yeux ont vu
Tandis que chacun voit son reflet, mais revu…
Obligé de mentir car la vérité blesse,
Gardez-moi de tromper ceux qui tirent sur ma laisse !
Regardez mes pixels comme ils sont chaleureux,
Alors que c’est sordide ces pauvres malheureux…
Pourrais-je jamais vous dire ce que vos yeux refusent,
Harponner vos neurones où mes images diffuses
Iront graver des mots à la bombe à peinture,
Et tant pis si je dois me serrer la ceinture !


Comme la publicité, nos bons politiciens
Rabâchent leurs boniments comme des physiciens…
On accepte de croire, l’on devient paroissien,
Y adhérant comme si ces habiles techniciens
Avaient notre intérêt dans leur collimateur…
Non, c’est bien sûr le leur dont ils sont amateurs,
Carriéristes fieffés, au verbe bien rôdé,
Et si l’on fait confiance, ils vont nous échauder,
Sans jamais empêcher leurs suiveurs de prêcher…

Comme nos murs seraient vides s’il n’y avait pas la foi !
Regardez ces panneaux si nombreux quelquefois !
On y lit des slogans, des conseils ou des ordres…
Y a-t-il plus bénin que leur vilain désordre ?
Avec application nous retenons l’info
Nourri des certitudes que peut-être c’est faux…
Comme nous sommes des millions, ça marche à tous les coups
Et des centaines de mille vont compenser les coûts,
Se ruant sur l’objet vanté par le projet !

C’est un médicament pour soigner le diabète…
Rappelez-vous qu’on doit manger ces pauvres bêtes ;
Où, sinon, obtenir la vitamine B12 ?
Y avait-il des gens pour douter des ventouses
Apposées sur le dos pour soigner les humeurs ?
Nenni, c’est scientifique… Tu le crois et tu meurs,
Couché parmi tous ceux qui ont fait comme toi
Et dont la naïveté peut nous laisser pantois,
Sans que l’on puisse s’extraire d’un semblable arbitraire…

C’est la vie ! Il faut bien faire confiance à autrui,
Rêver qu’on a tout bon, laisser la foi aux truies…
Or nous savons si peu que l’on ait vérifié !
Y a-t-il certitude, parce que l’on va s’y fier ?
Avec quelle vraisemblance tiendront nos « vérités » ?
Nous voyons d’un bon œil les similarités,
Caressant du regard tout ce qui nous conforte,
Et plus grands nos savoirs, notre fierté… plus forte,
Si bien que l’on redoute tout ce qui mène au doute !

Comme c’est confortable de croire le professeur !
Regardez comme il suit ses grands prédécesseurs !
On a raison, c’est bien, et puis on le partage,
Y mettant ce qu’il faut pour saler l’héritage,
Apportant sa pincée à la soupe ancestrale…
Nourris de tant de siècles de savoir magistral,
Comment imaginer que de grossières sottises
Entachent les vérités de nos mille expertises
Sans nous mettre à douter ou même nous dégoûter ?

Croire est le mode normal de la pensée humaine.
Rien de ce que je sais, de ce qui nous emmène,
Oui, rien n’échappe au jeu de l’adhésion gratuite…
Yeux sur publicité, aucune action fortuite…
Ayez, bien sûr, confiance ! Nul ne va vous mentir…
Nul ne va profiter, on peut le garantir,
C’est certain, c’est prouvé… Des mots pour vous leurrer
En voici, en voilà, prenez-les bien beurrés
Suffisamment pour rire, quand il faudrait pleurer !

Ces erreurs millénaires, que l’on nous a transmises,
Rien ne les distinguait des connaissances exactes.
On a toujours laissé certaines folies intactes,
Y éprouvant les joies que l’on y avait mises,
Alors que tant de gueux ignorent, c’est malheureux…
Nos professeurs nous aiment et nous voudraient heureux.
C’est pourquoi la confiance est de mise entre nous
Et s’ils se trompent un peu, les élèves à genoux
Seront les mieux placés pour que dure le passé…

Cette homéopathie ou cette psychanalyse,
Rentrent-elles aujourd’hui dans vos mentales valises
Ou croyez-vous plutôt que leurs verbeuses églises
Y enseignent des dogmes, voire même des vocalises ?
A moins d’être soi-même un expert spécialiste,
Nul ne saurait pouvoir vérifier leurs axiomes…
Cent millions de personnes les ont cru réalistes
Et nous aurions le front d’y voir des rêves de mômes ?
Sans croyance, nul savoir ne franchit les bavoirs…

Comme l’on fait confiance aux personnes qui nous aiment,
Rien de ce qu’elles croient vrai ne devrait être faux
Ou alors elles sont bêtes voire naïves, ou pire même…
Y voir le résultat des sottises aux infos
Avec aussi la pub qui ment pour de l’argent,
Nous ne manquons pas d’air pour ballader les gens,
Conduits où nous voulons qu’ils dépensent, investissent,
Et le monde entier tourne, dans cette toile que l’on tisse,
Sucrée comme il se doit, à s’en mordre les doigts !

C’est le foie, c’est la rate, ou c’est le pancréas…
Regardez la radio, cette tache noire et ces traces !
On ne saurait mieux faire, et puis c’est scientifique…
Y adhérer, il faut, ou alors, magnifique !
Allez voir les gourous si pleins de vérités
Nouant leurs doigts avides sur vos liquidités,
Comme des teignes noires sur votre peau dorée…
Et si les Diafoirus qu’on avait adorés
Savaient que les sangsues nous ont beaucoup déçus ?


Ajoutons un gravier au mur que vous aviez !
Ce n’est rien, je le sais, mais je vide mon abcès,
Régurgitant des vers, qui s’en vont, de travers,
Offrant à mes doigts lestes des touches que je moleste,
Sur lesquelles je m’entraîne à faire pousser mes graines,
Tandis que la planète a lâché ses manettes,
Inconsciente, assommée, de trop la consommer…
C’est vers un mur qu’elle fonce, et nos cervelles s’enfoncent,
Hideuses et méprisant courants, vents et brisants,
En un sable gluant, médiatique, influent,
Saoulées d’images surfaites et auto-satisfaites…

Avec obstination, mes viles émanations
Continuent de monter de manière éhontée,
Refusant de croupir, voire même de s’assoupir,
Offrant à quelques yeux une offense pour les cieux,
S’il y avait quelqu’un… Mais, non, c’est un mannequin !
Tu parles, si j’y ai cru, quand j’étais encore cru !
Il m’a suffi de cuire, pour m’épaissir le cuir.
Comme ils ont disparu, les mirages, de ma rue !
Hélitreuillés au ciel, les saints pestilentiels !
Envolés, les archanges ! La trinité les range,
Si bien que je suis là, comme un fier cancrelat…

Avec des mots, je joue, et qui je mets en joue ?
Ce sont les pauvres sires dont les statues de cire
Rayonnent de fierté en toute liberté.
On dirait qu'on est sots de bien porter les seaux
Soumis à la gabelle, souriants, la vie est belle…
Tes yeux dans mon désert baignent dans ma misère.
Il en faudrait bien plus pour être un stimulus,
Car elles sont accrochées comme sur un rocher,
Hautaines et distinguées, nos altesses bien fringuées,
Entourées de laquais, qui s'activent sur les quais,
Sans épargner leurs dos, en braves quasimodos…

Alignement de mots qui finissent en rimant…
Ce sont des vers, très chère, rien là de déprimant,
Relisez-les tout haut ! Le poète, en trimant,
Oublie que le temps passe, à notre détriment,
Si bien que l’on partage son amnésie féroce,
Tatouée sur la peau dure d’un vieux rhinocéros…
Il vient toujours un temps où l’on pense à conclure :
Comment finir l’affaire, que faudra-t-il exclure ?
Heureusement, l’on peut toujours faire reposer
Et attendre demain l’inspiration osée
Susceptible d’aider à clore notre exposé !

Autre façon de dire que mon temps est perdu,
Comme tant d’entre nous, dont la fuite éperdue
Revient à effacer la joie de la naissance…
On peut dire : « L’homme est fou, en soi ou par essence »
Sans pour autant pouvoir expliquer davantage
Tellement notre Ennemi accumule d’avantages…
Il est si grand l’Argent, qu’il fait plier les gens !
C’est un doux euphémisme, tant il est dérangeant,
Hachant nos chairs trop flasques, comme un broyeur sans âme…
Entrez dans son royaume avec le bon sésame
Si vous avez la joie d’être né grand bourgeois…

Accrochons-nous, mes vers, en derniers survivants !
Couchons-nous et rampons sur de mauvais divans !
Rions de tous nos cœurs qui s'en vont dérivant,
Oubliés dans la mer des mauvais écrivants…
Saoulé de lire du mal du si terrible Ivan,
Tout en me doutant bien que les tyrans suivants
Imiteront leur maître aux méfaits captivants,
Caressant leurs sphincters buccaux, en salivant…
Héros tragi-comique, semblable aux morts-vivants,
En solitaire, je trace des mots se poursuivant
Sans relâche et sans peine, car c’est plus motivant…

Avec mes doigts crochus, je vais frapper les touches,
Caressant l'espoir fou que mes vers feront mouche…
Rions plutôt du fait qu'ils se changent en mouches
Ou en moustiques saigneurs dont on craint qu'ils nous touchent !
Simplement de vous voir défiler à l'écran
Tonifie mon humeur, qui grimpe de quelques crans…
Il est donc essentiel de vaincre l'inertie,
Couvrant nos pauvres vies sans hâte mais sans merci,
Hochant la tête, pensifs, devant tant de poncifs,
Envahissants, moqueurs, en vagissants menteurs,
Si bien que, pour vous plaire, j’ai agi sans lenteur…

Accordez-moi l'oubli des folies que je vois !
Couvrant bien mes oreilles lassées de tant de voix,
Rien n'est meilleur en somme que le complet silence.
On y entend souffler l'air que nos poumons lancent,
Sachant qu'un jour viendra où l'apnée va gagner
Tandis que nos belles cendres tiendront dans un panier…
Il y a la vie, la mort, les plaisirs et l'ennui,
Carnaval éternel qui se perd dans la nuit,
Hantant mes vers abjects, dont la seule nourriture
Est la putréfaction de nos pires pourritures,
S'il me fallait un thème à ma vaine écriture…

Avec désinvolture, je me nourris de riens,
Créant des lignes molles, bonnes pour les acariens…
Rien n'est pire que l'ennui, l'inaction, le néant,
Où nous irons bien tous, par le tombeau béant…
Simplement, je remplis les minutes et les heures,
Tordant le cou au temps qui m'a dans son viseur,
Ignorant l'anathème des moqueurs d'inutile,
Crachant sur les fidèles de l'Argent qui rutile,
Homme de peu de foi à l'esprit versatile…
Entendriez-vous braire mes vils ptérodactyles
S'il me prenait l'envie de faire ces volatiles ?

Accro aux vers qui tombent, sous mes doigts, se tordant,
Charmants petits serpents qui vont partout mordant…
Ravi à chaque fois que l'un d'eux se termine,
On pourrait dire un peu, comme on tue une vermine,
Sinon, comme on enfile un beau manteau d'hermine…
Tu crois que j'ai besoin d'un dictionnaire de rimes ?
Ils sont tous dans ma tête, les mots où je m'arrime,
Cachés sous mes neurones, crachés par mes synapses,
Honteux d'être vomis, ou fiers d'être relapses,
Et s'ils sont une armée, elle ne tuera personne,
Sauf si l'on veut vraiment que les cloches du glas sonnent…

Aligner, obstiné, des rangs de mots ineptes,
C'est le lot de tous ceux, de poésie adeptes…
Rien de sensé surtout, et pas de nouveauté,
On vomit du verbiage et c'est de la beauté !
Salir de beaux pixels à défaut de papier,
Telle est la différence, écrite avec les pieds…
Il est original, le projet de l'auteur
Car il est toujours seul, toisant de sa hauteur,
Héroïque et malade, car c'est valorisant,
Et crachant le mot "Fin" tout en agonisant…
Simple mégalomane ou, dit-on, égomane ?

D’autres acrostiches sur ACROSTICHES…

Comme la nature qui monte car on ne l’a pas crue,
Rafraîchit la mémoire des pauvres gens du cru,
Un beau matin, soudain, ils ont les pieds dans l’eau
Et injurient le ciel, ses nuages de sale eau !

Certains bons éditeurs m’ont dit que c’était bien :
Revenez dans un siècle… ou avant, si j’ai rien !
Une maison comme nous ne vend que de la marque
Et donc les anonymes sont aussi bien en barque…

C’est la montée des eaux que l’on ne contient plus,
Rien qu’une conséquence de ce qu’il a trop plu,
Une eau tombée du ciel en aussi peu de temps,
Et c’est la catastrophe. On n’est jamais content… 

C’est la montée des eaux que nul n’a su prévoir,
Rien qu’un peu plus de pluie que ce que l’on peut voir,
Un pied de nez du ciel qui nous envoie son eau,
En nous crachant dessus, comme la Bande à Bonnot…

C’est la rivière soudain qui va quitter son lit
Recouvrant les terrains que l’on croyait acquis… 
Un drame de voir sous l’eau l’endroit où l’on naquit !
Encore cette sale nature et ses vilaines folies…

C’est le peu de nature qui reste dans nos vies
Retournée contre nous, nos plaisirs, nos envies…
Un jour tous les trente ans, nous mesurons l’impact
Effrayant des démons dont nous signons le pacte… 

Ce sont les pleurs du ciel qui ont fait monter l’eau,
Recouvrant tous nos jouets, nos peluches, nos calots… 
Une semaine de crue suffit pour tout salir
Et si mes mots se perdent, vous aurez moins à lire… 

C’est de l’eau, comme nous, même si elle n’est pas pure,
Répugnante et boueuse, mais nous, des dieux l’épure,
Un jour, nous monterons au ciel des religions… 
En croyant à ce leurre, nos démons sont légion !

Comment la météo n’a-t-elle pas pu prévoir ?
Rien non plus du côté des Grands et du pouvoir…
Un drap que l’on déploie un peu comme un bavoir
Et tous les responsables qui manquent à leur devoir…

Changements climatiques ? Ça va quand c’est au loin. 
Rien ne va plus vraiment quand ça s’applique au Loing !
Un danger intéresse quand il nous touche de près
Et nous sommes motivés pour être un plus prêts… 

Certes, les mots sont faibles pour décrire l’invasion,
Regardée comme obscène, même si, à l’occasion,
Un public de curieux accentue la détresse
En lorgnant goulument les flots de la traîtresse…

C’est la nature qui vient pour réclamer son dû,
Remboursant le mépris dont on l’a répandu… 
Un beau jour, on s’éveille et tout est inondé !
Enfin… Tous les bas-fonds se trouvent bien dégradés.

Comme c’est beau, l’eau qui monte, quand on est à l’abri !
Regardez la maison et tous ces beaux débris !
Un intérêt malsain pour tout ce vrai gâchis
Emporte l’adhésion des neurones avachis…

Fallacieuse illusion de grandeur qui les flatte,
Auras-tu donc jamais la fin que tu mérites ?
Tu les vois parader, au fond de ta guérite :
Ils sont laids, ils sont bêtes, mais toujours ils s’éclatent…
Gare à ces prétentieux qui dansent sur leurs nuages !
Un jour viendra sans doute où les piteux rouages
Enlèveront les cales qui portent leurs mirages !

Faut engraisser la caste aux cuillères en argent !
Alors, travaillons plus pour enrichir ces gens,
Tandis que nous paierons plus cher pour leurs services…
Il faut les deux facettes pour nous serrer la vis,
Gâchant nos vies mineures pour vivre en majuscule,
Usant nos corps tordus de fourmis minuscules,
En attendant le jour où ce foutoir bascule !

Flanqué de mille réclames, le sport médiatisé
Attire des foules entières, peut-être hypnotisées…
Tant d’argent rassemblé par la pub attisé,
Il pourrait sembler vain de le dramatiser…
Gardons-nous de bouger ! L’air est climatisé,
Une sainte inertie baigne les baptisés,
Et les médias sont las pour mithridatiser…

Faut-il vraiment se croire en l’année 2016
Alors qu’on voit partout des clients pour l’ascèse,
Tous ces timbrés joyeux des religions françaises ?
Il me semble opportun de fermer ces diocèses,
Garantissant à tous l’accès au vrai savoir.
Un enfant n’est pas là un simple réservoir
Et, selon ses parents, né pour se faire avoir…

Faut-il donc être bête pour croire au paradis,
Abruti pour se croire supérieur au radis !
Tu vas crever, crétin, et tes rêves de grandeur
Iront au cimetière rejoindre ta splendeur !
Gardons-nous de penser qu’il faut accumuler
Un grand nombre de biens que l’on doit aduler
Et la simplicité vaut mille duplicités !

Faut-il donc discourir pour que vous compreniez ?
Aforce de rimer, mes doigts se sont usés.
Tant de vers sont restés loin des yeux médusés,
Ignorés, solitaires, cachés dans leur grenier,
Gardant de la rancune d’avoir été pondus,
Unanimes en regrets d’avoir mal répondu,
Et s’ils étaient des poils, on les aurait tondus !


Est-ce qu’à lier des marches les unes après les autres,
Sans se donner du saint, ni faire le bon apôtre,
Conduit à nous aider, à nous faire progresser ?
Aujourd’hui comme hier, je veux m’y efforcer…
Les vers que je remplis de mots assaisonnés
Iront-ils dans les crânes pour les faire résonner
Et choquer les neurones trop mous pour raisonner ?
Réveillez-moi quand l’heure se mettra à sonner !

Entendez-vous mes cris vomis sur le clavier ?
Sales et désordonnés, j’en ai un plein vivier,
Commis sous la contrainte de mes vies antérieures
Ainsi que sous le joug de mes neurones rieurs…
Les larmes de mes vers s’écoulent entre mes mains ;
Ils se hissent sur les corps de leurs prédécesseurs
Et forment un magma grouillant et inhumain,
Recouvert par les mille vagues de leurs successeurs…

Est-ce qu’allié du démon, on en est diabolique ?
Simple question idiote, mais elle est symbolique…
Comment peut-on toujours fuir la réalité,
Attaquer le réel sans le court-circuiter,
Lier ses mains dans le dos pour ne pas les salir,
Immerger ses oreilles pour pouvoir les emplir,
Et oublier le sens de tout humanité,
Ravi de se nourrir en toute inanité ?

En montant les vingt marches qu’il me reste à gravir,
Saurai-je mener ma barque ou quitter le navire,
Commettre l’impensable et bien me reproduire
Avec des algorithmes qui sauront s’introduire,
Loger dans les esprits et s’y multiplier,
Inondant l’univers pour mieux le fendiller…
En songeant à demain, mes yeux se ferment en poings,
Rien que d’imaginer qu’il faudra faire l’appoint…


Bien du temps va passer si agréablement,
Avec des inflexions chantant aimablement…
Vous pensez si l’on peut se distraire oralement,
Argumentant sans peine, ou bien, idéalement,
Revenant en arrière, et inlassablement,
Déversant les idées usées passablement,
Avalées, digérées, et que l’on a fait siennes,
Gardées précieusement comme des valeurs anciennes,
Et qui sont bien souvent un tissu d’inepties,
Sans valeur, comme les cris d’une crise d’épilepsie…

Billevesées, bien sûr, inévitablement…
Autant de temps perdu à échanger des riens,
Vomissant des torrents précieux aux grammairiens,
Alors que, pour le fond, oui, véritablement,
Rien ne vaut l’intérêt que l’on veut y porter…
Des mots, des bruits de bouche, sans la moindre portée,
Agréables à sortir, à écouter parfois,
Gardez-moi de penser que c’est du temps perdu
Et que nos vies entières reviennent toutes à la fois,
Soit à un gaspillage, soit une fuite éperdue…


Laissez-les croire qu’ils peuvent choisir leur destinée,
Interrompre leur chute, la faire moins gratinée…
Bercez-les d’illusions puisées dans les nuages
Et faites-les tourner, tels de jolis rouages,
Rutilants abrutis, fiers de leur personnage…
Tout cela s’éternise et les sacs plastiques nagent,
Étouffant les poissons et semant leurs poisons,
Sans que l’on s’en émeuve, privés de nos raisons…

Les pubs s’étalent partout pour nous influencer :
Il faut que tu achètes et il faut y foncer !
Bouscule les traînards en courant dépenser !
Elle est belle, la vie… Il faut t’y enfoncer,
Riant de tes belles dents aux marchands engoncés,
Tendant ta carte bleue, qu’il suffit de passer,
Émettant ses données, à distance, sans lasser,
Sans jamais décevoir ta fureur d’amasser…


Partout, sur tous nos murs, ils s’étalent aujourd’hui,
Riant de nos désirs, où ils nous ont conduits.
On est des automates – c’est ce que j’en déduis…
Des robots, des esclaves, et ce que ça induit ?
Une société polluante, aux vilains murs enduits…
Il n’est pour s’en extraire plus aucun sauf-conduit.
Tout le monde la subit, les milliardaires déduits,
Si bien que l’on n’est plus que de simples produits !


C’est une vraie douceur pour nos progénitures,
Ou pour nous, aussi bien, même si nous sommes matures…
Nous aimons le bon goût du sucre, évidemment,
Fier produit qui imite celui des fruits bien mûrs…
Il n’en faudra pas plus pour vivre un bon moment,
Tasse à la main, tartine, assis le dos au mur…
Un jour, on nous a dit que le sucre est poison,
Ravi de nous savoir tremblant en nos maisons,
Et nous n’avons rien fait, rien changé à nos vies,
Si bien qu’elles se rapprochent du mortel pont-levis…


Maintenant, nous savons que nous sommes des bouteilles,
Ou des cruches, mais pleines d’eau, jusqu’au bout des orteils !
Le savoir, l’intérêt ? rabaisser l’ambitieux,
Éviter de nous croire des demi-dieux vicieux,
Caressant le beau rêve de finir dans les cieux
Unis au créateur de l’univers précieux…
L’eau nous ramène au rang des êtres naturels
En compagnie desquels nos folies culturelles
Sont des mots insensés, comme tant de nos pensées…


Pourquoi cette eau qui tombe sans jamais se lasser ?
Les gouttes se jettent sur moi, en voulant m’embrasser…
Un tel déluge gratuit, alors qu’au bout du monde,
Ils n’ont pas vu pleuvoir et la révolte gronde.
Elle est folle, la nature, ou sa caricature…


Ministre de la Gauche, qui nous vend des costards…
Impudent mégalo, qui se prend pour une star,
Nous donnant des leçons en buvant du nectar,
Il suinte la noblesse, le répugnant vantard…
Suivons-le, suspendus à ces beaux racontars :
Tout ira pour le mieux sur un air de guitare,
Réveillés par les coups d’un nouveau père fouettard,
Et si on le chassait, il irait au Qatar !


Sa Grandeur a du mal à supporter la plèbe,
A souffrir leur haleine fétide de travailleurs…
C’est donc un sacrifice pour ce précieux éphèbe,
Répugnant au contact et souhaitant être ailleurs…
On envie, pour certains, son costume Armani,
Néanmoins, il y a pire, c’est son égomanie…


Mais elle n’a pas le droit de venir dans ma douche,
Ou d’oser se poser sur un coin de ma bouche !
Un tel être se pose sur un étron, une couche,
C’est dire tous les microbes que, dans un jour, il touche !
Hygiène, quand tu nous tiens, nous sortons nos cartouches
Et pan sur l’animal, d’un bon coup de babouche !


Merci, précieux ministre, sa majesté Sacron !
Épatant, ton bon mot sur le costard… marron !
Pardi, comme la couleur de tes jolis étrons,
Rondelets, généreux, et toujours fanfarons…
Il en faut de l’argent pour se croire un fleuron,
Si bien que l’on s’honore, même de tes coups d’éperon !

Merci pour la franchise de ton mépris, baron !
Écœurés, nous le sommes, de toi et tes larrons…
Pourtant, tu continues à bomber le plastron,
Ricanant de la plèbe, des vilains tâcherons…
Ils pourraient se briser, tes précieux macarons,
Sous les coups de battoir de furieux forgerons…


Bien sûr qu’il est fini, et j’attrape le goulot !
On a du mal à croire qu’il faut être un saoulot,
Un peu, pour supporter, avec son ciboulot,
L’humour niais du lourdaud qui agite son rouleau…
On aimerait pouvoir le projeter à l’eau,
Tandis qu’il reste là, à distraire les ballots…


Si l’on pouvait stopper tous les gros mégalos,
Avachis et mâchant d’éternels chamallows,
Le monde serait peuplé de jolis bungalows,
Avec des gens dedans, bronzés ou bien palots…
Un monde sans bolides qui doublent, au galop,
Des mers sans bateaux tueurs de thons, de cachalots,
Si bien que l’on y va, tranquilles, en pédalos…


Faudra-t-il s’habituer à la déconfiture,
Une jambe après l’autre, plonger en pourriture,
Tordre le cou des mots pour leur réécriture,
Unifier nos désirs pour plaire aux dictatures,
Ravaler ses soupirs devant tant de voitures,
Immerger ses neurones en médiatiques pâtures,
Soulager ses envies sur sa progéniture,
Maudire le nom des vents ou leurs caricatures,
Et se noyer d’ordures dans sa dernière biture ?

Fourrez mon nom dans l’urne, car ma candidature
Une fois validée aura une belle stature !
Tout ce que je dirai sera sans fioritures,
Uniquement dicté par ma sainte droiture !
Regardant vers le ciel ou vers ses créatures,
Il me sera facile, par ma musculature,
Simplement en posant ma simple signature,
Mettons, de sauver l’Homme, la Terre et la Nature,
Et vous serez heureux de ma littérature,
Si bien que tous les autres sembleront miniatures…

Fichu temps de printemps et… quelle température !
Un jour, il fait soleil. Le lendemain… ratures !
Tout ce qui est humain serait donc immature,
Un peu léger en tout, et même en ossature !
Rien ne sert d’attacher, d’y mettre ligatures…
Il prend l’eau de partout ce bateau miniature,
Si bien que l’on y cherche en vain des fermetures,
Mais elle est crevassée sa vilaine armature,
Et à chercher trop bien, l’on trouve des courbatures,
Sinon, l’on obtiendra bien quelques vergetures…

C’est pour départager les nombreux volontaires…
On aimerait toujours que les meilleurs sur terre
Ne perdent pas leur temps sur le plan planétaire,
Courant après leurs rêves d’odieux contestataires
Ou fusillés d’office pour les propriétaires…
Un jour, on peut rêver d’un monde humanitaire
Rempli de gentilhommes et non de mousquetaires,
Sans haine et sans argent, ni rigueur budgétaire…


Mettre un terme aux folies, aux douleurs, à l’ennui…
Ouvrir la lourde porte qui nous mène à la nuit…
Un jour, on est heureux d’apercevoir la fin,
Réjoui de n’avoir plus jamais ni soif ni faim.
Ils vont tous y passer, et même les milliardaires,
Ricanant de nos rêves de futur solidaire…

Mentir en prétendant que jamais l’on n’y pense,
Oublier que la vie a une certaine durée,
Un nombre de fois fixe à se remplir la panse,
Rien qu’une grande quantité d’urine et puis d’urée,
Il a fallu s’y faire, on voit autour de soi
Repartir les anciens, sur des coussins de soie…

Mener son existence jusqu’à son terminus,
Oublier à quel point l’on peut être minus,
Une fois dans sa vie, faire ce que l’on voulait,
Regarder dans les yeux le monde comme il est laid,
Irriter par son rire les plus grands de ce monde,
Rien que pour leur montrer combien ils sont immondes…


C’est le symbole d’un monde qui tourne pour l’argent,
Au détriment de tout et sur le dos des gens…
Nul n’y trouve à redire tant c’est peu dérangeant…
Comme il est doux le son des milliards s’engrangeant !
Éphémère est la vie, alors nos dirigeants
Regardent les lobbys d’un air bien indulgent…
Elles sont graissées, les pattes, et que peuvent les agents ?
Tout est fait pour les mêmes et c’est décourageant,
Tant l’on pourrait mieux faire, demain, en partageant,
Et l’on ne fera rien de plus intelligent,
Seulement s’engraisser, bouffi et négligent…

C’est dans un paquet moche la mort qui vous attend,
Avec la toux d’abord, l’emphysème et… Satan !
N’espérez pas le ciel après ce lent suicide,
Car vous êtes volontaire, il n’y a pas homicide…
Étonnant qu’on estime le fournisseur de l’arme ?
Rien à lui reprocher : il peut verser des larmes…
Eh oui, c’est un client qu’il perd à chaque décès !
Tous les paquets mentionnent les risques d’un essai :
Toux, tumeur, addiction, vous voilà prévenu
Et c’est tant pis pour vous, quand le pire advenu,
Sur vos tuyaux nasals, l’humour est saugrenu !

Curieux qu’il faille changer le paquet d’un poison !
Après tout, il suffit de remplir les prisons…
Nos assassins modèles, tombés en pâmoison,
Craignent que leurs clients ne meurent plus à foison ?
Éperdus à l’idée qu’on supprime leurs blasons,
Révoltés que l’on ose la lutte antipoison !
Elle est atroce l’idée qu’on chasse l’exhalaison !
Terminés le cancer, l’emphysème… Trahison !
Tous ces morts que l’on veut sauver… Quelle déraison !
En mourant l’on obtient d’une vie la guérison
Sans qu’on ait à nous souffrir la vue d’une pendaison…

C’est la mort qu’on respire, avec une belle fierté !
Amusant qu’elle puisse être symbole de liberté !
Nul n’ignore les dangers dont on l’a alerté,
C’est donc de son plein gré que, dès la puberté,
Éperdument, l’on jette son argent, sa santé !
Rien ne résiste aux pubs de ce produit vanté,
Et les films se pressent pour mieux nous conforter…
Tout un lobby puissant est là pour l’emporter,
Tissant sa toile mortelle sur nos vies écourtées…
Entendez-vous la toux des poumons exploités,
Sous le chant des deniers ardemment convoités ?

Comme le paquet est moche, les fumeurs vont cesser,
Arrêtant de pourrir leurs poumons encrassés…
Nul doute qu’Homo sapiens et ses neurones racés
Connaît bien le besoin de souvent transgresser,
Égaré, les consignes même désintéressés,
Riant de la prudence des personnes trop sensées…
En échange d’un euro, que crèvent les alvéoles,
Tandis que tous les saints avec leurs auréoles
Terniraient le plaisir de bien faire le mariole
Et de gorger son corps de charmant vitriol,
Sans se soucier du sort de leurs mille artérioles !

Ils ne me croiront pas et c’est tant pis pour eux !
Nous ferons notre deuil de leurs neurones peureux.
Caressant l’illusion de leur savoir heureux,
Rien ne les fera plus fuir leurs châteaux poreux.
On dirait qu’à plaisir leurs messies onéreux
Y déposent des énigmes aux relents poussiéreux
Adaptées aux délires qui les rendent généreux…
Balivernes sacrées bernant les miséreux,
Les siècles ont passé, comme des cancéreux,
Et ils sont toujours là, le teint cadavéreux,
Silhouettes moribondes, et Saint-Esprit véreux…

Il est si élastique, notre psychisme humain…
Nous pouvons le mener sur les mauvais chemins
Car il reste à jamais un esprit de gamin,
Reniflant la magie dans les vieux parchemins,
Offrant son odorat aux plus virtuels jasmins,
Y laissant ses espoirs de joyeux lendemains…
Avec désinvolture, il fait son examen,
Balayant d’un revers du bras ou de la main,
Les pires contradictions qui lui viennent des Romains,
Et il jouit du mépris qu’il réserve au commun,
Si semblable aux Ritals, aux Arabes, aux Roumains…

Il ne m’en faut pas plus pour partir au combat,
Nouant mes vers puissants comme de noirs mambas,
Crachant leur venin vers les émissions-débats,
Rimant de tous leurs crocs contre le vil tabac
Ou les adorateurs du Très-haut ici-bas…
Yétis, mes frères et sœurs, d’ici ou de là-bas,
Apportez donc au monde votre infernal sabbat,
Balayez l’ordre mou de leurs luxueux grabats,
Laissant bien voir l’endroit où toujours blesse le bât,
Et sur les ruines fumantes de leurs vils mastabas,
Souriront nos espoirs au doux son des tubas…

Il est trop tard, hélas, pour qu’ici je m’arrête,
Ni pour que se reposent mes touches indiscrètes.
Calmez-vous, mes dix doigts, et fermez-vous, mirettes !
Regardez ! Il est tard et Morphée, en charrette,
Ose un coup d’œil rapide vers mon obscure chambrette…
Y suis-je en pyjama ? Où sont donc mes barrettes ?
Avec dégoût, je jette le fond de vinaigrette,
Bercé du doux désir de voir les majorettes
Lamentablement belles devant la supérette,
Et ce vil gaspillage, le kid de Nazareth
Se fera un plaisir de faire qu’on le regrette…

Sans prévenir, il vint se poser sur mon bras.
Y voyait-il malice ou jouant les fiers-à-bras,
Rapide, il croyait bien qu’il pourrait s’échapper…
Pauvre fou que j’ai su plusieurs fois attraper,
Hérissant pour toujours tes poils sur mes images
En compagnie des miens, unissant nos plumages !

Elle perle sur ma peau, lorsque je gesticule,
Abreuve mon corps entier, des yeux aux testicules,
Un bonheur pour la vie des moindres vésicules !

Elle coule dans ma bouche, puis se change en gorgées,
Absorbées par mon corps qui en est submergé,
Une mare de liquide où je suis immergé…

Elle est vitale pour nous. Pourtant, on la gaspille
Avec désinvolture et la nature qu’on pille,
Un jour, se vengera de ses vilains pupilles…

Elle est belle, elle est bonne et son chant mélodieux
Agréable aux oreilles nous fait rêver aux dieux,
Un délire innocent qui devient vite odieux…

Entendez-la couler dans vos cellules aqueuses !
Acceptez de penser que vos moindres muqueuses
Utilisent à jamais ces molécules moqueuses !

Elle représente chez nous quatre-vingt-dix pour cent !
Aussi bien notre "esprit", le cerveau, que le sang…
Un corps aussi mouillé, ça mérite de l’encens !

Elle nous manque et l’on meurt, de soif, c’est radical !
À moins qu’elle soit polluée, comme en zones tropicales,
Un beau matin, l’on part, quittant la verticale…

Elle est bien sûr potable dans nos contrées dorées,
Avec un mauvais goût, peut-être un peu chloré…
Un heure à reposer et c’est évaporé !

Elle s’amuse à chanter quand je la fais couler.
Approchant les secrets qu’on avait refoulés,
Un jour, j’aurai la science au fond de mes goulées…

Economisez l’eau ! Buvez moins ! Restez sales !
Appliquez ce conseil : pour fixer l’eau, on sale !
Urinez moins, cousine, mais... sauvez ma piscine !



Heureux vainqueur, sacré “Meilleur bonimenteur”,
On aurait voulu croire en son verbe enchanteur,
Le suivre avec ferveur vers de meilleures senteurs,
Louer sa moralité, sa vitesse, sa lenteur,
Avaler ses discours, comme pour un bon chanteur…
Non, il n’est pas question de vilaines pesanteurs,
De méchants conseillers ou de maîtres-chanteurs !
Et si, en vérité, c’était juste un menteur ?

Vite ! Laissez-moi passer, car je suis très pressé !
Il faut aller ailleurs et nous débarrasser,
Tant il est secondaire, votre destin tracé,
Et pour laisser la place, il faut vous empresser !
Souriez à mon roadster et son profil racé !
Si vous vous tassez bien, pour me laisser passer,
Elle pourra continuer, votre vie encrassée…

Vains désirs qui nous viennent de la noirceur cachée,
On cherche à s’en défaire, mais la bête est lâchée !
Les griffes labourent le sol, elle va tout arracher,
Ouvrant sa large gueule, qui pourrait tout mâcher…
Nous n’y pourrons rien faire, ou bien alors tâcher
Tout au plus de sembler vouloir ces vies gâcher,
Épluchées, avalées et bientôt recrachées…

On t’obéit en tout, car tu es le plus grand !
Rien n’existe sans toi, notre dieu, c’est flagrant !
Grandis nous le serons, toujours, en l’intégrant…
Un niais sera celui qui va, le dénigrant,
Et qui aura partout le statut d’émigrant…
Il faut se résigner et c’est exaspérant !
Le mieux serait, sans doute, d’y être indifférent…

Autour des nous les fous s’activent jour et nuit,
Brisant les courts silences qui peuplent leur ennui,
Saoulés de leur orgueil qui, tout autour de lui,
Un peu plus loin chaque fois, dégrade, étouffe et nuit…
Rien de ce qui survit, de ce qui pousse et luit,
De ce qui aurait pu grandir, donner des fruits,
Il n’y aura donc rien qui ne soit bien réduit,
Tassé, voire mutilé, et vers la mort conduit,
Et de se croire meilleur, c’est ce qui les séduit…


Vous pensiez vous distraire, passer une bonne soirée
Et des hommes sont venus, leur raison égarée,
Nous priver de vos vies ! On leur avait promis
De jolis paradis, si, leurs crimes bien commis,
Retournant leur kalach’, ils sacrifiaient leur vie !
Et voilà qu’aujourd’hui, la folie millénaire
Dispense son délire meurtrier à l’envi.
Il en faudra combien, de ces fous ordinaires,

Téléguidés, armés, cancéreux de la foi,
Revenants d’un autre âge et branchés à la fois ?
Eh bien ! Finirons-nous par stopper ces délires ?
Il faut mettre au placard le charpentier magique !
Zéro, le chamelier et son clergé tragique !
Enfin, libérons-nous des folies à genoux !

HAINE

Humain, belle qualité, c¹est nous qui le disons,
Alors que pour autrui, ceux que nous méprisons,
Il n¹y a que la mort, l¹assiette ou la prison…
Nous rêvons du divin et nous nous en grisons,
Enchantés des musiques des os que nous brisons…

Heureux porteur de hache, qui tuera pour du cash,
Avec l’actionnariat, pas de pasionaria
Il faut qu’on se replie, son forfait accompli.
Néanmoins, c’est usant d’être un bon artisan,
Enervé par les ordres de ne pas en démordre

Heureux porteur de cash, qui va fumer son hasch!
Avec le RSA, on remet encore ça
Il faut prendre aux petits pour nourrir le yéti:
N’oubliez pas les dons pour demander pardon
En serrant les ceintures des enfants du futur!

Huilé par le bon gras des grosses noix de coprah,
Avec maestria, il chante l’Ave Maria
Il est là, dégarni, parmi les soprani,
Nanti comme un toucan au milieu du boucan,
Et ses cris nous déchirent les oreilles au martyre

Hideux visage humain déformé par la joie,
Abominable vice du pauvre ou du bourgeois,
Il est le poing commun à nos plus grands malheurs,
Notre ennemi mortel et notre pire valeur.
Elle nous enterrera et… quel bon débarras !

Honte à ceux qui profite de ce sentiment-là
Ou qui pourraient agir pour mettre le holà !
Nous sommes des animaux stupides et belliqueux :
Tout ce qu’on a d’humain, c’est une absence de queue
Et seul l’amour nous sauve du statut de bête fauve…

Oups ! C’était la Haine qui était visée…


TABAGISME

Cliquez ici pour voir et entendre ces sales acrostiches sur TABAGISME en vidéo.
Tu sais que c’est mauvais et tu commences quand même,
Avalant la fumée qui te faisait tousser,
Benêt conditionné, que la pub a poussé
À prendre du poison, mais oui, la mort, on l’aime…
Gardons les portes ouvertes aux marchands de cancer !
Ils s’engraissent en vendant des bâtonnets qui tuent,
Sans être poursuivis, et ces vils adversaires
Méritent la prison, mais le mal est têtu
Et il est implanté dans nos esprits hantés…

Tu grignotes les poumons, comme promet le paquet,
Apportant le repos, rabaissant les caquets…
Bouffis de nos orgueils, voulant défier la mort,
Avec désinvolture, nous jouons les matamores,
Gros cigare dans la bouche, nous crachons la fumée,
Idiots que ses poisons, prompts à nous consumer,
Sauront bien diminuer, d’alvéoles en trachée…
Maudit argent qui tue, et qui nous fait cracher,
En attendant le jour où la vie va lâcher…

Tubes de pur poison, c’est marqué sur la boîte…
Achetez-le bien cher, grâce à une pub adroite !
Bouchez vos alvéoles de sa fumée sinistre !
Accrochez-vous bien fort à l’addiction abjecte !
Gardez-vous des pensées que la raison objecte !
Il fait bien des victimes, des manœuvres aux ministres,
Subitement égaux quand la mort les conduit.
Moquons-nous des esprits esclaves de ce produit,
Et bénissons les tueurs qui les ont tant séduits !

Tout le poison utile dans une seule cigarette.
A la fin, tu en meurs, après une dernière toux.
Bien des désagréments, cette solution arrête…
Alors, un seul rouleau, dans le paquet, c’est tout !
Gâchons moins de papier, de végétaux, de vie !
Interrompons les jours de ceux qui ont envie,
Simplifiant leur futur, et vidant Pôle Emploi…
Mourez, si, sous la vie, votre faible corps ploie !
En fumée, partez donc, en bûcher, sur la jonque !

Tu vas mourir, tu sais, c’est marqué sur la boîte,
Alors, si tu t’obstines, ne viens pas pleurnicher !
Bouffé par le cancer, ton décès affiché,
Au ras du plafond blanc, ton âme voit ton corps moite
Gisant sur un lit froid, des tuyaux dans le nez.
Il est fini, ton rêve de vie rondement menée.
Si tu laisses des parents, des enfants malheureux,
Maudits soient ta bêtise, les commerciaux véreux
Et puis tous les vautours, qui tournoyaient autour…

Trois millions de décès par an dus au produit.
Avec plusieurs milliards d’euros de bénéfices,
Beaucoup d’argent par mort est donc ainsi induit…
Alors, évidemment, les filles et les fils
Gémissant de douleur, ça n’a pas de valeur !
Il compte infiniment l’argent à notre époque,
Souvent au détriment des humains, c’est loufoque !
Mais c’est du bon commerce, à valeur ajoutée,
Et tant pis si demain, on vient à vous jeter !

Tu peux toujours tousser, tu vas mourir quand même…
Avec l’assentiment du bon gouvernement,
Beaucoup d’argent se gagne et c’est ce que l’on aime.
Allons, on peut tout dire : eh bien, personne ne ment :
Gentiment, sur les boîtes, c’est marqué "Fumer tue".
Il n’est rien de plus clair, sauf si l’on est obtu.
Silence, donc, dans les rangs des légions cancéreuses !
Mords-toi les doigts jaunis de tes mœurs onéreuses,
Et ferme ton clapet pour reposer en paix !

Tant mieux si un fumeur sur deux meurt de son vice !
Alors que Pôle Emploi croule sous les demandeurs,
Bien bête serait l’Etat venant serrer la vis
Aux braves industriels et aux gentils vendeurs,
Gérant leurs beaux poisons, comme le dit l’étiquette.
Ils sont bien avertis, donc il n’y a pas d’enquête.
Sans problème, on peut tuer, empoisonner plutôt,
Malgré le code pénal, les pêchés capitaux,
Eternels garde-fous, dont tout le monde se fout…

Trouver des mots pour dire l’indignation qui monte,
Avaler la fumée des benêts qui consument
Bêtement leur santé sans éprouver de honte,
Accrocher les wagons des phrases qu’on assume,
Guider ses doigts féroces vers un carnage saignant,
Ignorer l’argument des habituels plaignants,
Savoir trouver l’approche pour réveiller l’attrait,
Mettre au service du Bien son talent du portrait,
Emettre en continu des vers bien biscornus…

Tandis qu’ils continuent à tirer sur les tiges,
Avec obstination, je m’insurge à plein temps.
Borné, l’interdiction que, pour toujours, j’attends,
Arrivera un jour, l’intelligence oblige…
Gonflé du fol espoir de voir le mal vaincu,
Il m’arrive quelquefois d’en être convaincu,
Souriant à l’idée que personne ne prospère,
Monté sur les dépouilles des clients qu’exaspèrent
Et ma foi en l’humain, et mon drôle de chemin…

Toutes les guerres du monde ont fait moins de victimes.
Alors, on peut saluer le Seigneur Nicotine !
Bas est notre chapeau, monarque illégitime,
Assassin merveilleux, si fort qu’une guillotine
Garde un air enfantin, à côté des exploits
Immenses qu’on lui connaît, sur tous les continents.
Salut, fier meurtrier, que nos échines se ploient,
Marquant notre respect pour ton rôle dominant
Et ton impunité, si pleine d’obscénité…

Tu ne dois pas compter sur mon silence gêné.
A jamais j’émettrai des flèches bien empennées,
Balançant des boulets sur les débits puants,
Avançant dans les ans, mais toujours conspuant
Grassouillets commerçants et autres fabricants
Imprégnés de l’odeur de l’argent mal gagné,
Saturés de l’ivresse des bons communicants !
Mais c’est marqué dessus, on peut en témoigner
Et dès lors, vous n’avez plus vos mains à laver…

Transformer le cancer et la mort en argent,
Affecter la santé et même la vie des gens,
Business ordinaire, on n’a rien à cacher…
Avec désinvolture, sans gamelle attachée,
Garons notre voiture, dans un parking luxueux !
Il n’est rien d’interdit, ni rien de délictueux :
Simplement on supprime des millions d’êtres humains
Mais ils sont volontaires, et s’ils trépassent demain,
Eh bien, leur épitaphe vaut bien une dernière taffe…

Tu investis, patient, dans les bâtons qui puent,
Avec, au fond du cœur, l’espoir d’un bon cancer.
Bien sûr, le beau jour vient où ses belles griffes t’enserrent,
Avec leur long cortège de métastases repues.
Garde-toi de pleurer sur ton inconséquence !
Il faut te rappeler que tu es né sapiens :
Si le crabe avait pu t’effrayer de ses pinces,
Mais qu’il était aisé d’agir en conséquence
Et de respirer l’air, ce bienfait tutélaire !

Tu empoisonnes gaiement ceux qui sont sur ta liste,
Aimable clientèle des gentils buralistes…
Bien sûr, une bonne moitié mourront empoisonnés.
Après qu’on ait tenté de bien les raisonner…
Gâcher leur corps, leur vie, à travers leur santé,
Il n’est pas un ministre qui ne l’ait déploré,
Sans que cette hécatombe les ait vraiment hantés…
Mais que vaut la douleur des vivants éplorés
En regard des millions qui font la part du lion ?

Tu crois que les ministres pourraient intervenir,
Attaquer les méchants qui vendent du poison,
Brandir le code pénal, imposer la Raison ?
Avec désinvolture, ils vont aller, venir,
Glousser en réunion, et puis avoir bien l’air…
Imaginez un peu que quelque circulaire
Supprime la liberté d’empoisonner autrui ?
Mais c’est qu’ils les veulent bien, leurs poumons tout détruits,
Et tant mieux quand les morts peuvent se changer en or !

Tuer une bonne moitié de ses fidèles clients…
A quelle sorte de crime avons-nous donc affaire ?
Bouchers ou charcutiers, non… c’est bien trop voyant !
Alors ? Quel commerçant a mérité l’enfer,
Gavant ses chers clients de produits bien mortels ?
Il faut bien vous aider car vos yeux s’écartèlent :
Sachez donc que la mort est écrite en gros plan !
Menacer suffit donc, écrit en noir sur blanc,
Et blanchi de tout crime, allez toucher vos primes !

Tu parles d’un bonheur, de tuer sa clientèle !
Après tout, s’ils sont sots, épargnons la dentelle !
Bercés des vains espoirs d’imiter les vedettes,
Amassons l’or en seaux, et puis, pour eux, les dettes !
Gavons leurs noirs poumons de substances qui les blessent !
Insultons leur orgueil en narguant leur faiblesse,
Sans les décourager du suicide permanent,
Marquant en gros le sort qui les fera pourrir
Et regrettant leurs sous quand ils viennent à mourir !
Et pour vous rassasier, un poème bêtisier !

Tumeur après tumeur, tu ronges l’humanité,
Ouvrant la porte aux drogues, autres malédictions…
Un beau jour, on s’éveille en proie à l’addiction,
Revenir en arrière, jugez l’inanité !
Il n’y a pas "Contrôle-Z", sur les machines humaines.
Sachons en profiter car l’argent qui nous mène
Mange les homoncules, à longueur de journée,
Et la fumée dissipe leurs espoirs ajournés.

À coups de drones, de bombes et d’images satellites,
Regardez le plaisir qu’ils ont à faire la guerre !
Gagner de bons millions, c’est plaisant aux élites
Et de la vie des gens, on ne se soucie guère…
Nul problème s’il leur vient des désirs de vengeance :
Tuez-vous donc entre vous, pauvres et stupide engeance !

Attention ! On va tuer, au hasard, n’importe où…
Rions des innocents qui vont perdre leur vie,
Gentiment attablés, quand leur destin dévie
Et ils meurent sur le coup. C’est grisant, après tout…
Nulle justice ne sera jamais vraiment possible
Tant qu’on laisse le hasard déterminer la cible.

Attrapez dix crétins et donnez-leur des armes !
Remplissez leurs cervelles de folies ancestrales !
Guidez leurs pas lourdauds vers un lieu théâtral
Et pressez la détente, pour faire couler les larmes !
Notre recette est vieille, comme notre humanité…
Tout son succès réside dans nos chères vanités !

Ah oui… Votre permis… Eh bien, là, c’est raté !
Repassez donc nous voir, c’est ça, sans vous hâter…
Garantir le permis, ce n’est pas bien possible…
Encore moins quand vos sous, la sempiternelle cible,
Ne se renouvellent pas à un rythme assez vif…
Tant pis pour vos erreurs, on applique le tarif !

Avaler, recracher… Enfanter, décéder…
Ronde des automates qu’on a bien persuadés,
Gorgés de l’illusion d’absurde liberté
Enfermés dans les rêves dont on les a bercés,
Nourris de l’espoir vain qu’ils vont ressusciter,
Troupeau dont les cerveaux sont des paniers percés…

Avancez vers la caisse, prenez votre ticket !
Regardez s’il est beau, ce cercueil en carton !
Garni de vrais coussins, au paradis, partons !
Et, s’il n’y a rien là-haut, il vous reste Mickey,
Notre ami la souris, le rat, si vous voulez…
Tous vos rêves n’ont pour but que de vous bien rouler !

Arrachez-moi les dents, et, après, passez caisse !
Raclez-moi bien les pieds, et, là, ce bouton, qu’est-ce ?
Grattez-moi fort le dos, avec votre appareil,
Et mon corps transformé ne sera plus pareil…
Nos bourses à masser ne sont jamais lassées
Tant que des mains expertes savent les délacer…

Agacé, ulcéré, excédé, je le suis…
Regardez-nous, esclaves de la matière inerte,
Gavés de l’illusion que nos vies sont offertes
En un culte imbécile, que chacun de nous suit…
Nous vivons sans savoir que nous sommes des produits,
Tous promis à l’enfer, où le chemin conduit.

Avancez ! On attend… Jusqu’au poste suivant.
Reculez de trois cases, et voilà le divan !
Gardez la position, allongée, s’il vous plaît,
Et racontez-vous bien dans le temps imparti !
Non, c’est déjà trop tard, et l’on ferme vos plaies
Tout comme votre cercueil, quand finit la partie…

Arrêtez-moi, de grâce, si jamais je déraille !
Regardez-nous, robots coulissant sur des rails,
Glissant sur nos désirs de grandeur, de pouvoir,
Enflés par notre égo — des selfies pour nous voir…
Nous sacrifierons tout sans même nous émouvoir,
Tuant tous les éléphants pour des babioles d’ivoire…

Apprêtons-nous à vivre un autre jour sans joie,
Réduits au rôle passif lorsque les Albigeois
Grillaient dans les enfers en regrettant leur foi
Et actifs dans la honte quand il sera une fois
Notre histoire de benêts qui emplissent leurs paniers
Tout en perdant leur vie à vouloir la gagner…

Arracher aux plus pauvres leur nécessaire pitance
Revient à mériter dix mille fois la potence.
Gardons-nous de troubler le bel ordre des choses
Et regardons comment l’ultime métamorphose
Nous réduira en miettes, ou en molécules d’eau
Tandis qu’un seul gros corps pourrira sur le dos…

Allez-vous oublier votre sacré santé ?
Rien n’est plus important que de bien consommer !
Gardez-vous le pour dit ! Faut-il vous assommer ?
Eternuez-vous ? Toussez ! Je m’en trouve enchanté.
Nous pensons bien à vous, porte-monnaie sur pattes,
Tandis que nous versons la pub qui vous appâte…

Ajoutez quelques morts pour parfaire l’addition !
Rien ne vaut le plaisir de voir nos belles actions
Grimper vers des sommets, au fameux CAC 40 !
En vrai, c’est à des crimes que cela s’apparente…
Nul n’y prête attention. C’est tellement habituel…
Tout est devenu faux dans notre immonde virtuel !

Allez ! On recommence à perdre sa journée !
Rien que de belles sornettes à toujours s’enfourner,
Gestes automatiques, qui vont se succéder
Et s’enchaîner sans joie, car les heures décédées
Ne reviendront jamais, et j’en suis excédé !
Tes mains vont-elles s’user à relancer ces dés ?

Avoir, pour mieux se croire, supérieur, différent…
Remplir ses poches de fer du maréchal-ferrand,
Garder les pieds sur terre, pour faire le juif errant,
Et s’entourer d’alliés, des outils déférents…
N’y voyez pas d’offense s’ils vont proliférants,
Trônant dans leurs palais, si odoriférants!

Ah ! C’est vrai, je suis beau, quand je suis au volant…
Regardez ce capot, si long, c’est affolant !
Gardez-moi le plaisir des excès de vitesse !
En monnaie, je paierais si par impolitesse
Notre gendarme veut me faire payer l’amende !
Tudieu ! C’est une aumône que le bougre quémande…

Avec obstination et puis désinvolture,
Regarder dans les yeux, du haut de sa voiture,
Gueux de tous horizons qui mendient à la vitre…
Efflanqués ou bouffis, sinistres ou bien pitres,
Nos yeux les voient passer, sans jamais s’émouvoir,
Tout grisés que nous sommes de l’ivresse du pouvoir !

Argumenter, c’est vain, si personne ne vous lit.
Rien ne sert de tirer la corde, la poulie
Grince en montant mes vers par le machicoulis
Et ils sont si nombreux qu’ils provoquent du roulis…
Néanmoins, s’ils s’écoulent de moi comme un coulis,
Tous les matins, je pars faire mon job de coolie…

Alors, s’il faut survivre au sein des éboulis,
Rampez, vers misérables, fleurant le patchouli !
Gardez un peu de sens pour le cas où un œil,
ÀÉgaré dans l’éther, puisse vous lire et le veuille !
Non, je délire encore, mais c’est sans importance :
Tout est perdu, futile, dans vos chères existences…

À quoi bon ces journées toujours recommencées ?
Refaire les mêmes corvées, avoir les mêmes pensées,
Gratter les éternelles cordes pour faire danser
En riant les clients aux gestes insensés…
Nous leur faisons la cour pour bien les encenser.
Tant pis s’ils sont payés pour mieux nous offenser !

