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Résumé du chapitre précédent :

Résumé du chapitre 1


L’Inconscient, fabrique des pensées

Si l'on a admis que la mémoire est un phénomène entièrement contenu et maîtrisé de manière inconsciente, on va pouvoir admettre que, fort logiquement, le maître de la mémoire est aussi la source de toute pensée.

Tous nos souvenirs appartiennent à l’Inconscient. Toutes nos pensées sont celles que l’Inconscient envoie à la conscience.

Certes, nous percevons les pensées à la conscience, mais, de même que nous apercevons des jouets chez le marchand de jouets, ce n'est pas ce commerçant qui les fabrique !

Comment la conscience, qui ignore tout du contenu de la mémoire, tant que l'on ne lui souffle pas, pourrait-elle ne serait-ce qu'assembler deux mots pour faire une phrase ?

Certes, la phrase "Je parle." semble tenir tout entière à la conscience, comme une évidence voulue consciemment.

Mais d'où sortent les mots qui composent la phrase ? De la mémoire… De l’Inconscient, donc.

Tout assemblage de mots qui "passe à la conscience" a été fabriqué par l'Inconscient, et nos pensées parlées sont donc seulement perçues par la conscience.

Par quel étrange phénomène peut-on confondre conscience et pensée ?

Notre Inconscient a appris très tôt à envoyer des pensées en adéquation avec la situation de la conscience.

Il fait chaud. La conscience perçoit-elle cette chaleur ? L'Inconscient envoie : "Oh ! Il fait chaud !"

Le bébé a appris à dire "Maman" à sa mère, pour l'appeler, la garder près de lui, la faire sourire… C'est l'Inconscient du bébé qui a appris cela, et tout le vocabulaire, tous les comportements qui vont suivre.

L’Inconscient agit en adéquation avec le réel, tel qu'il apparaît à la conscience (Attention ! Le réel est perçu à travers la fenêtre de la conscience, et c'est l'Inconscient qui évalue la situation) et il assure la continuité de sa production.
L'on pense ainsi en fonction de l'extérieur et de ce que l'on pensait précédemment.

Pourtant, nous avons l'impression d'y réagir consciemment.

Par exemple, quand nous avons commis une sottise (ranger un objet au mauvais endroit), nous nous réprimandons mentalement, consciemment…

C'est simplement l'Inconscient qui réagit de son mieux à une situation, dont il est à l'origine, parce qu'il est susceptible de se tromper, puis (heureusement) de corriger ses erreurs.

Où en étais-je ? Qu'est-ce que je voulais dire ? J'en suis où ? Euhhhhhhh !

De même que les relations entre les êtres humains sont facilitées par des petites phrases destinées à huiler les rouages (S'il vous plaît, merci, je vous en prie…), l'Inconscient dispose d'un vocabulaire spécifique pour diminuer les situations de gêne, qui peuvent survenir et mettre à mal la fiction de la conscience pensante à laquelle nous croyions le plus souvent et dont l'Inconscient se fait le complice actif.

Chaque fois que l'Inconscient interrompt le flux de sa production, à cause de la logique qui lui est propre, il émet des pensées lubrifiantes pour que ces dysfonctionnements incohérents soient le moins douloureux et voyants au possible.

 

Des mouvements complexes

L'apprentissage d'un mouvement complexe (enchaînement sportif, passage des vitesses en voiture, formule mathématique, etc.) nécessite le passage à la conscience, mais quand le mouvement est acquis, su, et qu'il peut devenir enfin machinal, c'est seulement à ce moment que nous devenons efficaces, rapides, précis, fonctionnels.

Si d'aventure, on assiste à une apparente intervention de la conscience dans l'exécution d'un mouvement connu, cela n'est alors qu'une gêne au déroulement parfait de l'exercice (on rate le mouvement de gymnastique, on cale, on ne sait plus où on en est dans l'opération…).

