Parce que c’est bien juteux, pourquoi donc hésiter ?
Regardez ces gamines, comme elles rapportent gros !
On leur prend leurs papiers, par pure nécessité…
Soigneusement droguées, par de gentils maquereaux,
Tout est fait pour qu’elles soient à l’aise pour “travailler” !
Il est toujours une, dure à dépoitrailler…
Tu en fais un exemple… et les autres filent doux !
Un besoin naturel, qui fait tourner le monde,
Trouvez-y à redire, quand saturé d’Edmonde,
Il vous plaît de quitter son corps gras de saindoux…
On vous offre un corps neuf, pour moins cher qu’un costard,
N’est-ce pas une bonne affaire, pour un joyeux fêtard ?
Pour payer le loyer, elle a trouvé l’astuce…
Regarde ma “fierté”, et puis, là, tu la suces…
On fait ça sans amour, juste pour subsister,
Sachant qu’on va pouvoir cesser d’être assistée…
Tu fermes bien les yeux, et tu avales à fond,
Ignorant fort l’envie que tu as de vomir…
Tu penses à ton enfant, tu regardes au plafond :
Une fissure est là, il faut que tu l’admires…
Tu termines le “travail” en écartant les cuisses,
Il faut l’encourager, le client qui se glisse,
Ou il va débander et les euros si bons
Ne seront plus si sûrs et pourraient faire faux bond…
Penser qu’il est normal de payer pour cela…
Réduire l’humain en face à un objet sexuel…
On peut pour de l’argent, en marie-couche-toi-là,
Se servir d’une personne pour un besoin usuel
Terriblement intime, mais où est la frontière ?
Il est très symbolique du mépris de l’humain
Ton besoin d’exploiter une personne entière…
Une partie interdite ? C’est un appel aux mains !
Tout ton corps va vouloir en profiter demain.
Il est bon d’imposer son plaisir à autrui :
On ne demande jamais leur opinion aux truies
Ni aux gorets qu’on tue au couteau à deux mains…
Pour le plaisir malsain d’humilier un humain :
Regardez le bel or, qui brille dans ma main !
On pourra partager, si tu me prêtes ton corps…
Si je peux jouer avec, et que je m’amuse bien,
Tu auras ce qu’il faut pour demain, et encore…
Il est beau, tu le sais, ton corps, quand il est mien.
Tu partages malgré toi et c’est encore meilleur :
Une contrainte pimente le plaisir du payeur,
Tandis que ton orgasme nous ferait trop égaux.
Il me vient le désir de te frapper un peu.
Oh ! Rien de bien méchant. Peut-être quelques bleus…
Ne crie pas, sois gentille, ou gare à mon mégot !
Parce que je suis trop sale, fainéant et sans atout —
Remarquez, par rapport à d’autres qui ont tout —
On me voit chez les dames de petite vertu,
Sortant mes chers billets pour payer leurs faveurs…
Tant pis si les drogues dures ou le SIDA les tuent !
Il y en aura d’autres, plus jeunes et leurs saveurs
Taquineront mes sens avec délicatesse…
Un instant de bonheur justifie leur calvaire.
Tout le monde ne peut pas mener un train d’altesse,
Il faut bien qu’il y en ait, punies par leurs ovaires,
Ou sinon, nous serions au paradis sur terre,
Nourris au lait, au miel et non par les sphincters…
Pauvres types qui consomment de l’intime, de l’humain,
Ravis de profiter d’un amour falsifié…
On peut dire que tu vaux autant que les Romains,
Soudards esclavagistes aux âmes bien putréfiées.
Tu mériterais le sort de tes pauvres victimes.
Il est beau, le monde libre, où l’on vend son estime…
Tout est marchandisé, sauf la viande des bébés.
Un seul cran à franchir, et l’on fera tomber
Telle restriction inepte, quand on a décidé,
Institué que l’humain, bon à dilapider,
Offrira ce qu’il peut au commerce mondial,
Nourrissant de son âme l’Argent immémorial…
Parce que tu es plus faible, prends bien ça dans ta gueule !
Regarde-toi, roulure, t’agresser rend service !
Ou tu me donnes l’argent, ou tu aimes mes sévices ?
Si tu fais ce métier, que ma morale dégueule,
Tu dois avoir du vice, et puis c’est illégal,
Il y a des lois pour ça, mais moi ça m’est égal…
Tu préfères que j’appelle la police, la Justice ?
Une fois bien fichée, ta carrière est fichue…
Tandis que si tu paies, belle créature déchue,
Il pourra continuer ton lot d’amours factices,
Ouvrant tes bras, tes cuisses, à tous les pauvres types,
Négligents, négligés, négligeables archétypes…
Pour ces jeunes femmes de Chine du nord, l’émigration
Ressemblait à l’espoir d’une vie moins difficile.
On les retrouve chez nous, et leur intégration
Sera des plus ardues, car ce qu’elles assimilent
Tient plus du sperme humain que du vocabulaire…
Il est dur leur présent, et leurs journées entières,
Tenaillées par la peur des flics patibulaires…
Une volonté d’état de bouter aux frontières
Tous les laisser-pour-compte des joies mondialisées,
Il n’en fallait pas plus pour s’offrir quelques passes
On ne peut plus gratuites : “Pour cette fois-ci, ça passe…”
N’oublie pas ma braguette ! Voiture banalisée…
Parce que la justice, cela n’existe pas,
Regrette le jour amer où tu fus mise au monde…
Oublie les pauvres joies, les quelques bons repas !
Satisfais-toi de l’heure et du présent immonde !
Tu ne mérites pas mieux, car tu es sans valeur,
Insignifiante bestiole d’une planète qui s’étiole !
Tu es née au mauvais endroit, pour ton malheur.