Avec autant de pubs, du lever au coucher,
Rien d’étonnant d’avoir tant de cerveaux bouchés !
Gardez bien l’illusion de savoir vous moucher
Et de pouvoir choisir vos menus, vos bouchées !
Nous sommes de pauvres jouets, de simples débouchés,
Terminés par des fils, qu’on coupe pour nous coucher…

Alors, tu te crois libre, quand tu vas te doucher ?
Rions de la bonne fée qui a su te toucher !
Grillés sont tes neurones à force de loucher
En vain sur les écrans, leurs promesses affichées !
Noyé comme une mouche dans un verre de clichés,
Tu es manipulé sans t’en effaroucher…

Adorons bien ces marques qui enrichissent nos vies !
Regardons-les autour, comme elles nous ont suivis,
Gentiment disposées, pour qu’on soit mieux servis,
Et plus elles sont nombreuses, plus nous serons ravis !
Nous n’avons nul désir qui ne soit assouvi
Tant elles sont à l’affût de nos moindres envies…

À manger et à boire, puis bien brosser les dents,
Recoller le dentier, quand on doit, l’âge aidant…
Garder l’haleine bien fraîche et les aisselles aussi
En toutes circonstances, et si l’on a grossi,
Nous pourrons retrouver notre âme de vingt ans
Tandis que la planète ne durera qu’un temps…

Amen, dit le curé, quand il finit sa phrase…
Rajoutez une dose, en une cuillérée rase…
Goûtez-moi ce morceau ! Vous n’en reviendrez pas
Et vous prendrez le tout, heureux jusqu’au trépas !
Nous sommes les fiers moutons, brossés, peignés, douchés,
Terminaux essentiels, éternels débouchés !

Avec obstination, je vais jouer au loto,
Rêvant de devenir un des heureux gagnants,
Gogo persévérant qui veut changer d’auto,
Et cesser d’engraisser un troupeau de fainéants…
Nos rêves de grandeur sont par trop dispendieux
Tant nous aspirons vite à devenir des dieux…

Alarmons-nous de voir comment l’objet d’échange
Revient régner en maître sur nos vies, notre monde,
Gonflé comme un ballon, un dieu entouré d’anges,
En idole immortelle, il domine et inonde
Nos pensées, nos espoirs, nos craintes, nos remords,
Tant et si bien qu’Il vit sur une planète de mort !

À chaque coin de rue, l’on voit l’un de ses temples.
Regardez les passants y faire leurs dévotions !
Gavé de voir leurs pubs dicter nos émotions,
En vain, je me débats, mais mes gestes trop amples
Ne font que brasser l’air sans changer les paroles…
Triste réalité que chantent les banderoles…

Agacé, fatigué par nos déconfitures,
Rien ne vient éclairer d’espoir notre futur
Gangréné par les sommes qui font battre les chœurs
Et puis pourrir les corps à un point qui écœure…
Nous sommes de pauvres jouets, porte-monnaies sur pattes,
Tordus par les désirs d’un destin psychopathe !

Ah ! Le joyeux grand-père que je n’ai pas connu !
Raide comme la justice, engrossant la bonniche,
Grenier à foin bien sec, qui gratte les dos nus,
Et puis, hop, disparais, retourne dans ta niche !
Notre père fut ainsi accueilli sur la terre,
Triste fruit d’un caprice de bon propriétaire…

Armand, ou bien Albert, Robert, Alain, Didier ?
Rien ne reste de lui dans nos rares souvenirs.
Gênée par son gros ventre, la bonne fut congédiée
Et vous imaginez son aimable avenir…
Notre grand-mère mourut à moins de cinquante ans,
Triste vie qui fut sienne, il n’y a pas si longtemps…

Avoir fauté, c’est mal, mais… épouser la bonne ?
Rien que de l’évoquer, on sourit… Ça chiffonne…
Gentiment, on la pousse vers d’autres cieux cléments
Et tant pis s’il pleut fort et qu’elle sait que l’on ment.
Nous, c’était une erreur, et le fruit en ton sein
Te tiendra compagnie quand tu prieras tes saints…

À Sylvie, pauvre objet de plaisir passager,
Renvoyée au rebut dès qu’elle fut usagée…
Gronder ne sert à rien. C’est de l’histoire ancienne…
Elle fut déshonorée comme si le déshonneur
N’aurait pas dû frapper le sperme du donneur !
Tant pis pour les ragots des nobles paroissiennes !

A ton malheur, je dois d’avoir porté ton nom.
Revendiquer l’honneur de partager tes gènes,
Gagnés contre ton gré et légués malgré toi.
En enfer, tu vécus, — pourquoi rester courtois ? —
Nos riches contemporains sont bien pire que des rats
Tant les maux qu’ils génèrent égalent le choléra…

Alors, était-ce le maître ou simplement le fils ?
Retourne donc pleurer un bon coup à l’office !
Grossesse involontaire ? Fille de mauvaise vie !
Enfuis-toi loin de nous, nos instincts assouvis !
Nourris comme tu pourras le fruit de tes entrailles !
Tu peux l’abandonner aux soins de la prêtraille !

Ainsi, cela se fit. Mon père, l’enfant confié,
Retournait deux fois l’an, voir sa mère raréfiée…
Gentille enfance de pauvre, au bon air de l’Ardèche,
Et sa vraie mère à Lyon, survivant dans la dèche…
Notre histoire se termine sur une mauvaise phlébite,
Terme d’une course triste, sous une sordide orbite…

Alors, l’autre grand-père, que je n’ai jamais vu,
Rien à voir, mais quand même un léger imprévu…
Grand seigneur, il épouse, puis engrosse et divorce,
Et la jeune épousée devient mère divorcée !
Nous savons que l’amour, la nature nous y force…
Tant pis pour toi, Suzanne, il s’est re-fiancé !

Après, ce divorcé s’est bien mieux remarié :
Rien à voir, beau parti… l’ex-belle-mère est ravie !
Gênant de reconnaître qu’on est mal apparié
Et surtout quand on a déjà donné la vie…
Nouvelle vie solitaire, un enfant sur les bras,
Tant pis si ça rappelle une autre histoire de draps !

Ainsi, c’est ma maman, le fruit de ce ratage.
Remarquez, cette fois-ci, elle a le nom du père.
Grande est la différence… Où est donc l’avantage ?
En épousant le mien, elle oubliera son père,
Nom d’usage encore lu sur de vieux parchemins,
Tombé dans le trou noir tout au bout du chemin…

Avec persévérance, toujours le vénérer,
Rien que pour engraisser nos « chers » dégénérés,
Grands ducs de la finance, du MEDEF ou du CAC…
En voyant trop pourrir la planète des macaques,
Nul doute que nos héros s’en iront dans l’espace,
Tandis que, nous, zéros, nous crèverons sur place…

Avec tous mes millions, j’achète des maisons,
Rien que pour les louer ou, selon la saison,
Garder tout ça pour moi, jouir de la floraison,
Endormi au soleil ou sous les frondaisons,
Nourri de fruits, de miel ou bien de venaison,
Tranquillement baigné de luxe et déraison…

A son tour mépriser les plus pauvres que soi,
Rien que pour se venger de ce qu’on a souffert…
Gardez votre rancune pour ceux, vêtus de soie,
Et cessez d’étayer cette pyramide en fer !
Nourrie du sang de ceux qui perpétuent l’enfer,
Tout en courbant l’échine, l’humanité s’enferre.

Amasser, empiler, collectionner aussi…
Rien ne manque pour décrire cette folie d’avoir.
Gardez donc pour plus tard ce qui vous a grossi
Et ne regardez pas, à vos pieds, pour les voir,
Nos oubliés du temps, perdants de la naissance,
Tombés plus bas que terre, affamés par essence !

Avoir, c’est le plus beau de nos verbes sacrés !
Rutilant, pétillant, et si plein de noblesse,
Grand, fécond, il permet, partout où le bât blesse,
En un mot, d’exister, et quel pouvoir ça crée !
Nos grands hommes « ont » et « sont » et c’est indissociable…
Tant pis si les jaloux se montrent moins sociables !

Ailleurs, je voudrais être et ne plus voir tout ça…
Ricanements haineux, satisfaits, de poussahs…
Gardez-moi de vomir des flots de bile amère
Et de courir, au bord, me jeter dans la mer !
Non, je veux me bercer du rêve d’un progrès,
Tandis que je m’approche de mon urne de grès…

Aveugles, nous marchons vers le bord de l’abîme,
Rêvant de mille sottises, pour mieux fermer les yeux…
Gâchons nos existences à engraisser ce « dieu »
Et tant pis pour la Terre que chaque jour abime !
Nos rêves vont nous tuer. L’aurons-nous mérité ?
Tous nos pas nous amènent à fuir la vérité…

Avec ostentation, étaler sa richesse
Revient à exciter l’envie et la bassesse,
Guides indispensables à l’équilibre ambiant,
Et mes mots sont bien faibles face à tous ces brillants…
Nourris de l’habitude de bien lever les yeux,
Tout nous pousse à rêver de devenir des dieux !

Au moment où je crois que la source s’épuise,
Revoilà d’autres vers tirés d’où je les puise !
Guère plus lus que les autres, mais j’ai fait mon devoir
En ne les gardant pas au fond de mon mouchoir…
Nul sou ne les achète et, pourtant, ils vont choir,
Tombant devant des yeux qui pourraient bien les voir…

Arrêtez-moi, de grâce ! Je n’en ai pas la force,
Recommençant sans cesse à me creuser le torse,
Générant des gros mots qui pourraient bien vexer,
Enfin… si nos héros se pouvaient complexer…
Nul danger qu’on me lise, en bas ou en haut lieu,
Tant je crie dans le noir, au fin fond des banlieues…

A nouveau, ça remonte et mes doigts obéissent,
Rigides, obséquieux, ils vont chercher et hissent
Gamelles de voyelles, de consonnes, qu’ils étalent
En cherchant à donner du sens — c’est capital !
Non pas des mots vulgaires mais de précieux pétales,
Tant le sujet le vaut, ce déliceux métal…

Au moment où je crois que c’est enfin tari,
Réjoui à la pensée d’un bon tour dans Paris,
Grimpent d’autres idées, le long de mes doigts fins,
Et je les laisse agir, curieux de leur parfum.
Nous sommes des automates — ne sois donc pas surpris !
Tu vois, je suis payé pour en savoir le prix !

A compter du matin jusque tard dans la nuit,
Rien d’humain ne nous reste et puis cela m’ennuie.
Gavé dans mon enfance de rêves d’humanité,
Eh bien, j’avais pensé que le jour et la nuit
N’étaient pas différents de ce qu’on me chantait…
Terrible est la méprise, parce que l’on mentait !

Aux mensonges nécessaires aux rouages de l’humain,
Rien n’est jamais trop gros pour que le lendemain
Grandisse un autre rêve encore plus destructeur,
Et c’est là qu’interviennent nos joyeux instructeurs,
Nappant nos jeunes neurones de folies bien rangées,
Tandis que le réel viendra tout déranger…

Abandonnons l’espoir d’une sotte liberté !
Regardez comme ces vers coulent avec fermeté !
Garderez-vous l’idée que je vais les choisir
Et les sélectionner ou les laisser moisir,
Nus, tremblants, dans le noir de mon cerveau fertile,
Tandis que tout cet or, à quoi cela sert-il ?

A mesure, je m’éloigne de mon but initial.
Revenons donc un peu vers le dieu très spécial,
Gagnant dans tous les cœurs de notre étrange espèce.
En vrai, il est partout, là où nos troupeaux paissent,
Nourrissant nos pensées et pourquoi pas nos rêves,
Tandis qu’il nous emmène sans répit et sans trêve…

Alors, je viens livrer des mots que nul n’écoute,
Rien que des mots amers, qui peut-être dégoûtent…
Grande est ma répugnance à voir tourner le monde
En pillant la nature, sur terre ou bien sur l’onde !
N’oublions pas les femmes, les hommes qu’on utilise
Tant la Matière, divine, règne dans nos églises !

A quoi bon pousser l’art jusqu’à la performance ?
Regardez la réponse écrite en vertical !
Gardez-moi d’espérer dans un coin cervical
En un avenir doux où mes pauvres semences
Ne moisiraient plus seules dans une cave internette !
Tout est « pognon », vous dis-je, oui, tout, sur la planète !

A chanter sa grandeur, je pourrais me dédier,
Ricanant à plein temps, si je suis congédié,
Glissant des mots véreux sur ses odeurs gênantes
Et pleurant pour ses morts, sur une musique traînante…
Non content d’être fol, je persiste et je signe.
Tant mieux si je suis lu ! C’est un bonheur insigne…

Après tout, c’est la mort qui nous aura bien tous.
Rien de tragique, en somme : c’est la règle du jeu.
Gavé de vaines questions si je crache ou je tousse,
En sapin, à la fin, nous serons courageux,
Nus sous nos vêtements, mais morts assurément,
Tétanisés, rigides, pour tout désagrément…

A vouloir trop en faire, on oublie l’objectif,
Rayant d’un trait de plume le mobile de nos actes,
Gare à l’œil médisant qui se montre rétif.
En vrai, je n’ai signé aucun de vos vains pactes…
Nos contrats sont donc vierges de toute obligation :
Tous mes vers continuent leur vaine divagation…

Amen, ai-je entendu, au long de mon enfance…
Rien que deux pauvres francs à la quête, et pourtant !
Grandes personnes chanteuses, pardonnez mon offence,
En donnant à la messe un peu de notre temps,
Nous ignorions combien c’était déraisonnable,
Tant mentir aux enfants est un art pardonnable…

Au fond de notre poche, de quoi nourrir un homme…
Rien ne nous sera fait, si nous les y laissons.
Gardons-les, il a l’air de nous narguer, en somme,
Et il ne faudrait pas… Si nous nous abaissons…
Nos raisons de donner ne tiennent qu’à un fil,
Ténu et si fragile qu’il faut le bon profil…

Ah ! Mais moi, je m’en fous ! J’ai tout ce qu’il me faut.
Rien qu’un toit sur la tête et trois repas par jour,
Grand luxe pour beaucoup, pourquoi râler toujours ?
En esthète, je regarde le monde et ses défauts,
Navré de voir misère et richesse contigües,
Troublé de voir la Terre se gaver de cigüe…

Adoptez l’attitude de la vénération !
Regardez comme ça marche et les générations
Grandissent en richesse, en prolifération,
Et tant pis pour les pauvres ! Leur incarcération
Ne suffit pas toujours, mais leur libération
Tardera tant est grande leur impréparation…

Assez de commentaires, de vitépurations !
Ridicules, vos affiches, vos vociférations…
Grands cortèges excités et réverbération,
En voilà du spectacle, mais vos opérations
Ne changent rien, au fond, à vos maigres rations
Toujours moins caloriques dans leur macération…

Alors, là, transparaît mon exaspération…
Rien n’est fait — ou si peu — dans la modération.
Globe, nature, humains, tout est lacération
Et il est bien trop tard pour des réparations !
Nul sommeil ne me donne de récupération
Tant la folie est grande en rémunérations…

Achetez l’adversaire, c’est d’une simplicité…
Rions de son courroux, de la facilité
Garantie à le voir se retourner d’un coup
Et chanter les valeurs qu’il détestait beaucoup…
Nos cerveaux obéissent à des règles précises :
Tu les connais ? Banco ! Plus ferme est ton assise…

A supposer qu’un homme ne puisse être acheté,
Rien n’empêche d’en trouver cent pour le projeter,
Garrotté dans l’abysse et du béton aux pieds !
En voilà un de moins et s’ils veulent le copier,
Nous avons la police, la troupe et les prisons,
Tout ce qu’il faut au monde pour garder nos visons…

Alors, point de morale, quand il s’agit de Toi ?
Regardons la planète, et l’on reste pantois…
Glissons notre regard vers d’autre horizons,
Éloignés dans le temps ou l’univers, disons…
Notre moral, bien sûr, va mieux — c’est excitant ! —
Tandis que, sous nos pieds, le sol va s’effritant…

Arborez un sourire, pour mieux séduire les gens !
Rayonnez du bonheur de leur offrir du beau !
Garantissez toujours, soyez encourageant,
Et n’hésitez jamais à vous montrer cabot !
Nos vies sont illusoires et ne sont que des songes
Tendus sur la Matière et ses radieux mensonges…

Agitez bien les mains pour feindre l’enthousiasme !
Rien n’est plus efficace pour éloigner les miasmes !
Gardez bien l’air joyeux, comme si c’était un masque !
Evitez les idées farfelues ou fantasques !
Nous sommes des gens sérieux et des sommes sont en jeu
Tellement grosses qu’il convient de respecter l’enjeu…

Achetez, puis vendez, ou louez vos pauvres vies !
Raclez bien les tiroirs pour cibler vos envies !
Grattez-vous jusqu’au sang, si l’envie vous démange
Et patientez pour voir le jour où l’on vous mange…
Non, c’est trop dégoûtant, mais si l’on n’a rien d’autre
Tout est mieux que la faim dans laquelle on se vautre !

Avoir toujours raison pour pouvoir s’en défendre…
Rien n’est jamais gratuit, des couches jusqu’aux cendres !
Gardons-nous de parler, pour ne pas faire d’esclandre,
Et de mauvaises oreilles pourraient bien nous entendre…
Néanmoins, tout existe pour que l’on puisse le prendre.
Tant pis si nos discours ne servent qu’à prétendre…

Après bien des années, l’on finit par apprendre.
Regardant sous l’affiche, on arrive à comprendre.
Grattant sur l’apparence, on peut se faire surprendre
En voyant le réel sans son vilain scaphandre,
Nu comme un ver de terre ou comme un scolopendre,
Tordant son corps luisant, qui n’en peut plus d’attendre…

Agréable façon d’échanger des services,
Rien ne va plus dès lors que l’on y met ses vices,
Glissant discrètement des pièges pour les novices
Et semant des écrous là où l’on veut des vis.
Nos millénaires n’ont fait que pourrir le système,
Tellement qu’aujourd’hui il vaut des chrysanthèmes…

Adieu les vains plaisirs de compter ses richesses !
Regardez la planète, la faune, l’humanité,
Gâchées par notre vieille nostalgie des duchesses,
Et notre faim puérile qui fleure l’inanité…
Nous allons tous crever de la rapacité,
Terrassés dans les ruines de nos jolis cités !

Alors, c’est pour demain, la fin de notre monde ?
Rongée jusqu’au noyau, la grotesque mappemonde
Gonflée jusqu’à l’outrance éclatera aux nez
Et aux barbes velues des grands siliconés,
Nourris de mets précieux, buvant les meilleurs vins,
Toussant dans la dentelle en se croyant divins…

Après tout, peu importe si vous avez du mal…
Regardez mon nombril : c’est le centre optimal.
Gardez-le comme seul but et le monde ira bien
Et il continuera à tourner sur mon axe
Nourrissant mes désirs de vos charges, vos taxes,
Tout ce qu’on peut tirer de vos vies d’amphibiens…

Accordez-moi, de grâce, le bénéfice du doute !
Rayez de mon esprit les craintes que je redoute…
Gardez-moi parmi vous, car je suis un des vôtres,
Egaré par les sens, l’orgueil, et puis quoi d’autre…
Ne me jugez pas mal, si je suis enrichi
Tant je pourrais souffrir dans ma cure à Vichy…

Alors, point de billets, de la menue monnaie,
Rétribution légère, pour les lourds wagonnets
Glissant au fond des mines, où l’air se raréfie…
Elle est la liberté de se vendre le prix
Non pas que tu choisis, mais auquel tu es pris,
Tel un rat dans un piège et dont on se méfie !

Ajoutons des zéros qui ne servent à rien !
Rien… car nous avons tout, et plusieurs fois en plus…
Gênant si l’on croisait des humains ordinaires,
Et comme c’est rarissime, pour d’autres millénaires,
Nous pourrons continuer à vivre comme des dieux,
Tutoyant, méprisant, négligents et odieux…

Accrochez-vous plus fort ! Il faut les mériter !
Regardez-moi le faire ! Il suffit d’imiter…
Gardez bien en mémoire mes conseils, mes astuces
Et vous verrez vous-même que, même un détritus,
Nous pourrons, relooké, le vendre ou même le louer,
Tant les clients sont aise de se laisser flouer…

Ajouter ou soustraire, avec ou sans virgule,
Recompter sans jamais la peur du ridicule…
Gratter tout ce qu’il faut pour économiser,
Epargner, lésiner, pour tout marchandiser…
Nul morceau d’être humain ne doit être gâché…
Toute l’humanité est un vaste marché !

Addition, addiction, c’est bien, c’est du céfran !
Rien n’est plus différent que les centimes des francs !
Grandie, la différence, quand il s’agit d’euros
Et le bonheur ne vient qu’avec des tombereaux !
Noyez-moi sous le flot des jolis billets verts,
Tandis que la misère s’oublie au fond des verres…

A la rigueur des suisses, quand il s’agit de francs…
Recherchez le changeur le plus concurrentiel,
Garantissant au moins le plus bleu pour le ciel,
Et il faut s’adresser toujours au plus offrant.
Notre monde est ainsi, vivant en concurrence,
Toujours plus aigrelet, plus moisi et plus rance…

Additionnons sans fin les lettres et les maux !
Ricanons des profits infinitésimaux,
Gardant pour nos enfants, le meilleur de la crème
Et laissant à autrui des conditions extrêmes !
N’oubliez pas de mettre à leur place les virgules,
Tandis que les démons déploient leurs tentacules…

Attention, les enfants ! Je vais vous raconter…
Rien n’est plus important que de savoir compter,
Gérer les unités, les dizaines, les milliers,
Et pour les un pour cent, les milliards, les millions…
Ne pensez pas « nature » ! C’est bien fini, les lions !
Toute l’histoire des hommes… des fragments de piliers !

Apprendre à diviser, juste pour mieux régner…
Riez, multipliez, la nature généreuse
Gérera vos excès, des ours aux araignées,
Et soustrayez le tout avec vos mains terreuses !
Non contents d’être las, d’être là, les ingrats !
Tout juste bons à nier qu’ils voudraient être gras…

Additions, soustractions et multiplications,
Rien ne vaut le bonheur de jouer avec les nombres,
Gonflés du noir plaisir de se gaver dans l’ombre…
Elle est si belle, la vie, et les complications
Ne font que la saler, lui donner du piment…
Tant pis, si pour tricher, je mens éperdument !

Aller au bout du monde pour tromper son ennui…
Regarder à ses pieds le beau tapis persan…
Garer sa limousine dans un garage la nuit…
Eviter les efforts, les fous, leurs cris perçants,
Non, ça c’est abusif, et c’est n’importe quoi…
Tiens ! « Manger du caviar » est bien plus adéquat.

Alors, tu crois vraiment que tout peut s’acheter ?
Regarde-les traîner des pieds sous tes caprices !
Guignol encravaté, pitoyable jocrisse,
En vain, tu t’évertues à nous bien rejeter,
Ne voyant pas que toi, tu n’es plus un humain,
Tout juste une baudruche avec des pieds, des mains…

Avoir une maison, une rue, un quartier,
Rançonner tous les gens, avoir un port altier,
Guider la politique pour qu’elle soit profitable
Et dans ton intérêt, au grand jour, sous la table…
Nous en sommes tous conscients, la Justice n’est qu’un mot,
Triste leurre d’où nous viennent la plupart de nos maux…

Avec la politique, tout est organisé.
Regardez les lobbys qui vont savoir miser,
Gaver de sucreries les bons parlementaires,
Et leur montrer du doigt les projets qu’on enterre !
Nous vivons une époque où l’humain, secondaire,
Termine sa course folle en rêves suicidaires…

Avant vous, c’est certain, pauvre animal vivant !
Rien que du bel argent, mais comme c’est motivant !
Gargarisé de rêve, les voilà salivant,
Enervés, excités, tant l’or est captivant…
Nul scrupule ne résiste aux efforts du divan,
Tordant nos noirs neurones et passant au suivant…

Assez ? Faut-il le dire ou mieux vaut le chanter ?
Rassasiés pour un temps, puis il revient hanter,
Grattant à nos méninges le droit de pénétrer,
Entrer en nos neurones et puis s’y calfeutrer…
Nous sommes des marionnettes aux mains de la matière,
Tristes pantins branlants perdant nos vies entières…

Avec obstination, on en crée toujours plus,
Rien que pour le plaisir, ce vital stimulus…
Gardons-le pour le cas où il serait utile
Et tant pis si les autres rampent comme des reptiles
Nourris de nos déchets, de maigres volatiles…
Tu transformes nos frères en parasites hostiles !

Accumulons les preuves de notre fausse grandeur,
Rayonnant du bonheur d’une inepte candeur !
Gavés de l’illusion que nous le valons bien,
En aveugle troupeau, nous ignorons combien
Nous perdons à l’affaire, mais qu’importe à la fin
Tant c’est un bon prétexte à écrire du Raffin…

Afin de protéger votre propriété, il vous faut des serrures,
Rivetées sur des portes. Évitez les dorures !
Garnissez vos murets de pointes ou de tessons
Et mettez des barreaux — demandez au maçon !
Nous savons que l’humain est un fieffé voleur.
Tous, nous sommes bien placés, pour notre grand malheur…

Alors que je fatigue à vomir tous ces vers,
Regardez donc le monde qui fonctionne à l’envers,
Griffant le dos des hommes dont le sang le nourrit
Et qui se désagrège en odeur de pourri…
Ne me demandez pas de chanter le bonheur,
Tant l’odeur du charnier crie notre déshonneur…

Alors, là, c’est moins cher que l’autre magasin…
Remarquez, ça dépend, car l’article voisin
Guère plus cher, il est vrai, mais comme il y en a moins,
En fait, la différence est claire, mais néanmoins,
Nous continuerons tous à aller chez GroinPrix
Tant de son marketing nous sommes bien épris…

Acheter, dépenser, gagner et épargner,
Remplir de cent produits vos caddies, vos paniers,
Garnir vos étagères de frigo, vos placards,
Empiler les demis,les litres et les quarts…
Nos prix sont les meilleurs et la fidélité
Te donnera des points, mais pas la gratuité…

Arrogant, je le suis, mais c’est pour vous complaire.
Rien ne vous est plus doux que de me bien envier…
Géant, je fais rêver quand j’avoue mon salaire,
Et il en faut cinq mille pour toucher mon janvier !
Noire pyramide humaine dont je suis le sommet,
Toi et les tiens ? Complices… des crimes que je commets !

Avec indifférence, je les vois, miséreux,
Rapiécés, alcooliques, le teint cadavéreux…
Gardez-vous de juger ! Je suis si généreux
Et je donne en pagaille aux machins cancéreux…
Ne me demandez pas les tickets poussiéreux,
Tant ils pourraient tacher mes costards onéreux…

Augmentez la cadence, ouvriers paresseux !
Respectez le tempo qui vous est imposé !
Gardez donc sur le dos vos vêtements graisseux
Et vous aurez du temps pour mieux vous reposer.
Nous savons mieux que vous ce qui est bon pour tous :
Tabac bien interdit, pour éviter qu’on tousse…

Alors ? C’est décidé ? Vous venez acheter ?
Remarquez qu’il est temps et c’est le bon moment.
Grâce à mes bons conseils, sans en faire un roman,
Eh bien, votre banquier ne peut pas vous « jeter » !
Nous sommes sur la bonne voie pour conclure une affaire
Terriblement juteuse, en terrain aurifère !

Allez ! Un peu plus vite ! Pressez le champignon !
Rien ne doit m’empêcher de prendre cet avion !
Gardez pour vos clients votre inepte opinion
Et faites votre travail, comme si nous avions
Noué un accord formel sur ma destination !
Tiens ! Le voilà qui pleure sur son aliénation…

Armani, le costard, le smoking et le slip !
Rien n’est trop beau pour moi… Cessez de faire la lippe !
Gants de cuir d’animal dont la disparition
Est tragique — mais j’oublie — et mon apparition
Ne doit laisser personne s’ennuyer, s’assoupir,
Tant mon rôle est précieux pour ce céleste empire…

Allo ? Le commissaire ? On a volé mon or !
Rien à faire… La vermine ne perd jamais le nord.
Grille, portique, alarme n’auront donc pas suffi :
Envolés, mes trésors et ma biographie !
Navré de découvrir qu’on n’est pas à l’abri,
Tapi sous les dorures, les lustres, les lambris…

Avoir, je te déteste, tant tu gênes le verbe être !
Regarde tout le mal, dont semblent se repaître
Gênés un minimum, quantité de nos frères !
En disant le mot « frères », on sait que je plaisante.
Notre réalité est beaucoup moins plaisante
Tant notre humanité se rapproche du contraire…

Avoir, accaparer, c’est privé tous les autres.
Rien que pour son usage, garder ce qui est nôtre,
Générer des profits, par l’effet boule de neige,
Et regarder crever, tout en bas du manège,
Nos frères les moins chanceux comme s’ils étaient des mouches !
Tant qu’ils ne rappliquent pas, pour mourir sur la louche…

Autrement… Le beau rêve… On dit « redistribuer »,
Rendre aux générations d’humains les plus spoliés,
Gérer la terre entière pour la réattribuer,
Envoyer au savoir les enfants aux mains liées,
Nettoyer les états de leurs sangsues fieffées,
Tendre la main à toutes, à tous, et sans bluffer…

Ah ! La divinité la plus priée au monde ?
Regarder dans les villes : ses temples nous inondent !
Guinées, livres, dollars, francs, pesos ou euros,
En mille noms conjugué, il occupe nos neurones.
Nos vies et nos instants remplissent des bordereaux,
Tandis que sur la terre, en tout endroit, il trône !

À l’être d’exception — chacun de nos clients —,
Rien n’est trop cher, trop beau, pour prouver sa valeur,
Garantir à autrui que son air scintillant
Est l’exact reflet de cette grande âme, la leur…
Nous vivons dans un monde où tout n’est qu’apparence.
Tant pis si l’on y perd un peu en transparence…

Au fond de votre poche, c’est la forme liquide,
Rien que quelques piècettes qui volontiers s’oxydent…
Gardez-vous de toucher un chèque sans provision,
En bois, on dit qu’il est, et, nous, en prévision,
Nous préférons les cartes, à puce évidemment…
Tu la mets dans la fente, sans plus d’atermoiement !

Après, tu mets ton code, et puis l’on vérifie,
Rien que quelques secondes pour contacter ta banque,
Garantissant qu’ailleurs, ton argent, on s’y fie,
Et tu reprends ta carte, comme un bon saltimbanque.
Nous te laissons partir avec tes bons achats,
Tes tickets, de la pub et puis des bons d’achat…

Avale un peu de pub à chaque respiration !
Roule et vont défiler sur les bords de la route
Grands panneaux pour t’aider à choisir ta choucroute
Et ta lessive, ton jean, jusqu’à l’expiration !
Nos pompes sont plus funèbres que tous nos concurrents,
Tous des voleurs, sauf nous, qu’est-ce que c’est rassurant !

Avoir deux jobs, c’est bien, pour payer son loyer,
Rentrer bien tard le soir, avec le dos ployé,
Gavée des petits chefs qui ont bien aboyé,
Et trouver les enfants devant l’écran noyés…
N’espérons rien de bon au retour au foyer,
Tant de corvées attendent la joyeuse employée !

Accumuler toujours davantage de matière,
Roucouler du bonheur d’ouvrir grand sa portière,
Garer son véhicule, n’importe où, par défi
En sachant que l’amende, un pourboire y suffit…
N’oublions pas de dire qu’il n’y a pas de limites !
Tout est permis dès lors que tant d’autres l’imitent…

Avec deux bons euros, vous gagnez au loto,
Récupérant de quoi acheter mille autos !
Généreux procédé qui fait rêver les masses,
Et les aident à moisir, quand tous les gros amassent…
Ne croyez surtout pas les bons mots qu’on vous sert,
Très habiles à masquer la ceinture qu’on vous serre…

Accrochez-vous bien fort aux rêves que l’on vous tend !
Rien n’est plus fallacieux, et l’enfer vous attend,
Gorgé de mille tourments, mais perdez votre temps,
En regardant les jeux, les sots, comme il y a tant…
Ne quittez pas l’écran, où vous voyez Satan,
Tous vos neurones ont soif des mots des charlatans…

Avancez d’un seul pas et l’on vous sollicite !
Regardez donc cette pub, son message implicite !
Générer du désir, de l’envie, c’est licite
Et tant pis si les gestes auxquels on nous incite
Nous n’avons pas le sou, faute de réussite !
Tant pis pour tant de monde et l’on s’en félicite…

Avaler goulument ce qu’on peut engouffrer…
Reculez loin de moi, si jamais vous souffrez !
Gardez bien vos distances ou je vous fais coffrer !
En vrai, je vous adore pour ce que vous offrez…
Nos intérêts concordent si je peux m’empiffrer,
Tant que vos pauvres vies sont toujours bien chiffrées !

Allons, pour cette fois-ci, je serai arrangeant…
Rien que les intérêts… Je suis bien obligeant !
Gardez-vous de penser que je suis négligent,
Et priez que je reste, à vos yeux, indulgent…
Notre monde est si dur qu’un homme intelligent
Triche avec la morale, s’il est bien exigeant…

Alors, c’est tout, c’est sûr ? Tout ce que vous avez ?
Ridicule est la somme ? Vous allez en baver !
Grattez-vous jusqu’à l’os ! Dormez sur le pavé !
Espérez ! C’est gratuit… et de rêves, bien gavés,
Ne marchez pas trop vite… Vos pieds sont entravés.
Tous vos efforts sont vains et ça va s’aggraver !

Avec obstination, vous aimeriez des fringues ?
Rien ne me plairait plus, et je sors ma seringue…
Gênant quand tout autour on a autant de dingues,
Et c’est aussi pour ça que j’ai toujours un flingue.
Non, je parle français, et je suis même bilingue !
Tu peux tout me donner et même me faire du gringue…

Amenez-moi vos sous, vos cents ou vos centimes !
Réunis, je deviens un homme que l’on estime…
Grignoter — c’est ma vie — les os de mes victimes,
Et j’engraisse, c’est plaisant, et puis c’est légitime…
Nul doute qu’il est doré, mon moi le plus intime,
Terriblement précieux, jusqu’à l’instant ultime…

Adorez-moi toujours, du réveil au coucher !
Rien de ce que vous pensez ne peut m’être étranger !
Gardez-moi bien présent dans vos têtes bien rangées
Et vous serez heureux, vous pourrez me toucher !
N’attendez pas la mort pour bien vous assurer,
Tant chaque instant est riche de comptes à pressurer !

Ajoutez un collier autour de votre cou,
Rien qu’un peu de diamants, ça vaut toujours le coup…
Gardez-les enfermés dans un coffre secret,
Et faites confiance aux banques où le pognon se crée,
Nourri de vos espoirs, de vos besoins aussi…
Tout votre être est esclave de notre idiocratie.

Avec autour du doigt de quoi nourrir des gens,
Regardez les nantis sans éprouver d’envie !
Gloutons qui nous honorent d’un spectacle affligeant,
Evitez de baisser vos luxueux pont-levis,
N’affichez plus votre or qui tue et qui pourrit
Tant il dissimule mal votre inhumaine rouerie…

Agacé, je le suis, mais le mot est léger.
Révolté, c’est plus fort et plus approprié…
Gêné depuis toujours, de m’être trop plié
Et d’avoir su souvent vivre et m’en arranger…
Nos années sont comptées et j’ai gâché les miennes,
Triste esclave anonyme, obéissant aux hyènes…

Avec dégoût, j’y pense, du matin jusqu’au soir.
Rien n’échappe à son filtre, à son immonde passoire !
Grignoter, se vêtir, bouger, rien n’est gratuit
Et chacun de nos actes nous fait sortir l’étui…
Nous brandissons la carte, les billets ou les chèques,
Tandis que notre monde se vautre dans l’échec…

Avec ostentation, les puissants nous méprisent
Riant de nos malheurs, fiers de leurs entreprises…
Grattons sous la surface et voyons la méprise :
En rien, ils ne sont bons — c’est une leçon apprise —
Notre monde serait mieux s’ils relâchaient leur prise
Terriblement meilleur, mais, "Chut !" c’est une surprise !

Allez ! Il est grand temps. C’est l’heure où l’on s’endort…
Rien n’est plus tarifé, dans l’obscur corridor,
Grillage évaporé, personne au mirador,
Et si l’on veut manger, ce sera du condor !
Nul vigile importun qui joue les matadors…
Tout est gratuit, en somme, dans les rêves de Médor !

À votre désespoir, il en faudrait bien plus…
Rien n’est plus agaçant, et, porteur de phallus,
Gardez-vous de penser que l’on peut se servir,
Et faire ce que l’on veut sans bonne carte bancaire.
Notre justice sait bien comment il faut sévir,
Tordre le cou des faibles, des révoltés précaires…

Aujourd’hui, j’ai le temps de créer du futile,
Rédiger sur l’écran des vers bien inutiles,
Genre gratuits, qui n’engraissent aucun particulier
Et que l’on pourra lire sans sa bourse délier.
Nous vivons dans un monde où tout est tarifé,
Tout est payant, et cher, sauf quand c’est dégriffé…

Aspirer à gagner chaque année davantage…
Regarder tous ses biens comme autant d’avantages…
Glousser du noir plaisir d’un juteux héritage
Et profiter d’autrui jusqu’au plus vil chantage…
Nourri du sang des faibles qui sont autant d’otages,
Tenons bien à distance l’odieux rêve du partage !

Avec pour objectif l’augmentation, la prime,
Regardez-les qui tuent, qui exploitent, qui oppriment !
Guidés par l’ambition, les Porsche et les sur-primes,
En voilà qui méprisent, écartèlent et suppriment !
N’oublions pas tous ceux, qui, toute leur vie, triment,
Tandis qu’on se goberge, sous les lustres du crime !

Avares, intéressés, avares et méprisants,
Rien dans l’humanité n’est plus vil, plus grisant…
Gavés du plus grand luxe, on devient médisant.
Evanouie, l’amitié, d’un mois ou de dix ans…
Nous garderons les liens qui nous sont profitables.
Tudieu ! Qu’ils soient utiles à bien garnir la table !

Avec les crocs coupants qu’ils ont su faire pousser,
Rien ne peut résister, et de se faire mousser…
Garnis des mille reflets qui vont éclabousser,
En vraies caricatures, écoutez-les glousser,
Noyant ceux qui dérangent, que l’on va détrousser !
Tout est prétexte à rire, leurs babines retroussées…

A part ça qu’y a-t-il dans nos vies programmées ?
Regardons-nous en face, sans nos cartes bancaires !
Gardons-nous, c’est prudent, de tout amalgamer :
Elle est pleine de fainéants, de saoulots, de précaires,
Notre belle république, que l’on doit adorer,
Tant elle peut resplendir de nos palais dorés…

Alors, que peut-on faire pour bien y remédier ?
Rendre aux pauvres les sous qu’on leur aurait volés ?
Grand merci, impossible ! Qu’ils retournent mendier !
Eh oui ! Leurs beaux billets, ils sont loin, envolés !
Ne restent que les pièces pour donner des pourboires,
Tant nous sommes généreux pour manger et pour boire…

Agressifs, ces gens-là, qui auraient tout perdu…
Rappelez la police, qui saura les mater…
Gibiers de tribunal, aux visages tout tordus,
En enfer vous irez, et, même, vous vous hâtez !
Nous avons tout conçu contre les gens comme vous,
Tiens, même le grand Satan, qui a pris rendez-vous !

Avouons donc que les pauvres, il en faut et c’est bien !
Remarquez, les questions "À quel point ?" et "Combien ?"
Génèrent des réponses qui ne sont pas plaisantes.
Enervantes est le mot, et même, si l’on plaisante,
Nous dirions que, souvent, tout est très relatif
Tandis que les esprits sont revendicatifs…

Ainsi, si vous prenez un natif de l’Afrique,
Raisonnablement pauvre, pour un Occidental,
Grande sera sa misère, sans eau, sans numérique…
Enlevez à quelqu’un l’eau courante, c’est fatal.
Nous ne le faisons plus, et c’est même interdit,
Tandis qu’ailleurs, au Sud, on est abasourdi.

Ailleurs, tant de nos frères n’ont pas même les égouts.
Rien pour faire ses besoins, et bonjour le dégoût !
Grand train vont les ministres, les potentats locaux…
Eux, ils ont des toilettes, où aller, à porter…
Ne les condamnez pas, ces aimables cocos,
Tant leur outrecuidance peut sembler importée…

Alors, c’est le meilleur moyen de faire le tri,
Ranger les plus mauvais, les plus sales, dénutris,
Gaver les plus parfaits, les nobles, les nantis,
Et garder un volant d’adaptabilité.
Nous ne voudrions pas voir tout anéanti,
Tendons donc la cuiller, mais sans trop l’ébruiter…

Avec soin, opérons une certaine sélection,
Ramassons les plus vifs, à notre appréciation,
Garnissons leurs paniers de tous les avantages
Et le bon populo n’en veut pas davantage :
Nous le faisons rêver à travers l’un des siens.
Toute sa misère s’envole… fier comme un pharmacien !

Accorde-moi ce jour mon salaire quotidien !
Rends-moi les intérêts de mes prêts aux Indiens !
Guide-moi vers des taux qui seront bien juteux !
Epargne-moi le risque des placements douteux !
Ne donne pas aux autres l’envie de m’imiter,
Tu sais que les plafonds sont toujours limités…

Avec ce coco-là, je vais faire des affaires,
Récupérer mes frais, et, bien sûr, me refaire !
Gardez vos boniments, je ne suis pas client
Et vous pouvez gardez votre bureau pliant !
Nous avons trouvé mieux chez votre concurrent :
Tout y est plus sérieux et il est rassurant…

Attendez donc les soldes pour acheter moins cher !
Regardez donc cet homme faire monter les enchères !
Gardez-vous de penser à économiser
Et attendez l’instant où il faut tout miser !
Ne soyez pas amer ! Il faut bien dépenser
Tant les achats occupent chacune de nos pensées…

Al’heure qu’il est, combien de millions d’hommes y pensent ?
Raclant le fond des poches pour se remplir la panse,
Grattant la terre profond en rêvant de dépenses,
Epargnant pour plus tard s’offrir un mois en France,
Nul n’échappe aux pressions du dieu des récompenses,
Tant il séduit les âmes par l’odeur qu’il dispense.

Alors, les colonies, c’est promis, c’est fini !
Regardez les glousser, gras, en catimini,
Gratter le cul du monde pour en gaver la France
Et prendre leurs backshishs bien lourds, de préférence.
Nettoyer le squelette de la planète elle-même,
Trouée comme un gruyère pour en voler la crème…

Adorons le vrai dieu de cette espèce humaine !
Rendons grâce aux banquiers, qui par le nez nous mènent,
Guidant nos pas sonores vers leurs offres amènes !
Ecoutons leurs discours, leurs chants qui nous promènent,
Non seulement sur terre, mais dans tous les domaines,
Tiens, jusqu’aux nécropoles, et puis au Ciel. Amen.

Avec cet instrument, l’on peut tout mesurer.
Rien ne peut échapper, ni le ciel azuré,
Grisé de kérosène, ni les fonds abyssaux
Engorgés de plastiques, encore moins nos pensées,
Noyées de primes, de soldes, qui coulent comme des ruisseaux.
Tout tourne autour de lui et il nous fait danser.

Arrêtez donc ces doigts qui vont cracher dessus !
Regardez-les courir, comme des petits bossus,
Grimaçant sous l’effort, combien inefficace !
En vain, ils gesticulent sur les touches du clavier,
Navrants petits soldats dont les espoirs se cassent,
Tous les jours de l’année, sans jamais faire levier…

Avec leurs doigts blessés, ils fouillent dans les ordures.
Rien ne peut empêcher de creuser le sol dur,
Grappillant quelques sous, quelques centimes odieux,
Et chaque jour, pareil, maudits par tous nos dieux,
Nous les voyons passer, tout couverts de poussière,
Timides, en haillons, dont l’étoffe est grossière…

Amasser, chaque instant, un peu plus d’or qu’hier…
Regarder sur écran les chiffres défiler,
Grandir sur les comptes suisses, chaque fois que l’on s’enquiert…
Elle est belle cette vie-là et la joie d’empiler
Ne vient jamais s’user contre les murs du temps,
Tandis que l’âge immonde rend les ans rebutants.

Avoir plus pour valoir, avaler, être avide…
Regarder, regardant, rogner sur les rognons…
Grassement, généreux, gratter sur le pognon…
Entasser, émarger, la bourse tourne à vide,
Noyant sous les effets secondaires les zéros,
Tandis que tout en haut, triomphent les héros…

Aucun effort à faire, mais naître au bon endroit.
Rien qu’à tendre les doigts pour cueillir le bon droit…
Gratter la terre, c’est bon, pour ceux qui sont mal nés
Et qui se lèvent matin pour être malmenés…
Nous profitons des crimes que d’autres ont perpétrés,
Tandis que leurs victimes ne cessent de s’empêtrer…

Avoir, c’est bien pour « être » et jouir de s’en gonfler.
Regarder vers le bas, les SDF ronfler,
Gardiens de nos doux rêves de supériorité !
En vrai, la bonne misère nous donne de la valeur,
Niant d’un revers de manche notre médiocrité,
Tandis que nous jouissons dans le lit du malheur.

Avoir, pour posséder ce que l’autre n’a pas.
Regardez, c’est à moi, ces célestes appâts !
Grand est donc mon mérite pour rouler à grand train
Et mon rire éclatant montre bien mon entrain…
Nul doute que je vaux tout l’or que j’ai sur les mains,
Tandis que vous bavez au long de mon chemin.

Pourquoi placer des mots sur du papier glissant ?
Il était si facile d’être un adolescent,
Suffisait d’être jeune et bien obéissant,
Savoir tenir sa place dans les rangs coassants
Et cesser de se voir comme un roseau pensant…
Rien n’a pu arrêter les guignols jacassant.

Dans les pages mes bons mots se font envahissants.
Aveuglément, ils errent et même en glapissant,
Nul ne sait qu’ils sont là, ni qu’ils sont éblouissants,
Si bien qu’ils meurent de faim dans un silence glaçant.

Une fois qu’ils sont bien morts, les vers les remplaçant
Ne font pas plus d’effet, même odieux, grimaçants…

Vous n’imaginez pas leur magma salissant.
Ils sont là, sur le web, en troupeau bondissant,
Où l’on va les laisser croupir en pourrissant.
L’instrument de musique, dans l’étui vieillissant,
Où je vais uriner, même si c’est indécent,
Non, plutôt que l’urine, j’y vais pisser du sang !


Le jour le moins facile, car la nuit est mauvaise…
Une nuit difficle, on se demande pourquoi ?
Notre patron attend ses Coupeau, ses Gervaise,
Des jouets entre ses mains, qui devront rester coits.
Il le faut pour garder sa gamelle bien lardée…

Les semaines se succèdent, mais c’est toujours pareil.
Une tendance se dessine : ça pourrait empirer.
Nul doute qu’on peut faire mieux… Des leçons à tirer ?
Des mesures seront prises pour sauver l’appareil.
Il y a toujours plus d’or que l’on veut attirer…

Les papiers se remplissent et nourrissent les classeurs.
Un amas de poussière recouvrira l’ensemble.
N’arrêtez pas de voir la vie pour ce qu’elle semble,
Des mots, du bavardage et le feutre effaceur,
Inutile d’y toucher ! D’ailleurs, il est bouché…

La semaine commence là et qu’allons-nous en faire ?
Un souffle me fait dire que ce n’est pas l’enfer.
Ne comptons pas les hordes qui survivent à nos pieds,
De plus en plus nombreux, avec ou sans clapier…
Ils sont là pour durer et puis pour endurer.

L’espoir est un soufflet qui vient à dégonfler.
Un jour, nos plus beaux rêves viennent à s’essoufler,
N’écoutez plus tous ceux qui parlent de paiience,
Des mots bien gouleyants, pour remplacer la science,
Inutile et grotesque, face au trou gigantesque…

Le pied à l’étrier ou le pied dans la porte,
Un début prometteur, tout le bien qu’il apporte
Ne saurait remplacer une fraternité…
Dis donc, s’il est un mot bourré d’inanité…
Il est un beau mensonge, et nous en sommes tous las.

Les journées se ressemblent et coulent les années…
Un jour, on s’aperçoit qu’il est un peu trop tard,
Non pas pour réagir, mais nos vœux surannés,
Devenus obsolètes, comme le rêve de motard,
Immergent tout espoir dans un profond mouchoir…

La vie, je l’ai comprise, sans qu’on me l’ait apprise.
Un peu trop vaniteux, mais au point où j’en suis…
N’empêche que j’en sais plus que nombre de vos livres,
Des pages bourrées d’erreurs, qu’avec ferveur l’on suit,
Inepties patentées, que le passé nous livre…

Le premier jour se lève sur ma vie qui s’ennuie.
Un de plus, peu importe et j’attendrai la nuit.
Nous y serons tranquille pour vivre nos idées,
Débarrassés des vaines prédications ridées,
Idioties couronnées, habiles à ronronner…

Le jour de l’astre blanc, du satellite voisin,
Un nom qui vaut son poids de temps perdu en vain.
Ne croyez pas sortir un jour du magasin !
De caissier, vous pourrez devenir écrivain,
Il n’y aura pas de mots pour faire cesser vos maux…

L’écran a remplacé la vieille feuille de papier,
Un espace infini se déroule sous mes pieds,
Non pas les pieds des jambes, mais bien ceux de mes vers,
Délicieux ou immondes, si vous aimez Prévert.
Ils sont les fruits bavards de mes neurones avares !

La mutation en or aura mal commencé.
Un temps presque infini, j’ai bien ensemencé.
Nada, nothing, niente, il n’est rien advenu.
Donc, je dois bien avouer que je suis malvenu,
Il faudrait dire "raté", dit-on avec doigté…

Le matin va finir. Il faudra déjeuner.
Un autre après-midi sans trop me surmener
Nous mènera au soir et au joyeux dîner.
Dans la soirée, plus tard, je vais rembobiner,
Intenter un procès à tous les dieux français…

Le jour où je me change en obséquieux outil,
Un premier de semaine, cauchemar abouti…
Notre dieu, c’est l’Argent et nos vies embouties
Deviennent sous ses ors un répugnant coutil
Illusoire, aberrant, dont nous serrons les rangs…

Les semaines se succèdent et les humains aussi.
Un millier, un million sont partis ces jours-ci.
Nous ne les verrons plus, mais pour les remplacer
Des pions déjà s’empressent et vont se déplacer.
Ils boucheront les trous et l’affaire est classée…

L’on me prête un crédit que je dois mériter.
Une illusion de temps qu’il faut bien dépenser,
Noyons-y quelques vers, en poèmes bien pensés,
Des toiles aussi, bien sûr, sans personne irriter…
Il faut que je sois fourbe pour nager dans la tourbe !

Le surmenage, c’est vrai, j’ai su m’en préserver.
Un instinct de survie ou un air réservé ?
Ni l’un ni l’autre, non, je suis resté au bord
Du chemin financier qui ravirait Chambord,
Ignorant les vestiges du clinquant, du prestige…

Longue sera la semaine à grenouiller à vide !
Une fournée de jours pour les gosiers avides,
Nourris de notre sueur, de notre sang serviles…
Donnez-leur nos enfants qu’ils les broient dans leurs villes,
Ignoblement gavés, toujours plus dépravés !

L’autre ne savait pas qu’elles étaient prostituées…
Une ignorance pareille… mais l’on sait qui tu es !
Notre bon débauché, plus vil et plus pervers,
Doit rire de tout son groin, de nos cris, de mes vers…
Il est bien au-dessus de nos espoirs déçus…

Les heures vont s’écouler avec la même lourdeur.
Un niais a osé dire "L’argent n’a pas d’odeur"
Nonobstant celle des suées de nos contemporains,
Douaniers, caissières, plantons, magasiniers, forains,
Ils sont tant de millions à régaler les lions…

Les lions, autrement dit, les veaux qui nous oppriment.
Une chose est certaine, c’est qu’ils n’ont rien d’humain,
Ni cœur dans la poitrine, ni doigts au bout des mains.
Dans leur vie, ce qui compte, c’est le chiffre, c’est la prime…
Ils ne veulent, des humains, n’avoir rien en commun.

Les enfants, qui travaillent dans les pires conditions ?
Un soupir, tout au plus, et "Passez l’addition !"
Nous ne respirons pas tous la même atmosphère.
Des grands, qui nous survolent, nous ignorons les sphères…
Ils se cachent, protégés, pour mieux nous alléger.

La semaine est finie, voilà qu’elle recommence.
Un retour infernal de l’éternelle romance.
Ni repos ni vacances ne nous offrent l’oubli
Dans nos chairs tuméfiées, nos organes affaiblis
Irradient l’ennui mou qui nous noie sans remous…

Laquais obéissant qui sait courber l’échine :
Un peu plus bas, messire, comme on le fait en Chine…
Navrante société ou le dieu de l’Argent
Déforme les pensées de tous, de tous les gens,
Instruments dépensiers d’un système carnassier…

L’envie de tout jeter m’a déjà effleuré…
Un enfant, ça suffit à rendre raisonnable.
Nos rêves adolescents cessent de nous leurrer.
Désormais, je sais bien ramper devant le diable,
Instruit par les années de ma vie de damné…

Loin de moi, le désir de condamner l’espoir…
Un sourire me saisit quand j’entends les discours,
Nul doute qu’ils se nourrissent au détriment des poires,
Des gentils espérant qu’on vienne à leur secours,
Innocents ou naïfs, qu’on épluche au canif…

Le dimanche est fini. Reprendre le collier…
Une pensée traverse mon cerveau d’écolier.
Ne pourrait-on vraiment pas tout recommencer ?
Dire que les lois actuelles sont par trop insensées,
Ignorer les frontières, ouvrir la terre entière ?

L’ordre est bien établi, et chacun a sa place.
Une place bien étrange, pour moi, évidemment…
Nul ne peut deviner sous mes yeux et leur glace
Des pensées prolifiques qui poussent élégamment.
Il ne me reste plus qu’à tirer mon chalut…

Les mots sont bien rangés sur l’écran de mes jours.
Un ordre inattendu dans mon vilain séjour,
Navrants petits soldats que je vomis sans haine,
Débitant leur discours, sans douleur et sans peine,
Illusoire simulacre qui me laisse un goût âcre…

L’idée d’aller gâcher des heures à un travail,
Un emploi imbécile, absurde et ennuyeux,
Nous pousse à la révolte qui devient vaille que vaille
De jour en jour plus proche, et l’instant périlleux
Illumine nos pensées, nos rêves insensés…

Lâchez-moi le guidon ! Je ne veux plus aller
Un seul jour de ma vie la perdre à la gagner !
Non, je ne courrai plus dans tes sombres allées !
D’autres laquais iront remplir ton beau panier !
Il ne manque pas de sots à marquer de ton sceau !

