Avec ce pauvre gars, qui m’avait agacé,
Rien n’allait plus après une balle bien placée.
M’avait bien irrité, et son crâne défoncé
Est définitivement hors d’état d’entasser
Ses idées d’un autre âge, qu’il voulait me passer…
Accorde-moi la force d’appuyer la détente,
Regardant dans les yeux celui qui va mourir,
Minable petit pou, dont le décès me tente,
Et qui va exploser, avant de bien pourrir…
Si ça l’amuse, il peut même se mettre à courir !
Avec pouvoir de mort d’une pression du doigt,
Rien n’est plus amusant que de tuer son prochain !
Mettez-le bien en joue, la tête, comme il se doit,
Et tirez bien à fond sur la queue du machin !
Simplissime, élégant, si vous mettez des gants…
Apportez à un fou une bombe atomique !
Riez de voir combien la mort devient comique !
Millions de morts pour rien, pour une raison loufoque !
En quatre, on est plié, si bien que l’on suffoque…
Souriez, c’est efficace, et tant pis si ça casse !
Avec ces marchandises, l’on enseigne aux satrapes,
Remarquable intention, à tuer les opposants,
Maîtriser les votants, faire passer à la trappe
Ennemis potentiels, et tous les déplaisants,
Si bien que sur leurs terres, on est plus unitaire !
Avec une jambe en moins, ce n’est plus trop le pied…
Regardez ces enfants, qui sont bien estropiés !
Marcher sur une mine, c’est vraiment dangereux
Et pour eux, le bonheur, eh bien, c’est malheureux…
Si la chance veut sourire, ils pourront se nourrir.
A la fillette vietcong brûlée par le napalm,
Rendons ici hommage… Mais, non, rien n’a changé.
Même si les incendiaires n’ont pas reçu de palmes,
En masse, on continue à produire du danger,
Sans penser aux enfants, crevés en étouffant…
Avec de quoi tuer, exploser sa famille,
Regardez ce butor qui voudrait un docteur !
Mille chars sont arrivés, avec leurs belles chenilles,
Et le bouseux déplore qu’il n’ait pas un tracteur !
Sous ces viles lattitudes, où est la gratitude ?
Avec mes mitrailleuses, vendues sous embargo,
Ravissants, les diamants, que j’ai pu amasser !
Maintenant, au soleil, je peux me faire masser,
Et, une tiare en rubis, j’ai offert à Margot…
Si mon bel argent sent, c’est bien l’odeur du sang !
Apprenez donc à tuer avec nos sur-teasers !
Rien n’est plus meurtrier, facile à s’en servir !
Mettez votre œil ouvert juste en face du viseur,
Et pressez la détente, pour la haine assouvir !
Si mon prix vous détourne, je vous fais une ristourne…
À peine posé le pied, la mine fait explosion,
Ravageant jusqu’à l’os la chair d’une ou deux jambes,
Mais il n’y a pas de feu et donc rien qui ne flambe.
En fait, il reste l’os, soumis à l’érosion,
Si donc nous le soignons, il fera beau moignon !
Ajouter à la chance d’être né tropical…
Regretter les présents du blanc inamical…
Marcher sur une mine et devenir infirme…
Exploité pour trois sous par une de nos grandes firmes,
Sympathique, l’existence, avec notre assistance !
Avec ces cent-vingt balles, dans son grand chargeur droit,
Regardez cet objet, comme il est séduisant !
Métal brossé, viril, et son canon luisant,
En voilà un ami, et vous y avez droit !
S’il vous faisait défaut, je ne sais pas ce qu’il vous faut…
Ah ! Le gentil commerce, qui rapporte et qui tue !
Remercions la nature humaine et ses vertus !
Morts sous les balles perdues, ceux qui se sont trouvés
En certains mauvais lieux, on peut le réprouver,
Sauf si nos chers scrupules sont ceux d’une fière crapule…
Alors qu’un foldingo devient juge et bourreau,
Ravi de tuer enfants, parents ou militaires,
Mille voix en concert s’élèvent sur la Terre
Et c’est pour déplorer… Qu’il remette au fourreau,
Son engin meurtrier et son goût pour trier !
Ah ! Mais c’est leur culture, qui fait aimer la guerre…
Regardez la gaîté dans leurs kalashnikovs !
Mieux vaut leur vendre ça que des morceaux d’étoffe,
Et c’est bien plus juteux qu’un commerce vulgaire…
Si l’on fait ça pour eux, c’est pour les rendre heureux !
Avec le doigt de Dieu, dans un objet qui tue,
Regardez tous les fous qui font les faits divers !
Maîtrisant leur joujou, ils possèdent l’univers,
En jugeant, condamnant, dans leurs esprits obtus,
Sans guère laisser de chance à leurs cibles qui pensent…
A cette noire folie, pourtant si habituelle,
Répondons autrement qu’avec nos seuls mouchoirs !
Mettons sur pied un plan, que la folie des duels
Et des bonnes boucheries, qui vont bien nous échoir,
Soient rendues difficiles par l’absence de “missiles” !