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La décision

Décisions inconscientes

Lorsque la situation l'exige ou pour des actions sans importance, l’Inconscient prend les décisions seul et l'action qui s'ensuit est alors qualifié d'instinctive, d'impulsive, d'automatique.

Quand il s'agit d'une question de survie, on est heureux que l'Inconscient sache décider seul, mais il peut s'agir aussi bien de ce que l'on appelle des tics, des gestes machinaux que l'on effectue sans y penser… Il faut bien qu'une instance soit à l'origine de ces mouvements. Ce n'est rien d'autre que l'Inconscient.

Décisions conscientes

La conscience est le siège des prises de décisions réfléchies, intelligentes (ou stupides…) et une étape courante avant toutes les actions conscientes.

La Règle du plus grand plaisir ou de la moindre douleur

C'est le nom simple que l'on peut donner au mécanisme qui régit notre fonctionnement décisionnaire.

Tous les plaisirs promis à l'exécution de l'action sont comptabilisés. Simultanément, toutes les douleurs à craindre sont aussi prises en compte. Selon l'arithmétique particulière de la Notation, l'Inconscient fait le total, et quand le compte est arrêté, l'action est lancée (ou pas, si le compte n'y est pas).

L'Inconscient envoie à la conscience tous les arguments qu'il a en mémoire se rapportant au sujet traité. Il en profite pour réagir aux arguments au fur et à mesure qu'ils deviennent conscients, comme s'il s'agissait d'éléments extérieurs, qu'il découvrirait en provenance de nos sens…

Quand il est fatigué d'envoyer des pensées (ou quand la situation ne permet plus de tergiverser…), l'Inconscient fait le total des notations des arguments pour et des arguments contre et il tranche en fonction du plus grand nombre.

Manque-t-il un argument à l'appel ? L'Inconscient produit une décision mal justifiée et commet une erreur… Il n'empêche qu'au moment de la décision il a cru que tous les arguments étaient là.

Souvent, l'Inconscient ne s'aperçoit de son erreur que parce que la réalité confronte la conscience à une situation inattendue et désagréable. Il cherche alors une explication à cette mauvaise situation et trouve alors la faille qui lui avait échappée précédemment.

Les erreurs de l'Inconscient, pourquoi ?

Il ne faut surtout pas oublier que l'Inconscient est chargé avant tout de nous faire plaisir à travers la conscience.

Dans son désir de bien faire ou de faire du bien, il peut avoir tendance à arranger les choses, à mentir, à se mentir donc, dans le but unique d'obtenir le plaisir, à la conscience.

Comme on le verra, l'Inconscient possède des renseignements obsolètes, avec des notations justifiées en leur temps qui n'auraient plus la même valeur aujourd'hui. Plus il puise dans ces jugements erronés, plus il peut se tromper, en toute bonne foi. Parvenus à la conscience, il peut y réagir, s'il en a la force…

Des traumatismes de l'enfance peuvent ainsi resurgir et perturber un comportement par ailleurs rationnel en imposant une logique démente qui avait l'air correcte à l'origine. La pédophilie et différentes sortes de folie peuvent s'expliquer ainsi…

Si la suggestion aberrante a une force de notation "écrasante", elle peut éclipser les jugements rationnels actuels en s'imposant à la conscience, qui, seule, en déguste le plaisir pervers.

L'Inconscient ne se préoccupe pas systématiquement de la cohérence des informations de sa base de données. On peut ainsi voir coexister des opinions comme "La santé, c'est primordial" et, d'autre part, un tabagisme dont on sait très bien, dans un coin de son Inconscient, soigneusement gardé, que c'est un comportement dangereux pour la santé.

Pour "défendre son vice", l'Inconscient est capable d'aligner des arguments fallacieux ("ça n'arrive qu'aux autres", "tout le monde connaît des vieux qui continuent à fumer…", "il y a aussi des non-fumeurs qui attrapent le cancer du poumon", etc.). L'Inconscient défend ainsi le plaisir de fumer (et chasse le déplaisir d'arrêter, de souffrir du manque…), comme une bonne petite machine qui fait son travail avec zèle.