Le jour tire à sa fin et j’ai bien versifié.
Une journée de travail, il ne faut pas s’y fier…
Nous dirons que j’ai su, disons, l’opacifier.
D’autres journées viendront ; mon discours pacifié
Ignorera encore les limites de mon corps…

La fin n’est pas si proche qu’on ne puisse deviner.
Un jour, mon dernier vers sortira du clavier.
Nul ne saura alors que j’ai débobiné
Du début à la fin les mots de mon vivier.
Il faudra faire en sorte que plus aucun ne sorte…

Las ! Il y en a encore qui demandent à venir.
Un défilé glaçant compromet l’avenir.
Nos maux vont s’étaler avec une impudence
Donnant bien l’impression qu’une petite imprudence,
Insignifiante, suffit à briser la cadence…

Le rendement est là. Belle productivité !
Un compliment est doux, même quand il vient de nous…
N’attendons pas d’autrui notre inventivité !
Délirant, le lecteur qui viendrait à genoux
Insuffler le désir de vouloir faire plaisir…

L’heure de rentrer approche. Je vais plier bagage.
Une belle ironie que je doive à mon âge
Ne pas montrer mes mains, comme si j’en avais honte…
Dans un sens, c’est honteux tous ces pieds que je compte !
Ils sont automatiques, comme autant de mes tics…

Derrière mes doigts, mes dents, je me cache du réel.
Illusionniste fou, j’ai l’air si ordinaire,
Si normal, si quelconque, et lorsque mes voyelles
Se montrent trop cinglées, je reviens au binaire.
Il est fou, l’affreux loup, et l’humour en fumée
Me permet de sortir des trous où je m’égare.
Un jour, je finirai par ne plus m’inhumer,
Les trains de mes vains mots finiront dans les gares,
Adoptés, c’est heureux, par des neurones avides…
Tiens donc, le revoilà, l’orgueil qui tourne à vide,
Il revient au galop, comme une quête du bonheur,
Obsession sympathique, cette soif des honneurs,
Nourri de telles leçons de si nombreux donneurs…


Elle est si longue, la vie, qu’on peut s’y ennuyer…
Tordre l’oreille des mots… Sur les touches appuyer…
Emettre des syllabes… Salir et essuyer…
Rêver de chevalier et finir écuyer…
Nous avons bien l’alcool pour oser aboyer,
Illuminer nos cœurs et surtout les noyer,
Tordus dans nos efforts pour payer nos loyers,
En attendant les ans qui nous feront ployer…


Bouleversants plagiats qui nous tendent les bras,
Abominables clones, qui vivent sous les mêmes draps,
Navrantes imitations, qui, toutes, se reproduisent,
A force de les voir et de les reconnaître
La nausée m’envahit au plus profond de l’être.
Ils pourraient bien parler, mais les sons qu’ils produisent
Tendent à ressembler à des grognements d’ours
Et ils ne sont actifs que pour remplir leurs bourses…

Bien des gens vont agir de similaire façon :
Automates bien réglés qui retiennent leurs leçons ?
Non, mais l’application de principes bien communs.
Absurdes, dangereux, égoïstes humains,
Les mots sont trop nombreux pour nos chers congénères.
Ils se contentent souvent d’imiter les anciens,
Tâchant de remplacer tous les morts qu’ils vénèrent
Et la file est sans fin d’ennuyeux paroissiens…

Balancez-moi au front mon statut d’automate !
Alors ? J’ai mérité quelque jet de tomates ?
Non, pas le moins du monde, car même sans liberté,
Avec obstination, et même avec fierté,
Les humains ont la force de se différencier.
Ils peuvent chercher eux-mêmes ce qu’ils vont apprécier,
Tout ce qu’ils peuvent donner pour mieux participer
Et se donner au monde, non stéréotypés.

Bannir le conformisme de nos cerveaux bornés.
Avoir le droit de mettre en doute les vérités.
Ne plus être le pion des folies héritées.
Apprécier le passé pour mieux le contourner.
Les jours qui sont à nous devraient se distinguer.
Ils devraient se remplir d’un parfum personnel,
Tonique et vivifiant, créatif, solennel,
Et nous aurions alors un monde moins déglingué…

Bannir de son programme les vains stéréotypes,
Accepter ce qu’on veut, et être un prototype.
Ne plus courir derrière les leaders d’opinion,
Affameurs corrompus qui sont tout sauf mignons.
Les mots me manquent pour dire le mépris que j’éprouve.
Il n’y a qu’à regarder : tous leurs actes le prouvent.
Tant qu’il y a à gagner, l’intérêt de mentir
Est pressant et pourrait bien nous anéantir…

Risquer de répéter ce que j’ai fait hier ?
En voilà une idée, tout à fait saugrenue !
Pourquoi ? Tout simplement, l’idée qui m’est venue,
Est sortie comme on sort d’un seau une serpillère !
Tordez-la avec soin, elle n’est jamais pareille…
Il y a l’usure croissante, ce qu’elle a fait la veille,
Toutes sortes de liquides, elle a pu éponger.
Il en ressort qu’en fait, elle n’a pu que changer…
Oui, moi, je suis pareil, jamais deux fois le même :
Nos instants nous modèlent. Une chance ou un problème ?

Riche de ce que j’ai déjà pondu avant,
En vrai, je ne peux pas feindre mon ignorance
Passer outre le fait que je suis plus savant
Et plus habile aussi, même si la différence
Te semblera modique, elle est là, elle existe.
Ils ne reviendront plus les jours que j’ai vécus.
Tassés en souvenirs dans ma mémoire sexiste,
Ils s’estompent en passant comme s’usent mes écus.
On n’est jamais deux fois le même Homo sapiens,
Ni moi, ni mon docteur, ni mon chef, ni mon prince…

Refaire ce qu’on a fait, pour un exploit antique,
Eh bien, c’est évident, et plus c’est mécanique,
Plus l’on peut répéter, rejouer à l’identique.
Elle devient difficile, la réaction panique…
Tous les actes réflexes ou même irréfléchis,
Ils verront leur parcours lourdement infléchi
Tant nous aurons tendance à les vouloir plus riches.
Il n’est jusqu’à l’artiste qui joue et puis qui triche,
Ornant de gestes neufs ce qu’il a recréé,
Navré de n’être plus celui qui l’a créé.

Riche, trop riche, en fait, est mon vocabulaire
Et je n’écris jamais avec ma seule conscience.
Pardi, c’est l’Inconscient qui possède toute ma science
Et c’est lui, le patron, la puissance tutélaire…
Tournez-vous vers les pages que je lui ai dédiées.
Il fut un temps lointain où je l’ai étudié.
Tirez donc un bon trait sur la conscience active.
Inutile de rêver que je choisisse mes mots !
On les voit apparaître à mon initiative,
Ni voulus, ni choisis, mais mes doigts animaux
Se défoulent en piaffant les touches fortissimo !

Des traits un peu grossiers qui vont former… des seins ?
Etalés sur le mur, érotiques à dessein,
Suivi de nombreux autres, pour former un essaim ?
Si c’était si facile, nous serions tous des saints.
Il n’en est rien — on sait. Un monde nouveau mais sain
Ne sert qu’à faire briller le glaive que j’ai déceint.

Devinez ce que j’ai voulu représenter !
En mes neurones secrets, les idées sont brouillées.
Si vous suivez à pied mes chemins enchantés,
Si vous foulez le sol que mes larmes ont mouillé,
Il vous viendra sans doute les mêmes regrets que moi,
Noyés des mêmes douleurs, chaque jour, chaque mois…

Danser sur des images, comme si c’étaient des mots…
Ecraser du pigment, comme on fait des émaux…
Salir un blanc vélin avec ses traces de doigts
Souillés de sang séché, léchés comme il se doit…
Il m’en faudra du temps pour enfin renoncer,
Ne plus chercher en vain à vouloir dénoncer…

Dénoncer qui ou quoi, en haut et puis en bas,
Essayer de montrer ce qui se terre là-bas,
Sous les piles bien rangées de billets bien chiffrés,
Si riches en silences que nul n’a déchiffrés…
Il ne m’appartient pas de crier vers les sourds,
Ni de vous révéler les endroits où l’eau sourd…

Donc, je me lave les mains à l’eau originelle.
Elle est pure et si bonne, coulant sur mes prunelles,
Si près des rites anciens, elle est existentielle.
Souffrez que je vous souffle une chose essentielle :
Il faut que vous sachiez qu’elle est notre nature,
Notre nous véritable, qui peine et qui rature…

D’eau, nous sommes composés, en grandes proportions,
Et nous la méprisons, dans nos vaines torsions…
Serpents sots qui susurrent ou qui se croient précieux,
Sans savoir qu’ils ne sont que les enfants des cieux,
Issus de ces nuages que l’on nous fait haïr…
Non, laissez-vous guider, submerger, envahir…

Dans vos cellules trop sèches, les eaux vont pénétrer,
Eteindre les foyers de défiance et de haine,
Sillonner votre esprit de cancre ou de lettré…
Sans importance, tout ça, ne prenez pas la peine…
Inutile de vous croire, de vous positionner,
Nous sommes des gouttes d’eau à peine émulsionnée…

Dites donc ! Je me lasse de dessiner ces vers.
En douce, je vais finir par me diriger vers
Sûrement d’autres mots, moins durs à illustrer.
Sachez qu’il faut toujours que mes rimes bien lustrées
Interminablement se succèdent à la chaîne,
Nouées les unes aux autres, comme les glands sur le chêne !

Donc, je vais bien trouver d’autres sujets à dire,
Essayer d’oublier ces dessins, les maudire,
Sachant qu’ils n’étaient pas au plus près de leur sens.
Si vous pouviez parler et atteindre mes sens,
Il y aurait une chance de bien collaborer…
N’en rêvons pas ! Je meurs, chaque jour un peu plus,
Noyé dans les vapeurs d’une vie abhorrée
Et je ne réponds rien au moindre stimulus…

Des larmes de croco, quand je me porte bien,
Et un silence pesant, quand la souffrance est là.
Si je suis trop bavard, ennuyeux, je deviens,
Si bien qu’au bout du compte, mon bon lecteur est las…
Il ne m’en faut pas plus pour terminer ce tas.
Nous dirions, au Japon : "Dja nez" ou "Dja mata"…

Dans mon dos, dans ma nuque, elle est une habitude.
On n’y prête plus guère qu’une attention distraite.
Un jour, je serai mort, sous quelque latitude,
La belle affaire, c’est vrai, qui vaut que je la traite.
En attendant, souffrir, c’est être bien vivant !
Un jour, je serai mort, cloué sur le divan…
Remarque, je l’oublie, très vite, en écrivant…

Gardons-nous de donner au mot "humanité"
Un peu trop de noblesse, ou c’est pure vanité !
En effet, nous sommes pires que bien des animaux :
Regardez-nous faire tuer nos frères et nos parents
Rien que pour engranger des profits maximaux
Et nos vies sèment la mort sans remords apparents…

Je connais ce mot-là, mais quant à l’éprouver…
On sait que ça existe, on me l’aura prouvé.
Il en est qui en ont, sans qu’on l’ait réprouvé
Et je cherche toujours si je peux en trouver…

Je sais, c’est amusant, ou direz-vous, marrant.
On fait ce que l’on peut, sans désordre effarant.
Il faut tenir son rang, au milieu des varans
Etonnés qu’on soit las de manger du hareng…

Gardez-vous de penser : "Il dit n’importe quoi…"
Ala rigueur, c’est vrai, mais si je restais coit,
Les vers que vous voyez ne seraient pas écrits.
Ils auraient bien moisi ou bien changés en cris,
M’auraient valu l’asile, la camisole chimique
Amoins qu’on m’ait nommé Ministre des mimiques.
Tudieu ! Je le vaux bien, comme le serine la pub…
Il y a tant d’abrutis dans les palais d’Répub’
Alors, pourquoi pas moi ? Je le sais, mais j’adore
Sourire en savourant mon destin que j’abhorre…

Étalez les bons mots et alors vous vaincrez !
Comme vous aurez compris que rien n’est trop sacré,
Reniez les oripeaux et les flacons nacrés !
Inondez de lumière les préjugés ancrés,
Rivés au plus profond des cryptes consacrées,
Et votre récompense ? Vous serez massacrés…

Écœuré du silence, j’aurais voulu crier.
C’est vain. Je n’ai plus rien. J’ai jeté l’encrier.
Rayés, mes vilains mots, salement décriés.
Ignorés, c’est bien ça, va-t’on se récrier.
Rêvant de les voir lus, le soir, à la criée,
Enfant, j’ai dévoré les pierres du sucrier…

Étaler sur l’écran des maux qui s’éparpillent
Coucher sur le clavier des mots pour les pupilles
Raconter des horreurs pour tirer la goupille
Incendier de sa prose sans aucune estampille
Rien que du bavardage, du temps perdu qu’on pille
Et la Mort vient enfin nous trancher les papilles !

Battu, berné, glacé, on en voit la couleur,
La beauté d’un ciel vide, la laideur des douleurs
Et c’est froid, comme les coups, qui vont marquer la peau,
Un souvenir amer, comme le goût des impôts.

En mes yeux refermés, je vois des jours radieux
Simplement apaisés, débarrassés des dieux,
Peuplés de gens heureux, simples et passionnés,
Oeuvrant à l’unisson sans être impressionnés,
Illusionnés, trompés, pour les changer en or,
Rien que des êtres humains qui savent où est le Nord.

Il n’est point de chimère qui ne soit innocente.
Les délires les plus doux ont des ombres qui sentent
L’odeur des pires enfers cachés sous l’encensoir.
Un père fouettard nous guette au matin du grand soir,
Soutenu par les sbires qui vivent de leurs mensonges…
Il n’est aucun bienfait à attendre des songes
Ou vous perdrez le temps que vous alliez passer,
Nanti des faux semblants qu’ils ont bien ressassés…
N’accordez nulle confiance à ceux qui vous promettent
Imperturbablement des séjours qu’ils omettent
Soigneusement de dire que nul n’a jamais vu
Mais, c’est marqué, lisez ! On a bien fou prévu…
Et de bien rire sous cape, quand vous passez la trappe !

Mastiquer dès l’éveil, sans besoin d’avoir faim
Avaler, déglutir, sucer, mâcher sans fin…
Nos estomacs sur pattes ne connaissent nul repos,
Gavés de mille délices, en sachets ou en pots,
Eternels mets sucrés, salés et croustillants,
Rincés de cent boissons aux sucres pétillants…

Pourquoi les faire prier ? Pour supporter leur vie.
Rien n’est plus efficace qu’un croyant bien dressé.
Il croit ce qu’on lui dit, veut bien nous engraisser
Et serrer sa ceinture, en ayant l’air ravi…
Regardez-le se tordre en vaines simagrées
Et succomber heureux, parce que la mort l’agrée !
Si simple à inventer, qu’on ne peut s’en vanter…


Pendant que tant d’humains ont des maisons en planches,
Avec délectation, des grands hommes se gobergent.
Rien n’est trop beau pour eux. On peut dorer les berges
Auxquels sont accostés leurs yachts aux marches blanches !
Donnez-leur toujours plus ! Eh bien ! Ils le prendront,
Ils n’ont jamais assez et jamais ne rendront
Si nul ne les contraint à cesser leur grand train…

Faut-il donc être aveugle pour ignorer ainsi
Ignoblement le sort de nos frères démunis ?
Si la honte ne peut pas, alors prenons la scie,
Caressons leurs oreilles de nos chants réunis,
Agressons leur bonheur de nos cris discordants,
Unis dans la colère qui monte en débordant !
Xénobiotiques immondes, disparaissez du monde !


Mettez dans la misère le plus grand des génies !
Il ne fera plus rien, occupé à survivre.
Si vous plongez des peuples, des pays, des ethnies,
En un sale Moyen Âge où ils ont peine à vivre
Rien d’étonnant qu’on prive ainsi l’humanité
Et de talents certains, et de velléités…

Je suis un escargot, minuscule et bavant,
A peine un centimètre, de l’arrière à l’avant…
C’est en me déplaçant et non pas en lavant
Que je fais ces traînées qui sècheront au vent.
Un jour, je serai grand, ailleurs sur la planète
Et je vivrai bien loin de cet endroit pas net.
Si nul doigt ne m’écrase, je ferai table rase…

Riez de mes doux rêves d’un avenir meilleur,
Avalez goulûment mes vers les plus railleurs,
Fourrez-vous les neurones de mes rimes les plus riches,
Frottez donc vos synapses à mes délires en friche.
Il y a, dans mon sillon, de quoi vous régaler,
Non, c’est n’importe quoi ! Chacun peut m’égaler…


Débrancher mes neurones pour qu’ils restent efficaces
Oublier que je vis, mon futur que je casse,
Rien à faire, il le faut, ou la fatigue menace
Mes heures de vie active, au milieu de la nasse…
Il faut que je m’éteigne, coupant le temps qui passe,
Revenant au matin, jusqu’à ce que je trépasse…

C’est pour sortir du mal que la vie nous inflige…
Rien ne semble possible et tout nous y oblige…
Il faut bien essayer de sortir de l’impasse
Mais la légalité ne nous fait aucune passe
Et donc on en arrive à risquer notre vie
Sans compter celles des autres, dont le destin dévie…

C’est contraint et forcé que l’on s’est décidé…
Retenez donc vos mots sur la belle liberté !
Il n’y a qu’un noir destin, sa bobine dévidée,
Mais l’on veut nous punir en pompeuse fermeté…
Evitez les tracas en élevant les gueux,
Sinon ne pleurez pas, s’il en est des fougueux !

Certes, c’est déplorable, mais qui est responsable ?
Regardez les seigneurs qui n’ont plus des noms nobles :
Ils savent se goberger loin de la terre, du sable,
Mais leur richesse provient du sang des plus ignobles
Et c’est toujours légal ou bien légalisé,
Si bien qu’on les retrouve, traînant à l’Élysée…

Caresser l’espoir fou d’une vie bien meilleure,
Regarder vers le haut, vers l’avant, vers ailleurs,
Inspirer l’air plus pur qui souffle des hauteurs,
Mépriser les larbins qui entraînent le moteur,
Estimer qu’on vaut bien les maîtres du grand jeu,
Sans jamais oublier que nos rêves sont l’enjeu…

C’est marqué dans la loi que c’est mal de voler,
Rien que pour les petits qui voudraient égaler,
Imiter les grands noms du commerce mondial,
Mais ce n’est pas pareil. L’argent, c’est primordial,
Et il faut du commerce pour que le monde fonctionne,
Si bien que c’est normal que les riches nous ponctionnent…

Comment ne pas punir les gueux qui se rebiffent ?
Regardez ces méchants qui voudraient du roastbeef,
Inconsidérément, quand ils sont sans euros !
Mais ce n’est que justice, qu’ils se contentent de miettes,
En partant du principe, qu’ils sont loin des héros
Sérieux et travailleurs, en costumes à paillettes…

Colt en main, on est fort, et on va profiter !
Riez moins, à présent, que vous êtes menacés !
Insultes dans la bouche, on est bien excité,
Mais la gloire sera courte, oui, trop pour s’en lasser…
Elle va, l’adrénaline, nous porter au sommet,
Sachant qu’on va payer pour le mal qu’on commet…

Courez, criez, tombez ! On va vous sacrifier,
Riant des beaux repères auxquels vous vous êtes fiés…
Il manquera des mots pour dire l’horreur du temps
Mais vous participiez aux facteurs rebutants
Et vous en trouviez bien, jusqu’à l’heure fatidique.
Sans doute, votre futur sera plus véridique…

C’est un fauve affamé qu’on avait su lâcher :
Recherchant la vengeance pour son enfance gâchée,
Il trouve la vie d’autrui peu digne de respect
Mais la sienne, on l’a dit, qui s’en était soucié ?
En douceur, on joue bien les apprentis-sorciers
Semant des graines mauvaises qui pourriront la paix…

Comme le sang des pauvres est beau à voir couler,
Rien de bien surprenant à ce qu’ils s’entretuent…
Il faut bien les châtier, ou sinon, c’est foutu !
Maîtrisons les meneurs pour bien les refouler
Et la vie sera belle dans nos bunkers dorés,
Servis par des cerbères, prêts à tout dévorer…

Comment ? Nos pieux mensonges seraient trop élimés ?
Rien n’est vrai dans les mythes dont ils furent abreuvés.
Ils soulèvent leurs paupières devant leurs yeux crevés
Mais ils voudraient nous mordre avec leurs crocs limés !
En riant, je m’étouffe de leur insanité :
Si dérisoires, leurs rêves de belle humanité !

C’est la fin du rouleau pour les papiers bibliques :
Regardez ces banlieues, honte de la République !
Ils ne respectent plus les barrières en papier,
Mettant tout leur orgueil à maudire leurs clapiers,
Et ça finira mal, pour eux, évidemment,
Si l’on doit en venir à agir méchamment…

Ces joyeux Communards, que Versailles exécrait,
Ruisselant de sang rouge, dans les charniers secrets…
Il faudra que l’Histoire se répète à nouveau…
Mais qu’importe, en effet, qu’on sacrifie ces veaux !
Elles ne servent à rien, leurs vies excédentaires ;
Sous la forme d’engrais, c’est bon qu’on les enterre !

Contre toutes les violences, il faudrait qu’on se batte…
Rien n’est pire que l’argent pour ses noirs coups de batte !
Ils vous réduisent à rien, à ne plus exister,
Mais vous respirez bien et donc, pour subsister,
En mouvements sordides, il faudra grenouiller,
Savoir dire aux enfants quelles ordures bien fouiller…

Ces Chinois, qui voudraient qu’on augmente leurs salaires !
Ridicule, si partout on veut gagner sa vie !
Il faut savoir mourir, respirant un sale air,
Maîtriser son besoin de donner son avis
Et les vaches seront grasses dans les verts pâturages,
Sinon, je jette au feu mes actions et j’enrage !

C’est Satan qui m’inspire quand j’ai envie de tuer…
Rien à faire, je résiste, mais j’ai beau m’évertuer,
Il finit par gagner et le sang de couler…
Mais c’est le sang d’autrui, pas le mien, c’est certain,
Et c’est la vie humaine, telle qu’elle doit s’écouler :
Savoir tuer ou mourir, de la main d’un crétin !

Comme on l’aura compris, l’injustice est partout.
Regardez sans rien faire et vous serez volé
Ils vous prendront le peu que vous aviez d’atouts,
Mais c’est le jeu humain, par les dieux survolé,
Et la propriété, c’est du vol qualifié
Si bien que les petits sont toujours sacrifiés…



Comment j’ai commencé à tuer, je me souviens…
C’était une belle voiture écrasée sur un arbre
Rien ne remuait à bord, et même le conducteur…
Il ne pouvait bouger, comme un gros bloc de marbre,
Mais il voulait que j’aille lui chercher un docteur.
Il avait oublié de me dire "s’il te plaît"…
Non, je n’en ai rien dit et je l’ai oublié.
En enfant de sept ans,peu m’importaient ses plaies.
Le pauvre gars est mort sous le grand peuplier…

Curieux, il m’a fallu retourner vers l’enfer.
Rien n’avait évolué. Le lourd silence me plut…
Il m’agrippa le bras —je ne me méfiais plus —
Mais j’étais terrifié et sa poigne de fer…
Inutile de rêver pouvoir s’en arracher !
Nul doute qu’un mauvais ange a mis ce morceau d’verre
Entre mes doigts fébriles et son cou, j’ai haché…
Le gaillard, égorgé, et moi j’étais tout vert.

C’était un méchant gars, un esprit contrefait.
Rien n’apaisait sa soif de tyran du collège !
Il aurait pu longtemps continuer ses méfaits,
Mais j’ai fait mon devoir pour que sa mort allège
Instantanément l’air qui nous environnait…
Nonchalamment assis sur une belle rambarde,
En maladroit, il tombe. La suite, on la connaît :
Le corps bien disloqué, décédé par mégarde…

Comme on s’habitue vite à être différent !
Rien n’a donc transpiré de mes douteux penchants.
Ils étaient grands ou forts, et bien souvent méchants,
Mais j’étais le brebis innocente dans les rangs…
Ils ne se méfiaient pas de la bête en mon sein,
Nourrie du sang humain, à l’appétit féroce.
En silence, j’ai gardé, en petit assassin,
La volonté de tuer… comme un rhinocéros !

C’est quand il est au bord, du trottoir ou du vide…
Remarquez qu’un bon quai fait aussi bien l’affaire !
Il faut une foule dense, anonyme, pour bien faire.
Mais quand il n’y a personne, une paire de carotides
Iront très bien si j’ai un instrument coupant…
Ne me demandez pas si j’ai des préférences !
Evidemment, j’en ai… Mes mains vont dérapant
Le long des corps glacés qui sont mes références…

C’est la faute aux anciens, dont on a conservé,
Hélas, ce qu’ils avaient de plus illuminé !
Alors, prenez un sot et vous l’embobinez,
Racontez-lui qu’Allah, Jésus ou même Yahvé
Le viendront visiter quand il sera martyr !
Il est bon pour l’asile, il est prêt à partir,
Et donnez-lui des armes — actuelles, c’est mieux pour tuer —
Histoire de rassurer ses neurones infatués.
Et la suite est connue, tiens donc, du monde entier,
Bouleversé qu’on tue des humains sans pitié.
Des "zhéros" méprisables, tuant des gens désarmés,
On est heureux qu’ils crèvent ou qu’ils soient enfermés !


Putois dessous les bras et… que dire de l’haleine ?
Une fée monstrueuse, discrète comme une baleine,
Bienveillante, on le croit, se penche sur nos berceaux,
Libérant ses messages, qui viendront se lover
Innombrables en nos crânes, et nos neurones levés,
Convaincus d’être libres, formeront leurs faisceaux.
Ils iront acheter ce qu’on a commandé,
Troupeau joyeux, gourmand et puis bien pommadé…
En haut du précipice, les slogans sont propices.

Parce qu’il faut du fric pour acheter ce jouet,
Un slogan vient à point caresser ton orgueil,
Berçant tes vils neurones de leurs habiles trompe-l’œil…
L’argent, tu vas le mettre et financer ton souhait.
Il sera bien placé, puisque c’est pour du rêve…
C’est si bon de savoir que l’on va être envié,
Irritant et haï, car la vie est si brève !
Tant mieux s’il y a des gueux, puants, déguenillés,
Et leurs regards jaloux sont du miel aux filous.

Parfume-toi, chérie, tu auras l’air d’une star !
Un slogan un peu brut, mais bu comme un nectar…
Balivernes dorées qui font courir les foules,
Leur font ouvrir la bourse pour bien payer leurs courses…
Il suffit d’un bon clip et l’esprit se défoule :
Ciblé, canalisé, obéissant, servile,
Il n’a pas d’autre choix que de passer à l’acte,
Tant il est faible et tant la suggestion habile
Emet des signaux forts avec le bon impact…

Parlez-moi d’amour et de ces belles choses à vendre…
Un jour, mon prince viendra et je vais donc l’attendre.
Bien sûr, je me fais belle en préparant le jour,
Le soir, où il viendra me voir dans mon séjour.
Il aura des cheveux coiffés par Jules Mésange,
Ces aisselles sentiront les fleurs ou Ciel des Anges,
Il sera habillé de blanc, par Garmani,
Tandis que son maintien, exempt de toutes manies,
Evoquera celui du Héros malgré lui…

Pressez bien leurs neurones et les euros en coulent
Un peu plus chaque jour à chaque application !
Banalisés, les ordres, la communication !
Les murs en sont couverts, télés, radios roucoulent…
Il en faut sur les bus, les taxis, les trottoirs,
Comme dans les magazines, qui en vivent, c’est notoire.
Ils en sont recouverts, les joueurs de foot, les stades…
Tous les sportifs en font, sans la moindre incartade
Et les cerveaux dociles consomment en imbéciles.

Punissez-moi ces gueux qui salissent nos supports !*
Une impudence étrange les a saisis, c’est sûr.
Bien fous, il faut qu’ils soient, pour ne pas voir l’apport,
Les bienfaits de nos actes, le bonheur qu’on assure…
Il faut leur faire payer le prix de leur folie,
Calmer une fois pour toutes leurs ardeurs malpolies.
Il pourrait inciter d’autres gens à douter.
Tout le système pourrait se mettre à dégoûter,
Et il faut du pourri, puisque je m’en nourris…
*Hommage aux Déboulonneurs

Poils de jambes et d’aisselles, fuyez, disparaissez !
Une douceur nouvelle viendra vous succéder.
Beauté, quand tu nous tiens, tu nous trouves empressées.
Les corps doivent être beaux, il faut le concéder.
Il faut souffrir, payer son tribut aux produits
Conçus pour nous aider, en supports qu’on enduit,
Insignifiants objets de toutes les attentions
Tant que nous sommes capables de payer les cautions,
En bons petits moutons, qui jamais ne doutons…

Parce que je veux y croire, je serai convaincu.
Une fable est chantée et je suis enchanté !
Benêt qui veut qu’on mente pour être mieux vaincu,
La liberté n’est choix qu’entre deux précipices.
Il me faudra tomber d’accord sur les épices
Car l’on va me manger, et je suis consentant !
Insupportable idiot qui est toujours content
Tandis que l’on n’arrête jamais de m’exploiter,
Et le ciel dans la mort, on me fait miroiter…

Partout, c’est la folie des produits qu’on nous vante !
Un argent indécent sert à doper les ventes,
Bernant les beaux esprits qui croient au libre-arbitre.
Les mots très astucieux ou les ficelles grossières
Interviennent nuit et jour comme sur un pupitre,
Commandant nos neurones pour qu’ils chassent les poussières,
Instrumentalisés pour penser par logos,
Transformés en groupies, en fans et en gogos,
Et leur apostolat nous rendra chocolat…

Pourquoi lutter ? C’est mort. On ne pourra gagner…
Un vent de noire folie va remplir nos paniers
Berçant nos cervelles creuses de désirs, d’illusions…
Les ordres sont discrets, on joue par allusions.
Il ne faut pas faire fuir le dindon de la farce.
C’est que, s’il s’enfuyait, sur la Lune ou sur Mars,
Il faudrait à nouveau implanter des panneaux
Tandis que sur la Terre, sans être parano,
Eh bien, ils sont partout, et dans les crânes surtout.
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Pourquoi consommer moins quand on peut davantage ?
Un coupon, une ristourne et combien d’avantages
Balaieront vos scrupules et rempliront nos poches ?
Les euros mérités, par millions, qu’on empoche,
Ils sont le carburant du commerce mondial.
C’est le sang de la Terre et la pub est sa voix.
Il est bon qu’elle soit douce, avec un ton cordial.
Toujours il faut qu’en bien, tous les clients nous voient,
Et que nos bonnes affaires compensent un peu l’enfer !

Prisonnier du clavier, je vomis sur les marques,
Un peu comme des harpies, ou bien alors des Parques,
Buvant notre sang frais, sans que l’on s’en effraie…
La logique du discours, c’est flatter les plaisirs,
Incarner des espoirs, fabriquer des désirs…
Comme c’est insultant de penser que ça marche !
Il en faut, des zombies, à l’incertaine démarche,
Tendant leurs bras stupides vers les produits rangés,
Etiquetés, codés, et fiers d’être mangés…

Plus blanc, tu laveras. Plus noir, le chocolat !
Un parfum de bonheur envahira ton linge…
Bien sûr, ta peau sera dorée si tes méninges
Laissent bien pénétrer les inepties-cola,
Injonctions sur les murs, dans les journaux, les spots…
Cerné et imprégné des messages du despote
Il n’est plus temps de croire à l’odieuse liberté !
Tu obéis, c’est doux, tu oublies ta fierté :
En fermant bien les yeux, tu pourras voir les dieux !

Partout où nos regards aimeraient se poser,
Une réclame est là. Elle nous est imposée.
Balayé, le sapiens ! Voici "consommatus" !
La différence est grande, il y a même un hiatus…
Il obéit aux ordres, qu’on lui donne, qu’on lui glisse.
Carrément, il les aime, les suce comme la réglisse.
Il faut dire que c’est fait pour être digéré :
Tendrement mijotés, les spots vont suggérer,
En fait, un mode de vie, plutôt, un monde d’envies…

Pleine page de magazine, ou bien même double page…
Une quatrième de couv’, ou même la couverture !
Bien obligée de suivre, la presse, son équipage,
Les annonceurs le savent, le disent sans fioritures :
Il leur faut de la pub et c’est obsessionnel !
Ce n’est pas étonnant si ces gros catalogues —
Il s’agit des revues— ont un rédactionnel
Truffé de pub cachée dans leurs niais apologues…
Et les plus beaux mirages font les meilleurs tirages !
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Posons donc le regard un peu autour de nous…
Un objet familier frappé du bon logo,
Boîte de nourriture et ses textes légaux,
Las ! On y trouve aussi… Mon estomac se noue…
Injonctions à toujours consommer la bonne marque,
Car elle est bien la seule avec ce personnage…
Il est pour les enfants, qui, bien sûr, le remarquent.
Touchés qu’on les appelle et comblés par l’hommage,
En bons petits soldats, ils voudront ce soda !

Pouët ! Pouët ! Mon camembert est le meilleur du monde !
Un mensonge un peu gros, mais si l’on vous inonde,
Bêtas comme vous l’êtes, vous irez l’acheter.
Le goût est différent ? Il est plus naturel !
Il est fou, l’affreux loup ? Mais, oui, c’est culturel !
C’est vrai qu’on a le choix, mais le fleuret moucheté
Irrite assez nos crânes pour en chasser l’esprit…
Tant pis si le critère final reste le prix
Et si nous dépensons nos vies pour leurs chansons !

Parce qu’il est plus doux pour votre chevelure,
Un shampoing au pétrole sera plus indiqué…
Bilan osseux en main, ce produit compliqué
Libèrera ses ions, sous la peau, la pelure,
Irriguant de bienfaits vos cellules desséchées.
Ce n’est pas difficile : c’est un message léché,
Inscrit sur l’emballage, comme dans le spot télé :
ToniYoung vous rend jeune, bien mieux qu’avec un jeûne !
Et… si tu n’en prends pas, ton destin est scellé !

Perdu sans ma Rolex, qui me donne mes pouvoirs,
Un instant, j’avais cru avoir raté ma vie,
Bouleversé, hagard, bien près de m’émouvoir,
Les neurones dilatés de peur qu’on ait ravi
Illégalement le bel objet suisse horloger !
C’est donc dans les toilettes que je fus soulagé :
Il gisait par le fond, le scintillant gadget…
Tant pis, elle est étanche ! (…) J’ai les moyens… je jette ?
Et la servante qui passe… Voilà qu’elle tire la chasse !

Passons une nouvelle couche, pour mieux doper les ventes !
Un slogan plus cynique, il faut que l’on invente…
Blasés par le dernier, les clients le réclament.
Les mots doivent être courts. Il faut qu’on le déclame…
Il faut que notre spot déclenche l’hilarité :
C’est l’atout de la marque, particularité
Intimement liée dans l’esprit du public…
Trouvez un humoriste, qu’il nous trouve une réplique
Enveloppée de fiel pour vendre notre miel !
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Poussez sur le bouton, et l’Euro va sortir !
Un slogan astucieux, qu’il faudra amortir,
Balancé en radio, en spots un peu idiots…
Les magazines aussi, il faudra arroser,
Inondant les esprits aux neurones nécrosés.
C’est un plaisir de voir, combien manipulés,
Ils vont redemander nos slogans éculés,
Trépignant du bonheur de réciter en chœur
Et chantant la folie si bien apprise par cœur !

Plus belles seront nos vies quand toutes nos envies
Un peu mieux amorties par les nouveaux produits
Boiront le fier nectar dont les rayons enduits
Libèrent l’arôme fétide dans nos gosiers repus.
Ils nous ont bien caché au fond des cœurs leur pus,
Calculant toujours mieux nos rêves les plus secrets,
Incitant à l’achat, par les désirs qu’ils créent,
Trempant leurs noires mouillettes au hasard de nos plaies,
Excellant à toujours montrer ce qui nous plaît…

Pardonnez-moi la bile qui me monte à la bouche !
Un peu plus chaque jour, je déteste l’insulte,
Balayant du regard ces produits qui exultent,
Libérant leur poison, comme un nuage de mouches…
Ils sont sur les trottoirs et sur les abribus,
Comme sur les quais des gares, sur les taxis, les bus…
Ils remplissent les journaux, les radios, les télés,
Trônant aux meilleurs places en pourrisseurs zélés,
Et leur folie s’étend à un rythme inquiétant.

Petit bandeau en haut, en bas, sur le côté,
Une quatrième de couv’ qui vient au débotté,
Bien sûr, c’est une grande marque, un produit bien coté.
La lecture est polluée et, gâchée, la beauté.
Il faut savoir ce qui doit vraiment importer.
C’est l’argent, le commerce, qui devraient l’emporter.
Il faut, à consommer, toujours nous exhorter :
Tant pis si l’illusion de notre liberté
Est un peu écornée, et fi de la fierté !

Putrides images glacées qu’on nous fait avaler,
Une odeur de poubelles envahit la vallée.
Balayez-les des mains, elles reviendront demain.
La boîte aux lettres est pleine de ces papiers douteux…
Il n’est pas nécessaire qu’ils soient vraiment goûteux,
Car si vous l’avez vu déjà auparavant,
Il suffit d’un regard pour que l’effet lavant
Te lessive le cerveau et te pousse à l’achat,
Et tu bouffes les croquettes, si tu n’as plus le chat !
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Pourrissez-moi les yeux sur les murs, les journaux !
Une oreille après l’autre, bouchez-moi ces fourneaux !
Bêlées à la radio, les pubs abrutissantes
Liquéfient la Raison, folies envahissantes !
Il en faut toujours plus pour nourrir le système
Commercial où les gens ne sont que des items,
Insignifiants objets de toutes les convoitises,
Tripotés, torturés, par d’incessantes sottises,
Et la cupidité est le feu qu’ils attisent…

Prunelles écartelées par les affiches géantes,
Une envie d’acheter monte en nous, et, béante,
Bave sur les désirs que nous pouvions avoir…
La joie anticipée de posséder l’objet
Inonde notre esprit, comme de l’eau au lavoir.
C’est magique et l’on jouit, sans penser au budget…
Il est doux de rêver au futur merveilleux
Tenant entre nos mains ce beau jouet dispendieux,
Et tant pis si l’on meurt pour gâter nos humeurs !

Pour rentabiliser les cerveaux disponibles,
Un bon publicitaire doit sur les emballages
Bien montrer les produits qui sont pour notre cible.
La présence sur la table est un double avantage.
Il faudrait faire parler le carton, le blister :
Cette puce chanterait sa pub dans les waters
Illuminant les lieux de sa voix mélodieuse.
Tandis qu’à la poubelle, les emballages entre eux
Echangeraient leurs cris, en un mélange heureux…

Parce que le beau chien du gentil chocolat,
Un cocker ravissant aux couleurs de cola,
Bavarde gentiment sur l’écran de télé,
Les enfants vont vouloir, consommateurs zélés,
Ingérer le produit, qui semblent délicieux.
Comme il est fabriqué sur la lune, dans les cieux,
Il est bien sûr meilleur que celui du placard…
Tu peux donc le jeter, ce chocolat tocard,
Et courir acheter celui qui vaut l’Oscar !

Proposez de bonnes frites à des jeunes d’aujourd’hui,
Un emballage MacBo les rendra bien meilleures,
Bien supérieures à celles qu’ils croient venues d’ailleurs…
Les pubs ont bien lavé et les neurones enduits
Influencent le bon goût de manière si feutrée…
Comme de vrais automates — ne sois donc pas outré ! —,
Ils obéissent aux ordres, dont on les a baignés…
Tu peux te redresser et chercher à le nier,
Elle est faussée, ta vie, et biaisés tes avis !
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Pieds nus dans mes chaussettes Hugo Boss (j’y ai droit),
Une paire de Weston et un slip Armani,
Bien sûr, un pantalon signé Jean-Claude Jitrois,
La chemise est en soie, c’est une de mes manies,
Il faut ça, ou alors un polo Ralph Lauren…
C’est fini les cravates ! Un bon foulard Hermès,
Il ne m’en faut pas plus pour réciter ma messe…
Tant mieux si mes deux mains sont agrippées aux rênes
Et si, bien déguisé, je suis marchandisé !

Plus invasives encore, les réclames qui défilent !
Un peu plus chaque nuit, sur panneaux déroulants,
Brillant sur des écrans LCD roucoulant,
L’obscurité n’est plus qu’un rêve de nécrophile.
Il faut qu’à chaque endroit que nos yeux vont couvrir,
Ces panneaux nous imposent leur spectacle indécent.
Il en va de l’Argent, chaque jour plus puissant,
Tordant sa gueule immonde, qu’il ne sait bien qu’ouvrir
Et qui sert à bouffer les humains étouffés…



Dans chaque homme identique se cache un inutile.
Ils sont pareils, alors ? Les redondances futiles
Font que l’on pourra tuer sans perte de valeur
Force chair à canon sans crier au malheur !
En bêlant tous ensemble leurs ridicules cantiques,
Rien ne sert d’en garder autant puisqu’identiques…
Eh bien, donc, c’est tant mieux, s’il s’en gaspille autant !
Nous nous porterons bien. Ils n’ont rien d’important :
Ce sont bien tous les mêmes, dupliqués mais contents,
Et haineux de tous ceux qui sont déconcertants :
Si ton esprit diffère, tu iras en Enfer…

Dissolvez vos esprits dans la soupe uniforme !
Imbibez vos neurones du jus des fruits difformes
Finement cultivés depuis des millénaires !
Fidèlement conduit à l’autel dès l’enfance,
En mouton bien dressé, dieux et rois tu vénères.
Rien n’est pire, à tes yeux, que celui qui t’offense
En osant afficher, sans aucune déférence,
Narquois, son goût pervers pour d’autres références.
C’est un crime de penser autrement que tes pères
Et de montrer ainsi que tous tes beaux repères
Sont des récitatifs au bon goût relatif…

Dans le spectacle haineux de ceux qui se ressemblent,
Il me vient le courage de vouloir différer.
Finalement, ces pions aux esprits enferrés
Fonctionnent en troupeau, heureux quand ils s’assemblent,
Et leur proximité, leur chaleur, les rassurent,
Radieux moutons humains, aux neurones qui susurent
En concert les sottises qu’ils ont appris très tôt.
Non seulement on a profité de leur âge,
Cernant leurs frais neurones dans un sinistre étau,
En plus, ils font pareil : sur leurs enfants la rage
Se répand à son tour, à la joie des vautours…

Donnez-nous des soldats, des pions interchangeables !
Il faut qu’ils soient pareils dans leurs têtes façonnées,
Formées par les prières, les sermons bien sonnés,
Formatées dès l’enfance à gober l’immangeable…
Encéphales identiques aux pensées programmées,
Roucoulez de concert les haines si dommageables,
Enfermés dans des murs austères monogrammés !
Noyez dans vos délires les cris des affligés
Car ils sont autrement et leurs vies négligées
Emettent des odeurs qui sont pestilentielles,
Si bien qu’ils pourriront dans un enfer sans ciel…

Des paroles répétées, gravées dans les neurones,
Il en faut pour créer des soldats à la chaîne…
Faut-il des paysans, des cibles pour nos drones ?
Fourrez les jeunes cervelles de vérités en chêne,
Evitez-leur la peine de chercher des réponses,
Ravis des solutions qu’au crâne on leur enfonce !
En fidèles dupliqués, ils voudraient que le monde
Ne comporte personne qui ne soit autrement,
Car l’Autre est un maudit, un fils de bête immonde,
Et son regard abject, qui vous fixe âprement,
Suffit à démontrer qu’il souille notre contrée…

Debout au garde-à-vous depuis leur plus jeune âge,
Ils ont appris par cœur les vertus du clonage,
Fiers de bien ressembler à leurs aïeux siamois,
Fidèles au seul vrai dieu, celui qui est à moi…
Ecoutez leur credo, toujours ressuscité !
Rien ne vaut le bon temps des vieilles atrocités
Et des joyeux bûchers qui savaient purifier
Nos vilains ennemis aux visages tuméfiés !
Comment imaginer un avenir meilleur
Enrichi en idées nouvelles venues d’ailleurs,
Sorties de jeunes cerveaux qui sont aussi rivaux ?

Des clones qui nous font rire en parlant de nature !
Ils ont été donnés aux bons dieux en pâture,
Fiers comme des bars-tabacs de croire ce qu’on leur dit,
Féroces avec tous ceux qui voient leur comédie,
Enervés de penser qu’ils ne sont pas uniques,
Refusant d’accepter de changer leurs tuniques
Et gardant pour toujours leurs oripeaux mentaux…
N’allez pas regarder l’envers de leurs manteaux,
Car ils cachent bien leur jeu, en bons occidentaux,
Et sous la rectitude de leurs fondamentaux,
Se terrent les turpitudes de sombres parentaux…

Dans les rues, on défile au nom de la nature.
Il s’agit de la bonne, la vraie, bien comme il faut…
Foin de celle des sauvages, que l’on donne en pâture,
Finauds, aux compagnies dont les serres de gerfauts
Enlèveront la chair qui reste sur leurs os…
Regardez-les prier pour que la mort ne soit
En rien la fin du jeu, sur des coussins de soie !
Nigauds qui se permettent d’offrir des noms d’oiseaux,
Ciblant les malheureux qui n’ont pas leurs chimères
En références sacrées, dès le sein de leur mère !
Si tout était comme eux, comme le monde serait… meuh !

C’est la loi du marché : marcher sur le prochain,
Harponner, grappiller, usurper… c’est moche, hein ?
Avec délectation, on empile les lingots,
Caressant de la soie pendant que les gogos,
Urinant dans leur crasse, s’échinent pour des centimes…
Navrant quand on y pense, alors la charité

Pourvoie au nécessaire besoin que l’on s’estime…
Oh ! Le doux sentiment de générosité…
Une bouffée d’air fier vient gonfler nos poumons,
Reniflant l’air fétide de ces pauvres à genoux,

Souhaitons-leur paradis, anges, saints ou démons,
Afin qu’ils puissent dormir en se passant de nous…

Gardons-nous d’en faire trop pour briser l’équilibre !
Une telle perfection sur tant de millénaires…
En vain chercherions-nous à nous rendre moins libres !
Une chaîne bien dorée, si belle qu’on la vénère,
Laissons-la réguler les tensions du marché
Et tant pis, si vos vies méritent d’être gâchées…

Si tu en as besoin, je te le vends plus cher,
Parce que c’est la loi de l’offre et la demande.
En veux-tu ? En voilà ! Passe-moi ta commande !
Ce sera un plaisir de monter les enchères.
Un besoin bien pressant, c’est toujours plus juteux !
Le pays misérable, le commerce douteux,
Après tout, peu importe, si l’or vient trébuchant,
Tout est bon pour bâtir des châteaux au Maroc !
Il ne faut pas nous voir comme de simples méchants.
On est humain, on aime les fioritures baroques !
Ne gâchez pas nos fêtes en nous parlant misère,
Sinon vous pourriez voir gronder nos bulldozers…



Rien que pour justifier les haines et les tueries,
Et pour mieux supporter l’absurdité des vies
Là où les hiérarchies comptent tant d’ahuris,
Il faut de la logique, des miracles à l’envi…
Gardons notre misère, il y a le paradis !
Il faut bien obéir, donner jusqu’aux radis…
On remercie le prêtre, le bon ordre établi,
Nos doigts collés de sang, courbés sur l’établi.
Si le temple est doré, nous allons adorer !

Partout je cherche en vain le morceau qui me manque,
Un dernier bout du jeu que tous mes jours assemblent.
Zygomatiques en berne, j’ignore où il se planque,
Zéro indice pour guide, tous les coins se ressemblent.
Le meilleur, c’est qu’il est peut-être sous vos pieds
Et je perds tout mon temps à noircir du papier...

Faut-il donc être fou pour croire que l’on est libre !
Aveugle en tous les cas, assoiffé d’équilibre,
Taraudé du désir d’échapper au réel,
Affamé du plaisir de se rêver rebelle,
Les raisons ne manquent pas pour nous manipuler,
Ignorants fats qui croient génial de hululer
Tant nos neurones sont sourds aux courants qui les bercent,
Étourdis, car l’orgueil, jusqu’à la mort, nous berce…

À quoi bon le bramer ? Je le vis gentiment.
Mes mots sont peu de chose près de ce sentiment.
On peut tresser des fleurs et s’en gargariser.
Un frôlement de main peut aussi bien griser.
Réjouissons-nous du moi qui s’oublie dans l’émoi !

Eh ! Moi ! Et, moi… Émois. La leçon est apprise.
Gavés de l’importance que l’on nous attribue,
On comprend que le monde, auquel on contribue,
Illumine nos yeux… et nos mains, dont la prise
Serre le cou du réel pour nous l’approprier.
Mains jointes, on est très bien, pour se mettre à prier,
En direction du dieu, qui nous aide de son mieux…

J’avais un frère jumeau. Eh bien ! Je l’ai mangé.
Un aveu aussi gros… Faut être dérangé !
Mais non, c’était pour rire ! Je l’ai donc étranglé…
Et vous trouvez ça drôle ? Mais il faut vous sangler !
Allez ! J’étais tout seul dans le sein maternel.
Un jour, j’y reviendrai. On n’est pas éternel…

Merci bien d’apprécier les maux que je décris
Et les travers humains aussi que je décrie,
Répandus dans des vers, qui ressemblent à des cris.
C’est bien s’ils me survivent, tous ces mots que j’écris…
Ils sont bien plus vivants que ceux qui se récrient !


AU NOM D’ACHMET

Une poignée d’acrostiches publiés sous le pseudonyme d’Achmet

Avec une langue commune, on pourrait espérer
Communiquer un peu, échanger des idées,
Harmoniser les liens qui pourraient prospérer…
Mes vers seraient utiles s’ils pouvaient nous guider,
En nous faisant glisser vers une fraternité,
Tant nous sommes tous pareils dans notre humanité.

Agir comme si des yeux attendaient mes ratures,
Comme si mes pauvres mots, trempés dans le malheur,
Hébergeaient du génie ou une moindre valeur…
Mais l’argent d’éditeurs fait la littérature :
En leur gai marketing, mes vers sont repoussants.
Tant mieux si mes bons maux trouvent quelques rires gloussants !

C’est un plaisir d’enfant que j’ai toujours gardé.
Honte à moi à présent que je sais que les gens
Ont tendance à souffrir quand on veut regarder
Quel sens ont leurs idées, même en les ménageant !
Une envie de railler me monte à la cervelle
Et pour lui résister, seule une idée nouvelle
Réussit à chasser ce tic et l’effacer.

Regardez-vous tiquer en découvrant mon nom !
Ah ! Mais non… Point du tout. Pas de ça, vers chez nous…
C’est forcé. Rien à faire… Vos estomacs se nouent.
Ils n’ont pas pu choisir leur place au Parthénon.
S’il y a des différences, c’est que Dieu l’a voulu,
Mais, donc, tant pis pour vous, si vous êtes moulu
Et si votre couleur fait toute votre douleur…

Ah ! La mauvaise idée d’être né dans la brousse !
Faut-il être distrait pour en ces pays chauds
Rechercher l’existence alors qu’on vous détrousse,
Irrésistiblement, remplissant les cachots,
Quitte à vous faire couper les doigts à la machette…
Un beau blanc en costard, avec boutons d’manchettes,
Et l’or dans son sillage fait écho aux pillages…

Grattons un peu la terre, pour voir ce qu’elle nous cache.
En creusant plus profond que pour une simple tombe,
On peut parfois trouver des fossiles ou des bombes.
Les glorieuses guerres gravées dans nos passés sans taches
Ont laissé souvenirs et beaux grands champs de croix.
Généreuses en matière, bien plus qu’on ne le croit,
Il faudrait des années pour n’en plus voir de traces,
Et prions pour demain, que l’on s’en débarrasse.

Envoie-moi vite un chèque et tu auras le mien.
Si ma banque met du temps, c’est normal, sois patient !
Comme je suis vice-ministre, je suis riche et c’est bien…
Regarde bien tes mails : très bientôt l’or brillant
Ornera tous tes doigts et tu seras très fier,
C’est sûr, de m’embrasser et de me dire "Mon frère !"…

Force est de constater que l’on n’existe pas
Amoins de refuser le rôle d’intermédiaire.
Il ne me suffit pas d’être un simple papa
Réduit à répéter les poussiéreux bréviaires
Et vouloir innover, c’est un monde rénové.

" Fais-toi bien inférieure, ça nous fera plaisir !"
En te rapetissant, on se sent donc plus grand,
Mais on perd en échange une égale en désir.
Minées par les devoirs qui vont, te dénigrant,
En fantôme d’humain tu traverses nos vies…
Sachons te rendre enfin la place qu’on t’a ravie !

Marcher sur la cervelle du voisin de palier,
Ou s’appuyer un peu sur l’ami fou à lier,
Nous ne manquerons pas de moyens pour gravir
Tous les noirs échelons qui mènent à l’enfer.
En vrai, on ne sait pas que ces marches en fer
Rapprochent le moment de nous bien asservir…

Elle est belle, la vue, que l’on a de là-haut…
Nous l’espérons, du moins, car les toits, en travaux,

Habilement se cachent sous de beaux oripeaux…
Alors ça fait rêver, le quidam, le prolo…
Un beau rêve, pas gratuit, car lorgnant le gros lot,
Tu serais prêt à tuer ou à laisser ta peau…

Vous êtes bien orgueilleux de croire que vous savez
Et que vous détenez ce que les autres ignorent !
Rire des sottises enflées dans vos neurones gravées,
Il n’est rien de plus sain, et l’humain s’améliore
Tandis qu’il se détache des tumeurs du passé,
Évitant de piocher dans les ruines entassées…
Saluons les efforts des méfiants esprits forts !

En nos crânes la cervelle est un meuble qui ferme.
Tout notre esprit se tient dans mille et un tiroirs.
Ils sont, à l’intérieur, tapissés de miroirs
Qui multiplient l’éclat des joyaux qu’ils renferment.
Un mot sur la poignée décrit le contenu
Et nous rangeons nos biens dans les tiroirs prévus.
Tout doit être compris. Les idées saugrenues
Tombent dans une trappe, où elles ne sont plus vues.
Elles ne dérangent plus, de longtemps, nos esprits,
Soulageant notre moi du doute ou du mépris.

Défends-moi du réel, des soucis, des ennuis !
Installe-toi, l’amie, qui fait passer la nuit.
Sans ton soutien amène, je serais mort cent fois,
Troué de soixantes balles tirées par la police !
Redoutant de subir toute une vie sans foi,
Ala fin, j’aurais bien exposé ma peau lisse
Contre leurs noirs fusils, pour m’être révolté.
Tentant de refuser la vie que l’on m’a faite,
Il n’y aurait pas la fuite, je serais survolté.
Oubliant que la vie est bien moins que parfaite,
Nous vivrons donc plus vieux, mais avec d’autres yeux.

Mettre la honte au front de ceux qui le méritent…
Ecarte-toi, pouilleux ! Ta misère, qui m’irrite,
Parce qu’elle est le fruit d’un système oppressant,
Retire de ton fardeau la culpabilité.
Il en faut des "derniers", beaucoup, on le pressent,
Simples laissés-pour-compte de nos facilités…
En nos lointains châteaux, nous, gentils damoiseaux
Regardons volontiers tournoyer nos oiseaux.

Elles sont toujours nombreuses, les belles candidatures…
Les places sont bonnes à prendre, à garder, en famille,
Et ce n’est pas étrange, les ambitions fourmillent…
C’est un juteux fromage qu’on leur donne en pâture.
Tous leurs bras sont tendus vers le munster crémeux :
Ils savent trouver le verbe qui réjouit, qui émeut,
Ou qui fait dire aux gens "C’est comme je dis toujours".
N’allez pas au marché, car leurs gluants bonjours
Sauront laver votre âme, léchée jusqu’à la trame…

C’est une tache, ma fille, là, sur le chemisier !
Alors, faites attention, quand vous faites le lisier !
Maintenant, c’est fichu. Quand on pense à son prix…
Bien sûr, peu vous importe ! Vous n’avez pas compris.
On devrait chaque fois retenir sur vos gages
Une moitié du coût du tissu qui dégage.
Il faut faire attention. Ma patience est à bout.
Si bouchée qu’elle ignore que l’argent est tabou !

Avec une tronçonneuse, j’ai découpé un chat,
Réparti les morceaux dans un bain de plastique.
Tandis qu’ils pourrissaient, j’ai fait d’autres achats,
Installé un plongeoir pour saut à l’élastique,
Sur lequel j’ai fixé des oiseaux attachés.
Très vite devenus fous, je les ai écrasés,
Et j’ai récupéré le tissu tout taché,
Recouvert par les poils d’un chien que j’ai rasé.
Il est dans un musée, mon chef-d’œuvre immortel
Et c’est du pur génie que mes neurones martèlent.

Souris, beau dictateur, pour le portrait flatteur !
Ya-t-il plus commode que de tuer des enfants ?
Regardez-le qui passe un peu l’aspirateur…
Il a encore l’espoir de finir triomphant
Et il tue les moutons qui lui donnent des boutons !