Uniquement dictée par l’instinct de survie,
Tu fais ce que tu peux pour que ta pauvre vie
Ignoblement se traîne en t’apportant un toit
Où tu pourras dormir, te nourrir, et où, toi,
Nul n’ira te chercher, tu pourras te cacher…
Parce que je n’ai rien fait pour être destituée
Reprochez-moi d’avoir, pour pouvoir subsister,
Offert ce que j’avais, aux hommes bien constitués,
Soumise à leurs désirs… Ils ont bien insisté,
Tournant leur fer infect dans le feu de mes plaies,
Ils disaient que je fais ça parce qu’il me plaît.
Tu parles ! Le plaisir, que j’ai pris avec eux !
Un besoin animal qui leur monte à la queue
Traduit par des assauts répugnants et bestiaux…
Il est joli, le monde, où l’on contraint des femmes,
Où leur travail consiste à des rapports spéciaux…
Nourritures du désir, et c’est elles que l’on blâme !
Peut-être si ta fille te disait “Je suis pute”,
Reviendrais-tu un peu sur tes goûts trop faciles ?
Ou si ta mère, ta sœur, après quelque dispute,
Se voyaient obligées, par un destin hostile,
Toutes les deux, de lever la cuisse et puis la fesse ?
Il serait moins tranché ton jugement spécieux…
Tu te demanderais dans quel monde on professe
Un mépris pour l’humain, alors que dans les cieux,
Tout est censé prêter une valeur à la vie ?
Il est beau l’univers où l’argent toujours bruisse,
Ouvrant les portes aux uns et pour d’autres les cuisses,
Nourries par leurs organes toujours plus asservis…
Partager le plaisir, la louable intention !
Rien n’empêche de créer un service affectif,
Où tous les jeunes gens formeraient l’effectif,
Servant à satisfaire les plus nobles tensions !
Toutes les belles jeunes filles, aux bons handicapés,
Iraient pour apporter plaisir et réconfort,
Tandis que les garçons iraient sur canapés
Unir leurs corps graciles aux vieillards un peu forts,
Tous les jours un peu plus en mal de partenaires…
Il est doux, ce beau rêve de grande fraternité,
Où toutes les classes sociales, scellant l’humanité,
Noueraient leurs corps égaux, en joyeux congénères…
Pour sûr, il faudrait mettre le client au trottoir,
Retirer leurs gourmettes aux proxénètes notoires,
Obliger ces messieurs à draguer en jupettes,
Sachant que leur dîner dépend de leurs courbettes…
Tu parles si bientôt ils changeraient d’avis !
Ils deviendraient hostiles à tout ça, pour la vie !
Tu sais ce qui est bon seulement pour les autres,
Une fois que tu en es, tu fais partie des nôtres,
Tu trouves, que, finalement, c’est bien trop dégradant.
Il faut moraliser l’activité humaine :
On ne peut plus se taire, quand c’est la vie qu’on mène,
Nourri par nos seuls trous, où d’autres vont dedans…
Pour le handicapé, maudit dès sa naissance,
Rendons-lui donc la vie un peu plus douce aux sens…
Ou pour le pauvre vieux qui n’a plus de compagne,
Sordide solitude, au fond de la campagne,
Tout pourrait aller mieux avec certains services…
Ils seraient adéquats pour les pauvres novices,
Tous les gens disgraciés, qui ont du mal pour ça…
Un service social pourrait être institué,
Tentant pour les chômeuses, non… pas des prostituées !
Il s’appellerait Service Sexuel d’Aide, “S.S.A.”
On pourrait lui donner un numéro Azur…
Nous, l’État-Proxénète, on peut dire qu’on assure !
Partir au bout du monde pour s’envoyer en l’air,
Ravi de la chair fraîche, mais si l’âge est scolaire,
On a des kilomètres au compteur du vagin…
Si on la laisse tranquille, elle peut rester à jeun,
Tandis qu’en la payant, l’échange utilitaire
Intervient — c’est magique ! — en geste humanitaire !
Tudieu ! Je prends l’avion, pour payer son dîner…
Un instant ! J’aurais pu rester au presbytère,
Tourné vers la télé, et la belle vahiné
Irait perdre son temps après des militaires…
On peut dire que j’apporte de l’eau à son moulin :
Nul doute que ma grande âme mérite ses câlins…
Penser à ces enfants qu’on a su torturer…
Refuser d’employer le vocable “abuser”,
Oui, car il nous rappelle qu’on devrait s’amuser,
Surtout pour des enfants de trois ans, triturés,
Tordus dans leur esprit par ceux qui auraient dû
Insuffler de l’amour dans leurs individus…
Troublé par la pitié, on aimerait bien fuir
Un enfer, justement, d’où ils n’ont pu s’enfuir.
Tu m’étonnes si, plus tard, ces enfants abimés,
Ignorants, vont grossir les rangs des rejetés !
On ne les retrouve guère en université,
Ni dans les bons endroits, bien chics et animés…
Bonus :
Pour mille euros, chéri, je te vendrai un doigt !
Regardes-tu ma main ? Dix mille, elle est à toi !
Ose l'imaginer, sur un socle, embaumée…
Sais-tu qu'avec l'argent, je serais moins paumée ?
Tu peux dire que tu m'aides, tu serais… généreux !
Il y a aussi mon bras, ma jambe, beau ténébreux !
Tu les veux ? C'est plus cher, mais l'on peut s'arranger.
Un crédit ? Pourquoi pas. Les banques, c'est sans danger.
Tu as cent mille euros ? Je te vends mon suicide !
Il sera en public. Tu pourras assister.
Oh ! Le beau souvenir, si sucré et acide…
Non, radin ! Cinq euros ! Prends-moi sans insister !