Dans la mesure où la conscience est mono-tâche, dès qu'il y a plusieurs paramètres simultanés à prendre en compte, l'activité multi-tâche de l'Inconscient se trouve tronçonnée, sabotée, freinée, parce que la conscience, pour compenser ses limitations (pour que l’Inconscient compense les limitations de la conscience…), essaie de sauter du coq à l'âne à toute vitesse, alternant les coups de projecteurs, pour tenter de couvrir toute l'étendue des activités complexes qui la traverse… Comme un journaliste qui aurait à couvrir en même temps plusieurs événements différents, en des lieux distants… Il fait une apparition fugitive en un point, téléphone à l'autre, mais à l'impossible nul n'est tenu…

Alors que l'Inconscient, lui, peut faire plusieurs choses en même temps : Fumer en téléphonant, tout en conduisant une voiture, par exemple. Certes, la qualité n'y est pas, notamment au niveau conscient où l'on va papillonner d'une activité à l'autre, au risque d'un accident de la circulation. Assurément, en contact avec le réel, l'Inconscient n'est pas aussi efficace quand il se passe de la conscience. Il y a moins de risque à téléphoner machinalement qu'à conduire machinalement…

Plus on fait de choses en même temps, plus l'Inconscient répartit l'attention de la conscience entre les différentes activités. Plus le pinceau lumineux de la conscience est contraint à éclairer successivement plusieurs scènes, et plus l'obscurité augmente proportionnellement.

La plupart d'entre nous peuvent conduire en écoutant la radio, mais des études ont montré qu'un conducteur qui téléphone a finalement moins de réflexe qu'un conducteur légèrement pris de boisson…

À travers la conscience, l'Inconscient effectue une tâche de surveillance du réel, qui est considérablement amoindrie lorsqu'il utilise simultanément la conscience à une autre tâche. C'est la distraction…

La conscience n'est pas seulement un acteur passif, qui répète ce que lui dit le souffleur, elle est aussi une scène où l’Inconscient envoie ses suggestions d'action, pour en vérifier la valeur.

Et sur le petit théâtre de notre conscience, après un long monologue ou une fraction de pensée, la décision d'action est prise consciemment… par l’Inconscient !

Eh ! La conscience, c'est l'idiot du village ! Elle n'aurait aucun argument à faire valoir (et où irait-elle les chercher ?). Autant demander son avis à un écran de télé !

Cet envoi de pensées à la conscience n'est pas gratuit. Il répond à une fonction d'analyse, de visualisation, grâce à la conscience, que nous analyserons un peu plus loin.

Le rêve

Dans le rêve, la conscience a le même rôle que pendant la veille.

Ce sont les pouvoirs de l’Inconscient qui se manifestent de manière spectaculaire, à travers des projections de sensations imaginaires, qui reproduisent ce que la conscience est capable de ressentir à l'état de veille.

L’Inconscient se livre à une imitation du réel (d'autant plus convaincante que c'est lui qui est à convaincre…).

En fonction de sa logique propre, l'Inconscient émet de fausses situations (souvent calquées fidèlement sur de vieux souvenirs), vraisemblablement pour que la conscience joue le rôle (passif, mais indispensable) qui est toujours le sien et que l'on décrira au chapitre suivant.

À travers le rêve, l’Inconscient effectue un travail de rangement, de mise à jour, de vérification de la validité de ses données, en les repassant à l'épreuve de la conscience, en économisant un passage par le réel.

Une mère rêve de son jeune fils de six mois. Sa couche est pleine… Il faut changer son pyjama. Ce dernier est mal rangé dans l'armoire. Il faudra ranger l'armoire de son fils…

Elle se réveille, avec cette pensée qu'il faudra ranger l'armoire de son fils. Mais dans la réalité, l'Inconscient a des points de repère, qui lui font compléter son envoi de pensées : Le fils n'a plus six mois, mais quinze ans !

Quelques secondes ont suffi à l'Inconscient éveillé pour neutraliser le souvenir du rêve, pour rétablir une pensée cohérente avec le réel. Alors que dans le rêve, l'Inconscient jouait le jeu de sa propre fiction.

En toute sécurité…

Sur l'écran de la conscience, l'Inconscient voit bien mieux le résultat de ses tâtonnements, comme on sort un jouet d'un coffre obscur pour aller l'examiner à la lumière…

Paroles pensées, musiques pensées, images pensées ou suggestions d'action, tout vient de l’Inconscient, de manière fluide et naturelle, parce que c'est ainsi que nous avons appris à fonctionner mentalement. Comment pourrions-nous en être choqués ?

Heureusement que ce n'est pas la conscience, cet idiot muet, qui joue un rôle actif. Nous verrons quel est son rôle exact — et il est précieux — mais au chapitre suivant…

(À suivre)

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