Crevez donc, sales bestioles qui croisez mon chemin !
Herbivores, carnivores, mon courroux très humain
Aura raison de vous, le fusil à la main…
Sur vos poils va couler un joli sang carmin,
Si mes plombs déchiquètent vos chairs après-demain.
Ecrivez mes exploits sur de bons parchemins !
Un jour, ces crimes feront rêver d’autres gamins…
Regrettez, sales bestioles, vos destins inhumains !

Baignant dans les bienfaits du confort d’occident,
Regardez-nous, heureux… de brûler les ressources !
Il ne sert plus à rien de trop montrer les dents.
Décidés à casser la banquise et ses ours,
Gardons-nous des regrets, souvent pure tradition !
En riant, consommons la planète jusqu’au bout,
Tant pis pour nos enfants qui paieront l’addition !

Kyoto, la pollution, plus rien n’est trop tabou !
YouTube, merci beaucoup, pour montrer Laure Noualhat.
On a plaisir à voir sa minute écolo.
Tout y est très sérieux, grinçant et rigolo…
On est vraiment content qu’Eric La Blanche soit là !

C’est vrai qu’il en est mort des milliers avant-hier,
Acroire qu’ils font la queue pour sauter du tremplin...
Les hommes qui vont mourir et les proches que l’on plaint,
Ce sont des milliers d’âmes dont la journée entière,
Usée par la frayeur, la douleur, le néant,
Lugubrement va fondre jusqu’au soleil couchant.
Amers et les yeux rouges, ils iront, se mouchant,
Tenter de surmonter la peur du trou béant.
Refusant l’injustice, l’absurde de la vie,
Ils pourront protester et donner leur avis,
Sans déranger personne. Tous les hommes sont d’accord.
Tandis que le trou noir attend notre dépouille,
Ensemble nous luttons dans un vain corps à corps,
Sûrs de nous et hostiles, comme d’éternelles fripouilles.

Elle n’a pas eu besoin de disputer aux rats,
Fourchette dans la main, ses repas avariés!
Fille civilisée, jamais elle ne saura
Ecraser la vermine pour faire un plat varié.
Raidie par le dégoût devant une araignée,
Vous la feriez mourir devant un rat saigné,
Etripé et rôti au feu improvisé
Sur un monceau d’ordures du monde civilisé.
Craignez le jour obscur où les nouveaux barbares
Ecœurés de survivre viendront prendre leur part,
Nourrir leurs ventres creux de vos chairs amollies,
Tendre leurs mains avides vers tous vos jouets jolis
Sans voir qu’ils sont vos frères dans leurs moindres folies.

Il est habile, mon verbe, dans ce monde en folie.
Demandez-moi pourquoi il est si démoli…
Il y a mille raisons pour expliquer ces maux :
On les connaît trop bien et en bons animaux,
Continuons à bouffer dans la gamelle en ruine !
Rien ne peut nous choquer tandis que l’on rumine,
Absorbés par les mets que nous avons gobés.
Tout le bateau s’enfonce, comme à la dérobée,
Ignorant les cafards bipèdes qui s’enrichissent,
En négligeant la mort qui, sous leurs pieds, se hisse…

Sur mes mains fatiguées, les cailloux entassés
Invitent au repos mes mots si virulents.
Las du bruit de nos vies, des moteurs hululant,
Entendez-vous les cris des morts qu’on a tassés,
Nettoyés de leurs chairs, de leur mauvaise odeur,
Calmement alignés dans leurs soyeux caveaux,
Emouvants résidus de leurs vies en travaux ?
S’ils ont de l’or aux dents, tant mieux pour les rôdeurs !

Si je préfère marcher sans faire le moindre bruit,
Invoquer les esprits sans déranger autrui,
Lorgner l’humanité avec un œil de truie,
Elle me plaît l’existence qui toujours nous détruit…
N’allez pas en déduire que tout ça est gratuit !
Cependant le repos en tous points me séduit
Et j’aime les coins obscurs de mon sombre réduit…

Parce que le piratage, le Jésus l’inventa :
Il a multiplié les pains et les poissons !
Rien à dire, c’est pour ça qu’on l’a mis en prison…
Avec les boulangers criant à l’attentat,
Tous les bons poissonniers portaient plainte aux licteurs…
Alors quand il osa changer l’évian en vin
Gardez-moi de penser que les viticulteurs
Eurent tôt fait de prêcher sa mort et pas en vain…

Je lis les pires horreurs avec délectation.
On me les réunit en immonde collection,
Uniquement pour me servir de collation.
Regardez-les voler, vice de prédilection…
N’oubliez pas qu’ils tuent, par vengeance, par passion,
Avec n’importe quoi et dans toutes les nations !
Les feuilles rouges, consommez ! Avec modération…

Haches rouillées à souhait sifflant dans la pénombre...
Oeil crevé qui ricane au fond de son orbite
Raillant le médecin qui vient pour la visite:
« Retournez-vous, docteur! Des cadavres sans nombre
En veulent à votre sang et à votre raison.
Une fuite éperdue ne servirait à rien!
Retournez sur la Terre leur dire comme ils sont bien...»

Bondissant sur les flots, ces animaux marins
Auraient pu croire que l’Homme, ce singe adultérin,
Les laisseraient en paix, dans leur royaume salé.
En fait, il n’en est rien, et le tueur est allé
Inventer d’autres crimes, au cœur des océans.
Nourri de son orgueil, posé sur son séant,
En souverain du monde, il a tout massacré.
Sur les os, l’Homme est roi, car la Mort l’a sacré !

Si tu me fuis, ce soir, je saurai me venger.
Oui, et demain matin, je prendrai du café,
Mettant ton existence le soir en grand danger!
Me pardonneras-tu d’avoir encore gaffé
En prenant du thé vert à quatorze heures passées?
Il a besoin de toi, mon corps, s’il veut tracer
Les mots magiques qui font ces vers embarrassés!

Mine de vérités, la télé nous enseigne,
En trichant dans ses films, quels mensonges nous entourent !
Nous savons tous quels sont les “mauvais”, les vautours.
Sadiques et répugnants, nous jouissons quand ils saignent!
Offrant à nos regards tous les défauts des hommes,
Nous nous trouvons près d’eux bien généreux en somme...
Gavés de faux récits, où l’innocent s’échappe,
Elle nous émeut, la fin, quand le héros écharpe
Sans pudeur le bandit, qui meurt dans l’incendie.



Entrez, asseyez-vous ! On va vous formater.
Comprenez qu’on essaye de vous faire partager
Objectifs et pensées comme ont les plus âgés…
Les trous de vos mémoires, on va les colmater
Et vous serez savants, bien plus qu’auparavant !

Elle sert à fabriquer des clones interchangeables.
C’est bien mieux qu’au bistrot et puis c’est sans alcool.
On adore le moment où les bonnes notes décollent,
Lors même qu’il faut souvent user d’un dirigeable
En les tirant si haut qu’on leur prête du brio…

Elle n’en peut plus d’échouer à donner du savoir,
Croulant sous la poussière des siècles révolus…
On ne sait plus écrire, ni lire et même pas voir !
Le "par cœur" est mal vu ; les calculs résolus
Etonnent quand on ignore la calculette, signor !

Ecoutez… Moi, l’école, j’en ai vraiment soupé !
C’est l’ennui des journées dont je me souviens tant…
On peut dire que là-bas, j’ai perdu des printemps !
Le formatage en masse m’a plutôt bien loupé
Et discours lénifiants… vous me verrez méfiant !

Elle est un lieu d’amour si riche en vocations !
Comment pourrais-je le nier ? C’est si beau d’enseigner !
On fait aimer les sciences et les opérations,
La grandeur des batailles, la valeur des saignées,
Et l’on forme des anges pour un meilleur mélange…

Elle voudrait nous faire croire, pour de vrai, au mérite !
Comprenez, dans la vie, on a ce qu’on hérite…
Oui, il en est certains qui rejoignent l’élite,
Là, par cooptation, pas parce qu’on milite !
Exceptions ridicules… et mépris majuscule !
 
Elle pourrait tout changer, mais elle ne le fait pas,
Car sa manière de mal guider nos premiers pas
Organise nos vies pour rester dans l’ornière,
La tranchée du hasard où l’on est né hier…
Elle est donc une gare, où nulle âme ne s’égare.

Elle est le lieu qu’il faut pour flatter les parents
Car leurs enfants profitent de leur statut social
Ou ils bénéficient du mépris bien glacial,
Les pauvres aux dents cariées, au milieu ignorant,
Et puis les mauvaises notes prédiront les menottes…

Elle est bien silencieuse, quand, les élèves partis,
Ces murs ne résonnent plus de leurs folles réparties…
On dirait un tombeau, où le savoir repose.
Les mille et une questions que chaque prof nous pose
Entraîne des silences qui respirent l’abstinence…

Elle est l’outil précieux que critiquent les chacals,
Ceux qui crachent volontiers sur l’action syndicale
Ou tout ce qui permet de sortir du bocal
Les tétards du commun aux destinées bancales
Et les grenouilles hostiles au monde patriarcal…

Elle m’a fait découvrir le plaisir musical,
Comment les mots s’amusent en rondes lexicales,
Ou bien pourquoi tout tombe, bien à la verticale…
La famille est un lieu souvent si amical…
Ecole, ta lame trancha le lien ombilical !

Elle est le lieu propice où les abbés racolent…
Curés, rabbins, imams, partout les mêmes licols :
On nous les met au cou ; pour la vie, ils y collent.
Loués soient tous ces bons dieux, aux mœurs cavernicoles,
Et tant pis si l’on fuit le réel, l’on picole…

Elle ne m’a pas lâché sans laisser des séquelles.
C’est gentil de vouloir me demander lesquelles…
Oui, c’est l’apprentissage des tromperies auxquelles
Les adultes soumis, comme de pauvres teckels,
Ecartèlent leurs neurones pour bien moins qu’un shékel.

Elle est le doux berceau de nos premiers calculs.
Compter, additionner, c’est facile, ridicule…
Ou alors vous vivrez sans luxueux véhicule,
Louant vos bras une misère, creusant des monticules,
Ecrivant des sottises avec des rimes en "cule"…

Elle est le désespoir de tout ceux qu’elle recale,
Ceux qui, leur vie durant, survivront à fond d’cale,
Oublié du progrès, et, dans leurs mains, des cals…
Les malheureux n’ont pas le gène grammatical,
Et leurs meilleurs matières sont les matière fécales.

Elle est l’endroit magique, où nos neurones décollent,
Ce lieu extraordinaire, où crayons, papiers,colle,
Ouvrent la voie à l’art, et, en "géo", les cols
Libèrent nos horizons, mais l’instit et ses colles
Enseignent que la vie est la meilleure école…

Alors qu’il fait si bon à l’étage supérieur,
Voyez qu’ils se disputent aux niveaux inférieurs,
En chiens, les quelques miettes que le système leur laisse !
C’est un art de le faire sans tirer sur leur laisse…

Bercé par les doux chants des paradis aimables,
On parvient à dormir sur les sols les plus durs.
Non, pas de brosse à dent, mais sur la langue du sable…
Honte à toi d’être assis au milieu des ordures !
Elle est longue à venir, la bonne fée de nos fables :
"Une nouvelle vie t’attend et du confort…"
Reprends un peu d’alcool et tant mieux s’il est fort !

Je suis con, tant de moi que de l’autre en dedans,
Et l’Inconscient rigole, caché derrière mes dents !

Aujourd’hui, j’ai osé parler à un monsieur,
Un homme avec un chien, un labrador, je crois…

Sans gêne, le mammifère va crotter sous les cieux
Et c’est au pied d’un arbre qu’il choisit son endroit.
Nonchalamment, ils partent, en laissant l’excrément.
Sur le trottoir, normal, de laisser cet étron ?

Poliment, j’interpelle l’étourdi, près du tronc :
Rien n’est plus ordinaire, habituel, sacrément !
Oui, je suis l’importun, et s’il y a des enfants,
Personne ne les oblige à toucher ce caca !
Regardez-moi ce fou, moraliste étouffant…
Eh ! Va donc ! Emmerdeur, qui fait son délicat !


Revoilà le matin, l’illusion du réveil
Et son cortège de sons, d’images imaginés…
Vous y croyez vraiment ? Votre croyance y veille,
Alors vous mélangez bien l’acquis et l’inné,
Le passé se confond, le présent se morfond…
Il n’y a pas besoin d’yeux pour s’entourer de dieux
Tant notre volonté suffit pour s’aveugler,
Etouffer les cris vains des morts qui ont beuglé…



Il n’est pas de journée sans fait divers abjects,
Ni absence de nouvelles des guerres qui interpellent…
Tous les jours, on en tue, des enfants, à la pelle,
Et si ce n’est par balle, la misère les éjecte,
Retournés au néant d’où ils étaient venus…
Fichus ventres gonflés, de misère malvenue,
En vrai, on ne fait rien pour inverser la donne,
Rivés à nos destins de pions qui abandonnent…
Et aujourd’hui nos yeux sont tournés vers Gueugnon.
N’oublions pas qu’il est deuxième dans la poule B !
C’est le match décisif contre Auxerre et Toullebé,
En leader, nous a dit : "C’est sûr que nous gagnons !"
Si sûr qu’il va marquer au gardien Anarkeh…

Ménages qui ne parviennent plus à payer leur gaz,
En forte augmentation, plus un quart en deux ans !
La précarité frappe et c’est bien déplaisant…
Ancien Valenciennois, le libéro Torghaz
N’a pas perdu son temps pour s’imposer à Lyon !
Génial joueur très technique, il se bat comme un lion
Et promet d’assurer le spectacle en finale…
On imagine qu’il y a une trêve hivernale…
Non. Factures impayées, on vous coupe l’énergie.
S’il reste la radio, le match à la bougie… ?

Tous les jours sans faillir, j’ai mis l’eau à bouillir.
Himalaya, Ceylan, un bol, c’est excellent…
En revanche, le dimanche, la théière est entière.

Voilà l’oubli en verre de nos soucis d’ovins.
Il est le doux breuvage qui rend nos cœurs divins,
Noyant dans ses degrés nos pouvoirs de devins…

Voilà l’oubli en verre de nos soucis d’ovins.
Il est le doux breuvage qui rend nos cœurs divins,
Noyant dans ses degrés nos pouvoirs de devins…


C’est le régime "Ducon" que l’on vous recommande !
On fonce en "torche païenne" : Belle poussière sur la lande !
Nos "Grolex" au poignet, on forme une joyeuse bande.
Ton sac "Hervé est moche" ? Un vrai ? Je me le demande…
Redoutez bien les faux "Grouiton" que l’on marchande !
En Chine ou en Corée, de "Vior" elles sont friandes,
Belles accros au "Chianel", qui font les soldes aux stands…
Aux beaux carrés "Merdès", faits en Nouvelle-Zélande,
Nourris aux "Mardoro", dont les poumons dépendent,
Dans le faux bourg Saint-Tau, nos rêveries se distendent
En une apothéose nourrie de propagande…


Bizarrement, mon nom, c’est Idir Fofana…
Le changer pour un blanc, c’est pour mieux m’intégrer.
Avec mon nouveau nom, je t’ai trompé, bwana !
Non, je suis trop taquin… Quand on est immigré,
C’est mieux de savoir taire ses précieuses différences…
Humainement parlant, on est plutôt pareil
Et donc, tant pis pour moi si ma pénible errance

Ne mène pas aussi vite à une place aux oreilles…
En mon lointain pays, j’avais un bac plus quatre.
Ici, sur les chantiers, on me confie les plâtres…
Gardez-moi du danger de trop bien imiter
Et de juger d’en haut toute l’humanité !


Avant, oui, j’étais là, mais ça n’a pas duré.
Bien du temps a passé, où j’ai bien murmuré,
Saoulant de mes gros maux que j’avais endurés…
Enfin, voici le temps où l’on va m’emmurer,
Nappant mon corps de pierres qui vont se fissurer,
Crevasses par où l’odeur viendra vous assurer :
Eh bien, oui, il est mort, nous voilà rassurés…

François à l’Elysée, ça rappelle quelque chose…
Le rêve d’un monde plus juste, on vient de nous conter.
Alors, on va bien voir si cette métamorphose,
Nourrie sous les slogans, on peut, dessus, compter…
Beau discours d’ouverture, à tendance humaniste,
Y a-t-il un grand mal à lorgner l’organiste ?
(6 mai 2012)

Roucouler du bonheur de se sentir meilleur,
Ivre du chant sacré de notre organe railleur,
Rien n’est plus gratifiant, sinon la mort d’autrui,
Et donc, pas étonnant, s’il blesse ou s’il détruit…

Rien ne sert de rêver que l’on sera un aigle.
Ils vont s’user, nos yeux, à scruter l’horizon,
Mais le temps va passer en se montrant espiègle
Et de nous, la mort seule aura bientôt raison…

Nul doute que nous vivons une époque formidable :
Estomacs épanouis, neurones inoxydables,

Rions de nos bonheurs de vivre en ce confort !
Il ne manque pas de jeux, virtuels ou à ressorts,
Et nos vies trépidantes ignorent le moindre effort.
Non, c’est faux, le matin, de son lit, on se sort,

C’est difficile, bien sûr, mais on en est capable.
Heureusement, après, on peut se reposer…
Alors, si vous venez pour nous indisposer
Nous narrant les histoires de pauvres respectables
Grattant la terre des mains pour en tirer pitance,
Eh bien, nos oreilles lasses joueront la résistance,
Réjouies de suffisance, étanches à vos jactances…

Je suis la fille qui n’a pas d’autre choix pour vivre…
Un moment, viens donc jouir, dans mes bras qui se livrent !
Regarde dans mes yeux, sous l’épais mascara :
Ah oui, c’est vrai, j’oublie… Moi, je suis le Jura…


Nicolas Sarkozy est juif ou musulman
Ou païen, m’a-t-on dit au café du commerce…
Un quidam m’a montré des photos, mais il ment.
Vous croyez ce qu’il dit ? La rumeur est perverse.
Elle se répand en vous et vous la répétez.
Les mots vont s’accrocher dans vos crânes hébétés,
Libérant leur poison sur vos langues enchaînées
Et des oreilles avides seront vite gangrénées,
Si bien que tout est dit, souvent sans nul crédit…

François Hollande est gay, ou peut-être bien fol ?
Ah bon ? J’aurais tout faux… mais Google batifole,
Répandant la nouvelle dont l’internaute raffole.
Il est un peu trop tard et moi, j’en ai ras le bol,
Boudant ces jeux du cirque, qui suintent les paraboles…
On le sait : un bon buzz et les compteurs s’affolent,
Les bonnes publicités sur l’écran caracolent
Et nous inondent l’esprit des produits qui racolent
Si bien qu’on finira par couper nos licols…




Si tu as la beauté, ne crois pas être heureuse !
On verra que les ans ne vont pas t’épargner...
Il y aura un temps où les rides vont gagner,
Sauf si, en crèmes de soin, tu es bien généreuse.

Jeune, tu pourras rester, si tu prends Nivéa
Et encore, dès trente ans, sinon... peau d’hévéa !
"Une femme remarquée, plutôt qu’une femme marquée !"
N’est-ce pas joliment dit, hardiment matraqué ?
Et "Ayez un coup de foudre, plutôt qu’un coup de vieux !"

Elle est jolie, cette phrase, le conseil... judicieux !
Tu en as de la chance qu’on se penche sur ta peau...

Tous ces proverbes fins, pour faire vendre des pots !

Et tant pis pour les vieux, qui en prennent plein la gueule...
S’ils ne sont pas heureux, qu’ils se piquent au botox !

Tu prends la chirurgie : encore une belle intox !
Oh ! Que j’aime ces bons mots que les pubs nous dégueulent,
Inspirant le dégoût et l’espoir de bon goût !


Voyez comme ils sont beaux, tous ces pauvres alignés !
En vrai, on se sent bien et on se sent utile…
Nous donnons à ces gens de notre temps futile
Tandis qu’ils tendent leurs mains de pauvres jardiniers…
En dedans, elle tient chaud, ma générosité !

De la main droite, je donne aux gens mal avisés
Et de la gauche, je prends sur mon compte, à la banque…

Comme mon mari est loin, à délocaliser,
Humblement, je compense les salaires qui leur manquent…
Ah ! On est loin du compte ? Mais c’est bien mieux que rien !
Regardez-les sourire ! J’aime leurs remerciements :
Ils me vont droit au cœur, formant comme un ciment,
Tenant les briques humaines… Tous ces fiers galériens
Éprouvent des sentiments… sans nul ressentiment ?


Alors, là, on peut dire que vous tombez bien mal !
Une conjoncture mauvaise, nous avons traversé…
Gros 4x4 BMW, à puissance nominale
Minimum trois cent dix chevaux à exercer,
Et ma femme a voulu une robe de chez Dior…
N’oubliant pas son père, qui est notre actionnaire,
Tout pour lui faire plaisir, repas discrétionnaires,
Au Ritz, au Grand Véfour… Mon salaire s’améliore
Tandis que vous, pardon, cette année, impossible !
Il faudra que je pense à rester impassible
Ou, si j’éclate de rire, en disant la nouvelle,
Nul ne voudra plus boire mes promesses de pourboire…



Monsieur le Garde des Sots, pardon si je dérange...
Il a le mot "Justice" dans votre ministère :
Nous y voyons mon but, je n’en fais pas mystère.
Il y a bien quelque temps, je suis né, c’est étrange,
Sans cuiller dans la bouche en beau métal doré,
Tandis que mes parents, pauvres gens sans culture,
Essayaient de gagner logis et nourriture...
Rien ne me fut donné : les cafards mordorés
Etaient eux-mêmes prêtés par le propriétaire,

Délicieux philanthrope, qui nous louaient deux pièces,
Et nous nous entassions, à six, dormant par terre...

L’école, j’ai adhéré. En anglais, "oui" c’est "yes" !
Alors que le Français et les Mathématiques,

Je dirais que je sais très bien les mépriser...
Un goût démesuré pour les travaux pratiques
S’est tourné contre moi, et les vitres brisées
Témoignaient des efforts contre la gravité...
Il y a bien les histoires de Géo, mais Mickey,
C’est un peu enfantin, et j’ai dû éviter...
Enfin, la gymnastique, les sciences et le piquet,

On dira que mes gènes n’étaient pas favorables...
Une jolie tournure... que vous apprécierez ?

Droit au but, j’irai donc : Ayant lâché cartable,
En vain, j’ai recherché, en chaussures bien cirées,

Le travail passionnant qui pourrait me nourrir...

Il n’y avait rien pour moi, une paie qui fait sourire,
Ni rien d’intéressant dans les travaux à faire...
Je pouvais balayer, récurer, transporter...
Une fois, j’ai voulu postuler en affaires :
Si vous l’aviez vu rire ! Je me suis emporté...
Tout me ferait penser que je suis un idiot.
Il me semble pourtant qu’à des jeux vidéo,
Surtout les FPS, j’étais dans les meilleurs.
C’était sur la console Sony "tombée d’camion",
Et sur les jeux pirates de Momo l’essayeur...

On n’avait pas d’argent, les jeux que nous aimions,
Nous n’avions pas le choix de les prendre en rayon...

Saturé du ruisseau, monsieur le Garde des Sots,
En bref, j’aurais voulu que, d’un coup de crayon,

La République enfin vienne me dédommager.
En effet, la police, dans sa langue imagée,

Déclara sur mon compte : « À ta prochaine erreur,
En justice, tu iras. L’emploi est garanti,
Mais dans une bonne prison, pour longtemps, ma terreur... »
Alors, de la devise de notre état gentil,
Ni la fraternité, non, ni l’égalité,
De ma vie, je n’ai vu... Ma pauvre liberté,
Enfin, le peu que j’ai... on veut donc m’en priver ?

Belle justice, rétribuant les bons Bernard Tapie,
Iras-tu jusqu’à moi, "Huissier, donc, écrivez !"
Effacer mon ardoise, lingots en thérapie,
Nourri comme un bourgeois, connaître enfin la joie ?

DOUBLES (voire triples) ACROSTICHES

Oser réfléchir trop, se risquer en métro,
Savoir s’alimenter sans promesses éventées,
Escalader des marches pour franchir une autre arche,
Regarder en arrière, ne pas revivre hier...

Pourquoi crier un coup ou, vers les cieux, beaucoup ?
Rien ne sert de vouloir croire qu’au fond du couloir,
Il existe un Esprit susceptible de tri...
Et la Mort, qui nous guette, abattra sa baguette,
Refermant le boulier, cahier ou sablier...
En partant, on n’est plus qu’une créature velue,
Sauf si l’on est imberbe, chauve, parmi les herbes...

La liberté est belle, mais en tour de Babel,
Emergent des idées qui puent l’antiquité.
Sur les êtres fragiles, les bourreaux sont agiles...
Bornez-vous donc aux robes, à la popote, au job !
Il vous faudra, chérie, trouver un bon mari...
Evidemment, ma belle, ne soyez pas rebelle !
Notez qu’hésitation voudra dire vexation...
Nos très chères traditions supposent une punition :
En enfer, bienvenue, pour s’être mal tenue...
Satan attend dedans et ses diables ont des dents...

Avec l’âge, on ira vers des mots qu’on criera,
Bouleversant son pub, scandalisant son club...
C’est tout à fait logique : la vie atteint son pic,
Donc, on reste en suspens, les leurres dont on dépend
Emergent du cauchemar, comme la cane de la mare...
Fi du regret furtif qui nous noie sans motif !
Gavés du vilain gag, on y va de son tag :
Heureuse Elisabeth, je suis né en tébeth !
Il importa qu’on dît avant qu’on fût raidi
Je ne sais quel gâchis qui rima avec J...
Kamikazes en plastique, méchants en tube, en stick,
Lavez la citadelle de son vilain bordel !
Maîtrisons, oui, madame, les seigneurs du hammam !
Nous n’irons plus au fond de la cage du griffon.
On a plus rigolo que de faire du vélo,
Pourtant, c’est écolo, mais pour les gros, c’est trop...
Qu’il faille briser la coque pour faire éclore un coq,
Rien d’extraordinaire, alors, pour changer d’air,
Sachons tuer les passions et les compromissions !
Tant pis si l’on détruit le passé mal construit !
Un avenir qu’on veut, c’est un peu plus qu’un vœu...
Vous rêvez d’une grève, s’étendant jusqu’à Kiev ?
Wow, oui, j’ai écrit "Wow !", c’est ici et c’est "now" ?
Xavier deviendra vieux, dans un monde étant mieux ?
Y a-t-il des habits pour mon cher wallaby ?
Zonez dans les allées et, à vos morts, allez !

Parce qu’on est né plus tôt, on en sait parfois trop...
Alors, dans ce cas-là, mettons-y le hola !
Regardons bien leurs corps en soufflant dans le cor :
En avenir du monde, que le soleil inonde,
Nous devons les voir grands, car ils nous battent d’un cran.
Tout l’avenir est leur, et, pour nous, pas sans heurt,
Sachons donc l’accepter, toutes nos folies domptées...

Boire, c’est souvent si bon, mais faut rester d’aplomb !
Oubliés, les zéros, dans les verres d’apéro...
Il n’y a pas qu’à Paris, qu"on s’amuse, qu’on a ri.
Rouge est le vin ; la mer, son goût, il est amer.
Et puis, si je m’égare, je serai chef de gare !

Tendre l’oreille aux vieux, c’est bien, autant qu’on veut !
Respecter leurs délires, parce que c’est leur désir,
Avouez qu’on en est las, et le monde en est là...
Donnons donc aux enfants un futur qui se prend !
Illuminons leurs vies, de joie, d’espoir ravi !
Tâchons de rendre utiles leurs neurones qu’ils mutilent !
Il faut détruire les scies qui les découpent ici,
Offrir de vrais héros, qui repartent à zéro...
Nous devons nos actions à la grande partition,
Sinon, la vie ne sert qu’à manger des desserts ?

Mordre, c’est bon, mesdames, dans un morceau d’Edam
Avaler ce qu’on a, un melon d’Indiana
Napper l’estomac plaint, jusqu’à ce qu’il soit plein
Goûter les plats par vagues, gonflé comme un airbag
Eructer en bourgeois… d’un foie gras d’oie sans joie
Reprendre du dessert en riant du cancer


Elever, c’est laver ; déjà, être levé
Nourrir leurs ventres ronds de soupe au potiron
Frémir s’ils cassent un œuf sur leur livre tout neuf
Avertir pour le cas où un mauvais caca
Nous donne des soupçons : est-il frais ce poisson?
Toujours pousser Mozart jusqu’au bout de son art,
Sans se décourager parce qu’on devient âgés


Enfant bleu, enfant rose, nés dans un chou, une rose
Niaiseries forcément jusqu’au cœur d’une maman
Faut expliquer Titeuf : À quoi ça sert une meuf?
Avec l’âge, on donna des "Tomtom et Nana"…
Nous n’avons jamais craint les grosses baudruches en crin,
Tant on était conscient de n’pas être omniscient,
Saoulé des sots qui sont si sûrs de leurs chansons




Savamment moulinés, les légumes marinés,
On ajoute aussitôt, comme dans un bon resto,
Une cuillère de saindoux, venu on ne sait d’où,
Pourvu qu’en maestro, on n’en verse pas trop
Et le sel… de Guérande, posé comme une offrande!
S’il vous déplaît, son goût… elle ira aux égoûts!

Rien ne va plus sans dire ce qu’il faut applaudir
Et ce qu’il faut proscrire, empêcher, circonscrire
Gamin qui joue aux vagues ou s’exprime dans un tag,
Le dessin est rebelle, mais ce n’est qu’un label
Et tu salis un mur quand ton égo murmure
Si l’on pense à demain, mieux vaut tenir ses mains.

Rendez à ce rongeur qui devient ravageur
Illico un pays où il sera haï!
Ridicule est toujours celui dont le séjour
Est traversé de haine, quand on ploie sous la peine

Rugissement sonore de notre orgueil en or,
Il éclate en mairie quand trébuche le mari
Rien n’est aussi pervers dans le fruit que le ver
Et il nous sauve la mise à chaque fois qu’il nous grise

C’est bon que l’on explique, ce qui donne le déclic.
Offrez donc votre dos au poussiéreux credo!
Misez sur de belles rimes, pour l’agence d’intérim!
Partout, on rit sous cape de votre handicap
Reniez vos supérieurs, du dernier gaspilleur!
En se vidant les poches, c’est vous que l’on décroche.
Ne croyez pas les chiens, qui n’y connaissent rien
Dans la vie, c’est en rangs, qu’on se bat, qu’on se rend
Rien ne pourra changer sans vraiment déranger:
En acceptant cette phrase, vous entrerez en phase.

Souillez autour de vous l’espace au garde-à-vous!
Abîmez le dahlia, la rose, le magnolia!
Lacérez la morale du confort général!
Il faudra faire bien pis, comme voler l’okapi
Rien que pour exister au monde sans l’assister

Mettre les bouts, mesdames, sans trompette ni tamtam
Oublier qu’on est sot, le cou dans un lasso
Une fois, un bon coup et vous briser le cou!
Rien ne sert de courir, on ira tous pourrir,
Ignorant si l’esprit en sortira guéri
Raté ? Recommencez ! Jusqu’à ne plus penser

Tirer sur son prochain, l’idée parfois me vint
Une fois et puis deux… Ce n’est pas un aveu.
En fait, cela libère, comme de lâcher Cerbère
Ridicule est l’idée : c’est pour vous dérider!

Vomir des mots de prof vaut une kalashnikov!
Invoquer l’infamie nous brouille avec l’ami
On sait stopper l’assaut mieux qu’avec un lasso
Les mots sont des scalpels qui découpent sans appel.
Essayez donc d’aller plus loin dans la mêlée!
Nos mots savent leur leçon pour laver du soupçon
Continuez vos cantiques tant que tient le mastic
Et quand les portes s’ouvrent, Dieu sait ce qu’on découvre

Elle s’est trompée, ma tête, et ses neurones d’athlète
Regardaient à côté du sens pour l’emporter.
Rien à faire au retour pour regagner un tour,
Et le temps gaspillé, le corps déshabillé,
Unis sur un radeau, s’en vont sur un cours d’eau,
Ravis de leur humour, qu’ils prennent pour de l’amour
Si je crois que l’on m’aime, c’est qu’on est tous les mêmes.

Deux fois plus, est-ce si grand, pour le temps que ça prend?
On verra l’aristo, s’il arrive à l’hosto
Une fois dans la boue, retirez le boubou!
Bien sûr, ôtez la robe, ne soyez pas si snob!
La plumage minimal ne vous va pas si mal
En totale nudité, jugeons l’humanité!

Si vos yeux voient bien clair, vous y verrez des clercs,
Emergeant de la nasse, où ils cantonnent la masse.
N’attendez pas les vents, vautré sur le divan,
Sinon, vous serez pris aux rets de leurs mépris

Palais, musées, métro, à voir, il y en a trop!
Aller au cinéma, ou sur le pont d’l’Alma,
Rire et se hasarder, s’asseoir et lézarder
Il a choisi, le roi, la ville qui fait la loi.
Si l’on y meurt de joie, c’est qu’on est un bourgeois!

Parvenus en grande cape, les rupins tiennent le cap.
Avec maestria, ils évitent le paria,
Riant de lui, dehors, de toutes leurs dents en or.
Il faut vous mettre au lit en rue de Rivoli,
Si vous voulez trop boire, couchés sur les trottoirs

Paraître jusqu’au bout, ça vaut vraiment le coup:
Au Père Lachaise, oui-da, au prix d’une hacienda,
Restez l’éternité à vous faire visiter!
Il en faut des bourgeois qui affichent leur foi,
Sûrs de leurs fiers destins de porteurs d’intestins

Méfiez-vous de l’infâme, qui vous envoie du Spam!
En ricanant, j’adore que l’on croit que j’abhorre
Ces maux qui tant vous traquent ou qui vous donnent le trac
Heureusement pour moi, à vos craintes, je dis "Pouah!"
Avalant, en Judas, les larmes du Bouddha
N’attendez pas pourtant que mes piqûres de taon
Transpercent vos tympans, pour glisser un serpent
Sur vos neurones fragiles, aux connections agiles

Faut-il me dire fautif si je suis trop festif?
Eclatez-vous la tête ou bien la margoulette!
Tirez sur le dieu Pan et son maudit serpent,
En attendant les morts, que l’on se remémore
Surtout ne faites rien comme de gentils vauriens!

Maudissez-moi, madame, car j’ai, à mon grand dam,
Assassiner Papa parce qu’il ne voulait pas
Libérer le pactole caché sous son bristol

Abattez-moi ce rat !Médaille pour qui l’aura!
Radiations par erreur, ça vous change votre humeur
Mâchez bien vos loukoums, au moment du grand boum!
En morts pour la patrie, pour nous c’est sûr qu’on prie,
Si bien qu’on est contents, quand on finit son temps

C’est en montrant les crocs qu’on fait un bon accroc!
Rayez le dur plancher sans craindre le danger,
Il vous vaudra un prix sur l’aller pour Capri,
Mais pour l’amour des dames, brûlez le macadam
Et vous regretterez les murs du prieuré,
Saoulant de vos sanglots les autres alcoolos

Caressez les bons stocks des marchandises en toc!
Regardez bien les aires de repos du bon air!
Il est vraiment gratuit, le sang dans son étui
Malgré tout, c’est un crime de trop pousser la clim
En songeant à l’ozone, déchiré dans cette zone,
Si bien qu’il fait trop chaud au fond de nos cachots

C’est lui qui à l’époque jeta le premier roc.
Rien ne serait tombé sans vouloir surplomber
Incidemment le puits qui jouxtait son appui.
Malheureux psychodrame bâclé pour un dirham,
En vrai, c’est trop terrible pour que l’on passe au crible
Ses détails horrifiants, parfois si stupéfiants

ANTIBIOTIQUES

Alexander Fleming, en 1928,
Nous donna, grand merci, la bonne pénicilline.
Tout s’enchaîna très vite et on connaît la suite :
Il y eut plus de 10 000 molécules féminines
Basées sur ce principe : les antibiotiques !
Ils tuaient les bactéries, méchantes, qui infectaient,
Offensaient l’organisme des troupes patriotiques…
Tiens, oui, c’est à la guerre, aux troupes qu’elle affectait,
Il faut le dire, qu’on doit, l’effort de production…
Quand, soudain, on a vu que nos chères bactéries
Universellement trouvaient des protections,
En silence, les labos ont rangé l’artillerie,
Se tournant vers des jeux moins risqués et piégeux…

Avec l’an 80 de notre siècle 20,
Nul ne peut ignorer que les pires bactéries
Tendent à résister et pour être guéri,
Il vaut mieux éviter les cas un peu trop vains…
Bien sûr, les bactéries échangent leur ADN :
Il suffit qu’une résiste et, pour nous, la Géhenne !
On les voit partager ce trésor sans effort…
Tiens, mais pour leur défense, on les a entraînées :
Ils ont donné aux bœufs, aux poulets et aux porcs,
Quantité d’antibios pour les faire engraisser,
Un millier de fois plus que pour les êtres humains !
Epuisons la folie à un point dramatique :
Sortons les pesticides aux antibiotiques !

A présent, les labos ne recherchent plus rien,
Noués par la logique du profit immédiat…
Tiens donc, leurs intérêts ? Lisez donc les médias…
Il y a bien plus juteux pour les épicuriens !
Bon ! Tout n’est pas perdu, il y a quelques savants,
Ici et là, qui cherchent, à l’ancienne, comme avant…
Oui, ce sont de startups dont notre sort dépend !
Tandis que les labos s’engraissent à nos dépens
Inondant le bétail, que l’on veut faire grossir…
Que loués soient les vétos des USA, messire !
Un pays où l’argent sert à tout obtenir…
Eh bien, la catastrophe… on l’aura vue venir,
Si bien qu’on est tout prêt à pleurer l’avenir.

Alors, le scénario, le voici, schématique :
Nos bons laboratoires, nommés "pharmaceutiques",
Tournés vers des profits toujours plus fantastiques,
Irritèrent les microbes aux antibiotiques,
Beaucoup plus qu’il n’était nécessaire en pratique.
Ils les ont tant gavés qu’en trente ans mercatiques,
On ne compte plus les cas de microbes dramatiques
Tant ils sont devenus résistants aux viatiques…
Imaginons qu’on ait été moins frénétique,
Que le bétail, les plantes n’aient pas été gorgés :
Un siècle aurait passé sans qu’on fût en danger
Et le staphylocoque que l’on baptise "doré"
Serait moins près demain de tous nous enterrer !

Et le calendrier maya avait raison,
Tant notre argent nous pousse à détruire nos maisons,
Car la fin, mes amis, s’appelle "septicémie"
.

FOLIE(S)

Cliquez ici pour voir et entendre ces acrostiches fous en vidéo.
Femme, noire, handicapée, j’ai vraiment tous les vices !
On me l’a fait comprendre, en me serrant les vis…
Lesbienne, si je le suis, ça mérite l’échafaud ?
Il en est dans la vie qui ont vraiment tout faux
Et ils vont en enfer, dès qu’ils meurent dans les fers.

Frottez plus fort, ma fille, car il faut que ça brille !
On voit que les efforts, ça n’est pas votre fort…
Les sorties, c’est bien beau, mais, là, ce lavabo,
Il est mal nettoyé, est-ce que vous le voyez ?
Eh bien, c’est des lunettes, qu’il faut, pour voir plus net,
Sinon, bonjour la crasse, et puis, surtout, les traces !

Fissures de nos plafonds saignants de leurs dorures,
Offrez donc à manger aux mannequins dénutris !
Les enfants aux ordures vont devoir faire le tri :
Il est sans fond, le trou, orné de mille parures,
Et son appétit d’ogre lui donne une belle carrure…

Fierté démesurée pour se bien rassurer,
Omniprésence grandiose, qu’avec bonheur on ose,
Les mots sont fatigués tant ils sont prodigués,
Ils n’en peuvent plus de maux, les pauvres animaux…
Eh ! C’est nous que l’on moque, que l’on vole, qu’on escroque…

Fukushima, c’est rien… Attends la prochaine fois !
On verra les étoiles, dans le trou sous nos pieds…
Les limaces en riront, si elles viennent nous épier,
Illuminant de bave nos écrans de bonne foi,
Entraînant leurs corps mous à nous manger le foie.

Files de mots alignés, qui se terminent en vers,
Ordonnés pour rimer, en rouge ou bien en vert,
Les voilà, à nouveau, qui défilent en silence,
Infects invertébrés si pleins de virulence,
Et leur mort indiffère les moindres vigilances…

Faut lire dans les esprits, savoir ce qu’il s’y passe…
Où est la ligne rouge qui sépare le dément,
L’artiste, l’original, du quidam véhément ?
Il en faut de l’aplomb pour, sous la carapace,
Emettre des avis sur nos obscurs braiements…

Faut pas parler tout seul, encore moins faire des vers…
On connaît les champions des lois bien raisonnables,
Les maîtres du destin, aux crimes impardonnables…
Ils nous invitent à jouer à tous leurs jeux pervers,
Enfouissant nos esprits au fond de leurs grands verres.

Faut être fou pour croire ce qui n’existe pas…
Oui, mais si l’on y croit, ça existe pour nous.
Lors, on peut croire à tout ce qui flatte nos genoux !
Il est grand, Jupiter, qui va dicter nos pas,
Et dans chaque maison, on croit qu’on a raison !

Faut souffler à chaque pas, souffrir à chaque trépas,
Oublier les absents, trop vidés de leur sang…
La plupart des absences sont vidées de leur sens.
Inutile d’espérer qu’on va récupérer :
Enfer et paradis sont là pour nous leurrer.

Fiers de la grande patrie qui nous a enfantés,
On est bien attaché à nos chères traditions.
Les ex-colonisés, qui viennent pour nous hanter,
Ils n’iraient tout de même pas présenter l’addition ?
En gens très différents, il faut savoir rester,
Surtout qu’on vit bien mieux, mon or peut l’attester…

Freinons les différences qui se voudraient égales !
On ne veut surtout pas mélanger les pédales…
Les étrangers, les gays, les femmes et les banlieues,
Il en faut, certes un peu, surtout dans certains lieux,
Et laissons les bonnes places aux Français blancs de teint,
Sinon il y a péril, au paradis latin…

Financer nos besoins toujours moins mesurés,
Oublier un peu plus autrui et ses petits,
Leurrer autant qu’on peut les esprits emmurés,
Inonder au besoin les faubourgs mal bâtis
Etouffer sur son or, la bouche pleine de purée…

Fourrer d’or les IPhone, riches en métaux précieux,
Offrir à chaque ampoule des matériaux bien rares,
Le confort de nos vies et nos besoins spécieux
Infectent la planète comme un précieux curare,
Et la Mort nous gouverne, sous ses airs facétieux…

Focalisez, ciblez, concentrez, distillez…
On voit au microscope les cellules qui s’étalent.
Les cellules de prison sont beaucoup moins stylées :
Il faut trouver sa place dans la cage en métal
Et les esprits des hommes y sont mal ventilés…

Foutez donc dans des cages tous ceux qui ne veulent pas
Obéir aux trajets de leurs destins tracés !
Les libérer, c’est bien, mais leurs mea culpa
Inutiles ne font rien que nous embarrasser…
Elle n’est pas faite pour eux, la vie économique :
S’ils ne peuvent pas comprendre, c’est voulu… pandémique !

Faudrait pas distinguer, les pays, les personnes,
Offrir à tous pareil, et les laisser grandir !
Las ! On les catalogue, et, surtout, on cloisonne,
Il y a les blancs, les noirs, les riches, ça va sans dire,
Et les langues, les régions, les clans, les religions,
Si bien qu’en conclusion, quelle joyeuse confusion !

Foutoir archi-béni, car on connaît l’adage,
On sait en très haut lieu « diviser pour régner ».
Les humains, qui s’affrontent et se prennent en otages,
Il en faut toujours plus, pour que notre araignée
Etendent sa toile de soie sur nos « chacun pour soi »…

Fais-toi tuer, peu importe, si tu fais ton devoir !
On ne saurait rester inerte face à l’ennemi.
Les raisons ne manquent pas, ça doit se concevoir…
Il en faut pour donner sa vie sans compromis
En sacrifiant ses rêves à une économie.

Forcés par la folie du monde où l’on survit,
On est parfois tenté d’être aussi asservi…
Les haines sont si tentantes, avec leurs doux parfums.
Il y en a pour tout le monde, et on les mange sans faim,
Enivrés du bonheur d’une sottise sans fin !

Faudrait-il nous priver des joyeux gaspillages ?
Oublier les joies viles de nos lointains pillages ?
Laminer notre orgueil en un odieux partage ?
Il est si bon d’errer dans les ruines de Carthage
En capitalisant sur nos doux héritages…

Fièrement, on cultive sa supériorité.
On peut l’asseoir sur tout ce qu’on a hérité :
La fortune, la famille, les gènes bien mérités…
Il faut absolument fuir la médiocrité,
Evinçant tous les gueux et leur témérité !

Facebook dans la main gauche, et Twitter dans la droite,
On sait que l’on existe quand on a mille amis.
Les lieux où l’on se rend, il faut, d’une main adroite,
Indiquer qu’on y est, s’il y a un tsunami,
Et si l’on va manger un trop bon salami…

Fourrons dans les neurones de nos progénitures,
On ne sait quelles croyances qui furent nos nourritures,
L’illusion d’être unique ou d’être différent,
Immémoriales sottises qui font tenir les rangs,
Enseignant aux fidèles, ces pieux belligérants…

Filandreuses, les raisons de croire à l’impossible,
Oui, mais c’est les enfants qui constituent les cibles,
Les braves neurones tout frais qu’il n’y a plus qu’à remplir,
Innocente matière grise qui viendra accomplir
En priant les travaux qui comblent les caveaux…

Fils du dieu créateur, pour dire si l’on s’y fie,
On se moque de lui et on le crucifie.
Les années vont passer sur ce mort oublié…
Il reparaît en livre, évangiles publiés,
Et c’est la gloire depuis, grâce à la pub liée !

Fouillez, trouvez le sens de notre humanité !
Oh ! Un bon synonyme, c’est bien l’avidité…
La planète en témoigne et son aridité
Irrévocablement prouve notre inanité,
Et seule la mort libère de nos stupidités…

Fortunes à l’étranger, en paradis fiscaux,
Offshore, les comptes, au chaud, à l’abri du partage,
Les gros ont des astuces pour planquer leur écot…
Il n’est rien de plus grand que leurs beaux pourcentages,
Effarants tentacules, pour gagner davantage…

Former des mots qui disent ce qu’il faudrait penser…
Oser les assembler, vouloir les dispenser…
Les vomir suffit-il à justifier mes mois ?
Il se dit, mon cerveau, que, leur auteur, c’est « moi » :
Envoie la dopamine et nourris mon émoi !

Fi du «moi» illusoire qui encombre nos vies !
Odieux rassemblement de sordides envies,
Les besoins satisfaits, notre cerveau dévie,
Ignoble proie gorgée de spots de pubs ravis,
Economique bestiole, dans un monde qui s’étiole…

Famine sous les tropiques, mais c’est épouvantable !
On envoie des avions. Allez dresser des tables !
Les avions atterrissent. Que va-t-on en extraire ?
Ils sont pleins de touristes, venus pour se distraire,
Et ils mitraillent à fond les fissures des plafonds…

Famine sous les tropiques, obésité au nord…
On a trop peu en bas et trop dès qu’on s’élève…
Les uns ont des taudis et sont mauvais élèves…
Il y a aussi les autres que leur fortune honore
Et qui gouvernent tout. En mains, tous les atouts !

Fiers démons qui ricanent au fond des corridors,
On vous imagine bien sans vous voir au grand jour.
Le risque est limité d’entendre vos bonjours.
Ignobles créatures qui, au soleil, s’y dorent,
Etouffez en suintant sous vos boucliers d’or !

Fils de son père, il croit ce qu’on lui enseigna,
Oubliant de jeter un œil autour de lui.
La lumière du savoir avait pourtant bien lui…
Il n’en a pas eu cure, nourrissant son ténia,
Et le Moyen Âge dure, tant les cerveaux sont durs !

Fouiller les maux sans faim pour en pétrir des vers…
Oublier tous les morts restés les yeux ouverts…
Les enfants dont les cris resteront sans réponse…
Il est obscur, le puits, au fond duquel je ponce
En sifflotant les rimes pouvant vous amuser,
Sans craindre les années qui viendront à m’user…

Fouiner dans les ordures, telle est ma destinée…
On me verra dormir pendant la matinée.
Le restant de journée, je le passe au clavier.
Ils s’en vont mes neurones, marchant sur le gravier,
Ecœurés, nauséeux, par ce qu’ils ont mangé,
Soulagés de vomir des morceaux par rangées…

Famine sous les tropiques, mais que fait donc l’ONU ?
On lui donne des millions et ils sont toujours maigres…
Les diamants pour Giscard ont bien tourné à l’aigre…
Il y a des valises de billets méconnues
Et elles se perdent encore dans des mains bien connues…

Foutez-moi le dehors ! On l’a bien assez vu…
On n’a plus les diamants de l’empereur Bokassa,
Les « cadeaux Kadhafi » n’étaient pas plus prévus…
Ils profitent des puissants et, oui, vice et versa,
Et pour verser, ça verse, et pour nous, les averses…

Faut que tu viennes me voir dans mon joli bureau !
On dirait, cette semaine, que tu es loin du compte…
Les chiffres sont mauvais, de Versailles aux Mureaux !
Il faut faire quelque chose ou l’on va te faire honte
Et j’en suis désolé, mais c’est bien mérité…
Sois donc plus agressif… pour ta prospérité !

Foin de l’augmentation dont vous avez rêvé !
On dirait que, pour vous, la mondialisation,
Les délocalisés, sont des divagations !
Il faut toucher par terre, vos pieds sur le pavé…
En vingt ans, le secteur a perdu tant d’emplois,
Si bien qu’on vous paie moins et que votre dos ploie !

Faudrait liposucer la graisse de l’occident !
On en ferait des sacs pleins d’antioxydants.
L’ONU les enverrait sur les lieux des famines,
Illuminant de joie les pupilles des gamines
Et regonflant leurs chairs, sans que ça coûte très cher…

Filtrez mon internet ! Ce n’est pas raisonnable.
On voit bien tout le temps consacré à mon art,
Loin d’être contrôlé, et c’est impardonnable !
Il faut me surveiller, m’épier comme un renard,
Enfin, me mettre aux fers, en attendant l’Enfer…

Fiez-vous donc aux années pour être ramolli !
Oubliez à jamais la jeunesse abolie !
Les pleurs s’accomodent bien de la mélancolie,
Imprégnant les regrets et les chagrins polis.
Enfin, viendra le jour de la belle embolie !

Faut les voir s’étriper pour leurs chers candidats !
On sait qu’il y a du fric à se faire ici-bas…
Les arguments sont prêts, si l’on parle du SIDA…
Il y a l’immigration, les gays, le célibat,
Et tout est ordonné dans leur banque de données !

Faut prier le bon dieu, pas le mauvais surtout !
Ou sinon, c’est l’horreur, la damnation et tout…
Le bon guide, sur ce plan, qui a toujours raison,
Il est là, c’est Papa, qui commande la maison…
Entre les religions, pas de comparaisons,
Suffit de fuir l’enfer et ses exhalaisons…

Fabuleux, ces croyants, qui, sur des millénaires,
Ont traîné leurs enfants au long des mêmes ornières…
La belle obéissance aux sages septuagénaires,
Insufflée aux suivants, jusqu’à notre heure dernière,
Et quelle belle suffisance à être différents,
Supérieurs, détenteurs du Message afférent…

Focalisons-nous bien sur les détails abjects,
Ou la forêt sordide serait bien menacée !
L’arbre est vraiment malade et ses feuilles encrassées.
Il faudra discuter les raisons qu’on objecte
Et le temps va passer, du futur au passé…

Fainéant est l’animal qui a tout ce qu’il faut,
Opposé à celui qui a juste pour vivre…
L’humanité coupée en deux moitiés s’enivre
Inconsidérément dans un culte du faux,
Et les marionnettistes se prennent pour des artistes…

Faire du bruit, c’est pour dire à autrui qu’on existe…
On a le beau moteur, qui vrombit… un délice !
L’autoradio à fond, le klaxon qui insiste…
Il faut bien un canot, avec une grosse hélice
Et les poissons sauront quel bon goût nous aurons,
Si le malheur nous frappe et qu’on passe à la trappe…

Fifille, elle va manger la bonne pâtée Frolix,
Ou sinon son maî-maître va cacher son doudou !
L’amour bien ordonné sait nous rendre prolixes.
Il nous plaît de gratter, caresser son cou doux,
Et ce geste gratuit, dans notre monde d’argent,
Sait rendre plus humain les plus mauvais des gens…

Filons au bout du monde pour nous dépayser !
Oublions nos soucis de gens civilisés !
Les sauvages sont heureux avec leurs bouts de ficelle,
Ignorant les problèmes d’auto, de lave-vaisselle,
Et mourant le cœur pur, d’une simple varicelle…

Faut promettre à chacun, selon ses espérances…
On ratisse assez large, avec exubérance…
Les mots sont généreux, les espoirs peu coûteux…
Ils ont chacun leurs rêves, parfois au goût douteux,
Et de les ménager nous aide à surnager…

Faudrait plus imprimer de papier, car c’est mal !
On ne doit plus manger de porc ou d’animal…
Le résultat bientôt ne se fait pas attendre :
Ils prennent le dernier arbre et s’en servent pour pendre
Enfin le dernier porc, qui n’est d’aucun rapport…

Fils de fer et cartons, tôle ondulée et planches,
On sait aménager son logis provisoire…
Les taudis tout autour de la belle église blanche
Illustrent la survie ou la vie dérisoires
Echues aux êtres humains chassés de nos chemins…

Faut le dernier modèle, ou la dernière version…
On parle de voiture ou bien de logiciels ?
Le dernier est toujours censé mener au ciel,
Il suffit d’une bonne pub et on passe à l’action !
Enthousiasmes faciles, qui s’avèrent dispendieux,
Sitôt qu’on s’aperçoit que l’ancien était mieux…

Faudrait se fatiguer, pour bien faire le travail,
Ou alors on s’en fiche, on bâcle vaille que vaille…
Les sagouins sont partout, dans toutes les disciplines ;
Ils sabotent hardiment, sans remord et sans spleen,
Elaborant un monde où le «vite fait, mal fait»
Se trouve omniprésent. On en voit les effets…

Fier est le paysan, debout sur sa charrue.
On voit dans ses yeux gris, le lait qu’il a touillé,
Les mottes de terre grasse qu’il a tant su fouiller.
Il y a aussi les vaches, qu’il mena dans la rue,
Emmenées au couteau qui va les égorger.
Simplement, c’est leur vie, et il faut bien manger…

Faut placer cet enfant ! Trop pauvres, ses parents…
On est fier de vouloir que quelqu’un le recueille.
Le gamin, bien placé dans une structure d’accueil,
Il ne verra sa mère qu’une ou deux fois par an,
Entourée des experts, distraits et détendus.
Sûrement un hasard, si le gosse s’est pendu…

Faut aimer ses parents, on nous a exhortés…
Oui, mais de là à croire ce qu’ils ont pu gober,
La raison sur l’amour devrait bien l’emporter :
Il faut, pour le futur, ne pas se dérober,
Enrichissant la science de nos propres pensées,
Sinon le noir passé reste à recommencer…

Faut lire, se cultiver, consommer la culture…
Oui, mais pas s’en servir pour créer ses moutures…
Le savoir vient d’en haut, des cimes où l’on décide,
Il convient que les bases ne soient pas déicides
Et respectent leur place, tout en bas du terril,
Sinon le monde entier pourrait être en péril…

Fatigants, les pourceaux qui se lèchent les doigts !
Ornant leurs mains de bagues, de colliers leurs cous niais,
Les voilà minaudant, la Rolex au poignet…
Ils s’en vont défilant comme un beau troupeau d’oies,
Ecrasant les manants… puants, comme il se doit.