Ce qui devrait être une aberration incompréhensible (que des êtres intelligents puissent investir, jour après jour, assez lourdement, dans une maladie mortelle ou des désordres sanitaires certains…) devient ainsi une attitude logique chez des automates plongés dans un univers médiatico-publicitaire qui sait exploiter leurs faiblesses…

On connaît tous des gens dont la probité affichée s'arrête dès qu'il s'agit d'eux-mêmes ou de l'un des leurs. L'Inconscient fait preuve d'une souplesse de contorsionniste pour justifier les entorses à la règle qu'il tolère quand il s'agit de sa propre personne…

 

Le jugement du tribunal cérébral

Si le mécanisme de la décision était un jugement rendu par une cour d'assises…

L’Inconscient serait le président du tribunal, le ministère public chargé de l'accusation et responsable des témoins à charge, l'avocat de la défense, choisissant les témoins à décharge.

La conscience serait… les jurés d'assise, qui choisissent en fonction des témoignages qu'on leur a présentés.

Les témoins pour ou contre sont les pensées, arguments ou suggestions d'action envoyés par l'Inconscient.

La conscience se contente d'évaluer la somme totale et en fonction du caractère positif ou négatif du résultat. Le président du tribunal (L'Inconscient) rend la sentence et la fait exécuter par les agents de la force public (Il fait agir le corps dans le sens décidé).

 

 

Il n'y a aucune liberté.

 

La parole

Comme tout mouvement complexe, la parole est d'autant plus efficace que la conscience est moins sollicitée dans son élaboration.

Si on réfléchit à chaque mot, à chaque tournure de phrase, les eeeeeuuuuuuhhhh envahissent le discours, qui devient haché et d'autant moins efficace pour la communication orale.

L'Inconscient découvre le contenu de son propre discours au fur et à mesure qu'il le prononce (à moins d'un discours appris par cœur…), ce qui lui permet d'y réagir, de le corriger ("Non, je n'ai pas voulu dire cela…", "Qu'est-ce que je dis là ?").

Avant d'émettre une phrase, l'Inconscient émet des bribes de pensées, qui lui permettent de contrôler approximativement la valeur plaisorielle de son discours, la promesse de plaisir que la conscience devrait y trouver… Ces bribes de pensée traversent la conscience sous forme de petits plaisirs mentaux, sans que leur valeur en mots ne soient véritablement transmise à la conscience, évitant son encombrement spatio-temporelle.

L'Inconscient écoute son propre discours, comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre, comme on pourrait se regarder faire un mouvement dans une glace, et ses paroles viennent enrichir une réalité extérieure, à laquelle son rôle est de s'adapter sans cesse.

Dès que nous émettons des paroles ou des actes, ceux-ci s'ajoutent à nos perceptions de l'extérieur, pour enrichir la base de données de l'Inconscient. L'on fabrique du réel qui s'ajoute au réel extérieur, et le fait que cela vienne de nous ne change pas la nature profonde du renseignement. Nous pouvons ainsi de la sorte confondre facilement des paroles prononcées par d'autres avec celles qui auraient pu être les nôtres… Si la conscience y trouve son compte, tout est permis…

Certes, dans une conversation, on est parfois inattentif au discours des autres parce que l'on réfléchit à ce que l'on va dire, ou parce que l'on s'en délecte à l'avance.

Dans la conversation, l'Inconscient est à l'écoute et cela provoque des réactions de sa part. Il se met en adéquation avec la phrase qui vient d'être prononcée. Il la jauge, la mesure… Est-il d'accord, est-il contre ? Peut-il exprimer son opinion sincère en face du statut de son interlocuteur ? Autant de détails qui entrent en ligne de compte.

L'Inconscient confronte le discours de l'autre avec sa propre banque de données. Aurait-il pu dire cela ? Pourquoi non ? Si oui, comment peut-il approuver sans dire "Moi, c'est pareil…" Comment renchérir sans dévoiler des renseignements qu'on veut garder pour soi… ?

La parole est souvent autre chose qu'une communication d'information. La personne qui parle se fait plaisir… Ce n'est pas toujours aussi primitif que de dire : "Moi je suis mieux que lui…", mais souvent cela revient strictement au même. Il y a ainsi énormément de plaisir à dénigrer les autres. Ce n'est qu'une manière de se juger supérieur et de chercher à faire partager (discrètement) cette agréable opinion.

 

Le romancier

De même que l'Inconscient est capable de composer de la musique, d'écrire des vers, de dessiner et de réaliser toutes ces merveilles que l'on attribuait à l'esprit humain, il est capable d'écrire un roman.