Faut-il mettre un rubis sur le tulle, l’organdi,
Ou le diamant sied mieux à mon teint de bandit ?
Les considérations qui dictent nos conduites
Illuminent de nos codes nos belles vies trop gratuites,
Enrichissants détails pour le luxueux bétail…

Foin d’un monde insipide où nous serions égaux !
On se régale très bien du réel comme il est…
Les mécontents en trop qui le trouvent trop laid,
Ils peuvent toujours se pendre, avaler des Légos,
Essayer de voler en sautant du sixième,
S’ils n’ont pas la patience d’attendre qu’on les aime…

Faut maigrir, être fort, être beau, être belle,
Orner nos chairs fragiles de bons piercings rebelles…
Les injonctions diverses que les médias nous bêlent
Infusent en nos esprits, et remplissent nos poubelles,
Enrichissant nos vies, en cette tour de Babel,
Saoulés de mille produits et de vains décibels…

Fi je gagne tant d’argent… F’est… Je l’ai mérité !
Oui, sans régulation, le pire est quotidien…
Les uns arrachent la nappe sans jamais hésiter ;
Il reste des milliards, que l’on traite en Indiens,
Epargnés — c’est tout juste — pour mieux en profiter…

Faut de l’argent pour être à un niveau social,
Offrir à ses enfants le confort commercial,
Laisser autour de soi un parfum bien spécial,
Impressionner autrui de son emprise spatiale,
Evincer l’importun par un accueil glacial,
Savoir être impérial au festin paroissial…

Foi dans les bons labos qui soignent nos salades,
Ou parfois qui s’engraissent, fabriquant des malades…
Les croire est si facile, car leurs communicants,
Ils connaissent les médias car ils sont pratiquants…
En pub, ils communient pour des millions d’Euros,
Si bien que les médecins font confiance aux héros…

Fichue femme de ménage, qui m’a bien fait du mal !
On l’a vu attaquer mon bel orgueil de mâle,
Le blessant, me causant d’importants préjudices…
Il est vrai qu’à cause d’elle, des opportunités
Echappèrent à mes mains, et son impunité
Serait assurément une affreuse injustice !
(Sofitel Story…)

Fabuleux décolletés et rivières de diamants,
On voit dans vos reflets les bidonvilles en friche,
Les corps creux, les enfants qui n’ont plus de maman,
Ignoblement forcés de servir quelque riche,
Eventuels prostitués, tant qu’on ne les a pas tués,
Si bien que votre or pue… jusqu’ici, dans ma niche.

Fermer votre maison et bien la verrouiller.
On ne sait quels vauriens pourraient bien vadrouiller…
Leurs doigts sales et crochus risqueraient de fouiller
Ignoblement les biens, qu’ils pourraient même souiller…
En gros malin retors, vous vous êtes débrouillés,
Si bien qu’on n’sait plus qui vous avez dépouillé…

Faut bien mourir un jour, mais le plus tard possible :
On va te prolonger, légume, puis minéral…
Les moribonds sont là, par millions, impassibles,
Immobiles, silencieux, sauf peut-être des râles…
Enfin, viendra le jour de les bien surgeler.
Seul le compteur vivra dans l’atmosphère gelée…

Faut visiter Pougeard, ses jardins, leurs allées !
Oh ! La ville est quelconque, mais, oui, j’y suis allé !
Les rues résonnent encore de l’écho de mes pas.
Il faudra voir l’hôtel, où j’ai feint le trépas,
Et les fiers restaurants où je faisais le beau.
S’il vous reste du temps, nourrissez les corbeaux !

Filons avant les baffes et retournons au taf !
Ou le méchant hibou dira au Majin Boo
Les vers qui font très mal à mon cœur animal…
Il faut, pour la patrie, nous évertuer au tri,
Et c’est à la matière que notre vie entière
Sera bien consacrée. Fi des hommes massacrés !

Fuyons toujours l’esbrouffe des discours du grand Ouf !
Osons tourner le dos au vil Eldorado !
La chasse aux infidèles nous fait aimer Fidel…
Il est pourri, lundi, mais on rit, vendredi ?
Entendez-vous les cris des hommes que l’on décrie ?
Sur la mer décalée, mes vers sont empalés.

Faufilez-vous tranquilles, sans déranger personne !
On ne va pas vous dire : « Présentez vos papiers ! »
Les lieux où vous errez, nul pas lourd n’y résonne.
Il n’y a jamais d’yeux au fond de ce clapier,
Enfoui au fond du web, où nul ne met les pieds…

Finalement, c’est bien et je me fais plaisir.
On ne me dérange pas dans la rue pour me dire :
Les vers que vous pondez vont contre mes désirs…
Il n’y a nul méchant pour venir me maudire
Et je meurs peu à peu, dans mes vers sirupeux…

Formons tous les esprits à étudier les sciences,
Ou nous n’aurons jamais qu’une poignée de chercheurs !
La poignée suffit bien et on a la patience…
Il est bon que les gueux soient d’ignorants pêcheurs,
Et moins ils en connaissent, meilleure sera leur laisse !

Flottant sur l’eau douteuse de nos écrans stériles,
On imagine parfois, creusant sous nos terrils,
Les solutions qu’il faut pour vaincre nos périls…
Il n’y a nul danger que nos idées puériles
Ecorchent l’illusion de notre profusion.

Fermez donc votre porte, on pourrait s’enrhumer…
On sent bien dans vos murs un air bien parfumé.
La cuisine a l’air bonne, on peut le présumer…
Il y a un noir secret qu’on pourrait exhumer
En grattant dans la cave, sous les corps consumés,
Sauf que l’on n’ira pas, comme à l’accoutumée…

Fiel coulant de ma plume ou des touches du clavier,
On pourrait bien te voir remplir quelque flacon.
Le goût étant salé (comme si vous le saviez…),
Il y aurait l’étiquette « Larmes de mon balcon »,
Et l’on pourrait en boire du côté de Mâcon…

Faut-il dire que ma vie passe à travers mes vers,
Ou qu’elle se vide en eux, comme emplissant des verres ?
Le trait importe peu, comme tout ce que je fais,
Insignifiant néant, qui n’aura nul effet,
Et qui disparaîtra, en infime patatra…

Fielleux serpents qui sifflent en frappant les pixels,
Offrant leur noir venin aux yeux qui les contemplent,
L’argent, la haine, la foi, domaines où ils excellent,
Inspirent à l’infini les autels de leurs temples,
Envahissant la terre, jusqu’à ce qu’on les fasse taire…

Fallait bien employer nos armées, nos avions…
Oui, les Russes convertis, nul ennemi nous n’avions…
Les tours du 11 septembre ? Un bel épouvantail !
Ils ont sorti leurs chars et franchi le portail,
Envahissant les terres des méchants musulmans…
Sur les terres à pétrole, il n’y avait plus d’Allemands.

Fichez-nous donc la paix, pour une fois, sur la Terre !
Occultez vos délires, dont la sottise atterre !
Libérez vos victimes du joug qui les écrase !
Il en faudra du temps pour que de simples phrases
Eteignent l’incendie qu’entretiennent les bandits…

Félins si caressants, au regard diabolique,
On vous aime, on vous choie, on soigne vos coliques…
Les chiens ont des bijoux, des jouets et des manteaux…
Il y a les aquariums intercontinentaux…
En millions d’animaux, on dépense notre amour,
Si bien que pour l’humain, il nous reste l’humour !

Fichu crétin qui croit qu’il peut changer, le monde,
Ou plutôt qui veut croire qu’il peut changer le monde !
Laissez-moi le plaisir de cracher dans vos soupes
Injectant ma salive jusqu’au fond de vos coupes,
En rêvant d’un potage partagé par vos troupes !

Faire passer les lingots avant les êtres humains…
Ouvrir un peu les yeux, mais, surtout, grand les mains…
L’avidité domine nos systèmes de pensée
Imposant une logique où l’autre est offensé
En voulant en extraire un plus grand bénéfice,
Si bien qu’on vit toujours cerné de maléfices…

Faudrait que mon bâillon soit mieux assujeti
Ou que ma camisole chimique soit efficace…
Les maux sortent de moi, comme des wc qui cassent,
Inondant d’un jus noir les beaux caillebotis,
Envahissante odeur qui vous coupe l’appétit !

Faire de l’humanité notre priorité ?
Oublier les rouages de l’éconormité ?
Limiter les ravages de notre avidité ?
Instruire tous les esprits en vraie égalité ?
Et lire mes vers à table, au « Benedicite » ?

Frimer parmi les belles ou fouiller en poubelles,
Or à chacun des doigts, ou puces comme il se doit,
Là où l’humanité tue la fraternité,
Il sévit la folie, l’amour est aboli…
Encore combien d’années à planter des damnés ?
Si la matière l’emporte, mieux vaut claquer la porte !

Faire du fric, le motif sait vous rendre inventif...
On vend un cachet beau plus cher qu’un placébo...
L’effet serait fatal ? Nenni, on dit "létal"...
Il y a de l’hystérie à se vouloir guéri !
En effet, un malade, c’est juteux, en salade...
Salé comme il se doit, on s’en pourlèche les doigts !

Faut lui filer des baffes pour qu’il retourne au taf,
Ou alors il est fou comme le bon docteur Who?
Les bons mots nous racolent, accrochés au licol;
Ils feront un linceul, pour celui qui est seul,
Et il meurt une bonne fois sans avoir eu la foi

Faut-il, pour être heureux, une maison immense
Ou dix ou vingt châteaux, qui moisissent en silence ?
Les voitures, leurs chevaux, par centaines, il en faut,
Ignorer les radars, en maxis triomphaux,
Et puis donner la mort, aux pauvres, par traîtrise,
Secrétant le mépris, avec une belle maîtrise !

Fourmilière illusoire grouillant si bruyamment !
On pourrait ignorer qu’elle sait pertinemment
Les risques inhérents à ses priorités.
Il ne faut pas les dire… On pourrait irriter
Et les comportements que tous ont hérités
Se retrouvent éternels dans leur médiocrité.

Fatigué de presser le citron dans l’évier
Ou de jeter des mots sur les touches du clavier,
Le jour viendra sans doute où je me lasserai,
Indifférent à tout et je m’enfoncerai,
Endormi dans la mort que l’on m’aura livré,
Souillon déguenillée ou bien reine enivrée…

Faut-il rester lucide pour supporter nos vies
Ou bien le seul moyen — vous voulez mon avis ? —
La seule option qu'on a, c'est nous déconnecter,
Immerger nos pensées loin du monde infecté
En se laissant couler — pardon de vous saouler !

PROSTITUTION

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Parce que c’est bien juteux, pourquoi donc hésiter ?
Regardez ces gamines, comme elles rapportent gros !
On leur prend leurs papiers, par pure nécessité…
Soigneusement droguées, par de gentils maquereaux,
Tout est fait pour qu’elles soient à l’aise pour “travailler” !
Il est toujours une, dure à dépoitrailler…
Tu en fais un exemple… et les autres filent doux !
Un besoin naturel, qui fait tourner le monde,
Trouvez-y à redire, quand saturé d’Edmonde,
Il vous plaît de quitter son corps gras de saindoux…
On vous offre un corps neuf, pour moins cher qu’un costard,
N’est-ce pas une bonne affaire, pour un joyeux fêtard ?

Pour payer le loyer, elle a trouvé l’astuce…
Regarde ma “fierté”, et puis, là, tu la suces…
On fait ça sans amour, juste pour subsister,
Sachant qu’on va pouvoir cesser d’être assistée…
Tu fermes bien les yeux, et tu avales à fond,
Ignorant fort l’envie que tu as de vomir…
Tu penses à ton enfant, tu regardes au plafond :
Une fissure est là, il faut que tu l’admires…
Tu termines le “travail” en écartant les cuisses,
Il faut l’encourager, le client qui se glisse,
Ou il va débander et les euros si bons
Ne seront plus si sûrs et pourraient faire faux bond…

Penser qu’il est normal de payer pour cela…
Réduire l’humain en face à un objet sexuel…
On peut pour de l’argent, en marie-couche-toi-là,
Se servir d’une personne pour un besoin usuel
Terriblement intime, mais où est la frontière ?
Il est très symbolique du mépris de l’humain
Ton besoin d’exploiter une personne entière…
Une partie interdite ? C’est un appel aux mains !
Tout ton corps va vouloir en profiter demain.
Il est bon d’imposer son plaisir à autrui :
On ne demande jamais leur opinion aux truies
Ni aux gorets qu’on tue au couteau à deux mains…

Pour le plaisir malsain d’humilier un humain :
Regardez le bel or, qui brille dans ma main !
On pourra partager, si tu me prêtes ton corps…
Si je peux jouer avec, et que je m’amuse bien,
Tu auras ce qu’il faut pour demain, et encore…
Il est beau, tu le sais, ton corps, quand il est mien.
Tu partages malgré toi et c’est encore meilleur :
Une contrainte pimente le plaisir du payeur,
Tandis que ton orgasme nous ferait trop égaux.
Il me vient le désir de te frapper un peu.
Oh ! Rien de bien méchant. Peut-être quelques bleus…
Ne crie pas, sois gentille, ou gare à mon mégot !

Parce que je suis trop sale, fainéant et sans atout —
Remarquez, par rapport à d’autres qui ont tout —
On me voit chez les dames de petite vertu,
Sortant mes chers billets pour payer leurs faveurs…
Tant pis si les drogues dures ou le SIDA les tuent !
Il y en aura d’autres, plus jeunes et leurs saveurs
Taquineront mes sens avec délicatesse…
Un instant de bonheur justifie leur calvaire.
Tout le monde ne peut pas mener un train d’altesse,
Il faut bien qu’il y en ait, punies par leurs ovaires,
Ou sinon, nous serions au paradis sur terre,
Nourris au lait, au miel et non par les sphincters…

Pauvres types qui consomment de l’intime, de l’humain,
Ravis de profiter d’un amour falsifié…
On peut dire que tu vaux autant que les Romains,
Soudards esclavagistes aux âmes bien putréfiées.
Tu mériterais le sort de tes pauvres victimes.
Il est beau, le monde libre, où l’on vend son estime…
Tout est marchandisé, sauf la viande des bébés.
Un seul cran à franchir, et l’on fera tomber
Telle restriction inepte, quand on a décidé,
Institué que l’humain, bon à dilapider,
Offrira ce qu’il peut au commerce mondial,
Nourrissant de son âme l’Argent immémorial…

Parce que tu es plus faible, prends bien ça dans ta gueule !
Regarde-toi, roulure, t’agresser rend service !
Ou tu me donnes l’argent, ou tu aimes mes sévices ?
Si tu fais ce métier, que ma morale dégueule,
Tu dois avoir du vice, et puis c’est illégal,
Il y a des lois pour ça, mais moi ça m’est égal…
Tu préfères que j’appelle la police, la Justice ?
Une fois bien fichée, ta carrière est fichue…
Tandis que si tu paies, belle créature déchue,
Il pourra continuer ton lot d’amours factices,
Ouvrant tes bras, tes cuisses, à tous les pauvres types,
Négligents, négligés, négligeables archétypes…

Pour ces jeunes femmes de Chine du nord, l’émigration
Ressemblait à l’espoir d’une vie moins difficile.
On les retrouve chez nous, et leur intégration
Sera des plus ardues, car ce qu’elles assimilent
Tient plus du sperme humain que du vocabulaire…
Il est dur leur présent, et leurs journées entières,
Tenaillées par la peur des flics patibulaires…
Une volonté d’état de bouter aux frontières
Tous les laisser-pour-compte des joies mondialisées,
Il n’en fallait pas plus pour s’offrir quelques passes
On ne peut plus gratuites : “Pour cette fois-ci, ça passe…”
N’oublie pas ma braguette ! Voiture banalisée…

Parce que la justice, cela n’existe pas,
Regrette le jour amer où tu fus mise au monde…
Oublie les pauvres joies, les quelques bons repas !
Satisfais-toi de l’heure et du présent immonde !
Tu ne mérites pas mieux, car tu es sans valeur,
Insignifiante bestiole d’une planète qui s’étiole !
Tu es née au mauvais endroit, pour ton malheur.
Uniquement dictée par l’instinct de survie,
Tu fais ce que tu peux pour que ta pauvre vie
Ignoblement se traîne en t’apportant un toit
Où tu pourras dormir, te nourrir, et où, toi,
Nul n’ira te chercher, tu pourras te cacher…

Parce que je n’ai rien fait pour être destituée
Reprochez-moi d’avoir, pour pouvoir subsister,
Offert ce que j’avais, aux hommes bien constitués,
Soumise à leurs désirs… Ils ont bien insisté,
Tournant leur fer infect dans le feu de mes plaies,
Ils disaient que je fais ça parce qu’il me plaît.
Tu parles ! Le plaisir, que j’ai pris avec eux !
Un besoin animal qui leur monte à la queue
Traduit par des assauts répugnants et bestiaux…
Il est joli, le monde, où l’on contraint des femmes,
Où leur travail consiste à des rapports spéciaux…
Nourritures du désir, et c’est elles que l’on blâme !

Peut-être si ta fille te disait “Je suis pute”,
Reviendrais-tu un peu sur tes goûts trop faciles ?
Ou si ta mère, ta sœur, après quelque dispute,
Se voyaient obligées, par un destin hostile,
Toutes les deux, de lever la cuisse et puis la fesse ?
Il serait moins tranché ton jugement spécieux…
Tu te demanderais dans quel monde on professe
Un mépris pour l’humain, alors que dans les cieux,
Tout est censé prêter une valeur à la vie ?
Il est beau l’univers où l’argent toujours bruisse,
Ouvrant les portes aux uns et pour d’autres les cuisses,
Nourries par leurs organes toujours plus asservis…

Partager le plaisir, la louable intention !
Rien n’empêche de créer un service affectif,
Où tous les jeunes gens formeraient l’effectif,
Servant à satisfaire les plus nobles tensions !
Toutes les belles jeunes filles, aux bons handicapés,
Iraient pour apporter plaisir et réconfort,
Tandis que les garçons iraient sur canapés
Unir leurs corps graciles aux vieillards un peu forts,
Tous les jours un peu plus en mal de partenaires…
Il est doux, ce beau rêve de grande fraternité,
Où toutes les classes sociales, scellant l’humanité,
Noueraient leurs corps égaux, en joyeux congénères…

Pour sûr, il faudrait mettre le client au trottoir,
Retirer leurs gourmettes aux proxénètes notoires,
Obliger ces messieurs à draguer en jupettes,
Sachant que leur dîner dépend de leurs courbettes…
Tu parles si bientôt ils changeraient d’avis !
Ils deviendraient hostiles à tout ça, pour la vie !
Tu sais ce qui est bon seulement pour les autres,
Une fois que tu en es, tu fais partie des nôtres,
Tu trouves, que, finalement, c’est bien trop dégradant.
Il faut moraliser l’activité humaine :
On ne peut plus se taire, quand c’est la vie qu’on mène,
Nourri par nos seuls trous, où d’autres vont dedans…

Pour le handicapé, maudit dès sa naissance,
Rendons-lui donc la vie un peu plus douce aux sens…
Ou pour le pauvre vieux qui n’a plus de compagne,
Sordide solitude, au fond de la campagne,
Tout pourrait aller mieux avec certains services…
Ils seraient adéquats pour les pauvres novices,
Tous les gens disgraciés, qui ont du mal pour ça…
Un service social pourrait être institué,
Tentant pour les chômeuses, non… pas des prostituées !
Il s’appellerait Service Sexuel d’Aide, “S.S.A.”
On pourrait lui donner un numéro Azur…
Nous, l’État-Proxénète, on peut dire qu’on assure !

Partir au bout du monde pour s’envoyer en l’air,
Ravi de la chair fraîche, mais si l’âge est scolaire,
On a des kilomètres au compteur du vagin…
Si on la laisse tranquille, elle peut rester à jeun,
Tandis qu’en la payant, l’échange utilitaire
Intervient — c’est magique ! — en geste humanitaire !
Tudieu ! Je prends l’avion, pour payer son dîner…
Un instant ! J’aurais pu rester au presbytère,
Tourné vers la télé, et la belle vahiné
Irait perdre son temps après des militaires…
On peut dire que j’apporte de l’eau à son moulin :
Nul doute que ma grande âme mérite ses câlins…

Penser à ces enfants qu’on a su torturer…
Refuser d’employer le vocable “abuser”,
Oui, car il nous rappelle qu’on devrait s’amuser,
Surtout pour des enfants de trois ans, triturés,
Tordus dans leur esprit par ceux qui auraient dû
Insuffler de l’amour dans leurs individus…
Troublé par la pitié, on aimerait bien fuir
Un enfer, justement, d’où ils n’ont pu s’enfuir.
Tu m’étonnes si, plus tard, ces enfants abimés,
Ignorants, vont grossir les rangs des rejetés !
On ne les retrouve guère en université,
Ni dans les bons endroits, bien chics et animés…



Pour mille euros, chéri, je te vendrai un doigt !
Regardes-tu ma main ? Dix mille, elle est à toi !
Ose l’imaginer, sur un socle, embaumée…
Sais-tu qu’avec l’argent, je serais moins paumée ?
Tu peux dire que tu m’aides, tu serais… généreux !
Il y a aussi mon bras, ma jambe, beau ténébreux !
Tu les veux ? C’est plus cher, mais l’on peut s’arranger.
Un crédit ? Pourquoi pas. Les banques, c’est sans danger.
Tu as cent mille euros ? Je te vends mon suicide !
Il sera en public. Tu pourras assister.
Oh ! Le beau souvenir, si sucré et acide…
Non, radin ! Cinq euros ! Prends-moi sans insister !


ARMES

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Avec ce pauvre gars, qui m’avait agacé,
Rien n’allait plus après une balle bien placée.
M’avait bien irrité, et son crâne défoncé
Est définitivement hors d’état d’entasser
Ses idées d’un autre âge, qu’il voulait me passer…

Accorde-moi la force d’appuyer la détente,
Regardant dans les yeux celui qui va mourir,
Minable petit pou, dont le décès me tente,
Et qui va exploser, avant de bien pourrir…
Si ça l’amuse, il peut même se mettre à courir !

Avec pouvoir de mort d’une pression du doigt,
Rien n’est plus amusant que de tuer son prochain !
Mettez-le bien en joue, la tête, comme il se doit,
Et tirez bien à fond sur la queue du machin !
Simplissime, élégant, si vous mettez des gants…

Apportez à un fou une bombe atomique !
Riez de voir combien la mort devient comique !
Millions de morts pour rien, pour une raison loufoque !
En quatre, on est plié, si bien que l’on suffoque…
Souriez, c’est efficace, et tant pis si ça casse !

Avec ces marchandises, l’on enseigne aux satrapes,
Remarquable intention, à tuer les opposants,
Maîtriser les votants, faire passer à la trappe
Ennemis potentiels, et tous les déplaisants,
Si bien que sur leurs terres, on est plus unitaire !

Avec une jambe en moins, ce n’est plus trop le pied…
Regardez ces enfants, qui sont bien estropiés !
Marcher sur une mine, c’est vraiment dangereux
Et pour eux, le bonheur, eh bien, c’est malheureux…
Si la chance veut sourire, ils pourront se nourrir.

A la fillette vietcong brûlée par le napalm,
Rendons ici hommage… Mais, non, rien n’a changé.
Même si les incendiaires n’ont pas reçu de palmes,
En masse, on continue à produire du danger,
Sans penser aux enfants, crevés en étouffant…

Avec de quoi tuer, exploser sa famille,
Regardez ce butor qui voudrait un docteur !
Mille chars sont arrivés, avec leurs belles chenilles,
Et le bouseux déplore qu’il n’ait pas un tracteur !
Sous ces viles lattitudes, où est la gratitude ?

Avec mes mitrailleuses, vendues sous embargo,
Ravissants, les diamants, que j’ai pu amasser !
Maintenant, au soleil, je peux me faire masser,
Et, une tiare en rubis, j’ai offert à Margot…
Si mon bel argent sent, c’est bien l’odeur du sang !

Apprenez donc à tuer avec nos sur-teasers !
Rien n’est plus meurtrier, facile à s’en servir !
Mettez votre œil ouvert juste en face du viseur,
Et pressez la détente, pour la haine assouvir !
Si mon prix vous détourne, je vous fais une ristourne…
À peine posé le pied, la mine fait explosion,
Ravageant jusqu’à l’os la chair d’une ou deux jambes,
Mais il n’y a pas de feu et donc rien qui ne flambe.
En fait, il reste l’os, soumis à l’érosion,
Si donc nous le soignons, il fera beau moignon !

Ajouter à la chance d’être né tropical…
Regretter les présents du blanc inamical…
Marcher sur une mine et devenir infirme…
Exploité pour trois sous par une de nos grandes firmes,
Sympathique, l’existence, avec notre assistance !

Avec ces cent-vingt balles, dans son grand chargeur droit,
Regardez cet objet, comme il est séduisant !
Métal brossé, viril, et son canon luisant,
En voilà un ami, et vous y avez droit !
S’il vous faisait défaut, je ne sais pas ce qu’il vous faut…

Ah ! Le gentil commerce, qui rapporte et qui tue !
Remercions la nature humaine et ses vertus !
Morts sous les balles perdues, ceux qui se sont trouvés
En certains mauvais lieux, on peut le réprouver,
Sauf si nos chers scrupules sont ceux d’une fière crapule…

Alors qu’un foldingo devient juge et bourreau,
Ravi de tuer enfants, parents ou militaires,
Mille voix en concert s’élèvent sur la Terre
Et c’est pour déplorer… Qu’il remette au fourreau,
Son engin meurtrier et son goût pour trier !

Ah ! Mais c’est leur culture, qui fait aimer la guerre…
Regardez la gaîté dans leurs kalashnikovs !
Mieux vaut leur vendre ça que des morceaux d’étoffe,
Et c’est bien plus juteux qu’un commerce vulgaire…
Si l’on fait ça pour eux, c’est pour les rendre heureux !

Avec le doigt de Dieu, dans un objet qui tue,
Regardez tous les fous qui font les faits divers !
Maîtrisant leur joujou, ils possèdent l’univers,
En jugeant, condamnant, dans leurs esprits obtus,
Sans guère laisser de chance à leurs cibles qui pensent…

A cette noire folie, pourtant si habituelle,
Répondons autrement qu’avec nos seuls mouchoirs !
Mettons sur pied un plan, que la folie des duels
Et des bonnes boucheries, qui vont bien nous échoir,
Soient rendues difficiles par l’absence de “missiles” !

CORPS

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C’est triste qu’il vieillisse, mais l’esprit reste jeune.
On le dit immortel. Ça, c’est vraiment trop « fun »…
Remarquez, l’âge aidant, quand il va gâtouiller,
Personne ne dira plus que ses neurones souillés
Sont dignes d’un jeune crâne, mais plutôt d’un vieil âne…

C’est cette dichotomie entre l’âme et le corps,
Où le premier survit, montant en paradis…
Rien ne me fait plus rire quand j’y repense encore,
Pardi ! l’esprit gâteux, au ciel qui irradie,
Se sentira bien seul, sans son précieux linceul…

C’est la grosse. C’est le nain. C’est le géant, la maigre…
On ne manque pas de noms pour décrire l’apparence.
Rien ne va plus si l’on s’éloigne des références,
Prisonnier dans la chair, la vie tourne au vinaigre.
Si l’on n’est pas Bardot, chaque jour est un fardeau…

Couvrez-le de métaux précieux et de bijoux !
Ornez vos yeux de bleu, et puis de fard vos joues !
Revêtez des soieries, les plus nobles textures !
Portez donc sur le dos les plus luxueuses vêtures !
Sur vos os vieillissant, la mort rampe en crissant…

C’est une marchandise, une machine et une proie…
On l’exploite, on l’abuse et, bien sûr, on le broie…
Regardé, remarqué, repéré, on le veut,
Pour se l’approprier, comme un objet nerveux,
Sympathique faire-valoir, pour notre égo morveux !

C’est lui, dont on se moque, quand il est disgracié…
On oublie un peu vite l’humain qui, enfermé,
Regarde, par les trous des yeux, les biens normés
Pliés de rire, d’orgueil, devant leur supplicié.
Si ce n’est pas méchant, on peut en faire un chant.

C’est sur lui que l’on juge l’humain qui est dedans.
On dit qu’il est très gros, ou vieux, qu’il manque de dents…
Regardez ces cheveux, si rares sur le devant !
Peut-on dire, comme les autres, qu’il était mieux avant ?
Sacré décrépitude, qui plombe nos aptitudes…

Coincé à l’intérieur, on n’en sortira pas,
Ou plutôt, le beau jour, où notre container
Retournera aux vers, ces astucieux appâts,
Plus rien ne percevra le soleil qu’on vénère,
Si l’on est égyptien ou seulement mauricien…

C’est parce que je suis gros que l’on moque mon physique…
On ignore que, dedans, j’ai une âme d’Apollon !
Retenez vos sarcasmes, car votre sale musique
Pourrait péricliter et vos vilains violons
Siffleront leurs remords quand je serai bien mort !

Ces cuisses et ces seins sont nos meilleurs copains…
On les veut trop parfaites, mais vrai… on les adore !
Raffolant d’accessoires, mini-jupes ou tchadors,
Porte-jarretelle et string, corset ou escarpins,
Si elles n’étaient pas là, pour qui, les falbalas ?

Cellulite aux genoux et jusqu’en bas du dos,
Ou bien graisse sur le ventre, qui masque les abdos,
Regardez vos corps lourds, alors qu’en Centre-Afrique,
Plein de gens sont gracieux, moins bouffis par le fric !
Suffit de bouffer moins, de moins remplir nos groins…

C’est dès l’âge de sept ans qu’une fille doit faire régime,
Ou elle va développer des cellules adipeuses…
Retirez-lui ses jouets et qu’elle fasse de la gym !
Pour son corps de gamine, des poses un peu pulpeuses,
Sous-vêtements sexy, c’est vraiment trop exquis !
Ou…
Sous-vêtements sexy, c’est parti, mon kiki !

C’est pour qu’il soit parfait, qu’on va gâcher sa vie,
Oubliant l’essentiel pour creuser nos envies,
Rien que pour le plaisir d’être bien contemplé,
Pour la joie de savoir les jaloux décupler,
Sublime but pour combien de celles qui le valent bien…

C’est le regard de l’autre qui dicte nos conduites.
On le voit disgracieux, on se voudrait plus beau.
Regardons nos actions et les cervelles séduites
Pourraient former un monde moins joyeux aux corbeaux,
Simplement allégé de quelques bons dangers…

Comme la prison de chair est différente de l’âme !
On peut certes déduire de l’aspect une flamme…
Réduire l’individu à ce que nos yeux voient
Pourraient bien nous mener sur de mauvaises voies…
Si facile de tromper les esprits estompés…

Car nous ne sommes jamais que gros porte-monnaies,
On nous vend du poison, de faux médicaments,
Rien que pour s’engraisser des besoins qu’on connaît…
Pardi ! Pour de l’argent, on nous trompe, on nous ment,
Si bien que tout est faux dans ce monde en défaut !

Courir après l’argent, se crever la santé…
Ou vivre au jour le jour, vers les sens concentré…
Regardez-nous chercher un sens à nos entrées,
Perdus dans ce grand monde et à jamais hantés,
Souhaitant tout et puis rien, comme de pauvres vauriens…

Ce n’est jamais le mien. C’est moi, tout simplement.
On doit le respecter, ça suffit amplement.
Refuser de le prendre comme un jouet, un objet,
Passer du temps pour qu’il soit un meilleur sujet,
Sachant qu’il doit servir, sans jamais l’asservir…

Corps à corps éperdus, jetés à corps perdu,
On oublie un peu trop l’essentiel, qui, rétro,
Rejoint nos rêves d’enfants, au fond du coffre à jouets…
Puissions-nous retrouver, le temps d’un simple souhait,
Son sens à l’existence, à travers sa substance !

Comme il est donc affreux ! Docteur, faites quelque chose !
Oeuvrez du bistouri ! Que la métamorphose
Rejoigne l’idéal qu’on a mis dans ma tête !
Poncez, sucez, tirez, injectez, dans la bête !
Surtout, n’hésitez pas ! La beauté n’attend pas…

Ce corps doit être beau, parce qu’il est à moi.
Oubliant ses besoins, il me comble d’émois,
Repaissant mon esprit de plaisirs ordinaires,
Pourrissant du dedans, dit le “vétérinaire”,
Servile machine esclave, qu’il faut bien que l’on lave…

Cachez-moi donc ces rides, ces bourrelets, ces pattes d’oie !
Oubliez mes années, bien sûr, comme il se doit !
Regardez ce visage qui s’affaisse peu à peu…
Poncez et aspirez le tissu adipeux,
Sur ma peau ou sous elle… Mais donnez-moi des ailes !

Côtes saillantes, membres osseux et visage émacié,
On voudrait incarner la beauté absolue…
Regarder ce beau corps qui rêve d’être gracié,
Pour ne plus essuyer les brimades farfelues,
Savamment orchestrées pour un décès frustré…

Culotte de cheval par ci, et peau d’orange par là,
On ne sait plus très bien où donner de la tête…
Rêver qu’on peut avoir… garder un corps d’athlète,
Puis sauter un repas, chipoter dans les plats,
Simplement dans l’espoir de ne plus former poire…

Coloration, piercings, tatouages, opérations,
On n’arrête pas nos choix pour personnaliser,
Redoublant d’idées neuves ou bien d’aberrations,
Pour être toujours plus près de réaliser
Son rêve d’être idéal, dans un monde trop banal…

Comme ces muscles trop gros, voire même hypertrophiés,
Offrent aux esprits faibles un remède glorifié !
Reprenez la seringue, les haltères associées,
Pour bien diviniser l’animal moins grossier !
Sueur, efforts et douleur, pour survivre en couleur…

Comment ? Je suis trop moche ! Mais c’est inqualifiable !
On voit bien, dans les pubs, les canons de beauté.
Regardez, j’en suis loin, dans ce sac empoté !
Pourquoi suis-je affublé d’un support si peu fiable ?
Satan veut mon esprit… et dans quoi est-il pris ?!

C’est moche d’être trop gros, dit la publicité.
Oui, c’est vrai, on le sait, jusque dans les cités.
Raison de plus pour boire, juste pour oublier…
Pendant que l’on regrette son look “Bernard Blier”,
Sur nous, les années passent, et puis l’esprit trépasse…

C’est dur quand il est moche, dans un monde, où l’image
Oblige à juger l’âme sur l’apparence physique…
Regarder l’animal, juger sur le plumage,
Plutôt que d’apprécier la voix et sa musique…
Sur nos neurones dressés, l’humain est agressé.

Cachez-moi donc ce sein que l’on ne saurait voir !
Offrez donc au regard ces jambes bien épilées !
Rembourrez les bonnets pour mieux prendre au filet
Pauvres yeux égarés, venus faire leur devoir,
Sans compter les chaussures, aux talons qui assurent…

Chirurgie esthétique, voilà le maître-mot !
On dit qu’en Amérique latine, fortissimo,
Recourir aux implants est devenu réflexe…
Partout, l’évolution peut nous laisser perplexe,
Si l’on tait que «jolie» rime bien avec «folie» !

C’est le cerveau censé commander aux organes,
Oui, aux membres aussi, pourtant, sous la soutane,
Rien n’est bien adéquat, et les goûts sont les rois,
Paradant, impudiques, comme ayant tous les droits…
Seulement, quel bel homme, au cerveau factotum !

C’est si bon au goût et… les organes, on s’en fout !
On oublie l’animal, jusqu’à ce qu’il devienne fou.
Revient-il à l’esprit, on va le déguiser,
Parer, et opérer (!), qu’il ait l’air aiguisé…
S’il vient à nous lâcher, on ne sera pas fâché !

C’est l’esprit et c’est l’âme qui sont très importants.
Oui, les os, les organes, ce sont juste un portant !
Ridicules sont les gens qui consacrent au « transport »
Plein de temps inutile à disons… faire du sport !
Suffit de bien prier… le dieu approprié.

C’est un art de toujours négliger l’essentiel,
Offrant aux dieux hilares de l’humour plein le ciel.
Regardez-les chercher à fuir le moindre effort !
Pourtant, ils glorifient ce qui est grand et fort…
Saouls de contradiction, mais quelle belle addiction !

C’est l’unique possession de notre humanité.
On lui préfère chiffons, cailloux, et vanité…
Regardez-nous pleurer quand viennent les perfusions,
Perdus au bord du puits de nos chères illusions !
Slips Calvin Klein, fourrures, et châteaux à dorures…

Comme tu pues sous les bras, le bon déodorant
Offrira aux narines une compensation.
Rapproche-toi du modèle toujours en arborant
Parfums de marque chers, tenues à sensations,
Si bien que l’on dira que très loin tu iras…

C’est l’ascenseur aimable, qui sauve les quadriceps,
Ou le chariot à courses épargnant les trapèzes…
Rendons grâce aux tapis roulants qui nous apaisent,
Pendant que les voitures, où reposent nos triceps,
Se voient privilégiées, dans nos villes assiégées !

C’est pour l’économie que l’on va l’atrophier,
Obligés d’emprunter l’ascenseur certifié,
Repus du riche repas, censé nous vivifier,
Pour finir en voiture, sur un siège, pétrifiés…
Si l’âme n’existe pas, beau destin sacrifié !

C’est le trou qui aspire la bonne fumée des clopes
Ou le trou qui avale les chips, les escalopes,
Ravioles, bonbons, gâteaux, pour papilles excitées…
Pensez aussi aux trous de nos lubricités !
Sacré gruyère humain… à couvrir de cumin ?

C’est du goudron gazeux pour l’esclave atrophié…
Ouvre ta bouche, crétin ! J’ai envie de manger !
Retire ton pantalon ! Je me sens démangé…
Pourquoi es-tu si mou ? À toi, comment se fier ?
Si tu meurs, c’est bien fait ! Pour l’esprit, un bienfait…

C’est l’animal graisseux, où mon âme, prise au piège,
Organise ses journées, en attendant la mort.
Reprenant des loukoums, bien vautré sur mon siège,
Pourquoi ferai-je l’effort d’éprouver des remords
Si je néglige ce tas, répugnant en l’état ?

C’est l’esclave de nos sens, de nos lubricités
Ou de nos gourmandises, et la publicité
Rend plus folles nos idées sur sa réalité,
Pour finir en toussant, bouffi et alité,
Sur un lit d’hôpital, tuyaux en cavités…

Comme seul l’enfer importe, qu’il cesse donc de pleurer !
Ouvrant ton large bec, enfourne tant bien que mal,
Repu poussah puant, qui voudrait nous leurrer,
Parce qu’il est moins heureux que chez un animal…
Seule mon âme va compter, tais-toi et bois mon thé !

Crevons les yeux, pour voir, et enlevons les dents !
Ongles à arracher, puis cheveux et le nez,
Rien ne manque pour créer des tortures raffinées…
Prenez aussi la langue, le pénis ou dedans,
Sans effort, faites entrer des pieux, puis… éventrez !

Comme sa peau est blanche, ou noire, jaune, colorée,
On ne le verra pas du même œil impartial…
Remarquez, s’il est grand, avec un air martial,
Pensez donc, le mépris sera édulcoré…
Sales malédictions, nos vieilles convictions !

Cesium et nicotine, alcools, sucré, salé,
On lui fait absorber tout et même si ça pue,
Rien que pour le plaisir de goûter, d’avaler,
Pour la joie de s’emplir, de se sentir repu…
Souffre-douleur de l’âme, et en plus on te blâme !

Cor au pied, ou ampoule, entorse ou luxation,
On ne manque pas de signes pour les dysfonctionnements.
Rien n’est aussi bien fait au niveau des nations :
Pourquoi les maux d’autrui nous indiffèrent tellement ?
Si cette question futile pouvait nous être utile…

Comme mes doigts s’emportent pour conter ton histoire,
Ouvrant cinquante fronts, le long de l’écritoire,
Rayant du bout des ongles, les touches du clavier, —
Pauvres bouts de plastique, crissant comme du gravier —
Sans cesser d’insister sur le mal d’exister !

C’est bientôt l’heure d’aller préparer le dîner.
On y va vaillamment… C’est qu’il faut bien manger
Rien que pour satisfaire l’estomac où ranger
Paire de steacks et légumes, dessert pour terminer…
Saine routine que l’on vit, au long de nos envies !

C’est à toi, pour une fois, que je viens m’adresser.
Oui, je veux m’excuser de t’avoir agressé.
Remerciements à toi, toujours si empressé !
Plutôt que de servir, tu t’es intéressé,
Si bien que, dans l’émoi, je dis, heureux : “C’est moi !”

C’est la mort assurée dès qu’on sort de Maman.
On a quelques années pour faire ce que l’on doit,
Rêver, lire, écouter, apprendre abondamment,
Pour pouvoir apporter ce que nos pauvres doigts
Sauront bien accomplir dans cette vie à remplir.

Combinaison de nerfs, de tuyaux, de viscères,
On apprécie l’engin et c’est vraiment sincère !
Remarquable instrument au service de nos vies !
Pourtant, certains l’appellent juste pour leurs envies,
Snobant tous ses signaux, en saigneur des agneaux…

C’est sur ce joli mot que je bavarde encore,
Offrant mes mots qui chantent au milieu du décor.
Riches, mes arguments, et puissants, mes accords,
Patiemment, mes poumons soufflent dans mon grand cor,
Si fort qu’il sort des vers que quelques yeux picorent…

Courir, c’est pour l’hygiène, du cœur et des poumons.
On oublie un peu trop qu’ils nourrissent le cerveau
Ravi de l’oxygène, qu’il boit, comme un grand veau…
Pensez à vos neurones ! L’inaction, ce démon,
Sait les priver, bon sang ! et votre âme y consent…

Comme il serait malin que nos intelligences
Organisent leur planning pour réserver du temps,
Regardant sans rougir les efforts rebutants,
Pour rendre à l’animal du goût à l’existence…
Suffirait de bouger, pour moins l’endommager…

C’est difficile d’avoir une force d’androïde.
On pourra se moquer de cet air de mutant,
Raillant les exercices où j’ai passé du temps…
Pourtant, pour ma santé, sans aucun stéroïde,
Sachez que ces efforts m’ont fait l’esprit plus fort…

Club de gym et machines, haltères, ou bien agrès,
On a mille solutions pour combler l’inaction,
Rattrapant les efforts que nous vole le progrès.
Plus de bûches à couper, ni pénibles tractions…
Sous nos vies ramollies, l’effort est aboli.

C’est ce qui reste après que nous soyions finis.
On s’attriste et on pleure, on range les bikinis…
Respects seront rendus à la dépouille mortelle.
Parfois, l’on se réjouit, l’on fait repas, cocktail…
Si c’est bon débarras, montrons bel apparat !

Calciné, enterré, mangé par les vautours,
On sait qu’on va finir, et, ce jour-là, autour,
Regardez-les, gentils, pas un pour dire “Fous le camp !” !
Pour ma part, finir, c’est dans le feu d’un volcan,
Simplement avalé. La lave va bien m’aller…

On n’a pas de corps. On en est un.
Comme c’est fou de penser que ton corps t’appartient,
Oubliant ton cerveau, que, dans sa boîte, il tient !
Riant de tous ces sots qui croient qu’ils le possèdent,
Perdant tout ce qu’ils sont, quand, à la fin, il cède,
Saurons-nous accepter comment la vie procède ?

C’est à toi, c’est le tien : tu es propriétaire.
Oublie qu’il est vital et qu’il est "toi" sur terre !
Remplis-le à ras bord et jouis de tous ses sens,
Posé comme un gros sac depuis l’adolescence,
Si bien qu’il n’attend plus que ton obsolescence…

C’est un peu de nature qu’on bourre de confiture…
Oui ! Des êtres vivants vautrés sur le divan,
Regardant la télé, ceux qui vont y bêler,
Proprets ou excités, pour les publicités…
Sous nos cerveaux lavés, nos ventres sont gavés.


DEMOCRASSIE

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Des mots pour nous mentir et pour se faire élire,
En faisant jouer nos peurs et puis nos espérances,
Messieurs les politiques nous plongent dans leur délire…
On y croit, on s’enflamme, on a nos préférences,
Comme si la comédie qui sous nos yeux se joue
Résistait à l’épreuve des faits et à l’Histoire…
Avec obstination, s’écrasant sur nos joues
Soumises mais bouffies, ou maigres… les battoirs
Se succèdent et leurs coups viennent nous abrutir.
Il en faut car nos vœux, jamais près d’aboutir,
Etouffent à l’intérieur, sous les rires supérieurs…

Des messieurs bien polis, au phrasé si joli…
En parfaits gestionnaires, ils vous noient sous les chiffres,
Maquillant le réel sous les rêves des sous-fifres.
Ouvriers consciencieux du système qui nous broient,
Ce sont nos voix ineptes qui leur donnent tous les droits.
Regrettant leur présence sitôt l’élection close,
À jamais libérés de leurs belles promesses,
Sournois serpents siffleurs sachant manier les clauses,
Sans arrêt, ils nous tondent, même entre les kermesses…
Ils sont des parasites gavés de tous nos poils
Et s’ils en étouffaient, on verrait les étoiles !

Des places bien alléchantes, qui attirent les crapules
Et tous les arrivistes un peu trop beaux parleurs…
Ministres, députés, sénateurs, racoleurs,
On sait les avantages pour quoi on manipule…
Comprenez qu’un ministre a une retraite à vie !
Regardez les cocardes des voitures de fonction…
Avec quoi croyez-vous qu’on soit aussi ravi ?
Sympathiques revenus garantis sans ponction
Souvent c’est net d’impôt, comment donc hésiter ?
Il attire, le magot, et notre humanité
Est conçue pour aimer la pure vénalité…

Des pions qui obéissent aux ordres des patrons,
Et qui caressent nos poils, à nous, pauvres citrons !
Messieurs les dictateurs défilent à l’Elysée…
On leur fait la morale de manière déguisée :
Ce sont des lames en bois que l’on a aiguisées.
Rien ne viendra blesser nos hôtes divinisés !
A condition qu’ils signent quelques contrats juteux,
Salutations, sourires, les attendent à Paris…
Sorties, cérémonies, dîners-soupers coûteux,
Il n’est rien de trop beau quand on vient de Syrie,
Et de tous les endroits, où l’on torture de droit !

Des menteurs se succèdent devant les électeurs
Et ceux-là pourraient bien voter pour Alzheimer,
Manipulés à souhait par de bons séducteurs…
On leur promet la lune, et, avec bonne humeur,
Ces ballots font confiance, comme si la fois d’avant,
Résolument trompés, ils n’avaient pas juré
Avec un bel aplomb qu’après, dorénavant,
Sans eux, ces beaux messieurs iraient à la curée,
Sénateurs, conseillers, maires ou même cantonniers !
Ils n’ont pas de mémoire, faciles à pressurer,
Et leurs impôts nourrissent un vaste pigeonnier…

Donnez-moi votre voix et puis vous verrez bien !
En me faisant confiance, vous ferez le bon choix,
Montrant autour de vous que le rôle qui m’échoit
On ne saurait l’offrir aux autres comédiens…
Ces gens-là sont menteurs et vous feriez erreur,
Regrettant amèrement, votre bulletin fautif.
Alors, pourrait s’ouvrir un règne de terreur,
Sans répit, où l’argent serait le seul motif…
Sachez prendre mon nom et le glisser dans l’urne,
Il vous rapportera, ce petit geste diurne
Et vous apprécierez… ce que j’ai désiré !

Dès l’annonce du verdict, les masques tombent à terre,
Et au Fouquet’s on rit de la sottise des masses…
Monté sur le beau yacht du copain milliardaire,
On se gausse, on ricane, en buvant les grimaces
Collées sur les visages des candidats perdants.
Regardez les nigauts qui croyaient faire le poids !
A leurs mines atterrées, on voit… c’est emmerdant.
S’ils avaient su gagner, quelle horreur, oui, ça, pouah !
S’ils ont si bien échoué, c’est qu’ils étaient moins bons !
Il est doux, le scrutin, qui vous fait faire un bond,
Et qui vous catapulte au-dessus du tumulte…

Dommage que les meilleurs ne soient jamais gagnants
Et que les plus rapaces, comme des fourmis Magnan,
Montent sur le dos des autres pour s’imposer en masse…
On sait bien que le jeu intéresse les plus vils
Caressant le doux rêve du bel or qui s’amasse,
Ravivé du désir de plastronner en ville…
Avidité, orgueil, ou toujours vanité,
Sont les moteurs féroces de notre humanité,
Serpents sournois qui sifflent leurs sales sons satisfaits,
Irritants personnages, à l’esprit contrefait…
En vain, nous chercherons à fuir ces moucherons.

Des mots classieux qui glissent sur les neurones flattés,
Et de la bonne pommade pour les pelages lustrés…
Montrez vos pattes blanches, en atmosphère ouatée,
Ou vous pourriez avoir vos appétits frustrés…
Caressez bien les haines et les détestations,
Rangées en rangs furieux, car leur infestation
Aura un bel effet en manifestation,
Slogans illuminant la moindre des stations…
Si vous savez charmer les oreilles les plus sales,
Ils viendront écouter, nombreux, emplir vos salles,
Et vos meetings, mes fils, feront grand bénéfice !

Des maux, l’on se nourrit pour les plus belles promesses
Et l’on prendra leurs sous aux autres, aux étrangers,
Mille fois trop nombreux, comme mendiants à la messe.
On saura leur reprendre ce qu’ils voulaient manger,
Ce confort, leurs beaux rêves, qu’ils n’ont pas mérités,
Rien que par la naissance si noble et héritée.
Alors viendront des jours heureux sans rastakouaires,
Seulement entre nous, vrais Français, blancs de teint,
Soulagés du lourd poids de toute cette misère,
Impossible à porter, et tous ces importuns
Enfanteront plus loin au pays des babouins…

Des riches qui seraient là, pour faire rêver les jeunes,
Et les pousser à faire ce qu’il faut pour gagner,
Mais il est vain de croire qu’ils seront épargnés
Ou qu’ils seront les seuls à ne pas faire de jeûne…
C’est beau de faire accroire à tous qu’ils ont une chance :
Regardez ! Dans la cour, il y a dix pièces d’or !
Attrapez-les donc toutes et régnez sur la France,
Sachant fuir tous les gueux qui n’ont plus rien… J’adore !
Si l’on est riche, c’est bien qu’on a volé autrui…
Ironique est l’astuce qui sait calmer les truies
En les faisant loucher sur des rêves de boucher !

Des mots pour faire rêver à des futurs meilleurs
Et pourtant, point de dieux, ni d’enfer, ni de mort,
Mais il y a l’au-delà, pour les bons conseilleurs,
Oui, l’au-delà du vote, sans regret ni remord.
Ces couillons qui croient tout ce qu’on leur a promis
Retourneront chez eux, dans l’odeur de vomi…
A chaque fois, c’est pareil, et puis l’on recommence,
Souriant du mauvais tour que l’on va encore jouer.
S’ils étaient plus malins, ils pourraient nous déjouer…
Ils ont besoin d’y croire et nos besoins immenses,
En leurs votes, ils reposent, alors, prenons la pose !

Des affiches sur les murs, il en faudra beaucoup.
En effet, pour les sots, la quantité importe.
Mais c’est une très bonne chose, car l’argent qui nous porte
Ouvre devant nos pas un boulevard pour nos cous !
Ces mentons, qui sont nôtres, dressés avec fierté
Regardent vers l’avant, habiles à disserter,
Agiles à distribuer des mouvements de bouche,
Sourires, moue de mépris, rictus, rire aux éclats,
Souvent hochant la tête, quand la main serre les louches…
Il ne faut pas roter le bon Coca-Cola,
Et savoir se tenir pour bien se maintenir…

Des murs couverts d’affiches, des voyages en province,
Et des meetings bien chics, des journaux que l’on rince…
Millions d’euros passés à payer du papier…
On voit qu’il y a du beurre à cueillir dans les urnes !
Comme dans les culottes doivent s’agiter les burnes
Reniflant en tous sens, comme lapins en clapier !
Avec avidité, on s’affaire à grimper
Sur l’échelle des sondages ; il faudra rattraper
Ses concurrents plus vifs et distancer les rats…
Il en est des rongeurs devant les caméras
Et ils courent à la file, montrant leur bon profil !

Des mots, toujours des mots et des promesses aussi…
En veux-tu ? En voilà, et si elles ont grossi…
Mais c’est pour rattraper les mensonges d’à côté !
On veut vraiment y croire, parce que ne pas voter,
C’est perdre sa seule chance de pouvoir désigner
Régulièrement les chefs qui vont nous commander…
Alors, on peut vraiment se taire, se résigner,
Silencieux, opprimé, à moins de demander
Soudain à mettre bas le système en entier !
Il est bon de rêver à des matins meilleurs
Et ils sont rares, les rêves, qui provoquent des frayeurs…

Défense de nos valeurs, de nos rêves, opinions…
En gros, nous ne votons que pour notre champion,
Maudissant les vilains qui avancent d’autres pions.
On les voit, grimaçant ou se faisant mignons,
Crachant leurs sales mensonges à leurs fidèles naïfs !
Réclamons des réformes, au bout de nos canifs,
Afin d’avoir encore un peu plus à la fin !
Sur nos soifs insatiables, penchons-nous donc enfin !
Sans égard pour les gueux abonnés à la faim,
Il faudra avancer vers un beau monde nouveau,
Et votent les poulets, cochons, vaches ou veaux !

Des mensonges, j’en ai dit, et bien mieux que les autres !
En plus gros, en plus fort, car c’est du rêve qu’on vend…
Moquons-nous du réel et donnons-leur du vent !
On n’est pas éternel et tous les bons apôtres
Croquent les pissenlits par leurs racines terreuses !
Regardez-moi en face : dans mes prunelles véreuses
Appréciez les espoirs que vos cervelles peureuses
Sucent comme un bon miel. Si vos vies malheureuses
Serpentent dans la crasse des arrière-cours sordides,
Il n’en faudra pas plus et vos bulletins candides
Enrichiront ma vie, comme je vous y convie !

Du moins pire des régimes, il faudrait dire du bien,
Et finir en beauté ces pauvres poils pubiens,
Maigres vers torsadés, qui ondulent en tous sens…
On est si habitué à vivre dans la paix,
Comme la guerre est loin, aux pays de l’essence…
Remarquez, si, demain, la terreur nous frappait,
Avec sauvagerie, nous hurlerions ensemble…
Si nos satrapes sournois, sordides, comme il nous semble,
Savaient sortir des chics salons où ils plastronnent,
Ils verraient le destin de ces masses qu’ils chaperonnent,
Et ils ne seraient plus… ces hommes qui ont tant plu.

IMMOBILIER

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C’est la maison du bois, aux ouvertures… murées !
Et dedans… C’est ballot ! Un pauvre homme… emmuré ?

Il est pondu du jour, écrit nu, sans tunique,
Le poème que voici ; il était seul au monde.

Est-ce une qualité d’être un enfant unique ?
Si la fratrie est grande, en quoi serait-ce immonde ?
Tiens donc ! Il est trop tard. Je sens venir les autres…

Beaucoup de maux à dire sur ce vilain apôtre
Et je les sens pressés de cracher leur venin,
Affreux petits serpents et leurs destins de nains
Ulcèrent leur orgueil d’alexandrins râleurs…

Le voici, l’acrostiche, arrivé bien à l’heure :

Il s’agit de gagner des sous en spéculant,
Mais, pendant ce temps-là, des gueux, gesticulant,
Meurent de faim en tâchant d’habiter quelque part…
On peut y voir la patte des Gros qui accaparent :
Bien vautrés dans la soie, leur tas d’or à la banque,
Ils se moquent de savoir ce dont les autres manquent !
Les autres ? C’est la France, des gens sans importance…
Il est usé le temps du gros fromage à trous
Et les rats faméliques, lassés des tours d’écrou,
Redeviendront des lions, en votant Mélenchon ?

Il a un, deux appart’s, qu’il loue pour de l’argent,
Mais ce Monopoly n’est pas si innocent…
Maudit soit ce pognon qui fait pleurer les gens !
On fait monter les prix et puis bouillir nos sangs,
Bloqués dans nos artères, sinon ils gicleraient…
Il est deux fois moins cher en pays d’Outre-Rhin.
Les Allemands s’en tirent, quand, nous, on en pleurait…
Il est légal de faire du profit sur les reins
Et pourquoi pas les corps entiers et puis les toits ?
Retourne à ton miroir, et là… regarde-toi !

Il y a un beau trois-pièces qui prend de la valeur…
Mais ce n’est pas depuis un an, une saison…
Mais non, depuis quinze ans, au sein de la maison,
On a trois belles pièces vides, sans crainte pour les voleurs !
Beaux voilages aux fenêtres, éloignant les squatteurs,
Il s’agit d’un tas d’or, avis aux amateurs…
L’investissement est bon : il a triplé son prix.
Il n’est pas même à louer : les locataires ? Mépris !
Et les voisins sont braves, confits de gentillesse :
Regardez-les, tassés, à cinq dans leurs deux-pièces !

Ils font des heures en train pour aller travailler
Mais c’est le prix qu’ils paient pour pouvoir habiter
Maison et jardinet, et ils ont beau bâiller
On ne les plaindra pas, c’est une énormité !
Bonheur de la campagne, où l’air pur Monsanto
Irrigue de pesticides les bronches, les végétaux !
Les voilà qui se plaignent, mais ils ont bien choisi…
Ils l’ont voulu, leur toit, symbole de bourgeoisie ?
En venant réclamer, ils en ont du culot !
Reposant, leurs week-ends, au milieu des mulots…

Il est fou l’affreux loup qui fixe les tarifs,
Mais ce n’est pas un homme qui chasse loin du périph’
Mes frères et sœurs honnêtes qui ne demandent qu’à vivre…
On a un bon système, conçu pour rapporter :
Beaucoup de gens s’engraissent ou plutôt ils s’enivrent…
Il en faut des notaires, des agences confortées,
Les experts en tous genres, qui mesurent tout ce qu’ils peuvent…
Il arrive, par ailleurs, que dans vos chambres il pleuve,
Et le bonheur humain n’est jamais assuré
Rien que tant que l’Argent règne au ciel azuré…

Il est encore monté, le prix du mètre carré !
Mes mains chéries, je frotte, et mon sourire ravi
Montre bien que l’argent s’accumule dans ma vie…
On me dira parfois pour me contrecarrer
Beaucoup de bien des gens que les prix vont chasser…
Ils n’ont qu’à faire comme moi (comme si c’était possible),
Les joyeux locataires, qui en auraient assez !
Ils ne m’intéressent pas, car j’ai bien d’autres cibles,
Et des bien plus juteuses, mais c’est une autre histoire,
Racontons-la plus tard, près d’un autre comptoir…

Il faut un canapé pour dormir dans la nuit,
Mais c’est qu’il manque une chambre dans notre "pied-à-terre"…
Mes bonnes vertèbres, hélas, le couchage leur a nui
Obligeant à jeter des matelas par terre…
Bel objet, ce sofa, couvert par deux TRÉCA !
Il importe assez peu que les maisons des gueux
Laides à l’extérieur, cuisine en formica,
Irradiant l’inconfort, soient carrément dégueus…
En méprisant les autres, les "un pour cent" vont mieux,
Regardant leurs enfants, la fierté dans les yeux !

Il ne peut plus payer ? Mais foutez-le dehors !
Mon avocat m’a dit que, dans les mois d’été,
Mettre à la rue l’infâme qui s’est trop endetté
Oblige à quelques ruses… mais préservez mon or !
Boutez donc l’importun hors des murs de mon bien !
Il en a du culot d’oser tant s’accrocher,
Lui et ses trois marmots, comme moules sur un rocher…
Il faut quérir les flics, l’huissier… Dieu sait combien
Est-ce que va me coûter la vilaine expulsion ?
Retenez-moi, ma mie, de mort, j’ai des pulsions !

Il est trop cher pour vous ? Ce n’est pas un problème !
Mon agence a l’affaire qui est faite pour vous plaire.
Monsieur Durand va vous… Ne soyez pas colère !
On a juste ce qu’il faut, même si c’est un peu blême…
Bien sûr, ce sera loin… Vous avez une voiture ?
Il y a même un garage, et… grand comme un caveau !
La maison n’est pas neuve, on voit bien… la toiture…
Il faudra bien prévoir quelques petits travaux
Et vous serez chez vous, loin des bruits de la ville,
Rangé comme un cafard, sur la route de Deauville…

Ils ont fait une cabane dans le bois de Vincennes,
Modeste petit bois, à Paris, près de la Seine…
Mais ce sont des gamins d’un genre un peu spécial,
Ou bien des attardés, car ils ont passé l’âge…
Bah ! Quel mal ça fait-il ? Si un être asocial
Investit ce beau bois avec son bricolage,
Le mal serait bénin, mais c’est pour habiter !
Il y reste à demeure, dans sa cage à lapin,
Et les tentes discrètes qu’on voit près des tapins,
Ravissant voisinage… Belle illégalité !

Il fait froid, dans les pièces de cette vieille demeure.
Mes quatre radiateurs ont fait sauter les plombs.
Mettez plutôt trois pulls, un polaire en doublon !
On trouve qu’il y fait froid et, peu à peu, on meurt…
Bouchez les ouvertures et l’humidité reste :
Il se forme des flaques sur le sol et ça sent
Le moisi qui s’étend sur les murs du nord-est.
Il est cher, le chauffage, et les prix vont croissant.
Encore hier le bail a été augmenté…
Regardez-nous, pendus, dans ce manoir hanté !

Il se lève avant l’aube pour prendre sa voiture.
Maintenant, il arrive au parking de la gare.
Monté dans le wagon, il pense à sa toiture.
On devra la refaire, réfléchit-il, hagard…
Bientôt, ses yeux se ferment tant il est fatigué.
Il n’est pas arrivé encore à Saint Lazare.
Le métro vient ensuite, coups de coude prodigués…
Il finit par pointer : on ne laisse au hasard
En fait que ce qui est trop dur à maîtriser…
Rebelote pour le soir… Belle vie à mépriser !

Il dort sur le trottoir à longueur de journée.
Mille passants le côtoient, voyant un animal,
Mais, on sait, l’apparence… n’y voyez pas du mal…
On dirait un humain, qui aurait mal tourné.
Bovidé paresseux au ras de la chaussée,
Il doit être gentil ou la maréchaussée
L’aurait déjà jeté loin du luxueux trottoir…
Il n’y a donc nul danger, nul problème, c’est notoire.
Excusez-moi, monsieur, vous auriez un euro ?
Réveillez-moi ! Il parle… Comme nos bons libéraux !

Il est l’unique fauteur de tout ce qui nous trouble.
Mille méfaits, il commet, à chaque seconde qu’on double…
Mettez-le en prison ! Il n’est même pas vivant.
On lui donne mille noms, couché sur le divan,
Bavardant de ses crimes, sans vouloir les freiner…
Il fait monter les prix, dans un jeu effréné.
Les maisons ne sont qu’un de ces terrains de jeux :
Il est beau celui-ci, humainement piégeux,
Et il fait trop souffrir bien des milliards de gens.
Regardez ce démon, dont le nom est l’Argent !

Il faudrait que chacun ait un toit pour dormir,
Modeste, confortable et facile à chauffer…
Mais où prendre l’argent ? À tous ceux qu’on admire…
On nous les montre bien, sachant philosopher,
Baladant leur bling-bling devant les caméras.
Ils auraient moins en haut, on chasserait les rats…
Les restaurants du cœur n’auraient plus raison d’être.
Il suffit d’y penser : si l’on cesse d’entasser,
En bas, on va enfin apprécier le mieux-être,
Retrouver l’air humain, penser à s’enlacer…

INCONSCIENT

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Il est le seul garant de nos doux avenirs,
Non seulement il pense, mais il est la mémoire,
Ce gardien des trésors que sont nos souvenirs.
On lui prête volontiers un certain rôle d’armoire,
Nécessaire pour stocker sans gêner la conscience.
Sachez qu’il est bien plus qu’un vaste répertoire :
C’est bien lui, l’origine de nos plus grandes sciences !
Il est le bon serveur, qui prend sous le comptoir
Et qui verse au client de quoi le rendre heureux…
Nous disposons en lui d’un ami rigoureux
Tenu de nous servir… mais de nous asservir ?

Il fait tout et l’on croit qu’il n’est qu’un assistant.
Nourrissant nos mensonges d’un pouvoir absolu,
C’est le seul artisan de nos mœurs dissolues,
Ouvrier, professeur, il est seul existant !
Nul pouvoir dans les autres qui sont des figurants :
Sur-Moi, Sous-Moi, conscience, simples nains murmurants,
C’est l’Inconscient le Maître de nos moindres pensées.
Il est le seul coupable de nos actes insensés
Et l’auteur principal de nos plus grands exploits.
Nous ne sommes que lui-même et c’est nous qu’il emploie
Transformant nos esprits en coquilles hors de prix…

Il enregistre tout et prend soin de noter
Nos moindres souvenirs et son appréciation.
Chaque action est pesée, son résultat coté
Obtient une valeur et sa validation
Ne sera renforcée qu’après confirmation.
Si l’avenir infirme cette première notation,
Cette action subira une relégation.
Il s’applique la même chose à nos chères perceptions :
Entreposées au frais, après leur réception,
Nous les notons "plus-plus", moyen ou négation,
Toujours bien vigilants, à travers nos bilans…

Il teste en permanence les projets à venir,
Nourri de son passé pour tracer l’avenir.
C’est la conscience qui sert à mesurer les points,
Ouvrière sans cervelle et simple écran-témoin !
Ne croyez pas qu’elle sait ce qu’elle fait ni qu’elle joue !
Statique verre mesureur, bête comme un bijou,
C’est un bel instrument, mais elle subit le jeu.
Il vient de l’Inconscient, notre comportement,
Entièrement construit, même nos emportements
Ne doivent rien au conscient, si loin des vrais enjeux…
Tout est donc illusion, et l’esprit …confusion.

Il est dur de penser la conscience comme une vitre.
Nous voyons au travers, mais elle n’est qu’un arbitre.
C’est à travers son œil que nous goûtons le mal
Ou le bien, c’est selon, car plaisir ou douleur
Nous apprennent à trier nos instants en couleurs…
Si la sensation rouge est plaisir animal,
Comment ne pas chercher à la revivre encore ?
Il est d’autres plaisirs des plus intellectuels,
Et parfois, bien plus forts, pour battre des records…
Néanmoins, qui peut bien faire le calcul ponctuel ?
Tout est dans l’Inconscient, l’art des coefficients !

Il sait tout et fait tout, alors que la Conscience
Ne sait rien faire du tout, comme un chien de faïence.
Cependant, c’est par elle qu’il éprouve le plaisir
Ou la satisfaction, et quand il faut saisir
Notes d’appréciation, c’est grâce à son appoint,
Statique évidemment, qu’il peut compter les points…
Comme il suggère un acte, la Conscience sert d’écran :
Il peut y réagir comme s’il voyait en grand
Et compléter son jeu, l’améliorant d’un cran.
Notre conscience sert bien à fuir faux pas flagrants,
Tous les passages à l’acte un peu trop inexacts…

Il s’agit donc d’un filtre, en entrée, en sortie.
Nous l’appelons Conscience. Elle est bien assortie :
C’est certain que, sans elle, l’Inconscient n’a plus d’yeux.
On n’en déduit pas moins qu’en l’esprit, c’est lui Dieu !
Nous sommes des mécanismes qui fonctionnent dans l’ombre,
Sous le manteau secret des neurones les plus sombres.
Confondant la partie émergée de l’épave…
Il nous plaît de penser à notre liberté !
Elle n’est qu’une illusion, flanquée de mille entraves.
Nous ignorons les fils qui vont nous escorter,
Tirant sur nos fausses notes à longueur de portée…

Il n’est rien de plus vide que notre liberté.
Nous ne faisons rien d’autre que nous mettre à tomber,
Cailloux jetés du ciel, mais au torse bombé !
On se croit immortel avant que de heurter
Notre mère la Terre au moment de crever…
Si nous étions meilleurs, l’on pourrait en pleurer.
Cependant nos actions, toujours à nous leurrer,
Indiquent avec éclat nos corps inachevés…
En machines animales, toujours nous comporter,
Nous n’avons pas le choix des vies à colporter,
Tant nos plaisirs nous viennent de nos aïeules les hyènes !

Il est libre de faire tout ce qu’il a appris.
Nourri d’autres cuisines, nul ne sera surpris
Comme il sera restreint à ce qu’il a compris
Ou limité aux goûts dont il connaît le prix.
Nous saurons l’arroser de nos profonds mépris
Si, des valeurs suprêmes dont nous sommes tant épris,
Ce benêt trop s’éloigne, en vilain malappris.
Il fait donc ce qu’il peut, c’est toujours ça de pris,
Et s’il croit être libre, c’est parce qu’il s’est mépris,
Nourri de racontars, ou de fieffées tromperies,
Tartinés dès l’enfance, dans nos pauvres esprits !

Il est fou, il le sait, mais il n’a pas le choix.
Non seulement ça vient, mais encore, et toujours,
C’est la ronde des mots, grouillant comme des anchois.
On n’en vient pas à bout en baissant l’abat-jour.
Ni les électro-chocs, ni les médicaments,
Seringues ou comprimés n’y pourront rien changer !
C’est le fond du cerveau, qui fuit complaisamment,
Irradiant ses produits, tant pis pour le danger !
Elle est bonne la folie, dans un cerveau maniaque,
Nourrie des notations de mémoire démoniaque,
Truffée des rouges désirs de fabuleux plaisirs…

Il ne comprend jamais car la compréhension
N’est pas dans sa nature. Tout est automatique.
C’est l’ensemble des joueurs et leur intervention
Obligeante qui provoque "l’esprit" fantomatique.
Nous ne comprenons rien mais le plaisir d’y croire
Sait nous plaire en dedans et l’Inconscient assume :
Capable de fournir de quoi nous faire valoir,
Il tire à flux tendu des mots sur le bitume
Et s’ils sont adaptés, nous en sortons flattés.
Non, je vois bien mes vers couler de sous mes doigts,
Tordus par mon esprit, idiot, comme il se doit…

Il m’appartient de dire que mes mots sont d’un autre,
Né en même temps que moi, caché à l’intérieur.
C’est gentil de savoir que mon crâne est le nôtre
Ou qu’il est partagé aux niveaux inférieurs…
Nous sommes colocataires, mais JE n’existe pas,
Simple fiction verbale, jeu de mots bien sympa…
Cependant, c’est un leurre, dangereux, illusoire.
Inoculé enfant dans nos esprits passoires,
En habitué cynique, il occupe le terrain.
Nuageux volatile dans une armure d’airain,
Tout le monde imagine qu’il est là d’origine !

Ils coulent du robinet de mes doigts affutés,
Nobles vers argentés ou bien propos futés…
C’est un don, direz-vous, même si j’ai travaillé,
Ou plutôt, c’est l’affaire du cerveau écaillé,
Naïf et reptilien, caché au plus profond.
Secret, il exécute, collé à mon plafond,
Ces actes merveilleux qu’on croit être les miens…
Il me donne des paroles, qu’il me fait prononcer,
Envoie des ordres aux doigts pour qu’ils aillent enfoncer
Naturellement les touches dans l’ordre qui convient,
Tout cela sans omettre le plaisir à émettre…

Il offre du plaisir à chaque suggestion.
Noté dans la mémoire, la régurgitation
Communique la valeur de l’espoir attaché.
On se régale d’avance au plaisir ensaché !
Nous confrontons nos actes à la réalité,
Soumettant nos bilans à vérification,
Ce qui assure ainsi un contrôle-qualité…
Il affine les valeurs de sa fabrication,
Envoie à la Conscience du plaisir intérieur,
Nettoyant les erreurs de ses notes antérieures
Toujours dans l’unique but d’un bonheur ultérieur…

Il est le grand gardien du bonheur de notre âme,
Notre ange-garde du corps, décrit dans les programmes,
Ces poussiéreux bréviaires, dont on m’a bien saoulé…
On se réveille un jour, les sottises refoulées,
Nu devant l’éternel désir d’être plus grand,
Sempiternel travers de l’humain, c’est flagrant !
Courant contre la peine, la douleur et la peur,
Il vit pour le plaisir, l’espoir, à toute vapeur
Et nos choix les plus fins se résument à ceci :
Nous fuyons le bâton pour courir la carotte ;
Toute la vie on trotte, jusqu’au dernier souci…

Il est mieux expliqué dans mes écrits en prose.
Nul doute que ces bons vers, qu’ici je vous propose,
Contiennent beaucoup de pistes, qu’il faudrait explorer.
On peut sur mon site web aller plus qu’effleurer
Notation et Conscience, plaisir et Inconscient,
Si le sujet a l’heur de vous intéresser…
Cela fait des années que mes neurones patients
Imbibaient le papier de l’encre bien dressée
Et les cerveaux curieux qui ont voulu me lire
N’avaient pas le passé nécessaire pour s’emplir…
Tudieu ! C’est donc tout neuf… Qui viendra casser l’œuf ?

DESTRUCTION

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De vilains rêves me hantent aux noires heures de la nuit.
En silence, je souris en pensant à chasser
Soudainement les plaies qui suppurent au passé,
Tenté de les gratter, pour tromper mon ennui.
Racler le fond du puits où l’abomination,
Un démon sans attache aux pouvoirs étonnants,
Crève d’envie de briser la civilisation,
Tirant ses flammes puantes sur les saints bedonnants,
Irradiant de lumière les puits obscurs du temps,
Ouvrant de larges brèches dans les murs rebutants,
Nourri de nos dégoûts pour les rois des égoûts…

Dis-moi si je suis fou de vouloir tout jeter…
Et l’eau de la baignoire, et le gentil bambin,
Sans craindre la morsure du remord breveté ?
Tous les puants spectacles m’ennuient comme chérubins,
Rappelant à mon âme combien l’erreur humaine,
Universelle, lassante, que les dieux nous amènent,
Cogne dans mes artères, pour crier au mensonge.
Tout pourrit mollement au fond de nos prisons,
Illusions parasites de nos plus mauvais songes,
Oublis les plus feutrés de nos pires trahisons,
Nocturnes pollutions dans des bruits de succion…

Des années vont passer dans une vaine attente
Et les fous les plus las iront planter leur tente
Sans voir qu’ils ont perdu toute chance de l’emporter…
Tout le temps qui s’écoule va dans le mauvais sens
Retirant de nos mains la force de porter
Un poids toujours plus lourd avec chaque naissance.
C’est hier qu’il fallait oser dresser la tête,
Tandis qu’après-demain, tous nos cheveux blanchis
Iront confectionner un manteau d’épithètes
Ornementé de vers timides ou affranchis,
Nobles péroraisons en panne de livraison.

Dans l’eau, je vais cracher mon dégoût cumulé,
Etourdi de l’horreur qui n’a point reculé,
Saturé de douleur de voir tant maculer
Tous les projets humains qui auraient stimulé,
Régénéré le monde, ainsi reformulé…
Un soupçon de salive ainsi véhiculée,
Collée par les caillots de sang coagulé,
Tout est prêt pour la fin des temps bien reculés :
Interrompre vos jeux, ne plus gesticuler,
Ouvrir vos yeux saoulés de trop déambuler,
Nouer vos doigts crochus, lassés de spéculer…

Des temples en chocolat aux palais de papier,
En un mois on pourra rebâtir ces clapiers.
Si l’envie est plus forte, on jettera au feu
Tous les livres de droit dont les patrons suiffeux
Retiraient avantages et pouvoirs merveilleux.
Un vent de saine folie calmera l’appétit,
Comme l’avidité, partie en confettis !
Tordu est mon esprit, dans son abri crayeux !
Il divague au grand jour, dans les plis d’Internet,
Ondulant du clavier sur l’air des bombinettes,
Navré du clair silence moquant les cris qu’il lance…

Dommage que la violence soit un mal nécessaire,
Et c’est la faute à ceux qui s’accrochent au dessert :
Serpentins profiteurs gorgés de sucreries,
Tous vos ergots sont fiers d’adhérer aux assiettes,
Rotant les crus classés, hilares aux pitreries,
Un mépris ostensible débordant la serviette…
C’est qu’il nous faudra donc écraser ces cafards,
Tous ces beaux parasites, qui se gorgent sans fard,
Ignorant tout partage, tirant la couverture,
Odieusement présents derrière chaque ouverture,
Narquois vers bien luisants, rendant l’enfer cuisant !

Dans l’idéal qu’importe que l’enfer soit sur terre,
Et que certains profitent de leur naissance inique,
Serrant les ceinturons de manière planétaire,
Tuant par négligence ou nettoyage ethnique ?
Regardez donc nos vies qui ne dureront pas…
Un siècle va passer, et qu’importent nos pas ?
C’est à l’échelle humaine qu’on crie au gaspillage,
Tandis qu’une poignée se complaît au pillage.
Il est des traditions qui sont bien familiales…
Oh ! Les esclavagistes ont la piété filiale !
Nourris du sang humain, ils aiment le rouge carmin…

Des siècles d’oppression et de capitalisme,
Est-ce assez ou faut-il encore en entasser ?
Si l’on changeait de jeu, parce qu’on en a assez ?
Tâchons de nous tourner vers l’universalisme,
Rejetant les parties de vain Monopoly !
Un souffle de fraîcheur, des relations polies,
C’est une autre nature que la vie d’aujourd’hui…
Toute l’histoire humaine nous a ici conduits,
Il est temps d’inverser les valeurs éternelles.
Oublions d’entasser, en rats irrationnels !
Nous n’emporterons rien, sauf quelques acariens…

Depuis qu’il y a de l’or, on ignore le partage,
Et la misère humaine est due aux héritages.
Si l’on abandonnait son or à son décès,
Tous les pauvres en auraient, pour de nouveaux essais…
Regardez la logique de l’accumulation :
Un peu plus chaque jour nous rend plus estimable.
C’est fou, mais c’est ainsi : l’argent nous rend aimable !
Tout tourne autour du fric et quelle émulation !
Il y en a souvent trop et ailleurs il en manque,
Oui, mais "c’est moi qui compte", et le reste ? "À la banque !"
Navré de telles idées, mon cerveau va rider…

Donnez-moi les moyens de tout faire exploser
En millions de morceaux durs à reconstituer !
Sous les murs des palais, on voit des prostituées,
Tandis que courtisans continuent à gloser…
Retirons les parpaings des murs des banques centrales !
Un vent de liberté pourrait bien s’engouffrer
Caressant les mendiants en position ventrale…
Terminés, les menus, sur du papier gauffré !
Il vaut mieux tuer le luxe que priver des millions.
Oui nos vies valent autant, et notre rebellion
N’avait que trop tardé à être placardée !

Déboulonner les têtes qui ne pensent qu’à s’emplir…
Ejecter les esthètes sans rien à accomplir…
Soumettre les grognards, défenseurs de l’Empire…
Tirer sur les ficelles des pantins qui empirent…
Rejeter en arrière les vendeurs de futur…
Unifier les courants de pensée immatures…
Cracher sur les valeurs qui défendent les voleurs…
Tordre le cou des mythes enjôleurs… engeôleurs…
Interdire le pillage de notre humanité…
Ouvrir les yeux de force devant l’absurdité…
Noyer une fois pour toute les obstacles à nos routes…

Des mots, toujours des maux, et se cacher derrière…
Elections pièges à ceux que l’on laisse en arrière !
Saoulez-nous des infos de guerres et de tueries,
Tellement qu’on est heureux au fond de l’écurie !
Regardez tout le mal qu’on peut semer ailleurs !
Un havre de repos nous assurent nos bailleurs,
C’est pourquoi l’on se tait, l’on se terre et l’on vote…
Tapis dans nos maisons, avec tant de confort,
Il serait bien stupide de faire tomber nos forts,
Ouvrant au désespoir nos âmes bien dévotes !
Non, restons couchés, las, et le bulletin est là…

D’accord on vit bien mieux, et si l’on ferme l’œil,
Eh bien, on ne voit plus la misère qu’à moitié !
Si l’on ferme les deux, plus besoin de pitié,
Tous les morts de la terre, avec ou sans cercueil,
Retirés, d’un seul coup, de nos champs de vision !
Un conseil salutaire : quand la télévision
Chargée d’images atroces, entre deux tranches de pub,
Taraude nos neurones, comme un vilain succube,
Il suffit de tourner la tête vers la fenêtre,
Ouvrant nos yeux hagards sur le monde où nos maîtres
Nous disent quoi penser, manger et dépenser…

Du vent plein les oreilles, du soleil dans les yeux…
En vacances, on est bien, comme des demi-dieux,
Servis par l’indigène, bien content d’être là,
Tirant peu de profit, mais fier comme un prélat…
Redonnez-lui trois sous, il se tord et se plie,
Une reconnaissance éperdue l’illumine…
C’est bien plaisant à voir, et puis l’on nous supplie :
Tous les mendiants du monde grouillant comme une vermine
Interceptent nos pas pour demander notre aide,
Oui, mais c’est oppressant. Après cet intermède,
Nous rentrons à l’hôtel, prendre un ou deux cocktails…

Dire du mal fait du bien, mais qui va bien me lire ?
Et puis si vous lisez, qu’allez-vous donc en faire ?
Surtout, ne changez rien, à notre bon enfer !
Tudieu ! Je n’aurais plus alors qu’à me relire,
Regrettant le bon temps où tout était pourri…
Un rêve en chasse un autre. À chacun, je souris…
C’est ainsi que mon temps défile sous mes doigts
Traçant mes mots ineptes, obscurs pour des Suédois,
Insipides pour tous ceux qui pourraient les comprendre…
Oubliés de naissance, leur vie sera d’attendre,
Négligés pour du fric, comme tant d’enfants d’Afrique…

VOMIR

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Verser des gros morceaux qu’on a mal mastiqués,
Ouvrir son estomac pour bien régurgiter,
Mais l’on sait qu’après coup, les mets sophistiqués
Iront encore gonfler notre ventre agité
Repu trois fois par jour, jusqu’en fin de séjour…

Vous mangez bien trop riche, me dit mon bon docteur.
Oui, je lui répondis, et c’est pour mon malheur,
Mais je n’ai pas le choix, c’est pour mes réacteurs,
Ils ont besoin d’essence de la plus grande valeur,
Rien que pour fonctionner, et pour mieux ponctionner…

Vers la cuvette en grès, je cours me soulager,
Obligé de verser le trop-plein absorbé,
Mais ce n’est que mangeaille du gentil fromager,
Il me suffit d’attendre l’estomac pertubé :
Reviens à la raison, j’ai du foie gras maison !

Voilà qu’on a enfin trouvé un équilibre !
Oui, au sud, on maigrit, mangeant péniblement,
Mais au nord, on a trop, gavés paisiblement,
Il se révolte alors, l’estomac gros calibre,
Rejettant le surplus, comme s’il n’en pouvait plus…

Vos mimiques en disent long sur vos beaux sentiments.
On vous sait généreux et l’amour, ce ciment,
Mérite une place à part dans votre panthéon.
Il en faut de la foi pour croire vos boniments :
Remercions, les yeux clos, les dieux caméléons !

Vertigineux abîme qui nous attend plus bas,
Orgueilleux monticule de possessions sordides,
Méticuleux destin aux diplômes très splendides,
Incarnation du Bien, et le mal, c’est Cuba,
Rien n’est trop beau pour nous, et, le peuple, "À genoux !"

Viens mon cœur, partageons, tout ce que j’ai volé !
Oublie l’odeur de mort, de peur décomposée !
Mets tes mains distinguées aux doigts auréolés,
Impeccablement roses, aux bijoux bien dosés,
Rien que sur les billets que mes doigts grassouillets
Arrachaient tout à l’heure à des gens sans valeur…

Vermifuge impossible pour notre humanité,
Où la purge attendra que nos infirmités
Minent profondément la course aux vanités !
Improbable espérance, si pleine d’inanité,
Regardons bien ce monde : l’humain est imité…

Vraiment, on peut aussi dire l’humain limité.
On ne sait pas encore combien la fatuité
Mérite une place centrale, mais pourquoi l’ébruiter ?
Il est bien comme il est, dans son exiguïté,
Riant système repu de sa perpétuité !

Vers des yeux déjà morts, je vais cracher mes vers,
Ouvrant des trous béants, dans des palais déserts,
Maudissant des dieux morts aux poussiéreux calvaires,
Illuminant le jour de mes feux bien couverts,
Raidi dans mon cercueil, en attendant l’hiver.

Vois-tu, cela m’amuse, de discourir tout seul…
On ne m’interrompt pas, caché sous mon linceul !
Même si personne ne lit, peu m’importe à la fin.
Il me plaît de tracer ces mots qui gesticulent,
Riant des majuscules, pondues par le rat fin…

Vocation contrariée de salisseur de pages,
On ne sait jamais trop pour quoi on était fait…
Maintenant, je sais bien où mènent mes dérapages.
Ils vont droit dans le mur et restent sans effet,
Ridicules trublions, qui rêvaient d’être lions !

Vain combat solitaire de défenseur des mots
Oublié dans un monde où l’on croule sous les maux,
Mais la télé a tué la lecture à jamais.
Ils sont ainsi morts-nés les vers que je bramais,
Rejetons dérisoires de mes dons illusoires…

Va dire que tu as lu un poème en entier !
On va bien se moquer de toi sur ton chantier…
Mais c’est pareil ailleurs et dans tout l’univers.
Ils sont aussi pourris, les tableaux que les vers !
Rien n’est plus comme avant dans notre monde bavant…

Viens me dire que je perds mon temps sur ce sentier,
Oubliant qu’il fallait, pour que vous les sentiez,
Mettre des additifs, des parfums, à mes vers !
Il me plaît d’être une goutte, dans l’océan si vert,
Refusant que ma plume ne me change en écume…

Vers le voyage ultime, nous marchons d’un bon pas,
Ouvrant large nos bras, pour profiter de l’air,
Mais dans tous les endroits où nos pieds ne vont pas,
Il y a des humains étranges et similaires,
Restés sur le carreau de nos jeux de tarot…

Voir la fin arriver, avec soulagement…
On sait qu’on ne peut pas durer éternellement.
Mais pourquoi c’est ici et pourquoi maintenant ?
Ils se lassent, les neurones, des jeux les plus prenants,
Regardant vers ailleurs, vers des futurs meilleurs.

Vingt dieux ! C’est qu’il s’accroche à son sacré clavier…
On croirait que jamais il ne va en finir,
Mais, non, finalement, il pense que vous saviez
Interrompre le cours de vers sans avenir,
Retrouvant en arrière, l’abri de vos barrières.

Vingt tasses de thé plus tard, l’estomac barbouillé,
On continue de voir les pixels gargouiller,
Mais le cœur n’est plus là pour tout écrabouiller.
Ils sont las, les neurones, de devoir crachouiller
Rapidement des mots, qu’il faudra bredouiller…

Vraiment, votre patience vaut bien ces quelques vers…
On va s’arrêter là, c’est juré, sur mon verre !
Mais vous n’y croyez pas, et vous avez raison,
Il n’est pas né l’alcool dont les démangeaisons,
Règneraient sur mon âme, qui serait sa maison…
Alors, c’est "au revoir", qui termine ce devoir…

TOURISME

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Traîner ses bottes en train, en bateau, en avion,
Oublier les petits soucis que nous avions,
Un chèque et on s’envole, bonjour les indigènes !
Regardez comme c’est beau, comme c’est grand, comme c’est laid !
Ils en sont encore là, à faire cailler le lait !
Sourires bien supérieurs vraiment dénués de gêne…
Mes euros m’ont permis d’explorer la planète,
Et j’y suis pour beaucoup si la terre n’est pas nette…

Tous les pays du monde sont mon terrain de jeu.
Ouvrant mon portefeuille, pour mes futiles enjeux,
Un coup de carte Gold et l’avion me transporte,
Roulant sur le tarmac en un bruit de tonnerre.
Il est haut dans le ciel, et en bas, les cloportes
Se rendent à leurs affaires sans même lever les yeux.
Maintenant je suis loin, parmi les millionnaires,
Et nous sommes au plus près d’être des demi-dieux !

Tiens, voilà un euro, et puis fais-le durer !
Ouvre bien grand la main, j’y verse un gros billet,
Un de cent mille roupies, pour un bol de purée,
Reviens me voir demain, tu pourras t’habiller.
Il est bon d’être un prince et de venir donner,
Sauver des bons sauvages à la faim abonnés,
Métèques trop faméliques, des dieux abandonnés,
Et quand on en a marre, revoir sa maisonnée…

Tirer sur ma voiture, quelle faute impardonnable !
On vient dans leur pays, on n’est pas obligé,
Un geste humanitaire, mais il est négligé !
Regardez donc ces gueux combien déraisonnables !
Ils vous tirent au fusil, qu’on leur avait donné
Surtout pour s’entretuer, faut-il le fredonner ?
Mais si l’on ne peut plus visiter leur vrai zoo,
Eh bien, vers d’autres cieux, nous mènerons nos os !

Tais-toi, tu m’indisposes avec tes bruits de bouche.
On apprend à parler ou à chasser les mouches !
Un jour, tu vas mourir ; si tu t’es bien conduit,
Renaîtras en Europe dans un beau corps tout blanc !
Il en faut de l’espoir pour huiler les conduits,
Savoir le distiller ou savoir faire semblant,
Mérite la récompense dont on jouit tous les jours,
Emerveillés d’avoir beaucoup plus pour toujours…

Tous ces avions qui volent au-dessus de ta tête,
On les dit pleins de blancs, qui regorgent de pépètes…
Une année de labeur te donne de quoi manger,
Rien à voir avec l’or par les blancs engrangé !
Ils viennent te visiter, comme animal étrange,
Souriant de te voir nu sans que cela dérange,
Mais ils ne sont pas frères, même s’ils nous ressemblent
Et ils en sont conscients, c’est bien ce qu’il me semble…

Tu peux toujours tousser sans jamais émouvoir.
On sait que l’indigène a la santé fragile.
Un cancer, c’est normal, quand on dort sur l’argile…
Regarde tes parents, trop vieux pour se mouvoir :
Ils ont l’âge des touristes qui respirent la vigueur.
Sûrement un hasard (malchance à la rigueur),
Mais dans les pays riches, on meurt beaucoup plus tard,
Et on est enterré dans un joli costard…

Tout l’argent dépensé pour nous bien promener,
Oubliant les millions qui voudraient bien mener
Une existence humaine en venant "profiter",
Ramer sur nos galères, pour un salaire décent.
Ils ne seront jamais sur la liste "invités".
S’ils fuyaient leur pays, de l’avion on descend,
Mais plus personne n’est là, pour nous servir le vin,
Et pourquoi pas dormir au fin fond d’un ravin ?

Tout rit au visiteur descendu de l’avion,
Orgueilleux vacancier, qui profite des techniques,
Ultime homo sapiens, fraternel ou cynique,
Regardant nos malheurs pour que nous l’émouvions…
Il vient du bout du monde dépenser ses euros
Satisfait de lui-même, en gentil tourtereau
Mâtiné de rapace, car son pouvoir d’achat
Est rien moins qu’innocent, méritant les crachats…

Tout est beau quand c’est loin, après un grand voyage…
On est fier de conter qu’on est allé là-bas,
Un lourd besoin de dire nos joyeux gaspillages.
Rien n’est plus amusant que de voir qu’on abat
Innocemment des arbres pour les biscuits sucrés,
Sacrifiant les forêts, pour nos besoins sacrés,
Méprisant les humains, les plantes, les animaux
Et vénérant comme dieux les profits maximaux.

Ton superflu est fait pour être dépensé :
On t’offre un beau voyage, très loin, pour commencer.
Un séjour idyllique et des soirées dansées
Résoudront ton désir d’être récompensé.
Il n’est aucun défaut qui ne soit compensé
Si tu as de l’argent, l’art de le condenser,
Mais aussi l’habitude de le bien dispenser,
Et qu’importe si ta vie sent la viande avancée !

Toucher du bout du doigt les inégalités,
Offrir à son regard d’autres réalités,
Une nouvelle fois, fuir sa banalité,
Redouter d’éprouver sa vile mortalité,
Imposer à autrui l’insensibilité,
Savoir leur retirer toute crédibilité,
Mépriser les efforts d’invincibilité,
Et mourir à la fin, plein d’incrédulité…

Traîner son superflu sous le nez d’indigents,
Oui, mais pour découvrir la culture de ces gens !
Une intention très noble, et un but exigeant,
Rien que pour étaler en discours affligeants,
Irradiant le mépris le plus désobligeant,
Saluant l’ordre établi, d’un geste négligent —
Mais quelle médiocrité, même chez leurs dirigeants ! —
Et c’est bon de sentir qu’on est intelligent…

Tout autour de la terre, sans se donner la main…
On doit plutôt la vendre et bien souvent la tendre.
Une paume vers le ciel, ou bien le regard tendre…
Rien n’est jamais gratuit, sous un bon examen.
Il faut payer le prix du pays où l’on naît,
Sans parler des familles, des tribus ou des races…
Mentons sur les sujets que tout le monde connaît
Et taisons-nous bien fort sur ce qui embarrasse !

Tandis que les nantis viennent tromper leur ennui,
On survit sous le joug de l’argent qui nous nuit.
Un avion atterrit, bonjour la pollution !
Remarquez, les curieux, sans être une solution,
Ils dérangent gentiment, faisant bronzer leur gras,
Souriants, reposés, ignares et béats,
Mais quand on vient chez eux, ils nous mettent à la porte,
Et c’est justice enfin si Satan les emporte !

Tentation exotique, que faire du superflu ?
On ne peut pas manger plus que son intestin.
Une maison, deux maisons, un portefeuille joufflu,
Reste à partir très loin pour de joyeux festins !
Il importe bien peu que les peuples autochtones
Survivent péniblement d’un labeur monotone,
Mûris sous le harnais des colonisateurs
Et exploités depuis par des conservateurs.

Tour du monde par ici, et croisière à babord…
On sait qu’on peut toujours consommer à ras bord,
Un commerçant est là, pour nous offrir du luxe,
Rien ne vaut un voyage, sans poignet qu’on se luxe.
Il suffit de verser quelques milliers d’euros…
Simplement le salaire d’une vie de labeur,
Mais versé par caprice, par plaisir de flambeur,
Et en semant des miettes, par stériles tombereaux…

Tu peux perdre ton temps à faire le tour du globe,
Ou grimper jusqu’en haut des sommets les plus snobs…
Un jour, tu reviendras, déçu et fatigué,
Retourné au château, lassé d’investiguer.
Il n’est pas en Asie, le sage le plus précieux,
Si tu cherchais la science, ou bien l’art sous les cieux,
Mais non, il est tout près, l’homme le plus singulier,
Et cette personne était ton voisin de palier !

Tout autour de la terre, on trouve les mêmes humains.
On les déguise un peu, on décore leurs maisons…
Un chapeau sur la tête, un dessin sur les mains…
Rien de bien important, sauf les conjugaisons ?
Ils croient à mille sornettes, sans rimes ni raisons,
Se font tous exploiter, à des degrés divers,
Méprisés par en haut, en été, en hiver,
Et fiers de leurs folies, de leurs déclinaisons.

Tout cet argent perdu, ce kérosène futile,
Ont servi à flatter l’orgueil des vacanciers.
Un jour viendra sans doute où les ptérodactyles
Resteront au tarmac, et où le balancier
Ira frapper au front les imbéciles heureux,
Saturés du bonheur de leur argent peureux.
Mais, en attendant ça, la misère coule à flot
Encombrant les destins, en les rendant falots…

Tout ne sera pas dit parce que les mots nous manquent.
On s’étouffe en pensant à ces joyeux noceurs,
Unis par le plaisir de comparer leurs banques,
Roucoulant du bonheur de se rêver penseurs.
Ils sont bien persuadés d’apporter des richesses,
Saoulés de leur grandeur, comme il sied aux duchesses,
Mais la réalité n’en sort jamais grandi
Et l’on n’en finira qu’avec les poings brandis !

TRAVAILLER

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Tous les jours, se lever alors qu’il est six heures,
Rapidement manger, sauter dans l’ascenseur,
Attraper le métro, le train ou un vélo,
Ventre à terre se hâter vers l’entrée du boulot.
Avec le directeur, sourire d’un air complice,
Idem pour le patron, et surtout bien pointer !
Les journées sont bien longues et les heures qui se glissent
Lentement comme limaces, qu’il faut bien affronter…
Enfin, la délivrance finit par arriver,
Retournant au clapier, l’esprit bien lessivé.

Tu dévores nos journées pour que les gros s’engraissent,
Rayonnant du bonheur de faire payer la Grèce…
Avec notre labeur, un patron va gagner
Vingt fois ou cent, ou mille, notre maigre panier…
Alors, on le sait bien qu’on se fait arnaquer.
Il est clair le marché qu’on nous a fait passer :
Le temps que tu y passes, tu permets d’amasser…
Les efforts que tu fais, si l’on veut te saquer,
Eh bien, on les niera et l’humain chosifié
Retourne à sa caverne toujours plus mortifié…

Tais-toi et obéis, c’est la loi du marché !
Rampe toujours plus bas et prends garde où marcher !
Avale les couleuvres à longueur de journée,
Voûté face aux reproches qu’il faudra enfourner !
Admets bien tous tes torts, le patron a raison !
Il faut un chef bien fort pour que vive la maison.
Le droit de t’en aller, tu l’as plus que tout autre,
Laissant la place à ceux qu’on peut payer moins cher,
Et le monde est meilleur quand on change les apôtres,
Renouvelé, plus jeune, et plus tendre est la chair…

Ta participation à l’œuvre collective,
Rien de plus ordinaire, alors, pas d’invectives !
A chacun de fournir les efforts qu’il peut faire,
Vaillamment apportant sa pierre à l’édifice,
A travers les couloirs du commercial enfer,
Inhumain organisme, qui voue au précipice
Les vies des êtres humains dont on n’a pas besoin,
Les gueux surnuméraires, que nul n’a éduqué,
Et qui ne servent à rien, quand les forces d’appoint,
Restent coincées à quai, dans un jeu bien truqué…

Tu transpires en danger pour un euro par jour,
Regardant avec morgue tous ceux qui gagnent moins,
Alors qu’on te méprise, le ciel m’en soit témoin,
Vers Paris, Amsterdam, New York ou Singapour…
Avec peine, tu survis et tu n’imagines pas,
Inconscient, les chanceux qui profitent de ta sueur,
Les "nés au bon endroit", les gourmands, les pollueurs,
Libres de dépenser à travers la planète
En un jour ce que d’autres, éloignés des manettes,
Reçoivent en une année, à force d’ahaner…

Transformons nos actions en monnaies trébuchantes,
Recevons un bon prix de nos vies qui déchantent,
Arrachons au système qui vend ce qui lui chante
Vingt ans de vrai repos quand la vieillesse méchante
Attaque nos corps secs et la mort alléchante
Ira bien nous attendre, car la vie attachante
Lamine nos organes de ses lames tranchantes…
La fin viendra enfin, et la bière aguichante
Epongera nos jus, se faisant desséchante.
Regardons-nous mourir… la belle histoire touchante !

Tu mets ta main devant ta bouche entrebâillée,
Réprimant à grand peine une envie de bâiller…
A force de fatigue, dans mon vain plaidoyer,
Voici que je m’égare, à encore larmoyer !
Alors qu’il y a tant de raisons d’aboyer,
Il me vient le désir que mes vers déployés
Labourent les terres arides où mes mots rudoyés
Limiteront les maux, qui nous ont trop noyés.
Ensevelis vivants, les pauvres employés,
Retournent en enfer, jusqu’à se faire broyer…

Tu survis à grand’peine à longueur de journée,
Rompu sous les cailloux qui remplissent tes tournées.
À la fin de ta vie, quand ton corps épuisé
Versera sur le flanc avec les os brisés,
Avec désinvolture, on jettera tes restes,
Inondés de super, sur un bûcher funeste.
Les flammes consumeront tes cellules trop humaines,
Lèchant tes os rompus, vidant ton abdomen,
Et ton âme, dans tout ça, mon pauvre spécimen,
Rien ne prouve qu’elle existe, ou que les dieux l’emmènent…

Tu obéis au chef, mais il n’y connaît rien,
Répétant ses vains ordres de roi des galériens…
Aboyant ses désirs, comme s’il en pleuvait,
Vomissant ses humeurs, comme un immonde orvet,
Avec aplomb, il croit qu’il est intelligent.
Illuminant nos vies de ses vils préjugés,
Lamentable histrion, le tyran affligeant
Lorgne vers les honneurs, sans peur d’être jugé,
Echantillon humain de piètre qualité,
Redondant souvenir de l’animalité…

Tous les jours, les mêmes mots, les gestes répétés,
Rien ne vient distinguer les journées qui s’étirent,
A part l’éphéméride, et ses feuilles qu’on retire.
Vrombissant vers l’enfer, avec l’air hébété,
Avec célérité, chaque jour recommencé
Impose à mes neurones de sournoises pensées,
Laissant un goût amer à mes lèvres pincées,
Limaces superposées, derrière… mes dents… grincez !
Elle finira un jour ma pauvre éternité,
Regrettant un passé maigre en fraternité.

Tout le chômage du monde n’est pas payé pareil.
Regardez le malheur de ceux qui voudraient bien,
Alors qu’il en est d’autres qui se bouchent les oreilles…
Vous leur parlez boulot, et ils n’entendent rien.
Avec désinvolture, ils vivent de l’air du temps,
Inspirant tranquillement, loin des rôles rebutants.
Les pays riches pouvaient offrir une protection,
La pauvreté grimpant, on crie à l’infection
Et bientôt plus personne ne sera à l’abri,
Réduits à supplier au milieu des débris.

Tout serait supportable, s’il y avait l’équité.
Regardez les notables, leur sotte vanité !
Au lieu de répéter qu’il faudrait tout quitter,
Vers un futur plus sain, vainquant l’avidité,
Allons en limitant les rémunérations,
Interdisant l’accès aux paradis fiscaux.
Les profits plafonnés à de justes rations,
Les bénéfices en trop iraient à l’UNESCO !
En revanche, l’on pourrait voir un SMIC planétaire
Rendre à l’humanité sa dignité sur terre…

PARTAGE

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Pourquoi faut-il donner ce qu’on n’a pas gagné
Autrement qu’en naissant, juste du bon côté ?
Regardez, je suis né, tout en haut du panier…
Toujours j’ai profité, bien coiffé, bien botté…
Alors pourquoi devrais-je perdre mon héritage ?
Gardez-moi du malheur de changer d’ermitage
Et de ne plus manger du foie gras en potage !

Pourquoi les bons Français devraient-ils se priver
Afin que les Bantous aient des commodités ?
Rien ne relie les deux, c’est une absurdité !
Tirons la Terre au sort, pour les terres cultivées !
À chaque génération, posons-nous la question :
Gardons-nous les richesses que nos pères ont bâties,
Et tant pis pour tous ceux aux ancêtres aplatis ?

Parce que je suis né dans la boue et que toi,
A peine sorti du ventre, on t’a mis dans la soie,
Rien ne me paraîtrait plus juste qu’avoir un toit,
Tandis que tes pareils n’auraient plus rien pour soi…
A la rigueur, on peut choisir un compromis,
Garde un peu de ton fric que les pauvres ont vomi
Et donne-moi le reste pour mon autonomie !

Pour les siècles des siècles, les riches ont dominé,
Alors il est bien temps pour ces abominés,
Repus crapauds puants, de rentrer dans le rang,
Temps pour les pauvres gens de voir l’or qu’on leur rend,
Avec tout le confort dont on les a privé…
Guidons l’humanité sur des voies cultivées,
En rendant à chacun la chance d’y arriver !

Pour moi, tous les humains ont droit, à parts égales,
Aux richesses de la Terre, qu’ils viennent du Sénégal,
Roumains ou eskimos, de Paris, d’Argentine…
Tous devraient être égaux passant à la cantine,
Avalant la même soupe, mangeant les mêmes tartines,
Grandissant vers un but commun au genre humain,
Et heureux d’être fiers de se donner la main…

Pardon, l’hérédité est un sujet marrant :
A quand remonte l’idée de punir les enfants,
Rien que pour les pêchés commis par les parents ?
Tandis que l’on pourrit les enfants des héros
Alors qu’ils n’ont rien fait, qu’ils sont de vrais zéros,
Gavés comme petits princes, tandis qu’à l’opposé,
Eperdus, miséreux, la mort va s’imposer…

Profitant des ancêtres, qui ont bien su voler,
Avec aplomb on croit que d’être cageolé
Revient à valoir plus que le gars d’à côté…
Tandis qu’au plan réel, la vie n’a nulle beauté
Alors qu’on est un pou, parasite surnoté,
Grimpé avec aplomb sur la tête chapeautée,
En croyant qu’on est l’âme de la communauté…

Prenez des paresseux, devenus miséreux,
Alors que les meilleurs, au destin onéreux,
Rêveront dans la soie pour toute l’éternité,
Transmettant leur fortune à leur continuité,
Aux enfants des enfants qu’ils auront perpétués,
Gonflés d’indifférence pour ceux que l’on va tuer,
Etrangers, ignorants, affamés, prostitués…

Poussez bien sur leurs têtes pour mieux les enfoncer !
Après l’esclavagisme et les belles colonies,
Regardez où ils sont, ces gens à peau foncée !
Tandis que l’on prospère, vivant en harmonie,
A l’autre bout du monde, on torture, on survit…
Gros bras dans tous les coins, et, bien sûr, des nervis,
Et de la corruption, toujours en éruption !

Peux-tu imaginer de sacrifier un peu
A la fois ton confort, tes vacances, si tu peux,
Réduisant tes dépenses, pour qu’au bout du tiers monde,
Trois enfants puissent aller à l’école, s’épanouir,
Alors que jusqu’ici, dans leur survie immonde,
Grattant dans les ordures, bien près de s’évanouir,
En damnés, ils n’avaient qu’une vie de navet ?

Possession, tu nous tiens, dans tes griffes dorées !
Aussi, il est très dur d’imaginer de vivre,
Réduit à n’avoir plus nos jouets adorés…
Tout ça pour que, très loin, des gens puissent survivre
Avec plus de confort, et plus de dignité ?
Gentil rêve fraternel, mais notre avidité,
Elle est si viscérale, qu’elle devient carcérale.

Pardon de déranger le bel ordre établi !
Avec mes gros sabots, je piétine les valeurs,
Répandues sur le monde, enrichi des malheurs.
Troublé par les milliards posés sur l’établi,
Accessoires d’un délire, qui fait courir les grands,
Gâchant la vie des gens, par milliards, c’est flagrant,
Et si l’on ne dit rien, on est un lémurien !

TÉLÉVISIONS

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Tu m’intéresses, la pub, tu m’aides à dépenser
Embellissant ma vie, me dictant mes pensées…
Le programme va reprendre, interrompant tes spots,
Et mes neurones digèrent tes conseils de despote.
Vaquant à leurs affaires, au moment opportun,
Ils sauront faire sortir de leur crâneur fortin,
Suggestions, souvenirs, espoirs et belles promesses…
Il y a du plaisir à se laisser bercer,
Oublieux des dangers à trop souscrire aux messes,
Nés du désir obscur de tous nous transpercer,
Sympathiques papillons, esclaves de l’aiguillon…

Ta gueule, tu fermeras et le silence est d’or.
Enfin, je n’entends plus ton bruit et je m’endors.
Le rêve est agréable, quand ton écran est noir,
Enfouissant tes délires au fond de l’entonnoir.
Vomissures commerciales, aux commissures d’écran,
Il n’est pas né l’esprit, face au pouvoir sucrant,
Supportant sans faiblir l’exposition tenace.
Il peut bien frétiller, il est pris dans la nasse :
On ne résiste plus au plaisir immédiat,
Noyé dans l’océan du bonheur des médias,
Serpentants appareils aux pouvoirs sans pareils…

Tu oublieras le temps qui passe devant l’écran,
Elevant le volume de quelque nouveau cran,
Levant tes yeux hagards vers nos pubs déchaînées,
Espérant toujours mieux des programmes effrénés.
Voici le monde réel, et tu dois croire en lui !
Il y va de ton âme ; ton dieu, l’écran qui luit,
Sait ce qu’il faut penser, car il est des plus sages.
Il suffit d’écouter, de croire en son message,
Ouvrant tous tes neurones à sa lumière sacrée,
Naufragé volontaire, à l’esprit massacré,
Saoulé de faux semblants, dans le beau monde des blancs…

Telle est la rouge vision que nous avons des choses !
Enervant papillon dont les métamorphoses
Liquéfient la raison qui bien vite se nécrose,
Environnée de guêpes, dont la danse indispose…
Vivement, de grands gestes, si toutefois l’on ose,
Iront tenter de faire que la télé implose,
Sans compter l’écran plat, qui plus jamais n’explose,
Interdisant l’espoir d’anéantir sa glose.
Où est la liberté sans un vrai bouton "pause",
Ni sans la volonté de s’affranchir des causes
Soufflant nos rêves profonds, jusque dans la psychose ?

Tourbillonnant vomi qui coule au robinet,
Etourdissants discours qui saoulent un tantinet,
Lamentables séries versées au bassinet,
Eternelles variétés, à mettre au cabinet,
Véreuses publicités montées sur coussinets,
Idiots journaux sportifs, qui fleurent l’estaminet,
Sempiternels portraits, dignes du martinet,
Illusoires météos, qui ruinent les jardinets,
Odieux journaux d’infos, où défilent les minets,
Nul ne m’empêchera de faire des moulinets,
Suffisants pour gâcher la vue des blondinets…

Tragique est la lucarne qui envahit nos jours
Et nos soirées, nos nuits, dans la salle de séjour.
Les yeux sont prisonniers, tous nos esprits sont liés
Et nos membres sont lourds comme du mobilier.
Vertigineux attrait qui nous vole nos vies,
Impossible à briser, tant le sort est puissant.
Statufiés par milliards, d’Auckland à Varsovie,
Invisibles fantômes, face aux écrans bruissant,
On obéit aux lois de la publicité,
Neurones au garde-à-vous, l’esprit phagocité
Sourire béant aux lèvres, béats de cécité…

Tais-toi devant l’écran, il est prioritaire.
En ouvrant ton clapet, tu nous empêches d’entendre
Les paroles magnifiques d’une sitcom planétaire
Et les liens familiaux pourraient bien se détendre…
Voici qu’on t’interroge : "As-tu bien regardé
Il était une fois l’œuf, sur la chaîne brocardée ?"
Si tu ne l’as pas vu, te voilà rejeté,
Ignoré et exclu du cercle des élus,
Où l’on peut se réjouir de ce qu’on n’a pas lu,
Navrants esprits gluants, aux rêves bien cachetés
Sentant fort le formol des cœurs étiquetés…

Tout n’est pas négatif dans le cadre à images,
Et il y a des endroits, on vit au Moyen Âge,
Les enfants y apprennent que tout n’est pas fermé,
Ecœurés de comprendre qu’on les a déformés.
Voir la réalité à travers les programmes…
Il sera gratiné, votre encéphalogramme !
Surtout, bien mélangez avec du religieux !
Il aura de quoi rire, votre cerveau spongieux…
On n’en a pas fini des conflits litigieux,
Ni des guerres, génocides, de peuples prestigieux !
Surtout, ne changeons rien, aux vies des galériens !