Certes dans la planification du roman, l'utilisation de la conscience est la bienvenue, mais dans les phases rédactionnelles, l'Inconscient découvre sa propre production au fur et à mesure, comme on s'écoute parler. Certes, dès que le contenu de l'écrit passe à la conscience, l'Inconscient peut y réagir, parce qu'il découvre alors le fruit de son travail au fur et à mesure qu'il devient réel, qu'il se réalise.

On trouve ici la preuve que l'Inconscient est un peu (beaucoup) comme un aveugle qui n'est jamais sûr de ces propres actions, puisqu'il a besoin du passage à la conscience pour valider ses choix, pour les corriger au mieux et pour affiner son attitude face à la réalité extérieure.

Pourquoi l'Inconscient a-t-il besoin de la conscience sinon pour ce qu'elle a de spécifique, de prioritaire, sa capacité à ressentir plaisir et douleur ?

Certes, l'Inconscient a une idée de la notation des productions qu'il envoie à la conscience. Il est bien trop efficace pour qu'il en soit autrement…

On peut imaginer que la confrontation à la conscience aide à actualiser ses jugements : si, à un instant alpha, l'Inconscient engrange une opinion avec une certaine notation, rien ne prouve qu'à l'instant bêta, cette notation soit encore valable, parce qu'entre alpha et bêta, il a pu se passer un certain nombre d'événements qui rendent caduques ou diminuent la valeur du premier jugement.

L'Inconscient ne peut certainement pas passer son temps à réactualiser sa base de données en permanence (bien que l'on puisse penser que le rêve joue ce rôle dans une certaine mesure…), donc il a de bonnes raisons de se méfier en permanence de ses propres suggestions, et il a donc intérêt à les valider systématiquement pour éviter les erreurs regrettables.

 

Un déterminisme absolu !

La décision est toujours prise selon une logique rigoureuse et en fonction des arguments donnés par l'Inconscient.

Malgré l'illusion de liberté à laquelle nous sommes attachés, la marge de manœuvre est strictement nulle. L'Inconscient envoie des arguments à la conscience et se contente de faire l'addition. Il ne saurait se soustraire à la logique mathématique qui préside à sa décision. Seul l'envoi d'un nouvel argument noté différemment peut faire pencher la balance.

En fonction de son passé proche ou lointain, l'Inconscient émet telle ou telle suggestion (et en omet éventuellement certaines…), et il se contente de faire l'addition avant de rendre sa décision.

On doit donc dire que nous sommes aussi strictement déterminés que le caillou qui dévale une pente. Il ne connaît pas les obstacles qui vont infléchir sa course, et il pourrait aussi se croire libre de dévaler selon l'itinéraire qui est le sien. Notre ignorance de notre propre fonctionnement nous est d'une aide précieuse dans notre illusion de liberté.

 

La vérité des mensonges

La vérité, c'est un jugement qui arrange la conscience. Toute vérité qui nous fait plaisir est bonne à croire.

L'objectivité, quand nos habitudes de fonctionnement nous portent à tendre vers elle, n'est jamais qu'un moyen de satisfaire la conscience parmi tous les autres, et il n'est pas étonnant qu'elle soit miscible dans le bain général des croyances de l'individu. On peut ainsi faire très bien coexister une personnalité de chercheur en sciences exactes et une personnalité de croyant, religieux, ou d'autres, parce qu'elles concourent toutes au même but : l'épanouissement de la conscience de l'individu qui est le siège de ces différentes personnalités.

La personnalité

C'est un ensemble de routines de fonctionnement de l'Inconscient qui partent des dossiers dans lesquels sont rangés les souvenirs de l'individu.

Toutes nos perceptions sont particulières, notre histoire personnelle est spécifique, le rangement mémoriel qui en sera fait, sera fondamentalement personnalisé. Comme la gamme des plaisirs éprouvés par la conscience n'est pas infinie, on retrouvera des points communs à tous les êtres humains (Cf. le chapitre sur les plaisirs)…

 

Du suicide

Comment peut-on en arriver là ?

Quand la petite quantité des espoirs nous apparaît dérisoire par rapport à la masse des craintes…

Quand les douleurs à attendre nous paraissent trop insupportables…

Quand il nous semble pouvoir faire du bien en choisissant cette extrêmité…

Quand la situation est très désagréable et que notre cerveau, saturé d'excitants (caféine…), est dans un état de vulnérabilité particulier…

Quand la peur de la mort devient plus faible que celle de la vie…


(À suivre)

 

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