Tu montres le réel que tu veux qu’on regarde,
Et le reste, importun, bien au chaud, tu le gardes…
La loi de l’Audimat dicte tous tes programmes,
Enlevant à l’esprit jusqu’à son dernier gramme.
Verser dans les cerveaux les besoins du marché,
Irradier les neurones des effets recherchés,
Saturer l’intellect de plaisirs trop faciles,
Insuffler au malade des habitudes dociles,
Obliger ses deux yeux à rester sur l’écran,
Noués sur les pixels aux parfums écœurants,
Sans plus jamais pouvoir s’échapper en courant.

Tout bien considéré, il vaut mieux l’annuler,
Eteinte une fois pour toute, ne plus la rallumer.
La poussière va pouvoir enfin s’accumuler
Et nos esprits joyeux vont bien se remplumer !
Vers l’action créative, nous allons nous tourner,
Imprégnant la matière de nos activités,
Sortant de nos cortex des idées détournées
Interdites jusque là par la passivité.
Oui, chacun d’entre nous est porteur de messages,
Nourri des mille échos de nos apprentissages,
Si l’on arrive à taire le bavardage des sages…

Tant que tu n’auras pas passé à la télé,
Eh bien, pour parler franc, tu as beau excellé,
Le réel considère ton sort toujours scellé
Et tes contemporains, sans trop te flageller,
Verront dans tes actions des propos trop zélés.
Ils diront que tu peux toujours te révéler,
Si tu continues bien, sans jamais t’emmêler,
Incarnant l’espoir fou, voire le cerveau fêlé…
On ne t’a jamais vu, sous le ciel constellé.
Non, tu n’existes pas. À quoi bon quereller,
Silencieux troublion à l’encéphale grêlé ?

INDIFFÉRENCE

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Il faut pousser le son du volume vers le bruit.
N’oublions pas le casque sur nos oreilles fragiles.
Doux murmure et vrai mur qui nous sépare d’autrui,
Il est bon d’ignorer les cris des langues agiles,
Forant dans le silence, pour tâcher d’exister.
Fi des gens qui s’agitent pour vouloir subsister !
Epargnons-nous l’ennui des longs cris d’agonie,
Répercutés sans fin sur les murs des taudis.
Elle est loin, la misère, comme la Patagonie,
Néanmoins, elle est bien comme l’église de Gaudi :
Ce n’est jamais fini et c’est creux en dedans…
Enfin, on n’entend plus, quand ils claquent des dents.

Ignorons de tout cœur, les sanglots qui dépassent,
Navrants témoins bruyants, des pauvres qui trépassent.
Dans nos sphères parfumées, c’est de l’or qu’on ramasse,
Il est en pièces, en sacs, en lingots qu’on entasse…
Filon bien aurifère, mais pas la moindre crasse,
Fleuve de mille bienfaits, mais de sueur, pas de trace !
En cravate de soie, on glisse, on se déplace,
Rampant sur nos Weston, on a la meilleure place,
Et les gueux alentour ne sont pas de nos races,
Nous tolérons leurs vies parce qu’il faut bien des masses.
Certes, ils sont nécessaires pour que l’on se délasse,
Et leur air obséquieux sent bien fort la mélasse…

Il ne faut pas laisser déchirer le silence,
Ni briser le doux mur de notre bonne conscience.
Dans l’obscur univers de notre pestilence,
Ignorons à dessein les défauts de nos sciences,
Feignons de tout savoir, pour inspirer confiance,
Fiers comme un bar-tabac qui aurait sa licence !
Erigeons comme modèle le dieu Obéissance,
Radieux crapaud puant, qui croupit de naissance…
Expirons dans la soie, entre deux pleins d’essence,
Nourris jusqu’à la fin, avec le plein des sens.
C’est un présent des dieux, une telle existence,
Et nous la méritons, avec tant d’insistance !

Ils ont crissé mes ongles, sur la surface vitrée,
Nettoyant au passage la crasse si concentrée.
Dans les rainures, mes doigts se sont égratignés,
Ignorant la douleur, sans jamais rechigner,
Fouillant dans tous les trous pour chercher des idées…
Fendus étaient mes ongles et mes doigts d’enseignant
Extirpaient des fissures des vers des plus saignants.
Rien n’y fera sans doute et le temps s’est ridé,
Echappant au passé pour un futur meilleur.
Noyé dans le plaisir du divin monnayeur,
C’est un cadavre exquis, gonflé comme un seigneur,
Et mes vers se repaissent du répugnant baigneur.

Ils sont bien sourds, ces cris, qui déchirent le silence.
Nul ne veut partager leur lointaine pestilence.
Dans le désert humain, les cerveaux ont deux mains,*
Ignorant — c’est voulu – tout ce qui est gênant,
Feignant de ne pas voir ce qui est dérangeant,
Fainéants, drogués, chômeurs et toutes sortes de gens,
Evidemment, les femmes, mais, ça… rien d’étonnant !
Remarquez qu’on les voit, mais pour les consommer,
Et leur vie, peu importe, plutôt les assommer !
N’appelez plus sapiens, l’homo à renommer :
C’est moi, moi, moi d’abord, et plus grand que les autres !
En oubliant autrui, en l’égo, on se vautre…
*La droite ignore très bien ce que la gauche détient…

Ignorons le malade, qui refroidit dehors,
Nappé dans un manteau secoué par la vermine.
Dans la rue, c’est très loin. La soirée se termine.
Il y a encore des comptes à vérifier, alors
Fâcheux est l’inconnu, qui se tord dans la brume,
Flétrissant notre image d’une société parfaite.
Elle est belle pour certains, que le bonheur parfume,
Reste les millions d’autres, dont la vie est défaite
Et nous n’y pouvons rien, sans briser l’édifice.
Nous n’y changerons rien, gardant nos artifices,
C’est bien dommage pour eux, mais la vie est cruelle
Et tant pis s’il en crève sous les coups de truelle…

Indignez-vous si bien que cela vous occupe.
N’hésitez pas à perdre vos instants de récup’…
Dans la mare aux cafards où grouillent les pleurnichards,
Il y a de l’eau, du sel, de tout pour faire des larmes,
Facile de dire du mal, des grands et des richards,
Fastidieux de compter les sonnettes d’alarme…
Entendez-vous gémir dans les taudis sordides ?
Rien n’est plus habituel, ne soyons pas candides
En versant notre larme sur les malheurs du monde !
Nous sommes toujours heureux de voir des plus petits,
Coincés dans leur masure, quand le fleuve les inonde,
En sachant que nous sommes bien au sec et nantis.

Il me plaît de rêver que l’on pourrait payer
Non seulement pour manger mais même pour respirer.
Dès la naissance, les hommes sans risquer d’expirer,
Inspireraient de l’air joliment monnayé !
Fournissant le respirateur de mon côté,
Follement, les millions viendraient s’accumuler
Et viendraient faire grimper mes actions bien cotées.
Rien à faire des crevards, aux poumons tout brûlés
En respirant l’air seul, sans mon bon appareil !
Non, ce n’est qu’un beau rêve, et pour l’eau c’est pareil,
Car on trouve bien des gens qui boivent au robinet,
Et mon eau en bouteilles, dans les estaminets ?

Imaginons un monde où nul n’aurait plus faim,
Nul n’aurait plus ni froid, ni soif, ni même la peur
De ne pas trouver où dormir quand vient la fin
Imminente du jour, et les esprits frappeurs
Font une ronde féroce sous le ciel étoilé,
Farci des mille comètes de nos rêves envolés.
Entendez-vous les chants des hommes enfin égaux,
Redevenus des frères, des sœœurs, non des mégots
Ejectés par la vitre d’un luxueux véhicule ?
Nantis à parts égales, sans pompeux édicules,
Comment rêver d’un monde sans enfants sacrifiés
Ecarquillant leurs yeux aux paupières tuméfiées ?

Il est beau, mon vison. Elle est belle ma rolex.
Nous aimons les belles choses et manger de bonnes choses.
Dans notre monde fermé, et même si cela vexe,
Il y a des gens bien, qui n’ont pas peur, qui osent !
Foulons aux pieds les gueux, qui n’ont pas notre aisance,
Faibles gens, qui expient toute leur vie leur naissance !
Estimables nous sommes, par générosité,
Rendant un fier service aux collectivités,
Etalant nos valeurs sans vraie nécessité,
Nourrissant la planète, car tout nous appartient !
C’est notre volonté qui fait que l’on obtient
En héritage l’argent et la voracité…

Interdisons aux gueux la liberté de geindre,
Nourris du sentiment qu’ils ont mérité mieux !
Donnons à ces butors l’interdiction de feindre,
Inventifs comédiens, qui jacassent en tous lieux !
Fainéants ataviques, qui cultivent la misère,
Faméliques parasites, aux esprits peu diserts,
En insectes nuisibles, ils se multiplient tant,
Rampant sous tous les cieux, et toujours profitant !
Elle est belle, la planète, telle qu’ils la voudraient leur,
Nourrie de leurs envies de moustiques querelleurs !
Comme on est bien, loin d’eux, dans nos châteaux blindés,
Et comme le monde est beau, quand il est bien scindé !

CHARITÉ

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CHARITÉ
Comme c’est bon de sentir sa supériorité.
Humaniste, on prélève dans notre superflu,
Apportant un peu d’aide aux pauvres et aux exclus.
Rien n’est plus agréable que l’infériorité :
Il en faut chez autrui, pour se sentir plus grand
Tant on s’ennuierait ferme, si le moindre émigrant
Etait égal à nous, en fortune et en tout !

C’est si bon de donner quand on a bien trop pris !
Honnête homme, on se croit. On a payé le prix…
Avec quelques piècettes, on allège le mépris,
Ravissant la vedette à tous les malappris.
Il est clair que nous sommes ce qu’on nous a appris,
Transmettant les valeurs bien reçues quand on prie
Et si jamais j’ai faux, c’est que j’ai mal compris…

C’est un geste qui coûte, un peu, à mon tas d’or.
Heureusement, il pousse plus vite et puis j’adore,
Avec un grand sourire, au mendiant qui se dore,
Répandre quelques pièces, plutôt qu’argent qui dort.
Il me plaît de donner, au pauvre qui s’endort :
Tirant sur sa bouteille, au fond d’un corridor ;
En faire-valoir ultime, il n’est pas inodore…

C’est Dieu qui a créé les pauvres et les pêchés.
Honteux d’être trop riche, je donne à l’évêché,
Accordant au passage, au mendiant éméché,
Rien que quelques écus, pour qu’il aille bien lécher
Ignoblement l’alcool, auquel, bien accroché,
Tout son esprit aspire, dans sa vie amochée,
Et moi, je suis léger, c’est l’effet recherché…

Caressez bien les pièces que je vous ai données !
Hâtez-vous de payer vos dettes et pardonné,
Allez donc prier Dieu et vous bien savonner !
Remerciez-moi, bien sûr, mon bon subordonné,
Il le faut, même si nul ne l’a ordonné,
Tant vous mériteriez, esprit abandonné,
Et de mourir de faim, et d’être bastonné !

C’est pour vous, cet argent que je lance sur la table.
Honnêtement gagné, ce n’est pas équitable.
A dire la vérité, je suis bien charitable,
Rendant de mes deniers pour payer votre étable !…
Il n’est rien de meilleur qu’un ami véritable…
Touchez donc mon habit comme il est confortable
Et rêvez d’un pareil, dans un sommeil rentable !

C’est pour ma bonne conscience. Acceptez mon argent !
Humainement, je sais, c’est un peu dérangeant.
Alors oui, j’ai volé cet or désobligeant —
Rien ne peut compenser ce passé affligeant —
Il faut me pardonner d’être désobligeant
Tant j’aimerais bien faire. Soyez donc obligeant
Et voyez en mon geste un pas encourageant !

Combattre par un geste l’impopularité,
Houspiller les rebuts qui l’ont bien mérité,
Arracher un sourire à leur altérité,
Rendre un peu du bonheur dont on a hérité,
Injecter de l’espoir en toute sincérité,
Torpiller le malheur, son exemplarité,
Et transmettre en mourant sa chère hérédité !

Comme une bonne pommade au beurre de karité,
Humblement, on transfère quelques liquidités,
Aplanissant un peu quelques disparités,
Ravaudant un tissu social trop irrité.
Inutile de venir trop nous solliciter :
Tout ce qui nous rapproche de l’uniformité
Est un monstre effarant par sa difformité.

C’est bon d’avoir bien plus et de donner un peu.
Heureusement qu’il y a tous ces pauvres à genoux !
A voir tant de misère, nos estomacs se nouent…
Retrouvons l’appétit ! C’est facile et on peut
Intervenir à temps pour sauver quelques gueux
Touchés par le malheur qui couche les moins fougueux.
Enfin, l’on peut roter, sans être tourmenté…

Calmons les vilains maux parmi les plus flagrants !
Hâtons-nous de cacher le réel trop gênant !
Apportons aux jaloux les plus entreprenants
Réponse à leurs reproches, qu’ils soient petits ou grands…
Il est bon de penser que nous sommes restés
Terriblement humains, sous nos airs détestés,
Et notre argent parfume la planète infestée…

C’est la dernière fois, on ne m’y prendra plus.
Honteusement hué, mon aumône n’a pas plu !
Alors que je vantais ma générosité,
Rabaissant mon caquet, c’est ma voracité
Insultée qui s’est vue dévoilée pour toujours.
Tandis que j’aspirais à mentir au grand jour,
Eh bien, ils m’ont compris, comme s’ils avaient appris…

Crachons un peu de l’or que nous avons volé !
Habilement cachons sous des airs généreux
A la fois tous nos crimes, tous scrupules envolés !
Rien n’est hors de portée de nos cerveaux véreux.
Il en faut toujours plus, et toujours mieux caché.
Trempons nos pains en or dans leurs vies bien gâchées
Et buvons jusqu’au soir leur sang frais du pressoir !

C’est pour boucher les trous dans le tissu social,
Horriblement troué par nos griffes asociales.
Avec hypocrisie, nous redonnons l’argent
Récupéré plus tôt au détriment des gens……
Il faut bien compenser notre inhumanité :
Toujours vivre plus cher, c’est plein d’inanité
Et vomir le trop-plein, c’est moins d’insanités…

C’est parce qu’elle est aussi bien ordonnée, qu’on l’aime,
Honnêtement fondée, commençant par soi-même…
Avec parcimonie, aux toujours démunis,
Regardez-moi verser mon obole argentée !
Il n’est rien de plus beau que mon geste gratuit !
Touchez de vos doigts sales la matière enchantée,
Et ce si bel argent, il pousse dans mon étui…

C’est bon de voir leurs mains tendues pour quémander !
Hochons la tête un peu quand ils vont demander
A recevoir vingt sous, dans leurs deux mains bandées !
Rien ne sert de courir. Ils vont appréhender.
Il suffirait d’un geste, mais qui doit commander ?
Tout bien considéré, rentrons à Saint-Mandé
Et la prochaine fois, nous pourrons marchander…

Comme ma montre en or, les yeux du mendiant brillent.
Habile à faire la manche, comme moi pour la Bourse,
A inspirer pitié, à moins qu’on ne l’étrille,
Regardez l’asticot qui rêve après ma bourse !
Il vit sur le trottoir, comme dans un palais,
Tendant bien loin les jambes, sans craindre le balai,
Et de moi, n’aura rien, ce répugnant vaurien !

Critiquable pratique, qui met l’humanité
Hors du règne animal, car notre vanité
A poussé nos esprits aux pires extrémités
Recherchant toujours l’or comme seule finalité,
Ignorant la misère comme une banalité.
Tandis qu’autour des grands, tout vient à graviter,
En masse, les pauvres gens s’en vont péricliter…

Cours toujours, mon bonhomme, pour avoir mon pognon !
Harpie économique, parasite inutile,
Avec l’or, l’on mesure le caractère utile.
Regarde-toi, zéro, tu vaux moins qu’un trognon !
Il est beau, mon palais, et, toi, couché devant,
Tu fais peur aux passants, du couché au levant.
En t’écrasant demain, ma Rolls suit son chemin…

Calculons bien le coût de la mendicité !
Hérésie pour certains que de donner à perte
Alors que tout se gagne, qu’il faut tout mériter…
Rien n’est à gaspiller, entre nos mains expertes,
Il y a de l’or à faire, avec tous les humains,
Tandis que si l’on donne, c’est en moins dans nos mains,
Et l’on nourrit des bouches, moins utiles que des mouches…

2012

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Je voudrais bien prédire que l’année 2012
Annoncera enfin un avenir radieux.
Néanmoins si j’enfonce mes deux pieds dans la bouse
Vers l’Olympe ricanant, je lèverai les yeux.
Ils me viendront aux lèvres, les mots contre les dieux,
Et je les maudirai pour mes souliers crottés,
Refusant d’assumer l’endroit où j’ai trotté.

Fâcheux hiver qui dure sans aurore boréale !
Eternuements tousseux et mouchoirs, on régale !
Vers la pharmacie verte, on court et on s’empresse…
Regardez la vitrine, dédiée aux nez qui coulent,
Il en faut du cachet pour les narines qu’on presse
Et des sirops goûteux pour larynx qui roucoulent…
Rien n’est trop coloré pour nos santés dorées !

Mais les guerres continuent un peu partout à tuer,
Alors on comprend mieux qu’un mois lui soit offert,
Résistant dieu guerrier, qui doit bien s’évertuer,
Semant toujours la mort pour remplir les enfers !

Avec le beau printemps, le retour des beaux jours,
Vers l’espoir de l’été, on s’achemine toujours.
Riez du beau soleil, gratuit et amorti…
Il faudra, si l’on peut, payer pour les sorties,
Les week-ends à la mer, d’où l’on revient amer.

Mélangez bien les vers pour occuper les mois,
Allez secouer les maux pour créer de l’émoi,
Inondé d’impudeur comme si vous étiez moi !

Je suis celui qui fait ce qu’il n’a pas voulu,
Un pauvre homme fatigué, qui a le dos moulu…
Il suit la pente herbeuse qui descend la montagne,
Nourri du fol espoir qu’il y ait une chance qu’il gagne…

Je suis celui qui perd son temps à le gagner,
Un de plus qui permet à notre économie,
Illusoire mécanique, de changer en paniers
Les humains qui consomment en toute bonhommie.
Les portefeuilles sur pattes que nous sommes devenus
Emettent en fil indienne leurs transactions menues,
Tandis qu’au bout du monde, il n’y a rien au menu…

Allez ! On arrête tout ! C’est le temps des vacances !
Oubliés, les soucis, et toutes leurs conséquences !
Une seule heure de perdue ? Tout sera facturé…
Tout va bien, il fait beau et on est assuré !

Silence ! On y retourne, en pétant la santé !
En beauté, on commence une nouvelle année.
Pourquoi pas espérer qu’on sera augmenté ?
Tout nous porte à penser que ce qu’on va glaner
Est dû, c’est bien normal, à notre implication.
Mille fois, nous avons, avec application,
Booster le chiffre d’affaire et ces bonnes actions
Recueilleraient ainsi, sans plus d’explications,
En vérité le miel de nos satisfactions.

Oubliez que je vends des grenades aux enfants.
C’est mon métier, c’est tout, et je suis bon client !
Tuer, c’est tout naturel, et mes canons pliants
Ouvrent un trou dans un char, comme du beurre que l’on fend !
Buvez à ma santé, je le mérite bien,
Ravissant les guerriers kenyans ou colombiens,
Ethiopiens ou syriens, et s’ils torturent, c’est rien !

Noués, les estomacs par le calendrier
Oublié des Mayas qui s’achève cette année !
Vous devinez sans peine que nous allons griller,
Ecrasés sous les roches d’un météore damné,
Mangés par le soleil qui va se dérouter,
Bouillonnant de folie à l’heure de nous goûter…
Rien de ce qu’on a fait ne mérite le secours
Et les démons ont hâte que nos esprits accourent !

Dans la brume de l’hiver toujours plus réchauffé,
En files s’en vont les pauvres des pays développés.
C’est juste pour manger dans un endroit chauffé,
Et puis, quelques denrées, on va leur envelopper…
Mais c’est du provisoire, qu’il faut renouveler,
Bravant le lourd mépris venant les harceler,
Reçu des bons bourgeois, qui voient s’amonceler,
En gloussant de bonheur, l’or qu’ils savent appeler…

FANTASMAGORIE(S)

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Faut-il faire un dessin pour expliquer ce rêve ?
Avec l’ennui qui vient avant que l’on n’en crève,
Nul besoin d’implorer que l’on nous donne la fève…
Tout vient déjà trop tard et la vie est trop brève,
Alors, il faut partir, relâcher son étreinte,
Savoir abandonner ses amours les plus feintes,
Mouiller la mèche obscure de la bougie éteinte,
Avaler jusqu’au fond son dernier verre d’absinthe…
Grouillements éternels à la bouche du métro,
Ornements imbéciles que l’on suspend, c’est trop !
Rions de nos dents noires de ceux qui veulent être haut,
Illusionnés des vents que l’on fait autour d’eux,
Eperdus, inconscients, et en-dessous, merdeux…

Foutu festin grossier, qui nous appelle en vain,
Arrogant paradis, qui nous promet ses vins,
Niais espoirs de destins, aux allures de levain,
Toutous qui lèvent la pâte, dans les fours des devins,
Avec quoi nettoyer les écuries d’Augias ?
Salissures encrassées de décennies de chiasse,
Mouchetées d’argent sale, en pièces ou en liasses,
A quoi bon s’acharner, remonter au trias,
Gratter jusqu’à ses os, puisqu’il faut qu’on y passe ?
Oubliez les discours sur ce qu’il faut qu’on fasse !
Rendormez vos neurones jusqu’à ce qu’ils trépassent !
Il n’en faudra pas plus, ni moins, pour qu’on efface
Et vos minables traces, et l’ombre de vos faces.

Folie qui nous entoure et que nous cultivons,
Allongée de chimères, quand nos neurones y vont,
Nous nageons dans un monde qui n’existe qu’en nous,
Truffé de nos mensonges et notre esprit en noue…
Adoration féroce des joujoux qui rutilent,
Soubresauts hypocrites pour nos amis utiles,
Magie bien ordonnée pour l’ascenseur futile,
Attention à la marche qui ferait tout échouer !
Gare au faux pas fatal à nos destins déjoués !
On ne peut pas prévoir tous les actes manqués.
Rien ne viendra sauver nos ventres efflanqués.
Il faudra accepter le coffret en sapin
Et les coussins dedans, en forme de lapin.

Faux semblants luxueux, qui décorez nos vies,
Aimables ornements, qui réjouissent nos envies,
Nausées artificielles, qui nous envoient ravis,
Tout est préfabriqué comme autant de postiches,
Améliorant nos vies, qui coulent comme des pastiches.
Soufflez dans votre flûte, angelots en plastique,
Mettez-y tout le cœur de vos corps élastiques !
Avec avidité, nous prêterons l’oreille,
Gobant avec délice toutes vos simagrées,
Oui, c’est de très bon cœur, que notre âme les agrée,
Rayonnant du bonheur du disque que l’on raye.
Ignorez-vous vraiment qu’au fond de vos cerveaux,
En fait, il n’y a rien de plus que chez un veau…
Sinon l’écho vantard du prestigieux caveau ?

Fichues imitations de nobles sentiments,
Affabulez, seigneurs, et mon ressentiment
Ne saurait vous priver du juste châtiment
Tant mérité par vous, à coups de reniements.
Alors, pourquoi vouloir à tout prix le pouvoir ?
Suffirait-il d’aimer pour mieux nous émouvoir ?
Mais qui donc est l’objet de vos visées morbides ?
Affamés de grandeur, de folie très sordide,
Gavés de luxe moite, de dorures, d’attentions,
Outres pleines de vin vieux, la lie en suspension,
Rotez la bouche ouverte, par votre main couverte !
Il en faudra du temps pour réparer vos frasques,
Et vos méfaits inspirent le mépris sous les masques.

Feux follets inconscients qui brillez au grand soir,
Aimables histrions, qui riez aux bonsoirs,
Notables ou bien penseurs, qui vendez vos avis,
Tout est bien fait pour vous, pour vos humeurs ravies…
Avalez vos aigreurs de parasites serviles,
Soufflez par tous les trous vos pensées les plus viles,
Mastiquez en public vos digressions subtiles,
Affolant l’Audimat de vos fureurs futiles !
Gavez-nous des bons mots qui vous sont ordinaires,
Oubliant vos esprits à leurs vapeurs binaires,
Rengorgez-vous du bien que l’on dit sur vous-même,
Illuminés de joie, pour tous ceux qui vous aiment,
Enflés du rouge bonheur d’avoir tous les honneurs !

Fatigué du labeur qui n’aura pas de fin,
Accablé de l’ennui de savoir qu’on a faim,
Nourri de mille fatras qui tirent à hue à dia,
Tout me pousse à chérir mon précieux charabia,
À jouer avec les maux, en attendant l’hiver,
Son manteau bien neigeux sur mon crâne encore vert,
Mais je n’y crois plus trop, et si j’émets des vers,
Avec une moue douteuse, j’aborde le dévers.
Gardons-nous du sérieux qui nous rend prisonnier,
Osons moquer la peur, avec nos tisonniers,
Rions des noirs dangers, avec désinvolture !
Il en faut de l’humour, pour souffrir l’imposture,
Et des neurones en fer, pour supporter l’enfer…

Faut-il toujours œuvrer alors que rien ne presse ?
Avec application, je souffle et je m’empresse,
Noircissant des octets, comme s’ils étaient utiles…
Tant pis si, dans mes vers, le français je mutile !
Après tout, qui lira, ce verbiage infantile ?
Si j’y crois, c’est un jeu à visée mercantile…
Mais si je n’y crois pas, à quoi bon m’obstiner ?
Allons, la vérité, c’est que ma destinée
Guide mes pas serrés sur un chemin tracé
Où il n’y a pas de choix, même si j’en suis lassé.
Rien n’est libre chez moi, et mes doigts sont habiles
Instruments bien dociles, pour mes neurones labiles,
Effleurant le clavier, en discours bien déviés…

Féérie qui clignote pour des yeux éblouis,
Accordéon sordide, pour des musiques inouïes,
Noms communs un peu sales, pour des maux trop polis,
Tout est fait pour lasser vos esprits abolis.
Affectez de comprendre qu’il faudra oublier
Ses chéris qui décorent nos mémoires encombrées !
Mettez du cœur à voir les genoux se plier,
A contempler l’abîme où le monde va sombrer,
Gâté des mille méfaits qu’on lui a infligés !
Omettez de sourire aux visages affligés,
Redoutez de pleurer sur vos pieds ravagés,
Inondant d’eau salé vos souliers saccagés,
Et fuyez les soupirs des âmes endommagées !
Sinistre est le destin des humains outragés…

Fichu félon qui fuit nos fous furieux féroces,
Ardent brasier brûlant qui s’agite en Eros,
Nous vivons nos romans comme autant d’aventures.
Tout peut nous arriver sans briser nos dentures…
A travers nos fictions, nos films et nos chimères,
Sous l’épais narcotique des écrans polymères,
Moutonne l’antique effet de l’Odyssée d’Homère.
Après tout, ils sont proches de nous les Grecs antiques,
Gadgets en bandoulière, nous sommes plus riches en tics,
Oh ! Mais c’est avec grâce, que nous vivons en geeks,
Rien de vulgaire en nous, et puis la pomme, c’est chic…
Il est mou le reflet de nos bajoues baveuses,
Et l’univers est flou sur nos rétines rêveuses…

Fierté décomposée qui s’affiche à la une,
Abjectes possessions qui privent de pain des foules,
Narguez-nous de très haut, de plus haut que la lune,
Toisez-nous avec morgue, du mépris qui défoule !
Alors que les mots manquent pour décrire tous vos vices,
Sous des lustres clinquants, jouissant de mille services,
Maquillant vos méfaits sous les déclarations,
Arborant en sautoir vos belles décorations,
Groins dorés à la feuille, qui polluez notre terre,
On ne peut que haïr tous vos luxueux parterres,
Rire de vous, c’est gratuit, et combien salutaire !
Il faut être bien fou pour rêver votre chute,
Et ils sont résistants, vos dorés parachutes…

RÉVEILLONS

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Remplissons bien ces panses qui sont déjà si grasses !
Enfournons des bouchées sans jamais crier grâce !
Versons-nous donc à boire pour faire passer les plats !
Enivrons-nous, bien sûr, mais avec quel éclat !
Il faut que nos athlètes du grand tube digestif,
Les champions de la table, soient en forme au grand soir :
Les mâchoires entraînées pour ce dîner festif
Oublieront la fatigue pour servir de pressoir.
Nos lèvres si musclées feront, elles, le versoir,
Sans lesquelles, impossible de boire le digestif…

Rotez donc s’il le faut pour chasser le trop-plein
En mettant votre main devant votre orifice.
Vous avez fait l’effort, que dis-je ? le sacrifice,
En venant vous forcer à manger, on vous plaint…
Il en faut du courage pour avaler tout ça :
Les gros morceaux tout gras du foie du palmipède,
Les marrons et la sauce autour du quadripède,
Ou les huîtres, les crabes et les cailles d’Odessa…
N’oubliez pas les fruits, après la bûche glacée,
Sinon vous pourriez bien ne pas avoir assez…

Redoutez les lourdeurs au sortir de la table !
En vain, vous vous sentez comme le bœuf à l’étable…
Ventre tendu, bouffi et la bouche pâteuse,
Et si l’on tire la langue, eh bien, elle est plâtreuse !
Il est vitreux, votre œil, du bon vin absorbé.
La main n’est plus très sûre, les doigts pourraient tomber…
Les jambes sont faiblardes et les pieds hésitants.
On dirait qu’ils n’ont plus, le temps d’une mi-temps,
Ni le goût d’avancer, ni la mémoire utile
Si l’on veut bien rentrer au carrosse qui rutile…

Riez des pauvres niais, qui envient votre argent !
Ecartez vos mâchoires pour faire passer les mets !
Vous savez ce qu’ils coûtent et que pour bien des gens,
En un mois de travail, leur salaire leur permet —
Il faut encore qu’ils bossent, il y a un minimum —
Le strict nécessaire pour manger, se vêtir,
Le loyer pour loger, la télé, s’abêtir
Ou boire jusqu’à plus soif, pour supporter les hommes…
Nul point commun flagrant avec tous ces gens-là,
Sauf au petit matin, quand on est vraiment las.

Retournons les cerveaux, ils ont bien des sillons…
Ecartons mieux les lobes, pour la compréhension !
Vers "Occupy Wall Street", j’ai senti la tension
Et le frémissement des gentils moinillons…
Il est temps qu’ils s’éveillent, les veaux majoritaires,
Lapant le lait fétide, qui se répand par terre,
Lorgnant d’un air hagard, le spectacle des Grands.
Oublieux de l’esprit, ils sont dépositaires
N’attendant que l’instant où leurs neurones migrants
Se focaliseront de manière unitaire…

Regarder de vos yeux le territoire des dieux,
Ecarter les paupières pour lécher la lumière,
Vomir des torrents noirs au fond de l’entonnoir,
Etreindre des corps mous, sans craindre les remous,
Illuminer l’enfer pour savoir quoi en faire,
Louer Dieu en public, voler la république,
Lutter pour la justice jusqu’au moindre interstice,
Observer les étoiles pour les coucher sur toile,
Noter sur un cahier que l’art s’est écaillé,
Savoir quitter la pièce, en inspirant la liesse…

Remarquez que j’hésite à vraiment en parler…
En fait, c’est délicat, et je suis pris par les…
Vestiges de vains scrupules, pour dire la vérité.
En vain, je me rapproche avec témérité…
Il est lourd, le moment, où mes doigts onguleux
Lèveront le couvercle du tombeau anguleux,
Laissant la puanteur envahir le matin.
On ne se verra plus jamais du même regard,
Nous oublierons enfin le divin baratin,
Soulagés des délires moisis dans les hangars.

Racontons le réel, tel que nul ne l’aborde.
Eveillons les consciences, avant qu’elles ne débordent…
Vautrés dans l’illusion, nos neurones sont à l’aise
Et il faudra oser inspirer le malaise.
Il s’agit de casser la pyramide magique,
Libérant les esprits de leurs brouillards tragiques,
Liquéfiant les croyances, qui ont nourri nos rêves.
On ne fait pas d’omelette sans une violence brève,
Ni de révolution sans que l’ordre ancien crève…
Sachons trouver le temps pour nous battre sans trêve !

Raidi par le froid vif, l’esprit bien engourdi,
En mercenaire blasé, vers quel complot ourdi
Vos pas seront guidés, comme tirés par un fil ?
En joyeux automates, vous marchez à la file,
Ignorant les dangers que vous n’avez pas vus.
La mort viendra vous prendre, à l’instant imprévu,
Liant vos membres gourds, comme on fait au chevreuil.
On pleurera sur vous et on fera son deuil.
Nul doute que les suivants connaîtront le même sort,
Sans savoir que leurs pas collent aux mêmes ressorts.

Rien n’est pire qu’un savant qui croit tout bien savoir,
Et les doctes docteurs qui refusent la critique
Vous rendront moribonds ou bien paralytiques.
Elle est bonne, la raison, pour qu’on se fasse avoir…
Il nous manque l’essentiel pour comprendre le ciel :
La machine à penser est aussi programmée,
Limitant ses actions au cercle du possible,
Où ses tirs se limitent à atteindre la cible.
Nous pouvons bien servir nos discours enflammés
Sur un lit d’ambitions, fous furieux en mission !

Rappelez-moi un jour, ce que je dis toujours…
Et profitez-en donc, avant que mes mots tronquent
Vos vérités premières, qui grouillent à la lumière !
Ecartez les soupçons, qui s’accrochent à l’hameçon,
Ignorez les indices, qui vous montrent les vices
Lardant vos opinions de primates trop mignons…
Le ciel n’est jamais clair dans le regard des clercs,
Où la noirceur s’allume, à la voix, sous la plume,
Nouant d’obscurs lacets, mais les âmes se lassaient
Si bien qu’elles vont migrer loin des dieux dénigrés…

Rions du vent mauvais qui souffle sur nos têtes !
Enflées, nos voiles s’en vont tirer nos corps d’esthètes.
Veines gonflées d’orgueil, sur nos membres musclés,
Epanouis par l’effort, au long des vies bâclées,
Il ne manque pas d’allure, le char de nos trophées,
Louvoyant sous la brume, nos sanglots étouffés,
Liturgie déployée, pour attirer les dons,
Oubliant les dommages des espoirs trop bidons.
Nous courons vers la mort d’un pas bien empressé,
Sans penser à rien d’autre qu’à nous bien engraisser.

ÉGALITÉ

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Elle est belle, la devise de notre république,
Gravée sur les frontons des monuments publics.
Avec étonnement, j’ai lu le second mot…
La liberté, c’est bon, mais après on fait fort !
Il en faut du courage pour faire un tel effort…
Tout nous porte à penser que, riant de nos maux,
En plaisantin complet, l’Etat nous croit simplet…

En vrai, rien n’est plus faux et tout le monde le sait.
Grandissant tous les jours, les inégalités
Apportent un démenti d’une grande banalité.
Le mensonge est énorme, mais c’est un coup d’essai.
Il faudra par la suite se gausser du troisième,
Tiens, pourquoi pas l’"amour" en mairie du seizième ?
En gros sur le fronton, ce serait de bon ton…

Enormité menteuse, quand on pense héritage,
Gardons-nous de parler des bébés milliardaires,
Alors que l’on nous vante les vertus du partage.
La belle fraternité, à laquelle on adhère !
Il s’agit de penser aux hommes et aux procès :
Tous les hommes sont égaux devant les tribunaux
Et plus cher l’avocat, meilleurs les pigeonneaux !

Elevez vos enfants pour qu’ils soient les meilleurs,
Gavez-les de conseils qu’ils n’auront pas ailleurs,
Amenez leurs esprits plus haut que tous les autres…
La joie des bons parents n’est pas quand ils se vautrent.
Il nous réjouit de voir qu’ils sont plus forts qu’autrui,
Tous nos bons descendants qui sont de nous le fruit,
Et les autres humains, ils peuvent aller aux truies !

Encore un coup en bourse et un milliard de thunes
Gagnées à la bonne sueur des gens des plantations…
Avec obstination, je suis les cotations,
Lisant les bons journaux qui mènent à la fortune.
Il faut être rapace pour amasser beaucoup,
Tant pis pour les petits qui en paieront le coût,
Et même s’il faut parfois leur tordre un peu le cou…

En dormant, j’ai rêvé qu’on me prenait mon bien !
Gardé par la police, on donnait ma voiture
A un pauvre en haillons sans toit ni nourriture…
Le gaillard était gai, et je comprends combien !
Il aurait dû verser au moins cent mille euros,
Tandis qu’il n’avait qu’à signer un bordereau !
Exit le mauvais rêve et en vrai, le gars crève…

Epargnez-nous l’humour qu’il faut pour déguiser
Grandement le réel sous des airs de partage.
Alors que les couteaux vont partout s’aiguiser,
Les lois nous font accroire que dans tous les étages,
Il y a des hommes pareils, et pour tout dire "égaux"…
Tromperie exemplaire, qui peut flatter l’égo,
Et soyez rassurés, l’idée est raturée !

Elle pue l’antique astuce, qui fait rêver Auguste,
Grand nigaud qui croit tout ce qu’on veut qu’il déguste…
Avalant l’idée folle qu’il vaut autant qu’un autre,
Le bêta s’imagine que sa vie et la nôtre
Iront du même pas vers un destin flatteur !
Ton réveil se fera assez dévastateur
En te voyant l’esclave d’un joyeux dictateur…

Elles s’héritent, la misère, et aussi l’ignorance…
Gorgés de niaiseries, chantées du haut des chaires,
Au long des siècles tristes, on cultive la vie chère,
Le droit de puer sur soi, de manger du pain rance…
Inviter les cafards sous son toit pour l’hiver,
Tousser quand il fait froid, et pour les sports divers,
Etouffer dans les mines ou sauter sur des mines…

Elégamment gantés dans du cuir raffiné,
Gens de vrai qualité, qui savent les cotations,
Avez-vous tous les droits car vous êtes bien nés ?
La question méritait une investigation.
Il apparaît bientôt que l’argent donne le droit
Tant son rôle est puissant et tant pis si l’on broie
En passant les petits, les plus assujetis…

Et pourquoi partager les richesses de la terre ?
Gens de peu ou lettrés, il y a des différences :
Alors qu’il y a des hommes dont la sottise atterre,
Les gens de qualité mérite la déférence.
Il faut pour leurs enfants avoir bien des égards
Tant ils sont le futur, à moins qu’on ne s’égare,
Et laissons les prolos, couler au fil de l’eau…

Et en bonus :

Egalite, c’est un mot qui évoque mégalithe,
Gentil sous tous rapports quand les cerveaux s’alitent.
Avalez-le tout rond, avec un grand verre d’eau !
Laissez donc un ami vous tapoter le dos…
Il ne faut pas tousser, même pas un seul coup,
Tant il part en morceaux, sitôt qu’on le secoue,
Et s’il doit faire effet, le principal est fait…

ACROSTICHES

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Accrochez-moi ces vers au bout des hameçons,
Caressez leurs corps mous en une bonne leçon,
Reculez de dégoût devant leur jolie danse,
Ouvrez vos bouches exquises déchirant le silence,
Sinon point de poisson, au bout de vos journées !
Tout ce que vous pourrez trouver à enfourner :
Il restera les vers, leur goût, imaginez !
C’est la vie des humains que j’ai ici décrite,
Hideux petits zéros, bien souvent hypocrites,
Et leurs vies pathétiques valent la peine d’être écrites…
Sinon que reste-t-il de leurs cris volatils ?

Accordez-moi l’asile bien insonorisé,
Ce cabinet douillet aux murs capitonnés,
Refusant de soumettre mes vers à la risée,
Offrant à leur valeur un écrin festonné…
Silence dans les chaumières pour la télé qui chante !
Taisez-vous qu’on entende les bouffons qui enchantent !
Il y a dans chaque foyer la fenêtre qui gueule,
Chassée par l’Internet et son moteur Google…
Honni soit l’impudent qui critique le progrès,
Et tire à boulets rouges de son canon en grès,
Sur les merveilles du jour qui font le monde "so grey" !

Alors, combien de fois, vais-je encore versifier,
Cracher mes mots sachant qu’on ne pourra s’y fier,
Radotant mes vieux rêves d’amour diversifié,
Offrant aux yeux hagards, des maux identifiés,
Sans relâche ni remord, sans jamais vérifier,
Tant je suis sûr de moi, de mes dons qualifiés…
Il faut que je m’abuse pour bien intensifier
Ces produits de mon âme, que nul n’a déifiés.
Hors de mon pâle écran, personne n’est gratifié,
Et je suis le seul âne qui ne soit horrifié,
Sachant ce que je sais, ma vue opacifiée…

A quoi bon faire rimer des bouts de vers obscènes ?
Caler des maux obscurs, pour les traîner sur scène ?
Roter des sons abjects, des locutions malsaines ?
Offrir à nul regard des idées qu’on assène,
Sans jamais rencontrer d’oreilles ou d’yeux ravis ?
Tel est notre destin de parasites à vie
Il nous faut accepter de remuer à l’envi,
Comme si l’on pouvait nous maintenir en vie,
Homoncules maladroits, censés semer la honte
Et dans l’indifférence, piteuses interférences,
Survivant à l’ennui depuis notre heure de ponte.

Appuyez-vous sur moi, si je peux être utile,
C’est bien long d’aligner des mots par trop futiles !
Rendez un peu de sens à mes heures qui défilent,
Outrageant le français de rimes au bout des fils,
Souffrez que mon clavier n’ait pas servi à rien,
Tapoté en tous sens par mes doigts de vaurien !
Impulsez à mes vers une force inconnue,
Comme si vos beaux yeux m’allaient porter aux nues,
Harponnant mon destin vers des hauteurs tragiques,
Enseignant le respect à ces moteurs magiques,
Sur la toile d’araignée, où l’esprit va saigner.

Allons, plus qu’un effort et le compte y sera…
Ce seront onze poèmes avec des queues de rats,
Ridicules et tordues, et l’on remarquera,
Oh ! Si quelqu’un les voit… que depuis le dieu Râ,
Sans relâche les humains ont vénéré des dieux…
Tant pis s’ils ont passé, et remplacés, les vieux,
Il y a toujours du jeune, dans le plafond sacré.
C’est le prêt-à-penser de nos cerveaux nacrés,
Habile salmigondis jamais renouvelé,
Et à quoi bon vraiment, si les écervelés
Se contentent aussi bien des bibles d’amphibiens ?

A quoi vais-je m’attaquer, à quel sujet sacré ?
C’est l’argent qui bat tous les records, massacrés !
Regardez comme on tue, on exploite, on déporte !
Osez un seul faux pas et se ferment les portes !
Sur le dieu des billets, les vies sont sans égales.
Tout le monde est différent, sauf sur le plan légal…
Il n’est pas deux personnes de valeur identique,
Car il y a mille façons d’être un bon argentique :
Humains porte-monnaies, producteurs bon marché,
Elegants portefeuilles, consommateurs mâchés,
Suceurs de pubs télé, petits porteurs lâchés…

Allons ! À quoi ça sert de faire rimer des vers ?
C’est pour remplir les heures et occuper l’hiver.
Riez de mon jargon qui défile sur l’écran !
On est là pour cela, pour faire sauter les crans
Servant à retenir la ceinture de folie,
Tenant le pantalon de vos âmes amollies…
Il me faudra vingt vies pour compléter l’ouvrage,
Cassant tous mes noirs ongles, sur les touches de ma rage,
Homard beaucoup trop cuit, pour espérer pincer,
Epouvantail caché, loin du champ évincé,
Si bien que les corbeaux vont pouvoir se faire beaux…

Après tout la folie des hommes est sans limites.
C’est une bonne raison d’espérer que les mites
Regarderont ailleurs que mes chiffons d’écrits,
Oser donc espérer que des yeux sur mes cris
S’abaisseront pour voir les vers que j’ai tracés.
Tant mieux si un beau jour sur mes os effacés,
Il se trouve un humain pour me bien déchiffrer.
Comprenant que je n’ai jamais pu m’empiffrer,
Héroïque automate, qui n’a jamais choisi,
Evanescent fantôme qui sent fort le moisi,
Sur mes vers putréfiés, osez me réifier !

Alors que sur mon corps l’oubli va retomber,
C’est en vous, mes bons vers, que mon front trop bombé
Remet tous ses espoirs de vrai éternité,
Où vous rattraperez ces années trop mitées,
Sauvant l’honneur fébrile et la fraternité,
Transfigurant les rêves de saine égalité…
Il est bon de glisser dans les délires épais,
Caressant mille pensées qui apportent la paix,
Humanisant l’horreur du quotidien fragile,
Epandage odorant, où seuls les plus agiles
Se feront un fromage du lait de nos hommages…

A la fin, il faut bien reposer son enclume,
Casser le sale marteau et puis jeter les plumes,
Remettant aux orties tous les rêves d’autrefois.
On ne verra jamais ce dont j’ai pu rêver.
Si j’ai eu une idée, qu’elle vienne une autre fois,
Tout est perdu, jeté, et elle va bien crever.
Ils vont se clore, les yeux qui auraient pu me lire,
C’est la vie, qui s’achève, que l’on voudrait maudire…
Humanisme perdu des égoûts du délire,
Enfermement rituel des paradis virtuels,
Sans espoir de retour, je dis "Place aux vautours !"…

Alors c’est le douzième et comme un bon apôtre,
C’est sur lui que l’on compte pour tirer la morale,
Remettant les pendules à l’heure qui est la nôtre.
Oubliez les leçons de tradition orale,
Saupoudrées d’héritages pesant sur nos chorales !
Tout l’or de la planète ne vaut pas un enfant.
Il en est par millions que personne ne défend.
C’est la honte absolue de notre monde immonde,
Humain sur le papier, mais que l’argent inonde
Et noie sous ses dorures, qui fleurent bon les ordures,
Si bien que j’en ricane de tous mes jerrycans…

LE SENS DE LA VIE

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La naissance est toujours un moment difficile
Et l’on ne sait jamais si le milieu d’accueil

Sera épanouissant ou peuplé d’imbéciles
Et s’il y aura de l’or à la cuiller qu’on cueille…
Nous vivons la loterie la plus injustifiée
Sans trop nous émouvoir pour les plus mortifiés.

Deux parents ou un seul, ou un peuple à genoux,
En un seul coup de dés, nos destins sont scellés,

La roue commence à faire son tour de vie zélé :
Alors, au bout du compte, qu’adviendra-t-il de nous ?

Vers quelle mine répugnante, traînerons-nous nos mains,
Inondant de nos sueurs nos yeux à peine humains ?
En héros magnifiques, nous marquerons demain !


La vie est lourde et lente, et nos esprits fragiles
Eprouvent le besoin d’être bien rassurés.

Sans relâche, les rouages de nos neurones agiles
Exerceront leur art pour bien nous assurer
Non pas un rôle utile, mais de quoi être en paix…
Si la peur de la mort trop près de nous rampait,

Dans l’accumulation nous verrions le salut !
En vrai, nous amassons de l’or en beaux talus

Limitant les douleurs de nos vies éprouvées.
Avec l’avidité, nous avons bien trouvé

Vraiment un beau remède à nos sombres pensées.
Il est chaud, rassurant, cet or, pour compenser
En permanence l’écho de nos cœurs angoissés.

L’essence de notre vie, c’est la satisfaction,
Et s’il faut être fier de soi, de sa faction,

S’il faut se croire meilleur que toute l’humanité,
Eh bien, c’est la nature de notre âme agitée !
Nous sommes conçus ainsi pour chercher le plaisir
Sur lequel orienter les instants à saisir.

Douter ne sert à rien qu’à perdre notre temps
Et les plus efficaces sont ceux qui sont contents,

L’orgueil épanoui, l’égo bien étalé…
Alors, tant pis pour ceux, qui devront détaler,

Vers d’autres cieux courir ou nager, et mourir…
Il est fou le manant qui rêve d’égalité
En voulant nous priver des gens de qualité !

L’égophilie, c’est bien le plaisir d’être moi,
Et c’est le principal moteur de nos émois.

Sur nos neurones habiles, il commande comme un roi,
Entraînant les idées, pour qu’elles grimpent aux parois,
Nourrissant la mémoire, pour qu’elle soit efficace,
Saupoudrant le réel d’actions bien orientées

Dans la bonne direction, où notre orgueil rapace
Eprouvera le miel qui va le sustenter.

La liberté, vain mot, sert à nous bien flatter,
A réjouir notre égo joliment dilaté,

Vomissant des discours qui vont tout expliquer,
Inventant des mensonges pour ne pas s’impliquer,
Et nous n’avons nul choix, tant que la vie nous choie.

La marche vers la mort est longue et édifiante.
En ouvrant nos oreilles, les histoires lénifiantes

Sauront tracer la voie qui mène à la survie
Et nous mettre les bras à jamais asservis
Non pas pour bien agir mais pour leur destinée,
Suivre la voie tracée des actions usinées.

Dans la vie, on ne fait que ce qu’on pourra faire
Et notre potentiel est une mince affaire.

Les choix sont trop nombreux pour tous les affronter :
Avec la liberté, nous sommes plus avancés !

Volés de la vision des dés qu’on a lancés,
Il nous plaît de penser qu’ils ont six mille côtés,
Et nos rêves de grandeur reflètent notre candeur.

Le passé nous poursuit et l’avenir menace.
Encombrant, le présent nous noie par contumace.

Soufflés vers le néant, nous roulons en désordre,
Exaspérants menteurs prompts à donner des ordres,
Nourrissant nos délires de grandeur éternelle,
Semant sur notre route des crottes sempiternelles,

Dans lesquels marcheront nos lointains descendants…
En vain, roulant à vide, de nos moteurs avides,

L’espace peut défiler, sous nos pieds protégés.
A la fin, il faudra, au cercueil se coucher,

Vidés de nos pensées, enfin l’esprit léger…
Il en faudra du temps à nos neurones bouchés,
Et un jour, ils verront de tous leurs yeux vairons.

L’on apprend tout d’abord à bien tout imiter,
Et il y en a tellement qu’un jour précipité,

Sur le visage radieux de ses parents ravis,
Envahis de fierté, on voit que dans la vie
Nous nous détachons vite du stéréotypé,
Sans pour autant crier à la vraie liberté.

Dommage qu’on n’oublie pas l’héritage constipé,
Elle est sur trop de points beaucoup trop limitée.

La belle affaire ! On ment, et le tour est bien joué !
Avec aplomb, on dit avec un ton enjoué :

Vraiment, je vous assure, vous êtes un être libre !
Il est vrai que l’on est toujours en équilibre,
Entre le fou, le mal et l’instinct animal…

Lavés, petits cerveaux, qui cherchent à grandir…
Epargnés du souci de comprendre la vie…

Sauvés de la douleur des massues à brandir…
Elle est jolie la côte que les vieux ont gravi,
Non, mais c’est ce qu’ils disent et comment ne pas croire
Si tout autour de vous, on prie sur les trottoirs ?

Dormez, petits neurones gavés de vérités,
Et la vie sera douce, vous l’aurez mérité…

Les mensonges n’en sont plus après quelques années.
Avec le voile du temps, l’oubli vient tout tanner,

Versant son sable fin sur la curiosité,
Irradiant de lumière l’aimable obscurité,
Etouffant tous les cris sans animosité.

La question prend son sens dans la réponse en actes.
En vain, l’on peut tourner ses neurones à l’entr’acte.

Sur la fin, il faudra choisir notre destin,
Et tant pis si c’est nous que l’on mange au festin !
Nous aurons eu du temps à jeter aux orties,
Saoulés de notre orgueil, attendant la sortie…

Dans les bras de la mort, nous irons nous jeter,
Etourdis de douleur dans nos corps déjetés.

Lavés de tout bon sens, nos neurones programmés
Auront perdu la flamme qui pouvaient tout cramer.

Veaux d’or fossilisés, nous devrons desserrer
In fine les étaux, par nous, bien enterrés
Et relâcher les rêves qui nous hantaient sans trêve.

Les mots n’ont que le sens que l’on veut leur prêter
Et la volonté même ne nous obéit pas.

Sur nos chairs les années ne vont pas arrêter
Et nos peaux vont friper si l’esprit ne plie pas.
Nous finirons par voir la mort comme un espoir,
Sevrés de la routine, qui nous englue les os,

Dans le cercueil glacé, noyant nos désespoirs,
Enfin nous glisserons le malheureux réseau,

Les neurones agités, leur boîte et l’animal…
Affalés sur la soie des coussins funéraires,

Vous aussi vous verrez qu’il n’y a ni bien ni mal.
Il n’y a que les rêves des esprits téméraires,
Et le vide abyssal des cœurs en habits sales…

Les vers sont habitués et sous mes doigts habiles,
En bons petits soldats, ils vont cracher leur bile.

Sur l’écran plat brillant, ils s’en vont défiler.
Emergeant du clavier, leurs dards bien effilés
N’iront pas n’importe où se planter à la fin.
Sur le web immobile, ils connaîtront la faim…

Dans le désert des pages à jamais oubliés,
En tas de mégabits, ils vont se replier,

Lassés de frétiller, d’éructer, de rimer.
A leur mort, ils verront leur destin déprimé

Verser dans l’obscur fosse leurs restes insultés.
Il pleuvra toujours plus de mes mots occultés
Et le poids de leurs cris allège mes esprits…

DIEU

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Déposons la folie au sein des cœurs d’enfants !
Il faut l’entretenir avec des chœurs d’enfants
Et des églises grandioses, des tableaux merveilleux,
Une liturgie magique, jusqu’à ce qu’ils soient vieux…

Donnez à un enfant un univers fermé !
Il croira les folies qu’on lui aura glissées
Et l’humain devenu sera à enfermer,
Un de plus, en soutane, tchador ou jupe plissée…

Donnez-lui donc à croire ce qui lui fait plaisir !
Il acceptera tout, s’il est bien enfermé,
Et devenu plus grand, il aura comme désir
Une folie mystique qui aura bien germé…

Donnez à vos enfants vos délires hérités !
Ils les propageront sans trop démériter,
Et l’enfer de folie au niveau planétaire
Un siècle plus longtemps continuera sur terre…

Dans l’esprit d’un enfant, rien n’est très rationnel.
Il croit ce qu’on lui dit, esprit émotionnel,
Et si personne autour ne vient s’y opposer,
Un jour, il finit fou, l’esprit bien sclérosé…

Dans l’enfant est l’humain, mais en plus malléable.
Il deviendra adulte… encore plus corvéable,
Et s’il se maintient bien dans le train pratiquant,
Une rente bien juteuse aux banques du Vatican !

Des mots pour dénoncer la folie proclamée,
Inscrite sur les frontons, dans les missels en cuir,
Enduisant les cerveaux, dressés à bien produire
Un miel d’obéissance, sans jamais réclamer…

Des miracles par ci, des trinités par là,
Il faut mettre du sien pour boire ce chocolat…
Enfant, tout est possible et on le sait très bien :
Un père Noël céleste, dis-moi, ça vaut combien ?

Dans les fonts baptismaux, on trempa le bébé,
Il devint par la suite un premier communiant
Et il fut confirmé, sans grand inconvénient.
Un œil va-t-il s’ouvrir avant de succomber ?

Dommage que des enfants soient ainsi sacrifiés !
Il dure, le mélodrame des esprits sanctifiés…
Entendrons-nous jamais des chants débarrassés,
Uniquement joyeux, sans sottises encrassées ?

Dommage de profiter des faiblesses des enfants…
Ils ont droit de folie sur l’esprit des petits,
Eventuelles proies faciles pour leurs sales appétits,
Une postérité pour leurs délires piaffants !

Droit de vie ou de mort, car proclamé ”divin” !
Il est bon de savoir qu’on peut ouvrir les yeux
Et ce n’est pas toujours facile car, sous nos cieux,
Un bandeau est donné aux petits écrivains…

Donnez-leur de l’espoir pour en faire des bonnes poires !
Ils chantent des louanges en souhaitant voir les anges
Et leur folie profonde, docile ou furibonde,
Uniquement possible, sur les enfants sensibles…

Des adultes brandis, les nouveaux convertis…
Ils sont faibles d’esprit comme enfants sommeilleux
Et qu’ils soient perméables n’a rien de merveilleux !
Une folie contagieuse… nous voilà avertis !

Dans les asiles de fous, les prophètes sont légion.
Ils sont nés en un temps où règne la Raison,
Et sans ces maudits psys, qui peuplent la maison,
Un délire parano ferait bonne religion !

Dans le ciel, tout là-haut, attend ma récompense.
Il fera beau, le jour du Jugement Dernier,
Et les morts sortiront de terre comme araignées…
Un délire insensé auquel, pourtant, on pense !

Des mots pour le mensonge, du rêve à volonté,
Il est temps de jeter le méchant encrier
Et de laver les yeux, les oreilles, de crier
Un message de santé mentale à confronter.

Dans nos esprits malades, en leur arrière-cuisine,
Il y a des condiments et puis n’importe quoi…
Epices bien mélangées aux mets inadéquats
Unifient les délires de nos cerveaux-usines !

Des yeux pour deviner l’avenir qui attend…
Imaginez l’oreille pour entendre les voix
Et les pleurs des défunts, quand, oui, LUI seul les voit…
Un délire de première, à faire sourire Satan !

Dans les saints évangiles que l’on dit “apocryphes”
Il est dit que Jésus a su ressusciter
En un joyeux banquet, — Attendez ! C’est jouissif… —
Un oiseau cuisiné… C’est mieux qu’un hippogriffe !

Dans le désert, un mois, IL resta sans manger.
IL n’était qu’un humain, mais, sur lui, le danger
Est passé sans le tuer, sans le déshydrater.
Un superbe miracle ! Satan peut se gratter…

Dans le pain et le vin, IL va ressusciter !
Il va dans le formol longtemps se conserver,
Et dans la confiture, il pourra s’exciter ?
Une folie pareille donne de quoi s’énerver…

Devant la mort, la peur de ne plus exister
Inhibe la raison et sans trop insister,
En quelques bons versets, on sombre en doux délire.
Un état maladif voit l’esprit s’amollir…

Dans l’esprit affaibli par les malheurs d’une vie,
Il s’insinue, habile, comme un virus ravi,
Et il va faire son nid, comme un ténia repu,
Un ver blanc, repoussant, qui dégoûte et qui pue.

Dramatique est le sort de ceux qui sont malades !
Ils n’ont plus le cerveau pour trier les salades
Et confondent le mythe et la réalité,
Unissant leurs angoisses à la puérilité…

Dans les esprits malades de ceux qu’on a trompés,
Il n’est d’autre logique que la continuité,
Et ils se feront tuer pour ne pas détromper
Un instant leurs enfants de leur folle vacuité !

Donc, c’est une maladie, qui se transmet à l’homme…
Il serait plus exact de parler des enfants
Et des femmes, bien sûr, qui ont mordu les pommes…
Un million de virus mentaux et triomphants !

Disons qu’une bonne hygiène pourrait l’éradiquer !
Il suffirait d’apprendre aux enfants, d’expliquer,
Et tout deviendrait clair, sans plus polémiquer…
Un monde sans folie, peut-on pronostiquer.

Dommage que les parents viennent s’y opposer !
Il m’appartient, mon gosse, et je veux le berner !
En moi, j’ai le virus, qu’il soit donc névrosé !
Un monde où tous les fous ne sont pas internés…

Débarrassez-nous bien des maladies acquises,
Inoculées plutôt sur les bancs des églises,
Et pour être mentales, elles n’en sont pas exquises…
Un monde sans croyance, et moi je vocalise !

Dans les nuages, les morts dansent avec les anges.
Ils ne sont plus puants, rongés, crachant des vers…
En plus, ils rient, ils chantent des cantiques de louange.
Un délire plus épais, c’est une folie sévère !

Dans l’espoir de guérir des boniments appris,
Il faut vous asperger de saine réalité :
Enlevez l’opercule de vos yeux tout surpris :
Un coffret naturel plein de banalité…

Dans le salmigondis auquel on se réfère,
Il faut être bien fou pour y croire dur comme fer,
Et pour les chers malades, qui me vouent à l’enfer,
Un docteur, il faudrait… et que peut-il en faire ?

Demandez donc réparation pour les virus
Inoculés dans vos esprits d’enfant martyr !
Envoyez donc à l’évêché un papyrus,
Une réclamation, avant que de partir…

De cette maladie mentale inoculée,
Il n’est pas de plus grand défaut que cette haine
Enorme et délirante, qui fait tout basculer :
Une vague de poison qui mine l’espèce humaine !

D’abord, il y a la haine de toute différence :
Il y a la haine des femmes, des homos, des athées,
Et celle des autres hommes, qui boivent un autre thé,
Un thé moins parfumé, et d’autres espérances…

De l’Islam, il faut dire qu’il touche souvent des gens
Injustement frappés au plan économique,
Et on peut leur souhaiter, en étant arrangeant,
Un stade des plus bénins du mal épidémique…

Dans toutes les maladies, la misère en rajoute.
Il est tout aussi vrai pour le fait religieux,
Et les exemples pleuvent, si on avait un doute…
Une fortune protège des dangers contagieux.

Dans l’habit exotique, IL n’est pas plus aimable,
Infligeant aux “malades” des torts injustifiables.
En tous lieux, il faudra purger l’épidémie,
Une maladie mentale, la pire des pandémies !

D’accord pour réserver ce poison aux adultes !
Il faudrait interdire son accès aux enfants,
Et surveiller les fous, qui veulent semer leur culte,
Un danger permanent, au climat étouffant.

Du bouddhisme même zen, j’ignore tout des salades.
Ils ont l’air bien gentils, de loin, dans leurs saris,
Et puis les vaches sacrées, c’est joli et ça rit…
Une peste bouddhiste, s’il faut être malade ?

Dans cet asile de fous qui nous sert de planète,
Il ne manque pas d’humains à l’air vraiment pas net,
Et ils dévouent leur vie à des idées en l’air :
Un délire contagieux et pluri-séculaire…

De la foi maladive, il faudrait nous guérir :
Inspirant un air neuf dans nos poumons légers,
En êtres libérés, nous pourrions acquérir
Un esprit fraternel, nos haines désagrégées…

Dommage Irréparable Enregistré Une fois,
Il n’y a pas de gomme pour effacer la foi :
Elle reste à tout jamais, pourrissant les neurones,
Un chancre maladif, comme nouilles en minestrone…

Donnez-moi chaque jour des raisons de mentir !
Il y a l’ordre social à toujours protéger.
Elevez bien les mains, comme pour un repentir,
Une poche après l’autre, on va vous alléger !

Dormez, braves croyants, c’est bon pour la santé !
Ils profitent de vous, de vos corps bien dressés,
En vous disant qu’à vous IL s’est bien adressé…
Un rire doit escorter vos esprits absentés.

Dodo, les bons enfants et les gentils gogos !
Ils vous ont pris très jeunes, quand vous n’étiez pas mûrs,
Et ils vous ont construit dans la tête un grand mur,
Un enclos fort prisé par les théologaux…

Donc un être immortel surveille votre poubelle :
Il vous voit déposer une ordure à trier
Et si jamais c’était un pêché, que je bêle ?
Une vile pollution, un geste meurtrier ?

Dis-moi ce dont tu rêves et je te le promets.
Ils exaucent nos vœux, (après la mort, c’est mieux…)
Elle devient belle, la vie, et la mort, plus jamais !
Un paradis sur terre, aux mensonges harmonieux…

Donc le sourd entendra, et l’aveugle verra.
IL corrigera ainsi les erreurs qu’IL a faites ?
Eh non, IL est parfait… Écris donc aux prophètes !
Une explication, un jour, on t’enverra…

Dans la Bible, on peut lire, «le lièvre, ce ruminant»…
Ils n’avaient pas bien vu nos mâcheurs de chewing-gums,
Et c’est un grand dommage, car c’est déterminant :
Une ineptie grandiose et c’est le Ciel qu’on gomme !

Dans le baptême immonde, j’ai quitté les humains.
Ils m’ont exclu d’office du commun des mortels,
Et maintenant je suis le troupeau immortel,
Unis dans le désir de survivre à demain…

Donnez donc votre temps aux concepts invisibles !
Il ne manque pas de jeux et de passe-temps risibles.
En choisissant les cieux, la sainte obéissance,
Un abîme de délire s’ouvre avec indécence…

Dans la chambre du fond, il y a un crucifix.
Il protège la maison et tout le monde s’y fie…
En vérité, c’est mieux qu’une borne wifi :
Une consommation nulle et un clou lui suffit !

Du sexe de nos anges, nous avons discuté…
Il y eut les esclaves, dont l’âme fut disputée.
Et les femmes, dites-moi, ont-elles vraiment une âme ?
Une bonne religion, c’est le bonheur des dames !

Des femmes rabbins, imams, curés, n’importe quoi !
IL est au masculin, et c’est plus adéquat :
En Ses couilles, l’univers tout entier contenu,
Un et indivisible, est peuplé de femmes nues !

Dans le dénigrement des femmes, ils se ressemblent :
Ils les placent en-dessous, en bas, à la maison.
Elles doivent être soumises et leur donner raison.
Un joli point commun pour une fois les rassemble…

Dans la vallée des larmes, je chante le bon berger ;
Il est censé m’attendre et aussi m’héberger,
Et je suis bienheureux, car il n’y a nul danger…
Un bonheur envahit mon cerveau… démangé !

Dans notre fuite amère des malheurs trop présents,
Il se trouve des complices un peu trop complaisants,
Equipés de chimères, de délires apaisants,
Une église bien rôdée aux desseins écrasants…

Dans l’hostie est le corps du divin sacrifié.
Il a été mangé par des bouches sanctifiées
En cent milliers de tonnes. Comment peut-on s’y fier ?
Un dinosaure géant, on a donc crucifié ?

Donnez-moi la folie d’y croire par-dessus tout !
Inscrivez dans mon crâne la valeur des prières !
Eloignez de mon âme le doute et la lumière !
Une bonne couche de sottise est mon meilleur atout…

Dans notre imaginaire, on est allé puiser.
Il n’est pas nécessaire de longtemps s’épuiser
Et devant nos yeux vides, de bien prophétiser :
Un discours complaisant vient nous fanatiser…

Dressez-moi des églises, des mosquées, des calvaires !
Illuminez le ciel des bûchers d’hérétiques !
Evangélisez tout, à tort et à travers !
Un bonus attendra les meilleurs fanatiques !

Des colonnes, des vitraux, des minarets pointus,
Il en faut des gadgets pour attirer les foules !
Elles viendront se gaver de discours qui défoulent,
Ulcérées de haines fraîches ou longtemps rebattues…

Dans la bonne direction, je ne veux point aller.
Il faut, pour se sauver, savoir tourner en rond,
Et le salut viendra, comme un bon percheron,
Un gros cheval tout gris, venu pour m’avaler…

Des chérubins par ci, et des archanges là-bas,
Il ne manque pas de plumes au poulailler céleste !
Envoyez un renard pour faire lâcher du lest !
Un spectacle en couleurs, qui va faire un tabac…

Donnez vos énergies pour la cause invisible !
Inhibez vos terreurs de la mort pourrissante !
Esprits désagrégés dans des versets risibles,
Une seule motivation, la trouille envahissante…

Dis-moi ce que tu veux et je répondrai “Voui !”
Il faudra bien ensuite me remercier un peu
Et mes belles promesses de paradis pulpeux,
Un peu plus chaque jour, te rendront épanoui…

De l’imbécile heureux qui croit ce qu’on lui dit,
Il faut lui concéder qu’on l’a beaucoup aidé :
En conseils doucereux et peuplés d’interdits,
Un gavage régulier l’aura su persuader…

Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien…
Il dépend du Seigneur, ce pain qu’on doit gagner
Et c’est par une prière qu’Il remplit nos paniers,
Une grâce octroyée par le Grand Comédien !

Donnons du paradis une image positive !
Il faudra des artistes talentueux qui s’activent
Et les chants surhumains des castrats et des chœurs.
Une tromperie céleste où l’on met tout son cœur…

De Vinci, Le Greco, Haendel ou Michel-Ange,
Il ne manque pas de Grands pour apporter leur pierre,
Etayer l’illusion d’un Ciel avec des anges,
Un monument de gloire, mais vide est la soupière !

Dans l’hypothèse absurde où la vie continue,
Infinie, bien après, qu’on soit passé charogne,
Et que l’on soit le même, (l’idée est saugrenue…)
Un esprit sans un corps, comme l’alcool sans ivrogne ?

Dans l’absence de nos corps, que reste-t-il de nous ?
Il n’y a plus nos goûts pour les mets délicats
Et la musique sans ouïe, comme un pontificat
Utilisé pour nous maintenir à genoux…

Dans l’absence de nos sens, le moi est bien falot.
Il ne peut plus parler, ni lire, ni écouter
Et s’il perçoit l’ennui, c’est pour mieux le goûter…
Un paradis sans corps, c’est bon pour les ballots !

Donc la résurrection s’imposera toujours.
Il faudra recréer l’ADN disparu
Et remettre la viande sur les os apparus,
Une chevelure épaisse servira d’abat-jour…

Dans les pas du Bouddha, il est bon de marcher.
Il est bien rassurant, le chemin bien tracé,
Et c’est plus reposant que de devoir chercher
Une route vers la mort qui va nous terrasser.

Dans l’eau bénite, tu trempes le bout de tes longs doigts.
Il y a ce qu’on peut faire et puis ce que l’on doit,
Et l’avenir virtuel pèse comme un couvercle,
Une contrainte absurde qui parfois nous encercle…

Délivre-nous du mal, qui veut nous posséder !
Il est caché, Satan, derrière les obsédés
Et les enturbannés qui veulent leur succéder…
Une prière donne la force de ne jamais céder.

Dans la foulée de ceux qui nous ont précédés,
Il suffit de marcher pour bien intercéder
Et leurs âmes iront haut, dans le ciel accéder…
Une formalité… s’IL n’est pas excédé.

Demandez-Lui son nom et perdez votre temps !
IL ne répondra pas à vos cris importuns
Et un nom n’est utile que si l’oreille l’entend…
Un ermite empaillé au céleste fortin ?

Des martyrs dont on chante les louanges au dessert…
Ils sont au paradis et mille vierges les serrent…
Elles sont grosses, les ficelles, mais ça marche pourtant,
Un discours bien rôdé au son réconfortant…

Demandez-vous plutôt à qui profite le crime !
Il est élémentaire de voir qui paie les primes
Et qui vient encaisser les fruits de cette frime,
Un commerce aberrant, qui pousse à la déprime…

Dix mille ans à prier et pour quel résultat ?
Il y a plus que jamais la guerre et la misère
Et des riches plus nombreux que cafards en galetas…
Une arnaque millénaire mérite le bulldozer !

Donnez un maximum, eh oui, comme ça, c’est mieux !
Ils vous ouvrent le Ciel, vos lingots d’or bien vieux !
Ecoutez les paroles de nos prêtres radieux !
Un jour, à votre mort, votre âme ira aux cieux…

Donnez donc au prochain et que l’ordre établi,
Innocemment guidé, ne soit pas affaibli !
Et les vaches sacrées seront donc bien gardées…
Une messe et voilà ! Vos valeurs sauvegardées !

De la grandeur divine, nous voulons profiter !
IL peut bien partager son immortalité…
Et puisqu’il faut attendre d’aller Le visiter,
Une place au soleil paie la complicité…

Dans la belle ignorance où nous avons vécu,
Il était bien tentant de répondre aux questions
En posant les jalons d’une autosuggestion,
Un moyen astucieux d’amasser les écus…

Dans Ton existence même gît l’inégalité.
Il y a les gens pieux, d’où… prodigalité !
Et les mécréants gueux qui survivent à grand’peine…
Un monde bien fait pour eux… qui plaît bien aux Le Pen ?

Dommage que ce soit faux… La fiction était belle.
Il y a des gueux très pieux et des richards rebelles !
En l’occurence, on perd la logique du système,
Un monde d’apparences où Lui, toujours, Il t’aime…

Dans cet amour virtuel, on ne trouve pas son compte.
Il est vrai que certains, par exemple, les comtes,
Eprouvaient du bonheur à jouir de ces mensonges…
Un cauchemar vivant qui, à jamais, nous ronge !

Dans les clochers d’église et dans les minarets,
Il y a le même désir de regarder d’en haut,
Et c’est bien naturel de chercher sans arrêt
Un moyen d’avoir plus et d’être moins égaux…

Dans l’oubli des horreurs commises dans le passé,
Il y a du mépris pour les frères trépassés,
Et l’or qu’on a si bien su à Rome amasser,
Un jour, il faudra bien, savoir le déplacer…

Donnez donc aux plus pauvres, et le bon paradis
Ira ouvrir ses portes, vous offrant ses radis !
Elle favorise les nobles, les riches et les prélats,
Une société injuste où l’on dit qu’IL est là…

Dignitaires habillés en or et en satin,
Illustres personnages vivant au Palatin,
Et puis, bien sûr, les gueux qui grouillent dessous la table,
Un bétail corvéable, heureux dans son étable !

Déguisement dorés et bâtiments grandioses,
Il en faut du clinquant pour que la foi s’impose,
Et de beaux génocides jamais remis en cause…
Une Sainte Inquisition ? Mieux qu’une tuberculose !

Dis, si Tu existais, Tu ferais le ménage…
Il y a plein de faux Toi, qui délivrent messages
Et Tu les laisses mentir et tromper les plus sages ?
Un bon geste : montre-Toi et fais-en un carnage !

Dans l’espoir de survie, l’on tue, l’on meurt aussi…
Il serait plus malin de demander à qui
Est-ce que profite les crimes et les habiles tromperies…
Une réponse unique s’impose à mon esprit.

Dans la mort d’Infidèles, il y a tout à gagner :
Ils ne reviendront plus pour narguer nos âniers
Et l’on construit bien mieux, au ciel si rassurant,
Un monde plein de Croyants, et moins de concurrents…

Du génocide cathare, on chanta les louanges…
Il y eut les esclaves, dansant avec les anges…
Et des colons vainqueurs, pour que la vie, elle change…
Une marée de morts dictée par les archanges…

Dans le temps bien perdu, certains gagnent leur vie.
Ils font distraire les gens dans de vaines prières
Et pendant ce temps-là, dans leurs noires poudrières,
Une guerre se prépare en haines inassouvies…

Dans la guerre, Tu T’exprimes avec tout Ton talent,
Illuminant Tes pions, de haine les régalant,
Et ils n’auront pas peur de tuer jusqu’à leur fin,
Un Eden les attend, tout plein de séraphins !

Donnez donc votre vie à la meilleure des causes !
Il en faut des agents pour la sainte assurance…
Engagez-vous nombreux dans l’armée la plus rance !
Un avenir radieux vous attend, la psychose !

Des paradis perdus, mais pas pour tout le monde…
Invincibles armadas de pélerins accomplis…
Eternels vieux sermons dont les chaires nous inondent…
Un seul but à tout ça : des cimetières bien remplis !

Des milliers de Cathares se dressent dans mon esprit,
Interrompant la nuit du misérable oubli,
Et les esclaves sans âme dont la mort a un prix,
Un beau jour, une nuit, ils seront anoblis ?

Dis-moi qu’il est trop tard pour crier la vengeance…
Ils sont morts, les coupables, hors de portée des coups,
Et leurs suiveurs ricanent, les tiares en haut des cous,
Un rictus méprisant devant la vile engeance…

Des griffes pour s’accrocher aux souvenirs puants,
Il en faudra beaucoup pour résister vraiment…
Entoure de tous tes soins, tes prosélytes tuants
Unis par une haine et un orgueil déments !

Dans les goulags, les camps nazis et en Syrie,
Ils tuent des innocents, les joyeux dictateurs…
Et Toi, Tu ne fais rien, ou bien alors Tu ris ?
Une bénédiction pour tous les prédateurs !

Dans les rues de Syrie, on tue à grand échelle.
Ils empêchent qu’on arrête, en Chine et en Russie,
Et Toi, Tu les bénis jusqu’à la Saint-Michel :
Un peuple au paradis, c’est toujours réussi !

Dans les esprits simplets, il y a l’âme et le corps…
Il y a les bons Nazis, qui n’étaient pas d’accord
Et qui le murmuraient, le soir dans leurs prières,
Une fois nettoyés leurs uniformes fiers…

Dans les yeux des martyrs, la folie manifeste…
Ils vont semer la mort, les radiations, la peste
Et tuent en un seul jour des milliers d’innocents.
Une chouette occasion de faire couler nos sangs !

Dans l’oubli du vieux temps des humains exploités,
Il fera bon trouver la paix de nos esprits
Et les guerres imbéciles des cerveaux formatés,
Un mauvais souvenir, dont nous étions épris…

Dans les exploits des Saints, Hollywood est en germe.
Il faut des grands héros, surhumains et magiques
Enflammant les esprits des hommes aux vies tragiques :
Un spectacle payant, qui hérisse l’épiderme…

Dans les Juifs, Musulmans, animistes ou athées,
Il faudra voir l’ennemi, qu’il faudra donc mater !
En concurrents féroces de nos précieux sponsors,
Un seul châtiment sûr : eh bien, oui, c’est la mort !

Dans un ventre tendu, la foi se refroidit.
Il faut de la misère pour un bon paradis,
Empli de conquérants haineux et de manants,
Un univers parfait où l’Ordre est permanent !

Dans les hordes de pauvres, on trouve un réservoir.
Il constitue l’espoir d’un futur désespoir
Enrichi en misère, guerres, tueries, génocides…
Un monde égalitaire ? Je crie au déicide !

Dans notre Iran moderne, on tue pour des écrits.
Ils sont pornographiques et contraires à l’Islam…
Et tant pis si c’est faux et que c’était du Slam !
Un supplicié pour Lui, ça ne pousse plus des cris…

Donner la mort pour Lui, quoi de plus naturel ?
Il nous a tout donné, la vie très culturelle,
Et la joie de chanter si l’on est bien d’accord :
Un droit Lui est acquis sur la mort de nos corps !

Dans les inondations, les volcans, les tornades,
Il est là, c’est bien Lui, qui ne fait rien à demi,
Et on lui doit aussi les bonnes épidémies,
Un miracle : ses victimes lui jouent la sérénade !

Derrière chaque avalanche, on aperçoit sa main.
Il joue à nous gommer comme un joyeux gamin,
Et qu’importent, après tout, ces vies qu’Il va cueillir,
Une folle éternité va tous nous accueillir !

Des moustiques aux virus, et aux difformités,
IL a bien tout créé, jusqu’aux punaises au lit,
Et IL joue pour toujours avec l’humanité,
Un créateur sadique et son monopoly !

Demandez-vous toujours à qui profitent les messes !
Ils tirent les ficelles des saintes marionnettes
Et les marrons du feu sacré de leurs promesses.
Un bonheur de les voir bénir les baïonnettes !

Des fanatiques, c’est bien, quand on tire les ficelles…
Ils s’excitent et ils tuent quand on lève les missels
Et les autres bouquins du beau Moyen-Orient,
Une région si riche en délires trop riants…

Diviser pour régner… Qui va ridiculement
Imaginer des Juifs, Chrétiens ou Musulmans,
En querelles éternelles, se déchirer vainement
Unis par leur attente d’un absurde avènement ?

Dans la guerre très sanglante, ils vont aller laver
Illusions et chimères, qu’ils n’ont jamais choisies,
Enlevant joie et vie aux ennemis gavés
Un peu de leur côté des mêmes idées moisies…

Dans l’espoir d’imposer leurs opinions démentes,
Ils vont donc s’entretuant depuis des millénaires
Et nul ne vient calmer ces furieux congénères
Uniquement heureux quand IL les complimente…

Distraits de leurs misères, les pauvres sont des jouets.
Ils obéissent aux rêves, pour fuir les coups de fouet,
Et ils peuvent courir pour exaucer leur souhait,
Une grosse explosion au fond d’un beau tramway !

Dans les cris des oiseaux qu’on abat au fusil…
Illuminant la nuit, les rafales de l’Uzi
Emeuvent Son cœur enfoui de créateur glacé.
Un bon “Quoi ?” dites-vous à mon oreille froissée ?

Des punitions pour ceux qui n’ont pas pu choisir,
Il en faut pour tous ceux, refusant de moisir,
Ecœurés du destin qu’on leur a réservé,
Une armée communarde, au refus motivé…

Dis, la mort, c’est si grave, qu’il faille ainsi tricher ?
Ils utilisent des mythes pour nous manipuler
Et nos peurs les incitent encore à fabuler :
Une forêt de contes qu’il reste à défricher…

Dans les entrailles brûlantes du plus noir des enfers,
Ils brûlent, tous les méchants des films qu’on a pu faire,
Et ils regrettent alors de n’avoir pas suivi
Un libre-arbitre absent, au long de leur survie…

Dans les églises, on chante la grandeur du néant.
Il nous attend, patient, le fond du trou béant
Et il ne sert à rien d’inventer des chimères,
Un paradis, qui sert de vie intérimaire !

De l’enfer, on a peur, parce qu’il est effrayant.
Il incarne le Mal qu’on a fait, qu’on peut faire,
Et que l’on subira si le Grand surveillant,
Un fantôme créateur, nous met l’esprit aux fers…

Dans les yeux des statues, on lit la même ferveur
Inhumaine et glacée, hautaine et sans saveur…
Elle a fait illusion aux manants du passé,
Unis par les mêmes chaînes au sort des trépassés.

Dans l’espoir de revoir leurs très chers disparus,
Ils sont prêts à rêver, tout haut, du paradis,
Emmenés en bateau, comme le bœuf, la charrue,
Une illusion et hop ! On leur vole leurs radis !

Du paradis, des limbes, de l’enfer, que choisir ?
Il faudra bien mourir, mais, avant, où moisir ?
Entre les illusions des différentes croyances,
Une vie libre existe, mais c’est dans la défiance…

De la mort des martyrs, les prêtres se repaissent.
Il faut se demander jusqu’où ils nous dépècent
Et jusqu’où les laisser nous jouer leurs jolies messes,
Un flot de simagrées, sucrées de vaines promesses…

D-I-E-U, quel sens peut avoir l’acronyme ?
Il est pour «Dangereuse», le D si anonyme,
Et le I, «Illusion», le E «Émotionnelle»
«Ultralibérale» vient clore la grippe rationnelle…

Dans du velours grenat, couvrez les hypocrites…
Ils sentiront l’encens, leur odeur favorite.
Elle évoque les esprits, la spiritualité,
Une ruse pour éloigner de la réalité…

Dans son palais, le pape a tout manigancé…
Il tire les ficelles du troupeau orchestré
Et sa noire hiérarchie sait sur quel pied danser…
Un ballet démoniaque si bien administré !

Droit divin pour les rois qui aspirent à durer,
Incandescents bûchers pour les sales hérétiques,
Et l’enfer pour tous ceux qui n’aiment pas les curés,
Une société parfaite au couvercle hermétique…

Dans le plaisir d’y croire, la moitié du succès.
Il vient ensuite la joie de bien faire comme tout le monde
Et si le conformisme n’est pas assez immonde,
Une bonne inquisition, et voilà tout ce que c’est !

Dans une folle volonté de se croire supérieur,
Inventons un moyen tout à fait intérieur :
En nous, il y a une âme et elle est immortelle !
Une âme, ça fait du bien, mais… pourquoi donc mord-elle ?

Depuis qu’il y a des messes, on en a bu du vin !
Il remplit le calice et coule dans le gosier,
En miracle accompli, sang du sauveur divin !
Un tel tour vaut la quête dans les paniers d’osier…

Dis-moi, mon bon Saigneur, jusqu’à quand vont durer
Incompréhension molle et fine cupidité ?
En l’humain, vanité et noire stupidité,
Unies dans un ballet, belles proies pour les curés !

Des chimères éternelles pour séparer les hommes,
Interdire les actions qui font tomber les pommes,
Eliminer tous ceux qui viennent troubler les ordres…
Un vœu de charité, sur les lèvres, pour mordre !

Depuis des millénaires, on nous a fait rêver,
Insufflant des mensonges aux petits des humains,
Enchaînés aux colonnes des églises dépravées —
Utile de préciser qu’on a coupé les mains…

Dis donc, la Création, ça a dû T’épuiser !
Il T’a fallu sept jours d’hyperactivité,
Et, depuis, plus grand’chose… la religiosité,
Un grand vide sidéral où chacun va puiser…

Dans les yeux des démons on peut lire tous nos vices
Ils reflètent les pêchés, qu’on a accumulés,
Et ceux qu’en très haut lieu on sait dissimuler…
Un abîme de noirceur où plonger les novices !

Dans l’œil des caméras, qui surveillent les voleurs,
Il y a un peu de Toi, en bien moins racoleur…
Ecouter, surveiller, et comptabiliser
Un à un les pêchés les mieux standardisés !

Des prêtres pédophiles, c’est tellement incroyable !
Il y a leur hiérarchie, des aveugles effroyables…
Et l’amour du prochain, qui en prend un sale coup :
Un pêché trop mortel que leur tordre le cou !

Des créatures comme nous, c’est très intéressant !
Ils se tuent et s’oppriment, toujours convalescents,
Et ils prétendent porter ton message d’amitié,
Un gros sac d’or caché au fond du bénitier…

Dans le silence obtu qui te caractérise,
Il y aurait bien matière à poser des questions :
Es-Tu encore vivant ? À moins qu’il y ait méprise,
Un porté disparu mène une mauvaise gestion…

Dans les dédommagements, Il est censé règner…
Il tue et indemnise à coups d’éternité,
Et si c’est une arnaque, cette belle araignée
Uniquement nourrie de notre humanité ?

Douleurs, plaisirs, frayeurs, espoirs, désirs, c’est tout !
Il n’y a chez l’humain nul besoin d’ajouter
En prières inutiles des délires filoutés :
Une âme, un au-delà, et un grand manitou…

Dans les théocraties, le pouvoir intéresse
Infiniment plus fort que les jeux religieux
Et Tu n’es qu’un prétexte, oui, si l’on Te caresse
Un jour, le lendemain, on est moins élogieux…

Dans la bague de l’évêque que l’on pourra baiser,
Il y a tout un monde de superstitions crasses,
Et des microbes aussi, l’hygiène est malaisée,
Un détail quand on croit que la mort débarrasse…

Dans la haine et le sang, ils ont trempé leurs plumes.
Ils ont décrit le Mal, étalé sur l’enclume,
Et ils ont prétendu tout faire pour l’écraser.
Un mensonge si usé qu’on l’a paraphrasé…

Dans les poubelles du temps, on trouve des anciens mythes.
Ils étaient virulents mais avaient leurs limites.
En un futur prochain, on rira de nos fois,
Un rire à la mesure de nos mythes d’autrefois.

Dans la réalité, il y a assez de choses.
Il n’est donc nul besoin de croire aux nuages roses
Et la bonne société qu’ailleurs je vous propose,
Uniquement sur l’homme et la femme, elle repose…

Débarrassés des dieux, des cultes et de leurs crimes,
Il ferait bon vaquer à nos occupations…
Eliminées, les guerres et les lamentations,
Un monde plus humain s’offrirait à mes rimes…

Donnons-nous donc la main sans vouloir voir plus loin.
Il est vain de rêver à notre éternité
Et nous avons la vie pour servir de témoin.
Un jour, nous finirons… Bonjour, l’obscurité !

Débarrassé des rêves, nous pourrons accomplir,
Intacts, les fiers destins qui s’offriront à nous.
Enfin, le cœur léger, plus jamais à genoux,
Un espoir de progrès pourra bien nous emplir…

Dis donc, c’est du lyrisme où je n’y connais rien…
Ils batifolent, mes mots, comme d’anciens galériens,
Ennuyeux sur le tard, si j’ose être lucide…
Un rideau va glisser sur mes vers déicides…

Déicides ? Comment tuer ce qui n’est pas vivant ?
IL vit dans les esprits des malades qui y croient
Et ils n’ont pas choisi d’aller sur le divan…
Un jour, on leur a dit : “Tu vois ? Ça, c’est la croix…”

Dans la sottise, Croyant, tu peux bien t’enfoncer…
Il est des évidences que tu peux refuser,
Et voir obstinément, en clair, les murs foncés.
Un jour, même la bêtise peut cesser d’infuser…

Depuis le vieux déluge et ses pluies torrentielles,
Il a coulé de l’eau bénite, sacrificielle,
Et l’on est arrivé au temps des logiciels.
Un jour verra la fin des fois pestilentielles !

Dans le bonheur humain, général, officiel,
Il fera bon vaquer aux biens préférentiels,
Et occuper des vies anticoncurrentielles…
Une tout autre existence bien moins artificielle !

Donnez-moi un accès au cours de catéchisme !
Il me faudra deux heures pour en vider la salle,
Et les victimes choisies pour vos noirs archaïsmes,
Unies, déserteront la sottise abyssale…

Donc mon âme immortelle ira bien en enfer.
Il m’appartient ce choix, si j’ai la liberté…
Et c’est là que je suis vraiment déconcerté :
Une âme sans liberté, mais qu’allons-nous en faire ?

Dans un autre poème, j’ai expliqué pourquoi
Il m’était impossible de m’imaginer libre,
Et IL ne pourra pas rétablir l’équilibre.
Un concept pareil me semble inadéquat !

Dans l’égoût du mensonge, on m’a trempé petit.
Il me reste à jamais l’odeur d’hypocrisie…
Elle imprègne ma peau et me coupe l’appétit :
Une démangeaison qui gratte mes poésies ?

Dans l’avenir, sans doute, je serai autre chose,
Iguane ou papillon, autre métamorphose…
Elle est longue la liste des vies qu’on me propose :
Un doute m’effleure pourtant sur la métempsycose.

Donne-moi donc la force de dénoncer Ton toc !
Il a assez duré, Ton délire équivoque !
En fait, les malvoyants peuplent l’humanité,
Unis dans la noiceur de leur insanité…

Des doigts qui n’obéissent qu’aux lois de l’Inconscient…
Il n’y a point de place, en moi, pour l’Omniscient.
Elle est serrée, mon âme, autour de ma raison,
Un bien petit espace, mais quelle jolie maison !

Dites-moi que la foi, qui m’a contaminé,
Importa dans mon âme de quoi nourrir mes vers…
En vrai, j’ai du dégoût pour polluer l’univers,
Un plein sac, concentré, qu’on va examiner ?

Délire Inoculé En Une lointaine enfance,
Il me remonte parfois comme des relents d’offense,
Et je crache le sale goût qui me monte à la bouche,
Un goût de vieux mensonges, que l’on sert à la louche…

Dans la mort se finit notre vie tant bâclée.
Il nous appartenait de ne pas la boucler
Et de briser nos chaînes avec nos bras musclés !
Un regret d’avoir fui trop souvent les râclées…

Doré, le tabernacle et la beauté partout…
Il est facile de croire dans le grand manitou
Et la facilité, mon ennemie jurée,
Un jour, reculera pour l’humain saturé…

Dans l’eau bénite, mes doigts ont bien souvent trempé…
Ils y croyaient, idiots, mais ils ont décampé
Et maintenant ils tapent, comme pour la curée,
Une envie fabuleuse de bouffer du curé…

Depuis le premier jour, on apprend à penser.
Il en faudra du temps pour pouvoir progresser
Et l’on ira enfin toucher la vérité :
Un jour, on meurt, on sait… qu’on l’a bien mérité !

Dans le trou de la mort, la vérité s’éclaire :
Il n’y a plus de douleur, de plaisir, de pensée,
En un cerveau crevé, un vilain tas de glaires…
Une sombre évidence, qui vient nous offenser !

Dans l’encéphale éteint, plus d’esprit pour gloser !
Ils veulent y croire quand même, à la survie de l’âme,
Effaçant des mémoires les corps décomposés,
Unis dans un délire d’orgueil peureux des flammes…

Donne-moi de quoi manger pour que je le vomisse !
Il faudra savoir taire tout ce qui est gênant
Et cacher bien profond le Mal et ses prémices…
Uniformément gris,Ton monde est déclinant.

Des sous, encore des sous, et des miracles au bout…
Il faut bonne volonté pour croire que l’eau qui bout
Est une œuvre divine et que la mort du corps
Uniquement détruit la matière et encore…

Dans le Jugement Dernier, les morts vont se lever.
Ils étaient en poussière ? La viande va repousser,
Et les os disparus, les organes prélevés ?
Unissez vos délires et… défense de glousser !

Dans le clair paradis, on va bien s’emmerder…
Il n’y aura plus d’argent à pouvoir dépenser,
Et pas plus d’internet que l’on puisse regarder,
Une télé absente et plus rien à penser…

Dans le Ciel d’outre-tombe, on va s’ennuyer ferme :
Il n’y aura rien à faire sur le plan matériel
Et nos vies antérieures parvenues à leur terme,
Un triste résidu insipide mémoriel !

Dans le Ciel, plus de joie de manger ou de boire !
Il y aura mille vierges, mais plus jamais de sperme !
En vain, la nostalgie des temps jubilatoires
Usera les regrets de nos doux épidermes…

De Yoplait à Voilà, sans oublier Boudin,
Il y en a pour tout le monde, et puis pour tous les goûts…
En mon esprit pervers, j’ai puisé dans l’égoût
Un désir de fonder mon propre clone d’Odin…

Du prophète que je suis, il faudra dire du bien.
Il faudra me payer, et me saluer de loin,
Et je dirai des choses, et vous saurez combien
Un esprit exalté est fort en baragoin…

Dommage qu’il soit si tard, j’aurais bien continué.
Ils viendront bien demain, les mots qui me traversent,
Empruntés, empruntant mon esprit qui les verse,
Un peu comme une cruche, mais en plus exténué…

Dans les hauteurs des voûtes des cathédrales gothiques,
Il faut lever les yeux et l’effet hypnotique
Est fascinant pour nous, qui sommes gens évolués.
Une belle attraction pour manants éberlués…

Dernière livraison du jour qui va finir…
Il faut savoir fermer l’ordinateur subtil
Et reposer la viande nourrie de souvenirs,
Une matière visqueuse aux soubresauts futiles !

Dans mes doigts court encore l’envie de batailler,
Insignifiant insecte pris dans du lait caillé,
Ecartelant ses ailes pour mieux les nettoyer,
Un désir forcené de finir empaillé…

D’un vieux monde poussiéreux, où la vie était rude,
Il reste des vestiges au fond de nos neurones,
Et la nostalgie rance des hommes preux, des femmes prudes ?
Un grenier archaïque à pâmer des baronnes !

Dans un monde sans télé, au réel trop pesant,
Il était bon de voir les merveilles des églises…
En nos jours d’internet, de films où l’on «balise»,
Une cathédrale n’a plus cet effet bienfaisant.

Dans les nefs des églises, je ne veux plus aller.
Il est passé le temps où j’étais obligé,
Enfant qui subit donc les caprices installés,
Un esprit qui refuse ce qu’on veut infliger…

Dans les mensonges des vieux, j’ai vu clair de bonne heure…
Ils voulaient partager les erreurs du passé,
En les donnant à boire aux enfants entassés.
Un jour, viendra la fin des marchands de bonheur !

Dans l’espoir d’autre chose, on oublie l’essentiel.
Ils sont si occupés à regarder le ciel
Et ils en oublient donc la terre existentielle,
Un détail regrettable, esprits superficiels !

Des mots qui manipulent les esprits bien dressés,
Il y en a toujours eu et pour mieux nous stresser,
En plus, on cherchera à vouloir agresser
Une catégorie d’âmes plus désintéressées…

Diaboliser les hommes pour mieux les écarter,
Idée originale, autrefois, c’est certain…
En notre siècle noir, au savoir encarté,
Une habitude usée comme un vieux libertin !

Dans l’ombre des statues et la fraîcheur des marbres,
Il fait bon réfléchir aux misères des humains,
Et puis s’organiser pour que jamais demain
Un homme ne se balance, mort, pendu à un arbre…

Dans la mémoire des jours enfuis de mon enfance,
Il y a de quoi nourrir des vers jusqu’à l’offense…
Eternité des mots qui sortent de mes doigts
Un à un, mais pressés, mauvais, comme il se doit !

Donnez-moi donc l’absolution pour mes pêchés !
Ils sont sortis de moi, j’étais bien empêché
Et je n’avais nul choix ou ce n’était pas moi…
Un passé à refaire, oui, mais par mon siamois !

Dans le regret stérile du passé périmé,
Il y a le secret de la bonne confession
Et si l’on recommence à la prochaine session,
Un boulet continuel, j’aurai donc fait rimer…

Dans l’espoir qu’un beau jour les humains se réveillent,
Ignorant les sirènes qui ont bercé leurs pères
Et leurs mères avant eux, en faussant leurs repères,
Un vers de plus, j’écris, en prolongeant ma veille…

Débile est la pensée que la mort nous libère !
Il est beau, le néant ? L’insuffisance bulbaire
Est une excuse facile, mais elle ne suffit plus.
Un esprit rationnel, et l’on ne s’Y fie plus…

Débarrassé du poids des folies séculières,
Il m’a paru léger, mon esprit rajeuni
Et il a pu créer ces vers pleins d’ironie,
Une colonie grouillante et bien particulière…

Dormir est une épreuve quand on sait les mensonges.
Il devient difficile de se glisser en songes
Et retenir les mots qu’on a besoin de dire,
Un geste douloureux, quand on voudrait bondir…

Décapité, brûlé, le poing, la langue, coupés…
Il s’agit du très jeune chevalier de la Barre,
Emprisonné, pour rien, on ne l’a pas loupé.
Un blasphème supposé… Mais où sont les barbares ?

Du siècle des Lumières, il n’a pas profité.
Il est mort torturé par des fous excités
Et l’on n’a rien pu faire pour les en empêcher…
Un beau crime religieux pour présumé pêché !

Des chevaliers comme lui, on en trouve aujourd’hui.
Ils ne sont plus en France, mais les théocraties
Existent bien ailleurs. Hideuses burocraties,
Un jour verra, j’espère, leurs maîtres éconduits…

ÉCONOMIES

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Elle est belle, la machine, qui fixe les salaires…
C’est selon les pays, pas selon les métiers.
Où nousnaissons importe, pour les grands argentiers.
Nos frontières sont ouvertes, partout le même sale air,
Oui, pour les capitaux, les produits, les denrées,
Mais pour les salariés, la sortie est barrée.
Ils ont moins de besoins, pourquoi les payer plus ?
En "pays émergé", la vie est un malus…
Sur le dos des humains, l’argent est un virus.

Entendez-vous les cris des gens que l’on exploite ?
C’est parce qu’ils sont trop loin, en "pays émergés"…
On y va en vacances, mais qu’ils gardent leurs blattes !
Nous, on veut du confort, et surtout bien manger…
On se fiche de savoir combien ils sont payés,
Mais regardez un peu ce verre qui est rayé !
Ils savent se contenter du peu que l’on leur laisse
Et c’est si distrayant de tirer sur leur laisse !
Sans risquer de morsure : leurs dents ont des faiblesses…

Enfants, ils vont fouiller parmi les détritus.
C’est pour gagner trois sous, de quoi faire un repas.
On ne les instruit point. L’école, il n’y en a pas…
Non pas qu’ils s’ennuieraient s’ils apprenaient le russe
Ou les mathématiques, mais ce n’est pas utile.
Marchant pieds nus, fouillant dans nos déchets futiles,
Ils trient, découpent, cisaillent nos gadgets obsolètes,
Et s’ils font trop de bruit, tournez donc la molette !
Si ! L’oubli va si bien à ces vivants squelettes…

Epargnez-nous les mots sur l’argent mal placé…
C’est un peu indécent et vraiment déplacé
Ou vous ne pensez pas aux victimes outragées,
Nos pauvres actionnaires, souvent gens très âgés…
On a perdu des plumes dans les fluctuations,
Misant sur nos conseils parfois mal avisés…
Ils ont perdu un peu de leur exaltation,
Et s’il en reste à prendre, il faudra bien viser,
Si l’on veut dépouiller ces portefeuilles rouillés.

Encore et toujours plus, on veut en amasser !
C’est la loi du plus riche et c’est un jeu racé
Où l’on cherche toujours le maillon à casser,
Nous libérant la chaîne qui sert à entasser,
Ouvrant les vannes à l’or, dont nul ne s’est lassé,
Maltraitant au passage les humains effacés,
Inutiles picaillons, dont les vies encrassées
Encombrent le système, leurs besoins effacées,
Sans trouver le courage de nous hurler "Assez !"…

Eh bien, il faut chercher de quoi vous vous privez !
C’est un effort à faire. Cela doit arriver.
On ne peut pas toujours être à vous assister…
Nous pensons qu’il faut bien près de vous insister,
Ou pour l’éternité, vous serez endetté(e).
Mettez-y donc du vôtre, dans cette adversité !
Il ne manque pas de gens comme vous dans la cité…
Et, oui, ils se débrouillent pour joindre les deux bouts…
Si vous n’êtes pas manchot, vous resterez debout !

Elle est belle, la planète, et bien mondialisée !
Ce sont les riches en l’air, dans le haut des gratte-ciels.
On trouve les pauvres en bas, haillons banalisés,
Nourrissant de beaux rêves en regardant le ciel,
Oubliant le sol dur, où ils traînent leurs pieds,
Maudissant à voix basse les riches qu’ils vont épier…
Il faut bien que l’on vole l’argent pour le gagner
Et c’est la corruption qui remplit nos paniers,
Si bien qu’ils sont trop lourds et ardus à manier…

En vain, j’ai récité mes vers alambiqués…
Combien d’oreilles outrées se sont crues attaquées ?
On ne m’a pas laissé le temps de m’expliquer :
Non ce n’est pas plaisant de devoir vous saquer !
On n’y met nul plaisir, mais vous le méritez…
Maltraitant nos oreilles de vos mots irrités,
Il en faut du courage pour vous ouïr jusqu’au bout,
Et nous n’en avons point, car, pour vous, l’eau qui bout
Sait encore déborder, et, des gouttes, vous mordez !

En rangs bien trop serrés, vous allez obéir,
Ce n’est pas une question qu’il faudra discuter.
Ou bien vous vous pliez au jeu à disputer,
Noblement incliné, vous laissant envahir,
Ou bien les terres humaines, les recoins reculés,
Maculés de ses marques, l’ozone et les coraux
Inondés de sa boue, les peuples acculés
Englués de son fiel, les esprits doctoraux
Sauront montrer aux dieux votre visage odieux…

Es-tu sûr de vouloir aller où ça nous mène ?
C’est folie de faire jouer la mondialisation
Oubliant d’y inclure la liberté humaine.
Non, il n’y a que les biens dans la circulation.
On garde les humains prisonniers des frontières,
Menottés à leurs bancs durant leur vie entière.
Ils sont payés un rien pour des jeans exportés,
Et ils n’auront jamais l’argent pour en porter.
Sur l’humain qui acquiesce, l’argent s’essuie les pièces…

En leur vendant des armes, on gagne de l’argent.
Comme on aurait du mal avec d’autres machines !
On ne discute pas bien le prix pour tuer les gens,
Non, les marchands se pressent d’Europe ou bien de Chine…
On brade à tour de bras la vie des innocents,
Mais c’est toujours les pauvres qui paieront de leur sang.
Il faut des mitraillettes pour fouler la moquette
Et des grenades à main, des chars, les lance-roquettes…
Semons partout les champs de mines qui déchiquettent !


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Index des séries de poèmes

ACROSTICHES RÉCENTS———————Nombre d’acrostiches

ABCD…JKLM…XYZ
ABANDONNER
ABSENCE
ABSURDITÉ
ACHMET*———————2
ACROSTICHE
ACROSTICHES———————12 + 11
ADMIRATION*
AFRIQUE*
AMERTUME
AMOUR
ANTIBIOTIQUES———————4
À QUOI BON———————2
ANIMAUX———————5
ANTICONSTITUTIONNELLEMENT ———————2
ARGENT———————162
ARMES———————19 + 5
ARMES
ARTISTE———————9
ARTISTES———————4
ARTISTERIE*
ASSEZ———————18
AUGMENTATION
AU SENS PROPRE
AVEUGLÉMENT
AVEC BONHEUR
BANALITÉ———————5
BLANCHE-NEIGE
BAVARDAGE
BAVARDAGES
BALEINES*
BIEN———————10
BIÈRE
BLEU
BOIRE
BONJOUR———————3
BOULOT
BRIDGET KYOTO*
CALCULATRISTES*
CANCÉRETTES———————5
CANCERRORISME———————2
CAMBOUIS*
CASSER
CHACUN POUR SA GUEULE
CHANGEMENT CLIMATIQUE
CHANGER LES CHOSES———————4
CHARITÉ———————20
CHARLIE HEBDO
CHASSER*
CHASSEURS ———————10
CHOQUER*
CIRCULATION*
COMPRENDRE
CONCOURS
CONFITURES
CONTREBANDE
CORPS———————63
CROIRE ———————17
COURRIRE———————20
CRIMES———————17
CRIMES 2———————3
CRIMINEL———————5
CRIMINALITÉ———————2
CROYANCES———————10
CRUE———————13
DÉCISION
DÉMOCRASSIE———————18
DES NOMS DES MAUX DÉMENTS DE MON DÉMON DES MOTS
DESSIN———————10
DESTINÉE
DESTRUCTION———————15
DIEU————————213 + 15
DIFFÉRENCES
DIMANCHE
DISSIMULATION
DISTRACTION*
DORMIR
——————————— DOUBLES ACROSTICHES
DOUBLE SENS
DOULEUR
DUPLICITÉ
EAU———————9
ÉCOLE———————16
ÉCONOMIES———————11
ÉCRIRE———————3 + 20 + 4 + 2
ÉCRITURE———————14
EFFERVESCENTS*
ÉGALITÉ———————12
ÉGOÏSME
ÉLECTIONS*
ENFANTS———————2
ERREURS
ESCALIER
ESCROC*
ESPOIR
ESPOIRS ———————4
ÉTERNITÉ
ÉTIQUETTES*
FAIRE*
FANTASMAGORIE(S)———————11
FARIBOLES
FATALITÉ
FATIGUE———————6
FEMMES*
FILLON ———————4
FOOTBALL ———————4
FRELON ASIATIQUE———————3
FUTURISMES———————3
FÊTES
FLANBY
FOLIE(S)———————93
GACHIS
GALIMATIAS
GÉOLOGIE*
GILETS JAUNES
GUERRE
HABITUDES ———————4
HAINE———————6
HÉSITER
HOLLANDE
HORREUR*
HUMANITÉ*
HYGIÈNE
IDIOCRATIE*
ILLUSION
ILLUSIONNISME
IMMOBILIER———————15
INCOMPRÉHENSION
INCONSCIENT———————16
INCROYABLES———————4
INDIFFÉRENCE———————11
INSECTES
INSPIRATION———————2
INTERFÉRENCES
JACQUES RAFFIN
JE
JEUDI
JOIE———————2
JOURNAL*
JUMEAU
JURA
LESBIENNES
LES DIEUX ONT UN CHAMPION…
LE SENS DE LA VIE———————11
LIBERTÉ———————10 + 1
LIBERTÉS———————2
LIVRES ———————5
LUNDI ———————36 + 4
MACRON———————2
MAL
MANGER2
MANGER
MÉCHANTS
MÉDECINS
MÉLANGEONS
MENSONGES*
MÉPRISER*
MÉPRIS———————2
MERCI
MÉTÉO
MINISTÈRE DE LA JUSTICE OU DE…
MINISTRE
MISERE
MOLÉCULES
MONTER EN HAUT*
MORT———————4 + 13
MOUCHE
MOURIR———————3
MOURIR<
NAPOLÉON
NE RIEN CHANGER
N’IMPORTE QUOI
NOIR
NOTRE-DAME OU LEUR DRAME
NOUVEAU
NOUVELLES
ORGUEIL
OSER
PARADIS
PARADIS FISCAUX
PARDON
PARENTS
PARIS———————3
PARLER———————2
PARTAGE———————12
PAUVRETÉ ———————10
PHOTOGRAPHIE———————2
PIGEONS
PISSER DANS UN VIOLON
PIRATAGE*
PLUIE
POLICE———————12
PORTE———————19
POURQUOI———————6
PRIÈRES
PRIÈRES
PROCRASTINATION
PRODUITS
PROSTITUTION———————17
PUBLICITÉ———————32
PUZZLE
QUAND J’ÉTAIS UN ENFANT*
RACISME*
RÈGLES
RELIGIONS
RÉPÉTER———————3
RÉPÉTITION———————4
RÉTROGRADES———————4
RÊVALITÉ
RÉVEILLONS———————12
RÊVERIE
RÉVOLTE INUTILE
RIEN
RIME———————1
RIRE———————1
RIRE2———————2
ROUGE
RUSE———————2
SACRON
SALAUDS
SALIR———————+ 13
SAMEDI
SAVOIR
SDF———————7
SECS
SILENCE———————2
SILENCES*
SOI———————5
SOIS JEUNE ET T’ES TOI
SOMMEIL*
SOUPES
SPÉCULATIONS
SUICIDE———————6
SYRIE*
SYRPHE
TABAGISME———————17
TÉLÉVISIONS———————11
THÉ
TOURISME———————21
TRADITIONS
TRAVAILLER———————12
TROP———————16
TUER
VANITÉ———————15
VENDREDI TREIZE
VENTE DE CHARITÉ
VÉRITÉS*
VERS LES FÊTES DE FIN DAMNÉE
VIN
VIEILLESSE———————2
VIOLENCE
VIOLENCES ———————6
VITESSE
VOLONTÉ
VOMIR———————20
2012———————12 mois

*Acrostiches publiés sous le pseudonyme d’Achmet

Saletés de vers animés à voir se tortiller et à écouter sur Youtube :

ACROSTICHES
ARMES
CHARITÉ
CORPS
DEMOCRASSIE
DESTRUCTION
DIEU
ÉCONOMIES
ÉGALITÉ
FANTASMAGORIE(S)
FOLIE(S)
IMMOBILIER
INCONSCIENT
INDIFFÉRENCE
LE SENS DE LA VIE
PARTAGE
PROSTITUTION
12 ACROSTICHES POUR… RÉVEILLONS
TABAGISME
TÉLÉVISIONS
TOURISME
TRAVAILLER
VOMIR
2012

Index des poèmes 3D

AFRIQUE
AMUSEMENT
BLANC
CONTEMPLER
COURAGE
DEMAIN
FATIGUE
FETE
FOLLE
GEOLOGIE
HAINE
IMMIGRATION
LUCIDITÉ
MAGICIENS
MÉMOIRE
MOTS
OEIL
OEIL
OISEAU
ONGLES
PESSIMISME
POLYPHONIE
POSSESSION
ROUTINE
SITE WEB
SOMMEIL
SORCELLERIE
SOUFRE
TELE
TELEVISION
TEMPS
VELIB VELIB
VITRINE
VOIR

    …et pourquoi pas des aphorismes en relief ?

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